La tempête Debby cause des dommages importants au Québec

La tempête Debby a frappé plusieurs régions du sud du Québec vendredi dernier, entrainant des pluies torrentielles.

154 mm de pluie sont tombés sur le centre-ville de Montréal en 24h, un record – battant ainsi les 93,5 mm de pluie tombés en 1996 – et une quantité extraordinaire lorsque l’on considère qu’il y tombe en moyenne 94 mm de pluie pendant tout le mois d’août à Montréal.

Des quantités considérables d’eau sont aussi tombées ailleurs dans le Grand Montréal (154 mm à Dorval) et dans les régions de Lanaudière (221 mm à Lanoraie), des Laurentides, de la Montérégie (163 mm à Brossard), de l’Estrie (80 mm à Sherbrooke et 112 mm à Granby), de la Mauricie (114 mm à Trois-Rivières) et de l’Outaouais (100 mm à Gatineau).

Formée dans les Caraïbes le 26 juillet, la tempête tropicale Debby s’est transformée en un ouragan de force 1 avant de toucher terre en Floride le 4 août. Redevenue une tempête tropicale, elle a causé des ravages partout sur son passage vers le nord, causant au moins 7 décès aux États-Unis.

Au Québec, un octogénaire est mort en Mauricie après avoir été emporté dans la rivière Batiscan suite à l’affaissement d’une route. Les pluies diluviennes ont aussi causé des dommages matériels importants.

Les pluies apportées par la tempête ont aussi causé le débordement de plusieurs rivières et des refoulements d’égouts. Des centaines de résidences ont ainsi été inondées, particulièrement à Montréal, dans les Laurentides et en Montérégie. 300 personnes ont dû être évacuées alors que des centaines d'autres ont été avisés de faire bouillir l’eau avant de la consommer. Cet avis a été levé dimanche soir pour la majorité, mais est demeuré en vigueur jusqu’à lundi à Saint-Bruno-de-Montarville.

Au plus fort de la tempête, 550.000 personnes étaient privées d’électricité. Pour certains, le service n’a été rétabli que lundi. Hydro-Québec, la société d’État qui a le monopole sur la production et la vente d’électricité au Québec, a prétendu avoir été «pris de court» par la tempête, une excuse pathétique et frauduleuse dans la mesure où l'arrivée de Debby au Québec et la possibilité de fortes pluies avaient été anticipées plusieurs jours à l'avance.

En réalité, les pannes catastrophiques d’électricité se multiplient au Québec depuis des années parce que la société d’État, qui rapporte des milliards de dollars de profit au gouvernement du Québec grâce à ses tarifs résidentiels élevés, refuse systématiquement d’investir dans ses infrastructures désuètes. Pendant ce temps, elle vend son électricité au rabais aux grandes entreprises tout en planifiant la construction de nouveaux barrages hydroélectriques à coup de dizaines de milliards de dollars pour approvisionner la «filière batterie».

Les autorités cherchent à cacher leur propre responsabilité en qualifiant Debby d’évènement «naturel» d’une ampleur «imprévisible». Mais l’intensité de tels événements «naturels» est le résultat tout à fait prévisible, et prévu, du réchauffement climatique causé par l’exploitation débridée des énergies fossiles par la grande entreprise à la recherche du profit maximal. De plus, les conséquences telles que les inondations et les coupures d’électricité et d’eau potable sont elles-mêmes le résultat du sous-financement chronique des municipalités par le gouvernement du Québec et de son refus d’investir dans les infrastructures nécessaires pour prévenir les impacts de telles tempêtes.

Un porte-parole de Beneva, l’un des plus gros assureurs privés au Québec, a déclaré que l’entreprise a reçu 60 fois plus d’appels qu’à l’habitude à la suite du passage de Debby, «du jamais vu depuis la crise du verglas de 1998». La crise du verglas est l’un des sinistres les plus importants de l’histoire du Québec. 35 personnes étaient mortes et 1,5 million avaient été privées d’électricité pendant plusieurs jours, en plein hiver, après la chute de 100 mm de pluie verglaçante.

Comme c’est le cas lors de chaque sinistre important, les résidents inondés seront complètement laissés à eux-mêmes. Ceux qui sont assurés pour les inondations ou les refoulements d’égouts, souvent en échange d’une surprime de plusieurs milliers de dollars, devront se battre pour être indemnisés par leur assureur en plus de devoir payer une franchise exorbitante.

Pour les autres, le gouvernement du Québec a annoncé qu’ils seront admissibles au Programme général d’assistance financière lors des sinistres (PGAF), un programme plafonné qui est loin de couvrir tous les dommages et qui nécessite de fournir des pièces justificatives pour chaque dollar réclamé, ce qui est souvent impossible dans une situation d’urgence. Au final, chaque sinistré va subir des pertes de plusieurs milliers de dollars au minimum, sans compter les autres inconvénients et le traumatisme.

Debby a aussi ravagé les routes. Au total, 170 axes routiers ont été endommagés par des glissements de terrain ou le débordement de rivières. Dans la région de Montréal, des tronçons importants de routes très achalandées comme l’autoroute 15, l’autoroute 20 et l’autoroute 40 ont été fermés temporairement. Ailleurs, au moins 1.300 personnes se sont retrouvées isolées, certaines pour plusieurs jours, après que leur accès routier eût été endommagé par les fortes pluies.

Mercredi, 5 jours après la tempête, le ministère de la Sécurité publique rapportait 33 municipalités encore touchées, 254 résidences isolées, 44 personnes toujours évacuées et 58 routes endommagées. À Montréal, ce n'est que jeudi qu'une portion de l’autoroute 13 dans le tunnel Dorval a été réouverte.

À peine remis de Debby, le Québec attend maintenant les restes de l’ouragan Ernesto qui risquent d’amener d’autres fortes pluies sur certaines régions pendant la fin de semaine.

Selon l’expert en planification des transports et professeur à l’Université de Montréal Pierre Barrieau, «la tempête a exposé la fragilité du réseau routier au Québec». Notant les normes désuètes de conception des routes au Québec alors que les épisodes de précipitations extrêmes sont de plus en plus fréquents, Barrieau a appelé les gouvernements à «rehausser le financement dans la résilience du réseau routier» sans quoi sa mise à niveau «va prendre des décennies».

Ces appels demeureront vains. Ni le gouvernement fédéral-libéral de Justin Trudeau, appuyé par le NPD et par les syndicats, ni le gouvernement du Québec de la Coalition avenir Québec de l’homme d’affaires multimillionnaire François Legault n’ont l'intention d’investir les sommes nécessaires pour adapter les infrastructures ou pour compenser adéquatement les communautés touchées par ces sinistres. Cet argent sera plutôt dépensé pour la guerre et pour enrichir les grandes entreprises et leurs riches actionnaires.

L’inaction des gouvernements capitalistes, au Québec, au Canada et partout ailleurs dans le monde est aussi la source de la crise climatique qui rend les évènements climatiques extrêmes, comme les pluies de vendredi ou les feux de forêt qui ont dévasté le Canada à l’été 2023, plus fréquents et plus violents.

Causés par le réchauffement de l’atmosphère et des océans, lui-même alimenté par l’exploitation des énergies fossiles et des ressources naturelles par la classe capitaliste, les changements climatiques représentent le plus dangereux des nombreux désastres environnementaux qui menacent l’humanité. Ils mettent directement en danger la vie de centaines de millions de personnes en raison de leurs répercussions telles que l’augmentation du niveau des océans, la disparition d'espèces et le dérèglement des écosystèmes, l’intensification des évènements climatiques extrêmes et le bouleversement de la production agricole.

Le système capitaliste, qui organise la société en États-nations rivaux et sur la base de l’accumulation des profits privés, est fondamentalement incapable de faire face à la crise climatique. La solution aux réchauffements climatiques se trouve dans une réorganisation mondiale de l’économie et l’implantation coordonnée à travers le monde des méthodes technologiques les plus avancées. La seule force sociale capable de mettre cette solution en place est la classe ouvrière internationale dans le cadre de la révolution socialiste mondiale.

Pour y parvenir, les travailleurs doivent être mobilisés de façon indépendante des partis politiques traditionnels et des appareils syndicaux pro-capitalistes dans la lutte pour la réorganisation de l’économie mondiale sur des bases rationnelles, scientifiques et humaines afin de satisfaire les besoins de toute la population et non d'enrichir une minorité de riches.

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