Aujourd’hui à lieu l’Assemblée nationale d’un débat suivi d’un vote sur l’Accord de coopération militaire franco-ukrainien déjà entré en vigueur. La décision de Macron d’appeler à ce débat vise à fournir un vernis pseudo-démocratique à sa proposition téméraire de mener une escalade militaire contre la Russie en mettant d’abord l’Assemblée nationale mais surtout la classe ouvrière face à un fait accompli.
Ce débat à l’Assemblée nationale est creux puisqu’il est déclaré à la fin du document que l’accord entre en vigueur dès la date de sa signature, à savoir le 16 février. En prétextant un débat à l’Assemblée nationale, Macron cherche à acclimater le public de la possibilité que des troupes de l’Otan soient envoyées combattre la Russie en Ukraine et potentiellement devenir une guerre nucléaire.
Aux Etats-Unis, le New York Times a publié un article de David Sanger qui rapporte que la CIA a déclaré à Biden que «dans un scénario singulier dans lequel les forces ukrainiennes décimaient les lignes défensives russes et semblaient tenter de reprendre la Crimée–une possibilité qui semblait imaginable cet automne–la probabilité d’un recours à l’arme nucléaire pourrait atteindre 50 pour cent ou même plus.»
Ces actions ont lieu après une série de revers désastreux pour l’effort de guerre ukrainien, soulevant la perspective d’un effondrement militaire du régime fantoche ukrainien sans une intervention directe de l’OTAN. Cette position de l’OTAN pousse la Russie à menacer de frapper le territoire de l’OTAN ou d’utiliser les armes nucléaires.
L’Accord franco-ukrainien affirme «que la sécurité de l'Ukraine fait partie intégrante de la sécurité euro-atlantique et mondiale. La France confirme que la future adhésion de l'Ukraine à l'OTAN constituerait une contribution utile à la paix et à la stabilité en Europe. Les Participants coordonneront et renforceront leurs efforts conjoints pour soutenir l'adhésion de l'Ukraine à l'OTAN.» Mais si l’Ukraine faisait partie de l’OTAN, l’Article 5 du Traité atlantique obligerait la France à intervenir dans la guerre.
L’Accord impose à la France d’accorder au régime ukrainien la «fourniture continue d'une assistance en matière de sécurité et d'équipements militaires modernes … en accordant la priorité, sans s'y limiter, à la défense aérienne, à l'artillerie, à la capacité de frappe de longue portée, aux véhicules blindés, aux capacités de l'armée de l'air et à d'autres capacités essentielles.»
La fourniture par la France d’armes sophistiquées capables de viser le territoire russe invite à une riposte militaire de la Russie. Avertissant de la fourniture par l’OTAN de missiles TAURUS à l’Ukraine, Poutine a déclaré: «Nous aussi nous avons des armes capables d’atteindre des cibles sur votre territoire. Mais les conséquences de ces interventions seraient vraiment plus tragiques. Les menaces occidentales créent un réel risque de conflit». Il a rappelé que le recours à l’arme nucléaire «signifie la destruction de la civilisation».
Le terme «dissuasion» revient à plusieurs reprises dans le document de manière vague. Dans un passage il est écrit: «Les principaux éléments des engagements de sécurité à long terme pris par la France à l'égard de l'Ukraine dans le cadre de cet accord sont les suivants la prévention, la dissuasion active et les mesures à prendre face à toute nouvelle agression de la part de la Fédération de Russie.»
Or, ce mot est normalement réservé à la discussion de l’arme nucléaire qui n’apparait pas dans l’accord explicitement. Il faut poser la question: Macron a-t-il promis à Zelensky que la France est prête à utiliser l’arme nucléaire contre la Russie?
Seule la mobilisation des travailleurs et des jeunes contre la guerre impérialiste, à travers l’Europe et le monde, offre une alternative progressiste à l’escalade planifiée par les pays de l’OTAN. Notre opposition inconciliable au projet de guerre proposé par Macron ne signifie aucun soutien pour les forces politiques à l’Assemblée qui critiquent, en paroles, les propos de Macron.
Marine Le Pen accuse Macron de «jouer au chef de guerre. C’est la paix ou la guerrre dans notre pays dont il s’agit.». De son côté, Jordan Bardella a jugé que Macron était en train de «perdre son sang-froid». Attal a dénoncé le RN en tant que Pantin de la Russie, car on gouvernement adopte des éléments de plus en plus larges du programme du RN.
L’idée que l’extrême droite serait un ami de la Russie est un mensonge contredit par l’histoire de l’impérialisme français. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, elle a envoyé des volontaires français engagés dans la lutte contre le bolchevisme rejoindre la la 33ème division SS Charlemagne. Ils ont combattu l’armée soviétique à Sanok et à Mielec ou encore dans la « bataille de Hammerstein ».
En fait, l’opposition de Le Pen à la guerre actuelle en Ukraine est le reflet d’un débat plus large parmi les bourgeoisies impérialistes. Il se déroule surtout à Washington, entre les partisans de Biden d’une guerre totale avec la Russie, et ceux de Trump et la plupart des Républicains plus orientés vers une guerre avec la Chine. Le Pen a déjà déclaré ses sympathies pour Trump.
Mathilde Panot, patronne des députés LFI qui avait appelé à souvenir l’Ukraine «autant que possible» a réagi à l’appel : «J’écris au premier ministre afin qu’un débat suivi d’un vote soit organisé d’urgence sur ces déclarations irresponsables du Président de la République ». Même son de cloche du côté du premier secrétaire du PS, Olivier Faure que demandait à ce qu’il y ait un « débat stratégique éclairé ».
LFI appelle à focaliser toute l’activité politique autour du parlement, ce qui est en fait une tentative d’endormir les travailleurs et de bloquer une mobilisation ouvrière contre la guerre.
Il faut tirer les leçons de la lutte contre la réforme des retraites en 2023 pour la lutte contre l’éruption d’une guerre nucléaire en 2024. Macron gouverne contre le peuple. L’année dernière, il a foulé aux pieds l’opposition de l’écrasante majorité des Français contre la réforme des retraites, cette année il compte faire de même avec leur opposition à la guerre. Les activités parlementaires de LFI n’arrêteront pas l’escalade, même jusqu’à la guerre nucléaire, pas plus qu’elles ont arrêté la réforme des retraites.
La 3ème Guerre mondiale commence tout autour de nous. Le Parti de l’égalité socialiste appelle à la mobilisation politique la plus large des travailleurs et des jeunes, à des manifestations, et à des meetings pour alerter les travailleurs de la gravité de la situation et de la nécessité de se mobiliser pour stopper la course à la guerre.