Vendredi, le Washington Post a rapporté que le gouvernement Biden avait approuvé une nouvelle livraison d’armes à Israël pour le génocide à Gaza, dont plus de 1.800 bombes de près d’une tonne.
À l’issue d’une série de réunions israélo-américaines de haut niveau visant à planifier l’offensive israélienne sur Rafah, Washington envoie un message clair: il donne le feu vert à Israël pour raser la ville, où plus d’un million et demi de personnes sont entassés dans des conditions inhumaines.
Ces bombes de près d’une tonne sont d’une taille équivalente aux bombes de gros calibre qui rasaient des pâtés de maisons entiers pendant la Seconde Guerre mondiale. Lorsqu’elles explosent, elles laissent des cratères de plus de 12 mètres en longueur et tuent et mutilent des personnes jusqu’à 366 mètres de distance, sur une surface équivalente à 58 terrains de football.
À ce jour, Israël a largué des centaines de bombes de ce calibre, qui ont largement contribué à la destruction systématique de la majorité des habitations, des écoles, des entreprises et des institutions civiles de Gaza. Parmi les utilisations les plus notoires de cette arme figure la frappe du 31 octobre qui a détruit le camp de réfugiés de Jabalia, tuant ou blessant plus de 400 personnes.
L’armée américaine a largement renoncé à l’utilisation de ces bombes massives, apparemment en raison de l’énorme potentiel de «dommages collatéraux» qu’elles présentent.
Mais le massacre de la population de Gaza et la destruction de ses bâtiments ne sont pas une conséquence involontaire, mais un objectif délibéré du génocide américano-israélien à Gaza.
Au cours des deux premiers mois de la guerre, Israël a largué plus de 25.000 tonnes de bombes sur Gaza, ce qui équivaut à près de deux fois la puissance de la bombe nucléaire larguée sur Hiroshima en 1945.
La dernière livraison d’armes révèle le contenu réel de ce que les médias américains ont appelé un «fossé» entre les gouvernements américain et israélien. Si la Maison-Blanche critique publiquement le gouvernement Netanyahou, c’est pour se donner la couverture nécessaire afin d’atteindre son objectif, qui est de tuer ou de déplacer le plus grand nombre possible de Palestiniens.
En début de semaine, les États-Unis ont refusé d’opposer leur veto à une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies appelant à un cessez-le-feu à Gaza. Pour expliquer pourquoi les États-Unis ont laissé passer la résolution, John Kirby, porte-parole de la Maison-Blanche pour la sécurité nationale, a déclaré que les États-Unis n’ont pas opposé leur veto à cette résolution parce qu’elle n’aura «aucun impact». Il a ajouté: «Il s’agit d’une résolution non contraignante.»
C’est cette mentalité qui sous-tend les récentes critiques publiques du président Joe Biden et du chef de la minorité du Sénat Charles Schumer à l’encontre du gouvernement de Netanyahou. Le gouvernement Biden espère qu’en déclarant qu’il soutient un «cessez-le-feu» et en appelant le gouvernement israélien à laisser entrer plus de nourriture à Gaza, il fera oublier à la population mondiale que l’impérialisme américain fournit les armes utilisées pour bombarder Gaza et bloquer ses frontières.
En début de semaine, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, bien connu pour avoir décrit les Palestiniens comme des «animaux humains», s’est rendu à Washington DC pour rencontrer des responsables américains de premier plan, dont le secrétaire à la défense Lloyd Austin, afin de planifier l’assaut d’Israël sur Rafah.
Dans le compte rendu officiel de la réunion entre Gallant et Austin, un fonctionnaire du ministère américain de la Défense a été cité déclarant que «vaincre les bataillons du Hamas qui se trouvent à Rafah» est un objectif de l’armée américaine, ce qui revient pratiquement à approuver l’assaut israélien prévu sur la ville.
Mercredi, le Wall Street Journal a publié un article intitulé «En coulisses, les États-Unis font pression pour déterminer, et non arrêter, l’opération à Rafah». L’article explique que «les discussions sur l’opération militaire prévue par Israël dans le sud de la bande de Gaza n’ont pas porté sur la façon de l’arrêter, mais sur la façon de protéger les civils pendant son déroulement».
Les responsables américains ont clairement indiqué que par «protéger» les civils, ils entendaient d’abord les déplacer de la ville avant qu’Israël ne la pulvérise. La doctrine américaine, en effet, est que le génocide est acceptable tant qu’il s’accompagne d’un nettoyage ethnique.
Le génocide israélien à Gaza a, à ce jour, tué plus de 32.000 personnes, et des milliers d’autres sont ensevelies sous les décombres, ce qui signifie que le nombre réel de morts est probablement supérieur à 40.000. Plus de 1,9 million de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays.
Celles qui restent en vie sont systématiquement affamées par le blocus israélien en cours. La semaine dernière, l’organisme mondial officiel de lutte contre la famine, soutenu par les Nations unies, a constaté que «la famine est imminente» à Gaza, entraînant une «accélération majeure des décès et de la malnutrition».
D’ici quelques mois, ont prévenu les experts, le nombre de décès dus à la famine de masse éclipsera même le nombre de décès causés par les bombes et les balles israéliennes.
La famine de la population de Gaza se poursuit parce qu’elle est pleinement soutenue par les États-Unis, qui considèrent qu’affamer les habitants de Gaza est un moyen d’atteindre les objectifs de guerre américano-israéliens. Les demandes de la Cour internationale de Justice, dans un arrêt en janvier et dans un autre cette semaine, pour qu’Israël autorise l’entrée de nourriture à Gaza sont également considérées comme «non contraignantes» pour les États-Unis parce qu’ils n’acceptent pas la légitimité de la Cour internationale de Justice.
En d’autres termes, le gouvernement des États-Unis fonctionne comme un régime criminel, opérant entièrement en dehors du cadre du droit international. Alors qu’elle intensifie sa guerre avec la Russie et ses provocations militaires contre la Chine, l’administration Biden cherche à créer un précédent à Gaza: pourra-t-elle anéantir ou déplacer une population entière de 2,2 millions de personnes sans conséquence?
On ne peut pas faire confiance aux institutions capitalistes, telles que les Nations unies ou la Cour internationale de Justice, pour arrêter le génocide israélo-américain. Lorsque les États-Unis déclarent que les résolutions de l’ONU sont «non contraignantes», ils décrivent en fait la situation réelle. Ces institutions ont prouvé qu’elles n’étaient ni capables ni désireuses de faire quoi que ce soit pour mettre fin à la destruction systématique de Gaza.
Au cours des cinq derniers mois, des millions de personnes ont manifesté dans presque tous les pays du monde pour s’opposer au génocide. Mais ces manifestations n’ont donné lieu qu’à une intensification du massacre à Gaza.
Une leçon essentielle doit être tirée: la lutte contre le génocide à Gaza est une lutte contre les gouvernements impérialistes qui le rendent possible, en premier lieu, le gouvernement des États-Unis. L’arrêt du génocide contre le peuple palestinien nécessite la mobilisation politique de masse de la classe ouvrière dans tous les pays sur la base d’une perspective socialiste de renversement du système capitaliste, qui est la cause première de la guerre et de la barbarie impérialistes.
(Article paru en anglais le 30 mars 2024)