Vendredi, le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahou a publié un communiqué qui affirme que le Premier ministre avait ordonné à l’armée israélienne de soumettre un plan d’évacuation forcée de la ville de Rafah, dans le sud du pays, où un million de réfugiés d’autres zones de Gaza ont été déplacés.
L’attaque d’Israël sur Rafah serait une «opération massive», a déclaré le bureau de Netanyahou.
Étant donné qu’Israël a ordonné à la population de Gaza d’évacuer effectivement toutes les autres zones de la région, l’implication évidente est que la population sera expulsée dans le désert du Sinaï, avec ou sans l’autorisation de l’Égypte.
Riyad Mansour, observateur permanent palestinien auprès des Nations unies, a déclaré vendredi que «si l’armée israélienne […] commence à évacuer les habitants de Rafah, où iront-ils?»
«Ils disent qu’ils ne les autorisent pas à aller vers le nord. Ils ne veulent pas qu’ils restent à Rafah. Ce n’est pas nécessaire d’être physicien nucléaire pour arriver à la conclusion qu’il n’y a qu’un seul endroit où ils peuvent aller, c’est-à-dire la péninsule du Sinaï».
En octobre, Israël a ordonné à plus d’un million d’habitants du nord de la bande de Gaza de se rendre au sud, qualifiant cette zone de «zone de sécurité» et leur assurant qu’ils n’y seraient pas bombardés. Puis, en novembre, les forces israéliennes ont ordonné l’évacuation de la ville de Khan Younis, forçant les civils de la région à fuir vers le sud, à Rafah. L’une après l’autre, ces «zones de sécurité» ont été bombardées, puis attaquées par des troupes au sol.
En conséquence, environ 86 pour cent de la population de Gaza – 1,7 million sur 2,3 millions d’habitants – sont déplacés à l’intérieur du pays, la majorité d’entre eux se réfugiant à Rafah. Les réfugiés pris au piège sont confrontés à la famine et n’ont pas accès à l’eau potable, à l’hygiène et aux soins médicaux.
Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a déclaré dans un communiqué: «Nous ne soutiendrons en aucun cas les déplacements forcés, qui vont à l’encontre du droit international». Cette déclaration signifie en fait que le gouvernement Netanyahou a exprimé son intention de procéder à un nettoyage ethnique.
La détermination du gouvernement Netanyahou à procéder à l’expulsion forcée des Palestiniens de Rafah a donné lieu à des déclarations hypocrites de la part des maitres impérialistes du génocide israélien. Le président américain Joe Biden, s’adressant aux journalistes, a déclaré que la «conduite par Netanyahou de la réponse à Gaza dans la bande de Gaza est exagérée».
Le responsable de la politique étrangère de l’Union européenne, Josep Borell, a déclaré: «Les informations faisant état d’une offensive militaire israélienne sur Rafah sont alarmantes. [...] Elle aurait des conséquences catastrophiques, aggravant la situation humanitaire déjà désastreuse et le nombre insoutenable de victimes civiles».
Malgré ces déclarations, les États-Unis et les puissances impérialistes européennes ont systématiquement permis à Israël de procéder au génocide et au nettoyage ethnique de Gaza, les États-Unis déclarant à plusieurs reprises qu’il n’y avait pas de «ligne rouge» quant au nombre de Palestiniens autorisés à être tués.
Reuters a rapporté vendredi que l’Égypte avait massivement augmenté le nombre de militaires stationnés à ses frontières avec Gaza, déployant 40 chars et véhicules blindés de transport de troupes dans la région au cours des deux dernières semaines.
En prévision de l’offensive terrestre attendue, les forces israéliennes ont intensifié leur bombardement aérien de la ville.
«Il y a un sentiment d’anxiété qui grandit, de panique qui grandit à Rafah», a déclaré vendredi Philippe Lazzarini, directeur de l’agence UNRWA, ajoutant que «les gens ne savent pas où aller».
Le ministère de la Santé de Gaza a déclaré vendredi que 27.947 Palestiniens avaient été tués au cours des trois derniers mois et que des milliers d’autres étaient portés disparus. Entre les après-midi du 8 et du 9 février, 107 Palestiniens ont été tués à Gaza, selon le ministère.
Alors même qu’Israël poursuit son assaut sur Gaza, il détruit systématiquement les bâtiments dans toute la bande de Gaza, ciblant en particulier toutes les structures situées à proximité de la frontière israélienne.
Dans une déclaration faite vendredi, le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a déclaré: «Les Forces de défense israéliennes (FDI) détruisent apparemment tous les bâtiments de la bande de Gaza qui se trouvent à moins d’un kilomètre de la clôture entre Israël et Gaza, nettoyant la zone dans le but de créer une “zone tampon”. Les destructions effectuées pour créer une “zone tampon” à des fins de sécurité générale ne semblent pas compatibles avec l’exception étroite des “opérations militaires” prévues par le droit international humanitaire. Depuis la fin du mois d’octobre 2023, mon Bureau a enregistré des destructions et démolitions généralisées par les FDI d’infrastructures civiles et autres, y compris des bâtiments résidentiels, des écoles et des universités dans des zones où il n’y a pas ou plus de combats».
La déclaration ajoute: «Israël n’a pas fourni de raisons convaincantes pour justifier cette destruction massive d’infrastructures civiles».
«Cette destruction d’habitations et d’autres infrastructures civiles essentielles consacre également le déplacement des communautés qui vivaient dans ces zones avant l’escalade des hostilités et semble avoir pour but ou pour effet de rendre impossible le retour des civils dans ces zones. Je rappelle aux autorités que le transfert forcé de civils peut constituer un crime de guerre».
Mais c’est précisément le plan du gouvernement israélien, qui opère avec le soutien militaire et logistique total du gouvernement Biden et des gouvernements européens. Après avoir utilisé les attaques du 7 octobre comme prétexte, Israël a entrepris de mettre en œuvre un plan prévu depuis longtemps qui vise à rendre Gaza inhabitable et à massacrer ou expulser sa population. L’assaut sur Rafah marquera une nouvelle étape dans ce vaste crime.
(Article paru en anglais le 10 février 2024)