Le gouvernement Biden a dépêché son conseiller à la Sécurité nationale Jake Sullivan à Tel-Aviv vendredi pour y souligner le soutien sans faille de Washington au génocide des Palestiniens perpétré par le régime israélien. Alors que Sullivan réaffirmait que l’impérialisme américain n’imposerait aucune restriction à l’assaut israélien et qu’il brandissait la menace d’une guerre plus large contre le Hezbollah et l’Iran, le régime israélien poursuivait son attaque brutale de la population sans défense de Gaza.
La barbarie du régime sioniste s’est montrée une fois de plus vendredi avec l’assassinat ciblé du cameraman d’Al Jazeera, Samer Abudaqa. Abudaqa a été mortellement blessé lors d’une frappe de drone sur une école à Kahn Younis. Son collègue, Wael Dahdouh, chef du bureau d’Al Jazeera à Gaza, a été légèrement blessé. Un troisième journaliste, Ramy Budair, de la New Press Agency, est également décédé vendredi à Khan Younis. Plus tôt dans le conflit, Wael Dahdouh avait dû déplorer la perte de presque toute sa famille suite à une frappe aérienne israélienne délibérée sur sa maison.
«Le réseau tient Israël pour responsable du ciblage et de l’assassinat systématiques des journalistes d’Al Jazeera et de leurs familles», a déclaré Al Jazeera dans un communiqué officiel condamnant l’assassinat d’Abudaqa. «Lors du bombardement d’aujourd’hui à Khan Younis, des drones israéliens ont tiré des missiles sur une école où des civils cherchaient refuge, faisant des victimes sans discernement. Après avoir été blessé, on a laissé Samer se vider de son sang pendant plus de cinq heures, les forces israéliennes ayant empêché les ambulances et les secouristes d’arriver jusqu’à lui, le privant ainsi des soins d’urgence dont il avait tant besoin».
Dénonçant Israël pour «carnage et crimes contre l’humanité», la déclaration demande à la Cour pénale internationale d’engager des poursuites pour crimes de guerre. La déclaration note que plus de 90 journalistes et professionnels des médias ont été tués à Gaza depuis le 7 octobre.
Dahdouh a ensuite décrit le déroulement de l’attaque, alors que l’équipe de journalistes accompagnait une unité de protection civile qui cherchait à évacuer une famille de sa maison détruite. «Nous avons capturé la destruction dévastatrice et atteint des endroits qui n’avaient pas été atteints par un objectif de caméra depuis le début de l’opération terrestre israélienne», a-t-il raconté. Alors qu’il avait réussi à se mettre à l’abri, Abudaqa est resté bloqué. Une ambulance qui tentait de secourir le cameraman a essuyé des tirs de soldats israéliens.
L’assassinat d’Abudaqa a suscité l’indignation dans le monde. Le Comité pour la protection des journalistes a appelé «les autorités internationales à mener une enquête indépendante sur cette attaque et à demander des comptes aux responsables». La Fédération internationale des journalistes et Reporters sans frontières ont publié leurs propres déclarations condamnant cette attaque délibérée.
Israël a des antécédents notoires en matière d’assassinats ciblés de journalistes. En mai 2022, des tireurs d’élite des FDI ont abattu une journaliste respectée, Shireen Abu Akleh. La journaliste américano-palestinienne de 51 ans couvrait des raids israéliens brutaux dans la ville de Jénine, en Cisjordanie, pour Al Jazeera lorsqu’elle a été assassinée.
Vendredi, une vidéo a été diffusée montrant les forces de sécurité israéliennes en train de frapper le photojournaliste Mustafa Haruf à Jérusalem-Est.
Le ciblage délibéré des journalistes par le régime sioniste est indissociable de sa politique explicite de génocide à l’encontre des Palestiniens. Le bombardement sauvage de Gaza a officiellement coûté la vie à plus de 18.000 personnes, auxquelles s’ajoutent 7.000 disparus. Quelque 85 pour cent des 2,3 millions d’habitants de l’enclave ont été contraints de fuir leur domicile. À l’aide de bombes fournies par les États-Unis, les FDI ont systématiquement pris pour cible des universitaires, des ingénieurs, des artistes et d’autres personnalités palestiniennes. L’assassinat ciblé, au début du mois, du professeur et poète Refaat al-Ar’eer a provoqué une vague d’indignation dans le monde entier.
La stratégie du gouvernement d’extrême droite de Netanyahou consiste à nettoyer ethniquement la bande de Gaza et à forcer ses habitants restants à se réfugier dans le désert égyptien du Sinaï. L’élimination des journalistes sur le terrain est un élément essentiel de ce plan. Les membres fascistes du gouvernement israélien espèrent pouvoir cacher ainsi au monde les crimes de guerre horrifiants qu’ils sont en train de commettre.
Au cours de sa visite, Sullivan n’a laissé aucun doute quant à l’approbation par l’impérialisme américain de la sauvagerie d’Israël. Il n’y avait «aucun désaccord» entre la Maison-Blanche et le gouvernement de Netanyahou sur le fait que la guerre à Gaza prendrait «des mois», a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
Confirmant le chèque en blanc accordé par Washington à Israël tout au long de son assaut, il a ajouté: «Nous ne sommes pas ici pour dire à qui que ce soit, vous devez faire ci, vous devez faire ça». Il a ajouté que dans ses rencontres avec les responsables du gouvernement israélien il ne les avait « pas entendus dire des choses qui m’amèneraient à penser que je dois répondre à la question hypothétique de comment Washington réagira si la phase actuelle s’éternise ». Autrement dit, Israël peut continuer à utiliser les armes fournies par les États-Unis pour massacrer aveuglément hommes, femmes et enfants en toute impunité.
Soulignant le danger imminent d’une escalade vers un conflit régional, Sullivan s’en est également pris au Hezbollah au Liban et aux Houthis au Yémen. Les citoyens israéliens des régions proches de la frontière nord avec le Liban devaient « pouvoir rentrer chez eux et pouvoir le faire avec un vrai sentiment de sécurité», a déclaré Sullivan. Cela impliquait de «faire face à la menace qui vient de l’autre côté de la frontière». Bien qu’il ait affirmé que pour l’instant, Washington estimait que cette menace pouvait « être traitée par la diplomatie » et ne nécessitait « pas le déclenchement d’une nouvelle guerre», il a ajouté de façon inquiétante que la «dissuasion» était nécessaire pour envoyer un «message clair» au Hezbollah.
Peu après les remarques de Sullivan, des informations faisaient état du largage par l’armée israélienne de tracts au-dessus du Sud-Liban menaçant les civils qui ne parvenaient pas à «empêcher» le Hezbollah de «s’infiltrer» dans la région. Les FDI mènent actuellement des «simulations de guerre intensives» à la frontière libanaise pour les troupes de conscrits et de réserve, intitulées «Temps précieux ».
Certaines des remarques les plus provocatrices de Sullivan ont été réservées aux Houthis du Yémen, qui ont tiré des missiles sur plusieurs navires en mer Rouge allant vers Israël. Les Houthis constituaient une «menace pour la liberté de navigation» et Washington travaillait « avec la communauté internationale, avec les partenaires dans la région et dans le monde entier pour faire face à cette menace». «Si ce sont les Houthis qui appuient sur la gâchette », a-t-il poursuivi, « c’est l’Iran qui leur tend l’arme».
Venant de l’un des principaux représentants du gouvernement Biden, ces déclarations doivent être prises très au sérieux. Le président américain Joe Biden a déjà déployé deux groupements tactiques de porte-avions dans la région, ainsi qu’un sous-marin à capacité nucléaire.
En début de semaine dernière, le chef du Commandement central américain Erik Kurilla s’est rendu à l’improviste en Irak et en Syrie pour discuter avec le Premier ministre irakien Mohammed Shia al-Sudani des «préoccupations actuelles en matière de sécurité régionale et locale» et pour visiter «plusieurs bases» en Syrie, selon le Pentagone. Le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin s’est entretenu par téléphone vendredi avec son homologue britannique Grant Shapps pour discuter du «problème international important» posé par les perturbations en mer Rouge, une voie commerciale essentielle.
La plus grande présence de matériel militaire américain dans la région depuis des décennies vise à préparer le terrain pour une guerre qui engloberait tout le Moyen-Orient. L’impérialisme américain considère l’Iran comme un obstacle régional majeur à la consolidation de son hégémonie. L’objectif de Washington est d’ouvrir le front du Moyen-Orient dans ce qui se développe de plus en plus comme une troisième guerre mondiale, pour s’assurer la part du lion dans un nouveau découpage impérialiste du monde.
C’est à la classe ouvrière que revient la tâche de stopper les plans de guerre impérialistes et de mettre un terme au génocide à Gaza. La mobilisation des travailleurs dans tous les pays pour empêcher la fourniture et la fabrication de tous les équipements militaires destinés à Israël doit aller de pair avec les luttes de la classe ouvrière qui se développent dans tous les grands pays impérialistes contre la tentative des élites dirigeantes de lui faire payer la guerre à travers l’austérité et les baisses de salaires. Cette lutte nécessite la construction d’un mouvement anti-guerre mondial guidé par une perspective socialiste et internationaliste.
(Article paru d’abord en anglais le 17 décembre 2023)