Le retrait de l'armée israélienne de l'hôpital Shifa de Gaza lundi a révélé que le complexe avait été transformé en champ de la mort, des centaines de corps d'hommes, de femmes et d'enfants montrant des signes d'exécutions sommaires massives, de torture et de mutilations.
Ce massacre est l'un des plus importants d’un génocide américano-israélien qui dure depuis près de six mois à Gaza et où au moins 32 000 personnes ont été tuées jusque là.
Selon le bureau des médias du gouvernement de Gaza, le bilan de l'assaut israélien contre l'hôpital Shifa s'élève à plus de 400 morts. Dans un communiqué publié lundi, Euro-Med a déclaré que le nombre total de personnes tuées, disparues ou blessées pourrait s'élever à plus de 1 500, dans «l'un des plus grands massacres de l'histoire palestinienne».
Des images largement partagées sur les réseaux sociaux montraient d'innombrables corps décomposés exhumés des cours de l'hôpital, où ils avaient été enterrés par des bulldozers israéliens. Parmi les corps se trouvaient des femmes et des enfants, ainsi que des hommes avec les mains liées.
Des témoins oculaires ont déclaré à Al Jazeera et à d'autres médias que les otages avaient été abattus alors qu'ils étaient menottés, ou avaient été jetés dans des fosses et enterrés vivants par des bulldozers.
La révélation de ce qui pourrait être le plus grand massacre du génocide à ce jour ont suscité une indignation populaire généralisée sur les réseaux sociaux, des millions de personnes partageant les preuves documentaires.
«L'occupation [israélienne] a détruit et incendié tous les bâtiments à l'intérieur du complexe médical Al-Shifa. Ils ont rasé les cours au bulldozer, enterrant des dizaines de corps de martyrs dans les décombres et transformant l'endroit en cimetière commun», a déclaré Ismail Al-Thawabta, directeur du bureau du gouvernement de Gaza. Il a ajouté : «C'est un crime contre l'humanité.»
«Le personnel médical, dont certains ont été tués, d'autres torturés, d'autres détenus, a surtout été assiégé pendant deux semaines sans fournitures médicales, ni même nourriture ou eau», a déclaré à Al Jazeera Raed al-Nims, porte-parole du Croissant-Rouge palestinien.
«Selon des témoins oculaires et des rapports officiels, de nombreux civils ont été exécutés. Ils ont été tués par les forces d'occupation israéliennes, y compris le personnel médical, les médecins et les infirmières; ils ont été délibérément exécutés par les soldats israéliens » a-t-il poursuivi.
Dans son rapport initial sur le massacre, basé sur des rapports sur le terrain, l'Observatoire Euro-Med a constaté que «des centaines de cadavres, dont certains brûlés, et d'autres avec la tête et les membres sectionnés, ont été découverts tant à l'intérieur du complexe médical Al-Shifa que dans les environs de l'hôpital».
Le gouvernement Biden, le principal commanditaire du génocide israélien, a défendu le massacre, affirmant que l'hôpital Shifa était une cible militaire légitime et alléguant, sans preuve, que le Hamas l'utilisait comme quartier général.
«Il y avait des combattants du Hamas qui se cachaient à l'hôpital Al Shifa», a déclaré le porte-parole du département d'État, Matthew Miller.
« Ne croyez pas que cette attaque était contre l'hôpital », a ajouté Miller. «L'attaque visait les combattants du Hamas qui se cachent à l'intérieur d'un hôpital.»
«Je ne sais pas pourquoi je n'entends pas plus de gens appeler le Hamas à cesser d'aller dans les hôpitaux», a-t-il ajouté.
La porte-parole de la Maison-Blanche, Karine Jean-Pierre, a ajouté: «Écoutez, le Hamas ne devrait pas opérer à partir d'hôpitaux, nous l'avons dit et répété, et mettre les civils en danger».
«Ils opèrent à partir d'hôpitaux, à partir d'hôpitaux», a-t-elle répété. «C'est ce qu'ils font. Ils s'intègrent dans la population civile. C'est ce qu'ils font ».
La Maison Blanche a réagi au massacre en donnant directement le feu vert à l'assaut prévu par Israël sur Rafah, où plus d'un million de personnes déplacées ont trouvé refuge.
Miller a déclaré que le scénario dans lequel «Israël ne fait rien contre les combattants du Hamas qui continuent d'exister à Rafah» n'était pas une «alternative acceptable».
Jean-Pierre a ajouté: «Nous savons aussi qu'il y a aussi des membres du Hamas à Rafah. Mais s'ils veulent aller de l'avant avec des opérations militaires, nous devons avoir cette conversation. Nous devons comprendre comment ils vont aller de l'avant ».
Selon Euro-Med, les forces israéliennes ont vidé le complexe hospitalier de Shifa de «tout le personnel de travail, en particulier du personnel médical – soit par exécution sommaire, soit par déplacement forcé ou arrestation».
Ce groupe de défense des droits de l'homme a déclaré que 22 patients avaient été tués dans leur lit d'hôpital pendant le siège, dans des conditions où les patients gravement malades étaient privés de nourriture, d'eau et de soins médicaux.
Parmi les travailleurs de la santé tués dans l'attaque figuraient deux médecins, Yusra Al-Maqadmeh et son fils Ahmed Al-Maqadmeh.
Dans un hommage largement partagé, Abu Sitta, un médecin qui avait auparavant travaillé à Gaza, a écrit: «Une belle âme et un grand chirurgien. Nous avons travaillé ensemble dans la Grande Marche du Retour et dans la guerre de 2021, puis dans cette guerre récente. Je n’ai jamais vu un dévouement comme le sien. Nous n'oublierons jamais ».
Il a ajouté: «Il a passé cette guerre à aller de l'hôpital Shifa à l'hôpital Al Quds et quand il était libre, il me rejoignait à Al Ahli. Toujours dévoué, toujours désireux d'apprendre. Il refusait de quitter le Nord et n'arrêtait pas de m'envoyer des photos de ses chirurgies. Il laisse derrière lui une femme et un bébé ».
Plus tôt ce mois-ci, Euro-Med a rapporté que les forces israéliennes procédaient à des exécutions sommaires massives de détenus. Ces rapports ont été complètement ignorés par les principaux médias aux États-Unis. Mais les images qui émergent maintenant de l'hôpital Shifa corroborent les allégations selon lesquelles l'hôpital a été transformé en un immense champ de la mort par les troupes israéliennes, avec le soutien total du gouvernement Biden.