Les États-Unis opposeront leur veto à une résolution des Nations unies appelant à un cessez-le-feu à Gaza, a déclaré samedi l'ambassadrice américaine auprès des Nations unies, Linda Thomas-Greenfield. Il s'agit là de la dernière expression en date du soutien inconditionnel du gouvernement Biden à l'assaut israélien prévu à Rafah.
Les forces israéliennes sont sur le point de lancer une offensive terrestre de grande envergure contre Rafah, la ville la plus méridionale de la bande de Gaza, dans laquelle près de 1,5 million de civils palestiniens sont désormais confinés. Ils ont été déplacés de force par la campagne israélienne de plus de quatre mois de bombardements aveugles, de frappes de missiles et d'assauts terrestres, visant à chasser la population palestinienne de Gaza.
Samedi, l'Algérie a appelé à la tenue d'un vote sur une résolution en faveur d'un «cessez-le-feu humanitaire immédiat» au Conseil de sécurité des Nations unies cette semaine.
Dans une déclaration, Greenfield a affirmé que «les États-Unis ne soutiennent pas l'action sur ce projet de résolution. S'il devait être soumis au vote tel qu'il est rédigé, il ne serait pas adopté», déclarant ainsi que les États-Unis y opposeraient leur veto.
Greenfield a ajouté : «Le Conseil a l'obligation de s'assurer que toute action que nous entreprendrons dans les prochains jours augmentera la pression sur le Hamas pour qu'il accepte la proposition qui est sur la table». En d'autres termes, Greenfield a appelé à approuver l'offensive militaire israélienne afin de casser la résistance des Palestiniens.
Dans le contexte de la condamnation par les organisations de défense des droits de l'homme de l'assaut israélien prévu sur Rafah, Greenfield a déclaré le 10 février que l'assaut sur Rafah «ne peut pas avoir lieu». Cette position a ensuite été modifiée par Biden, qui a déclaré qu'une offensive ne pouvait avoir lieu sans un «plan» de relocalisation des civils de Gaza.
En fin de compte, les responsables américains ont indiqué que les États-Unis soutiendraient l'assaut sur Rafah même si Israël ne prenait aucune mesure pour protéger les civils. Interrogé sur ce qui se passerait si Israël ne prenait pas en compte «ce qui arrive aux civils», le porte-parole de la Maison-Blanche pour la sécurité nationale, John Kirby, a répondu : «Nous continuerons à soutenir Israël.»
Le soutien de plus en plus flagrant des États-Unis à l'attaque génocidaire d'Israël sur Rafah s'inscrit dans le contexte de l'intervention militaire américaine en cours dans l'ensemble du Moyen-Orient. Dimanche, l'armée américaine a annoncé qu'elle avait procédé à une nouvelle série de frappes sur le Yémen.
Pour expliquer le veto américain, Greenfield a affirmé que les États-Unis travaillaient à la médiation d'un accord entre Israël et le Hamas afin d'obtenir une pause de six semaines dans les combats.
Mais la perspective d'un tel accord semble inexistante après que des responsables israéliens ont quitté les discussions la semaine dernière, qualifiant de «ridicules» les appels du Hamas au retrait des forces israéliennes de la bande de Gaza.
Dans une déclaration faite au cours du week-end, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou s'est engagé à poursuivre l'assaut prévu sur Rafah, déclarant : «Quiconque nous dit de ne pas intervenir à Rafah nous dit de perdre la guerre».
La semaine dernière, le Wall Street Journal a rapporté que l'Égypte construisait une zone d'attente fortifiée capable d'accueillir jusqu'à 100.000 réfugiés de Gaza, ce qui laisse penser que l'Égypte se prépare à ce qu'Israël expulse de force les habitants de Gaza par la frontière dans le désert du Sinaï.
Outre leur soutien politique au génocide, les États-Unis ont fourni des milliards de dollars en armes et en soutien logistique à Israël depuis le 7 octobre, et le gouvernement Biden soutient l'adoption d'un projet de loi de financement qui fournirait 12 milliards de dollars supplémentaires pour la guerre à Gaza.
Entre-temps, Israël continue d’attaquer les hôpitaux de la bande de Gaza. Samedi, sept patients de l'hôpital Nasser de Khan Younis sont décédés lorsque l'hôpital a été contraint de leur couper l'oxygène en raison d'un manque de carburant dans le cadre du blocus israélien. Le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, a déclaré que les décès étaient survenus après qu'une équipe de l'OMS eut été empêchée d'entrer dans l'hôpital pour livrer du carburant pour les générateurs.
«Hier et avant-hier, l'équipe de l'OMS n'a pas été autorisée à entrer dans l'hôpital pour évaluer l'état des patients et les besoins médicaux critiques, bien qu'elle ait atteint l'enceinte de l'hôpital pour livrer du carburant aux côtés de ses partenaires», a déclaré Tedros. Il a ajouté : «La consultation médicale est un droit pour chaque patient. Le coût des retards sera payé par la vie des patients.»
L'hôpital Nasser, le deuxième plus grand de Gaza, a été mis «complètement hors service», a déclaré le ministère de la Santé, qui a précisé à Reuters : «Il n'y a que quatre membres du personnel médical qui s'occupent actuellement des patients.»
Les frappes israéliennes se sont poursuivies au cours du week-end, tuant 18 personnes entre samedi et dimanche. Une frappe à Rafah a tué six personnes au cours du week-end, dont trois enfants et une femme, tandis qu'une autre frappe à Khan Younis a tué cinq hommes.
Le ministère de la Santé de Gaza a déclaré dimanche que le bilan officiel s'élevait à 28.858 morts et que 7000 autres personnes étaient portées disparues. Ces chiffres combinés portent le nombre réel de morts à plus de 35.000.
L'ensemble de la population de Gaza, soit quelque 2,3 millions de personnes, est effectivement privée de nourriture, de carburant et d'eau en quantité suffisante en raison de la campagne de bombardement israélienne incessante et du blocus des fournitures humanitaires vitales.
(Article paru en anglais le 19 février 2024)