Alors que des millions de travailleurs en France défileront demain dans une nouvelle journée d’action contre la réforme des retraites du président Emmanuel Macron, il est évident que ce dernier cherche à établir une dictature et qu'il doit être renvoyé. Mais faire cela nécessite la construction d’un mouvement par le bas, parmi les travailleurs et les jeunes, pour exiger sa destitution et préparer une grève générale pour le faire chuter.
Il impose sa réforme sans vote parlementaire, en utilisant les pouvoirs exorbitants de la présidence de la Ve République, malgré des grèves de masse et l'opposition des trois quarts des Français. Il dit que seule sa réforme garantira la crédibilité de la France auprès des marchés financiers. Et à présent ses ministres déclarent qu’ils vont recommencer avec cette méthode pour imposer d’autres lois, des attaques sociales ou l’augmentation des dépenses militaires pour faire la guerre à la Russie.
Le ministre du Travail Olivier Dussopt a affirmé vendredi qu'il 'pourrait être amené à utiliser à nouveau l'article 49-3 … j'espère le moins possible'. Cette disposition anti-démocratique, a-t-il ajouté, pourrait 'être utilisée de manière quasi systématique, tant le débat public est passionné en France.'
La Ve République se révèle être une dictature des banques, qui réduit arbitrairement le niveau de vie et les droits sociaux et démocratiques fondamentaux des travailleurs. Face à l'opposition populaire, aux grèves et aux manifestations de masse, elle n’a pas d’autre réaction que de déployer des hordes de flics pour agresser les manifestants et les grévistes.
Le vaste réseau de préfets et de corps de police contrôlés par Macron et du ministère de l'Intérieur a mis de côté la déclaration du Conseil de l'Europe de la semaine dernière critiquant « l’usage excessif de la force» par la police française. Samedi, les forces de l’ordre en ont fait une démonstration sanglante en attaquant les manifestations d'agriculteurs contre un projet d'irrigation à Sainte-Soline.
3.000 policiers lourdement armés ont affronté 30 000 manifestants autour de l'infrastructure du projet d'irrigation. Les policiers ont chargé les manifestants, en tirant un total de 4.000 grenades de désencerclement. Ils ont fait au 200 blessées, dont 30 graves, et quatre – un manifestant de 30 ans blessé au crâne et dans le coma, un autre de 27 ans, une jeune femme de 19 ans grièvement blessée au visage et un flic – sont dans un état critique.
Macron, ce centre névralgique des conspirations financières et policières contre le peuple, doit être renvoyé. Cela ne peut se faire, cependant, qu'en mobilisant des masses de travailleurs à la base dans une campagne pour renvoyer Macron, abolir les pouvoirs draconiens de la présidence française et préparer une grève générale contre son gouvernement.
Les travailleurs et les jeunes ne peuvent pas laisser l'organisation de la lutte pour faire chuter Macron aux appareils syndicaux et à leurs alliés de pseudo-gauche, comme la France insoumise (LFI) de Jean-Luc Mélenchon. Ils ne donnent aucune perspective au mouvement, si ce n'est de se faire agresser par les flics à chaque fois que les travailleurs se mobilisent.
Il y a peu de doute que, si Macron agit de manière aussi provocante, en s'appuyant sur la répression pure et simple pour passer en force, c’est qu'il a reçu des assurances privées de Mélenchon et des bureaucrates syndicaux qu'ils ne feront aucun effort pour mobiliser l'opposition contre lui.
En février, Dussopt s'est vanté que le gouvernement avait des discussions « publiques » mais aussi « plus informelles » avec les chefs syndicaux. Les responsables de la CFDT et de la CGT ont confirmé cette affirmation ; le chef de la CGT, Philippe Martinez, a parlé d’appels «de courtoisie» de la première ministre. Les bureaucraties ont ensuite isolé les grévistes des raffineries et des éboueurs dont les piquets de grève sont attaqués par les flics.
Mélenchon, qui a obtenu près de 8 millions de voix concentrées dans les quartiers populaires des grandes villes françaises lors des présidentielles en 2022, n'a pas lancé d'appel à la mobilisation de ses électeurs contre Macron. En effet, c’est un collègue et non un adversaire politique de Macron. En effet, il a déclaré l'année dernière qu'il serait heureux de servir en tant que premier ministre sous Macron ou aussi sous la néo-fasciste Marine Le Pen, si elle remportait la présidence.
La lutte pour faire tomber Macron ne peut pas être organisée à travers Mélenchon et les chefs syndicaux, mais seulement indépendamment d'eux et en opposition à eux.
Il faut discuter et adopter, sur chaque lieu de travail et dans chaque école, des résolutions exigeant la chute de Macron. Des assemblées générales de travailleurs et de jeunes devront débattre et adopter ces résolutions, et des comités qu’elles formeront sur les lieux de travail pourront partager et publier ces résolutions pour unir la classe ouvrière contre Macron. Cette mobilisation indépendante, permettant aux travailleurs de prendre conscience de leur force collective, créera les conditions pour une grève générale pour chasser Macron du pouvoir.
Une grève générale pour bloquer l'économie et faire chuter la présidence illégitime de Macron est souhaitée, selon les sondages, par les deux-tiers des Français. Une pareille lutte posera inévitablement la question de son remplacement.
On ne peut accorder aucune confiance aux institutions qui ont démontré leur complicité dans la tentative de Macron d'imposer une dictature des banques sur le peuple. Non seulement l’appareil d’État policier, mais aussi la législature, qui n'a pas censuré Macron pour avoir tenté d'imposer sa loi sans vote, sont des serviteurs de l'oligarchie financière contre les masses de travailleurs.
Le Parti de l'égalité socialiste préconise la construction d'un mouvement politique pour transférer le pouvoir aux comités créées par la base et démocratiquement responsables devant elle, construits au cours de la lutte contre Macron. Ces organes pourront s'appuyer sur l’essor actuel de la lutte des classes en Europe et à l'échelle internationale. Cela fonderait un régime vraiment démocratique, représentant la majorité de la société qui travaille pour vivre, et mettant en œuvre des politiques socialistes basées sur les besoins sociaux, et non sur le profit.