Kamala Harris accueille le «Boucher de Gaza» à Washington: «Je lui ai dit que je veillerai toujours à ce qu'Israël soit capable de se défendre»

Dans une courte allocution de six minutes devant les journalistes après sa rencontre en privé avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou à la Maison Blanche, la vice-présidente Kamala Harris, qui sera bientôt la candidate démocrate à la présidence, a réitéré son soutien de longue date à l'État sioniste et à la poursuite de sa campagne de nettoyage ethnique dans la bande de Gaza.

«Je viens donc d'avoir une réunion franche et constructive avec le Premier ministre Netanyahou», a déclaré Harris. «Je lui ai dit que je veillerai toujours à ce qu'Israël soit capable de se défendre, y compris contre l'Iran et les milices soutenues par l'Iran, comme le Hamas et le Hezbollah. »

Et de poursuivre :

Depuis mon enfance, où j'ai collecté des fonds pour planter des arbres pour Israël, jusqu'à mon passage au Sénat des États-Unis et maintenant à la Maison Blanche, j'ai eu un engagement inébranlable envers l'existence de l'État d'Israël, sa sécurité et le peuple d'Israël.

Je l'ai dit à maintes reprises, mais cela vaut la peine de le répéter. Israël a le droit de se défendre et la manière dont il le fait est importante.

Répétant une propagande israélienne discréditée depuis des mois, Harris a déclaré: «Le Hamas est une organisation terroriste brutale. Le 7 octobre, le Hamas a déclenché cette guerre en massacrant 1 200 innocents, dont 44 Américains. Le Hamas a commis d'horribles actes de violence sexuelle et pris 250 otages».

Harris a ensuite prononcé les noms de certains de ceux qui auraient été enlevés par le Hamas, ajoutant: «J'ai rencontré les familles de ces otages américains de nombreuses fois maintenant, je suis à leurs côtés. Ramenez-les à la maison ».

La vice-présidente Kamala Harris, à droite, pose pour une photo avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou avant une réunion au Bâtiment du bureau exécutif Eisenhower sur le complexe de la Maison Blanche, à Washington, jeudi 25 juillet 2024. [AP Photo/Julia Nikhinson]

Dans ses commentaires, Harris n'a jamais mentionné le nom d'un seul des plus de 39 000 Palestiniens, en grande majorité des femmes et des enfants, tués à Gaza par des armes fournies par les États-Unis. En fait, elle n'a pas donné de chiffres concernant le nombre de Palestiniens tués, se référant seulement indirectement à «des images d'enfants morts et de personnes désespérément affamées».

Qui ou quoi était responsable de ces «enfants morts» et de ces «gens désespérément affamés» a été délibérément omis.

Harris a ensuite remercié le président Joe Biden, qui restera tristement célèbre en tant que principal fournisseur d'armes de Netanyahou, pour son «leadership» dans l'élaboration d'un accord de «cessez-le-feu» qui reste lettre morte depuis des mois et ne mettrait pas fin à la poursuite du nettoyage ethnique d'Israël et au déplacement des Palestiniens de leurs foyers.

Les déclarations publiques de Harris ne font que confirmer une fois de plus qu'un gouvernement démocrate dirigé par elle ne serait pas moins agressif que celui de Biden dans le génocide à Gaza ou dans la guerre impérialiste contre l'Iran au Moyen-Orient, contre la Russie en Ukraine ou contre la Chine à Taïwan.

Malgré la différence d'âge et de sexe, et à ce stade probablement d'acuité mentale, il n'y a pas de différence politique fondamentale entre «Genocide Joe» et celle qu'il a choisie comme vice-présidente, qui présente maintenant sa longue expérience de procureure comme sa carte de visite politique. Ces deux politiciens capitalistes et leurs «collègues républicains» sont voués à l'enrichissement de l'oligarchie financière par la guerre impérialiste à l'extérieur et par l'austérité sociale à l'intérieur. L'ovation debout donnée à Netanyahou au Capitole le 24 juillet souligne le soutien bipartite de la classe dirigeante à l'État-garnison américain de première ligne au Moyen-Orient et à sa guerre de conquête.

L'idée que Harris introduirait le moindre changement dans la politique américaine à Gaza a été vite démentie dans des articles précédant sa rencontre avec Netanyahou. L'Associated Press, citant un «haut responsable gouvernemental», a rapporté qu'il n'y avait «aucune divergence entre le président et la vice-présidente sur Israël». Si la dernière rencontre de Harris avec Netanyahou en personne avant celle d’hier datait de mars 2021, celle-ci avait «pris part à plus de 20 appels entre Biden et Netanyahu», écrit AP.

S'adressant aux journalistes jeudi, le porte-parole de la Sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, a déclaré que Harris avait «été une partenaire à part entière de notre politique au Moyen-Orient, en particulier de notre politique envers Israël et la guerre à Gaza».

Kirby a ajouté qu'elle avait « été impliquée dans presque toutes les conversations que le président a eues avec le Premier ministre et qu'elle s'est beaucoup engagée tout au long de ces conversations ».

Avant de rencontrer le «boucher de Gaza», la vice-présidente a signalé son soutien total à l'utilisation de mesures d'État policier pour écraser la dissidence intérieure face au génocide à Gaza.

Dans une déclaration publiée sur X/Twitter concernant les manifestations qui ont eu lieu devant le Capitole mercredi, Harris a condamné les manifestants anti-génocide pour avoir exercé leur droit de Premier amendement, celui de manifester pacifiquement contre un criminel de guerre. Netanyahou est responsable de la mort de 186 000 Palestiniens au cours des neuf derniers mois, selon une estimation de la très respectée revue médicale The Lancet.

«Hier, à [la gare] Union Station de Washington, nous avons assisté à des actes méprisables de manifestants anti-patriotiques et à une rhétorique dangereuse alimentée par la haine», déclarait le communiqué de Harris, publié depuis la Maison Blanche.

Dans une tirade maccarthyste, elle a condamné «les graffitis et la rhétorique pro-Hamas», avertissant : «nous ne devons pas les tolérer dans notre nation».

Harris, qui se présente comme la « procureure » capable et désireuse de faire tomber le « criminel » Trump, a également condamné « l'incendie du drapeau américain », affirmant qu'il « ne devrait jamais être profané de cette façon ».

Après la déclaration de Harris, le député démocrate Adam Schiff, actuellement candidat au Sénat américain en Californie, a lui aussi calomnié les manifestants anti-génocide: «Ce qui s'est passé hier à Washington est le dernier incident haineux de la vague d'antisémitisme qui sévit dans notre pays.»

Fait notable, la dénonciation par Harris des manifestations contre le génocide de Gaza et son soutien au criminel de guerre Netanyahou à Washington sont intervenus après qu'elle eut prononcé un discours devant une foule de bureaucrates à la convention du syndicat de l’éducation AFT (American Federation of Teachers) à Houston, au Texas. L'AFT a été le premier grand syndicat à soutenir sa candidature.

Présentant Harris jeudi matin, la présidente de l'AFT, Randi Weingarten, un agent de l'impérialisme américain [article en anglais] depuis de nombreuses décennies, a appelé ceux présents à élire «le gouvernement le plus pro-syndicat», «pro-ouvrier», «pro-famille » et «pro-éducation publique de notre histoire». En réalité, le gouvernement Biden-Harris a supervisé la montée en flèche d’une inflation faite par les trusts, la casse des grèves, les licenciements massifs et la décimation de l'éducation publique par le biais de coupes brutales imposées une fois fini le financement de la COVID-19.

Dans ses brefs commentaires, Harris n'a rien dit sur le génocide à Gaza, mais a remercié les bureaucrates de l'AFT «pour le service apporté à notre nation». Alors que l'UAW et le président Shawn Fain ont servi d'«OTAN intérieure» à Biden pour réprimer la lutte des classes et détourner la colère des masses vers l'impasse du Parti démocrate, Weingarten elle, offre à Harris l'AFT et ses 1,8 million d'adhérents pour les mêmes raisons.

Le fait que les deux événements aient eu lieu le même jour n'est pas simple coïncidence; c'est un excellent exemple de l'intégration des bureaucraties syndicales à l'État capitaliste. Il souligne la nécessité pour les travailleurs et les jeunes qui luttent contre le génocide et la guerre de rompre, dans une lutte pour le socialisme international, avec les partis de la grande entreprise et les bureaucraties syndicales nationalistes.

(Article paru en anglais le 26 juillet 2024)

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