Un jour après avoir brutalement bombardé le camp de réfugiés de Jabalia à Gaza, le régime israélien a intensifié son assaut contre les Palestiniens, frappant notamment ce camp une deuxième fois. Le bilan officiel des plus de trois semaines de frappes aériennes incessantes sur les civils devait dépasser les 9.000 morts jeudi, au moment où le secrétaire d’État Antony Blinken s’apprêtait à effectuer un nouveau voyage dans la région pour y réaffirmer le soutien inconditionnel de l’impérialisme américain au génocide perpétré par le régime israélien.
Les deux frappes ont coûté la vie à au moins 195 civils, et plus de 120 étaient toujours portés disparus mercredi soir. Selon le Bureau des médias du gouvernement de Gaza, 777 personnes ont aussi été blessées dans ces deux attaques visant le plus grand camp de réfugiés de l'enclave.
Al-Jazeera a indiqué que la plupart des victimes étaient soignées à l’hôpital indonésien, qui, comme la quasi-totalité des établissements de santé de Gaza, fonctionne désormais sans carburant. L’hôpital Al-Shifa, le plus grand de Gaza, «a annoncé que dans quelques heures il cesserait complètement de fonctionner en raison d’une pénurie de carburant», a indiqué la chaîne.
Réagissant au massacre aveugle de civils, le Bureau des droits de l’homme des Nations unies a déclaré que les frappes aériennes étaient « des attaques disproportionnées qui pourraient constituer des crimes de guerre» en raison du «nombre élevé de victimes civiles et de l’ampleur des destructions». Chris Gunness, ancien porte-parole de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), a déclaré à Al-Jazeera que Gaza devenait rapidement «le plus grand camp de la mort à ciel ouvert du monde».
Sachant pertinemment que ses crimes de guerre bénéficient du soutien de toutes les puissances impérialistes, le régime israélien renonce de plus en plus à toute prétention de les justifier. Dans ce qui s’apparente à une provocation éhontée, l’armée israélienne a déclaré, à propos du bombardement aérien de mardi sur Jabaliya, qu’elle avait visé «des tunnels situés sous les bâtiments, ce qui a entraîné l’effondrement des bâtiments situés au-dessus», selon le Times of Israel.
Les représentants des puissances impérialistes ont fait des déclarations typiquement anodines à la suite du massacre, précédées comme toujours de déclarations sur le «droit» d’Israël à «l’autodéfense». Le président américain Joe Biden, dans des remarques qui ont omis de mentionner la destruction d’immeubles d’habitation à Jabaliya, a déclaré: «Israël a le droit de se défendre d’une manière compatible avec le droit humanitaire international».
Le chancelier allemand Olaf Scholz n’a pas été moins enthousiaste dans son soutien au régime israélien, déclarant au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu lors d’un appel téléphonique mercredi qu’il «renouvelait la solidarité inébranlable de l’Allemagne avec Israël» et «soulignait l’importance de la protection des civils et des fournitures humanitaires».
Seuls 61 camions d'aide sont entrés dans la bande de Gaza mercredi, encore moins qu'une goutte d'eau dans l'océan pour les 2,3 millions d'habitants. Israël continue de bloquer toutes les cargaisons de carburant au point de passage de Rafah.
Une déclaration du ministère français des Affaires étrangères a été l’une des rares à mentionner le bombardement du camp de réfugiés. Cependant, après avoir déclaré que Paris était «profondément préoccupé» par l’attaque, il s’est limité à la déclaration insipide que «la protection des populations civiles est une obligation du droit international, qui s’impose à tous».
Derrière ces références creuses au «droit international», la réalité est que les puissances impérialistes ont facilité le génocide d’Israël contre le peuple palestinien. L’aide militaire de milliards et de milliards de dollars que Washington a fournie à Israël au fil des ans a transformé le pays en État garnison pour les intérêts impérialistes américains au Moyen-Orient. Biden vient de demander une nouvelle aide militaire de 14 milliards de dollars pour permettre au régime israélien de poursuivre ses massacres. Biden, Scholz et le président français Macron se sont tous rendus en Israël pour apporter leur soutien total à Netanyahou depuis le début de la guerre. Le secrétaire d’État américain Antony Blinken doit se rendre à nouveau en Israël vendredi pour souligner le soutien de Washington au génocide.
Le régime israélien s’est manifestement senti enhardi par la réaction de ses bailleurs de fonds impérialistes. Mercredi en fin de journée, le ministère palestinien de la Santé a indiqué qu’une maternité de l’hôpital international Al-Helou, dans la ville de Gaza, avait été «bombardée». Des frappes aériennes ont également eu lieu à proximité de l’hôpital Al-Quds, selon le Croissant-Rouge palestinien.
Les opérations terrestres ont également pris de l’ampleur, le porte-parole de l’armée israélienne, Daniel Haggari, affirmant que les forces israéliennes avaient «percé» les défenses du Hamas dans le nord de la bande de Gaza. Les soldats s’approcheraient de la périphérie de la ville de Gaza. Jusqu’à présent, 16 soldats israéliens ont trouvé la mort au cours de l’intervention.
Tout en approuvant pleinement le pilonnage de Gaza par Israël et le massacre de sa population civile, certains responsables américains ont cherché à donner l’impression qu’il fallait qu’Israël clarifie davantage ses plans pour Gaza après la défaite du Hamas. Le porte-parole du Conseil national de sécurité des États-Unis, John Kirby, a par exemple répondu à une question sur ce qui suivrait le Hamas en disant: «Nous n’avons pas toutes les réponses à cette question».
Une lettre signée par les sénateurs américains Bernie Sanders et Elizabeth Warren dans le cadre du débat sur les 14 milliards de dollars d’aide à Israël affirmait: «Le Congrès a besoin de plus d’informations sur les plans et les objectifs à long terme d’Israël, ainsi que sur l’évaluation de ces perspectives par le gouvernement des États-Unis.
Le fait est qu’Israël a été plus qu’explicite sur ses plans pour Gaza, qui consistent à exterminer une partie importante de la population et à forcer le reste à fuir vers l’Égypte. Le mois dernier, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant, qui a qualifié les Palestiniens d’«animaux humains» au début de l’assaut sur Gaza, a défini les trois phases de la guerre. Après avoir éliminé les capacités militaires et gouvernementales du Hamas, Gallant a promis qu’Israël se déchargerait de toute responsabilité à l’égard de Gaza en créant une nouvelle «réalité sécuritaire». Des projets visant à forcer l’Égypte à établir des camps de réfugiés dans la péninsule du Sinaï, où les personnes fuyant Gaza pourraient être hébergées, sont à l’étude.
Mercredi, Galit Distel Atbaryan, ex-ministre du gouvernement Netanyahou, a explicitement appelé à «rayer tout Gaza de la surface de la Terre» dans un message sur X (TWITTER). Les «monstres gazaouis» avaient la possibilité de se rendre en Égypte ou de mourir, a-t-elle poursuivi, tandis que la Cisjordanie occupée devrait connaître «le feu et la fumée sur la tête de nazis».
Zvi Succot, du parti ultra-nationaliste Sionisme religieux, a été nommé à la tête de la sous-commission de la défense de la Knesset (parlement israélien) pour la Judée et la Samarie, qui est responsable de la sécurité en Cisjordanie. Succot, un militant colon d'extrême droite qui a été arrêté à plusieurs reprises, a déclaré lors de sa nomination qu'il chercherait à « étendre les colonies autant que possible » et à assurer la « sécurité personnelle » des résidents, c'est-à-dire à poursuivre la brutalisation des Palestiniens de Cisjordanie par les nervis colons, qui s'est considérablement intensifiée depuis le début de la guerre.
L’opposition de masse au génocide des Palestiniens perpétré par Israël et soutenu par l’impérialisme, s’est exprimée par la participation, sur tous les continents habités, de millions de personnes à des manifestations dénonçant le massacre d’hommes, de femmes et d’enfants à Gaza. Il faut développer ces manifestations et lutter pour la mobilisation de la classe ouvrière du monde entier dans une grève générale politique visant à mettre fin au bain de sang israélien à Gaza.
(Article paru en anglais le 2 novembre 2023)