Voici la première partie d’un article nécrologique en deux parties.
Vous pouvez accéder ici à la deuxième partie
Opposants comme partisans se
sont joints pour saluer Ted Grant, le fondateur de la Militant Tendancy, qui est mort en juillet à l’âge de 93 ans.
Ils l’ont salué comme étant un défenseur des idées de Trotsky pendant toute sa
vie. La nécrologie du Times l’a décrit comme étant « [u]n inchangé
trotskyste révolutionnaire de la vieille école ». Le Financial
Times a annoncé la mort d’« un dirigeant trotskyste pendant plus de 70
ans ». Cette appréciation est en accord avec l’évaluation que Grant
faisait de lui-même.
La semaine avant qu’il meure,
Grant, déjà affaibli par une attaque, fut amené sur le podium lors d’une
réunion de son International MarxistTendency (Tendance internationale marxiste) où il déclara que cette
dernière repose « fermement sur les idées de Trotsky ». Ce fut une
performance remarquable pour quelqu’un étant si proche de la mort et témoigna
autant de l’endurance physique de cet homme que de son dévouement politique
unique. Grant était l’un des derniers représentants de la génération qui est devenue
consciente politiquement au moment où la lutte de Trotsky contre la
bureaucratie qui avait usurpé le pouvoir politique en Union soviétique
atteignait son apogée.
Parmi toutes les jeunes
personnes qui s’étaient tournées vers la Révolution russe comme modèle et comme
inspiration pour le futur de l’humanité dans les décennies qui ont suivi 1917,
peu ont été en mesure de maintenir toute leur vie durant un dévouement de
principe aux politiques révolutionnaires face à l’impact des chocs et des
bouleversements du 20e siècle. Tous ceux qui ont reconnu que Trotsky représentait la continuité du marxisme et la tradition
révolutionnaire du bolchévisme méritent notre
respect. Mais le plus grand hommage que nous pouvons rendre à leur dévouement
envers la révolution pendant leur jeunesse est de soumettre leur carrière
politique subséquente à une analyse objective historique.
Avant tout, il faut dire que
Grant n’était pas un trotskyste lorsqu’il est mort et qu’il ne l’était plus
depuis longtemps, si par le terme trotskyste nous entendons un révolutionnaire
marxiste qui défend les principes de l’internationalisme socialiste exprimés
dans la Révolution russe d’octobre 1917. Il peut sembler impoli de nier à un
vieil homme l’épithète qu’il a tellement sollicitée lorsqu’il était en vie,
mais les politiques de Grant n’étaient pas une affaire personnelle. Elles étaient
caractéristiques d’une époque dans laquelle les appareils bureaucratiques
dominaient la classe ouvrière et, dans une large mesure, en étaient venus à
être identifiés comme étant le leadership légitime de la classe ouvrière.
En Grande-Bretagne, l’organisation
menée par Grant, qui était connue sous le nom de Ligue socialiste
révolutionnaire en privée et de Militant Tendancy
en publique, a éduqué nombre de jeunes dans la perspective politique réformiste
du Parti travailliste. La Militant Tendancy
payait son tribut au socialisme révolutionnaire dans ses discours et ses
articles historiques, et là seulement. Militant Tendancyinsistait que le socialisme naîtrait d’un gouvernement travailliste qui
voterait une loi au Parlement pour nationaliser les quelque 200 monopoles comme
base pour une économie planifiée et contrôlée publiquement.
Militant Tendancy était caractérisée par un type
d’opportunisme tactique qui s’est toujours adapté aux mouvements spontanés de
contestation dans la classe ouvrière britannique et a gardé en toute sécurité
ces mouvements dans les cadres du mouvement officiel des travailleurs : le
Parti travailliste et les syndicats.
C’était le cas à Liverpool dans
les années 1980, lorsque la Militant Tendancy
en est venue à dominer le conseil municipal contrôlé par les travaillistes.
Elle avait notamment conclu un accord opportuniste avec le gouvernement
conservateur qui avait fait avorter une lutte des ouvriers du conseil de
Liverpool à propos d’attaques sur les services locaux et avait contribué à
l’isolement par le Congrès des syndicats et le Parti
travailliste sous Neil Kinnock de la grève des
mineurs de 1984-1985. De cette façon, Grant a contribué à l’une des plus
importantes défaites que la classe ouvrière britannique ait subies dans les récentes
décennies.
Pendant la campagne contre les
impôts locaux au début des années 1990 et par son soutien au séparatisme
écossais qui a résulté dans la formation du Parti socialiste écossais (une
section de la Militant Tendancys’en est
séparée pour rejoindre ce parti), l’organisation a dérouté les
aspirations révolutionnaires de plusieurs jeunes personnes et de plusieurs
travailleurs vers des voies réformistes pendant une période de conflit de
classe intense.
Pendant les années 1980, Militant
Tendancy prétendait être le plus grand parti
trotskyste avoué en Grande-Bretagne. C’était la période des plus grands succès publics
de Grant, mais elle s’est avérée être le prélude à sa chute. Les jeunes gens
qui joignaient Militant Tendancy étaient en
train d’être radicalisés par l’expérience du gouvernement Thatcher, qui était
caractérisé par le chômage de masse, des coupures dans les services publics et
le retour à des guerres impérialistes. Plusieurs se sont tournés initialement
vers le Parti travailliste où ils ont rencontré Militant Tendancy,
mais la trajectoire de ces jeunes travailleurs était vers la gauche, tandis que
celle de l’organisation de Grant se dirigeait vers la droite. Ils se sont
croisés pendant qu’ils voyageaient dans des directions opposées.
La rhétorique de Grant ne
pouvait les garder dans le Parti travailliste parce que la base objective pour
ce genre de politique était en train d’être sapée par l’évolution de la
situation politique internationale. La période pendant laquelle il était possible
pour les travaillistes d’offrir un programme de réformes et de programmes
sociaux arrivait rapidement à sa fin. En Union soviétique, la bureaucratie
stalinienne, qui avait fourni un modèle et une inspiration pour de nombreux
autres appareils bureaucratiques, approchait une crise dont elle ne se
relèverait jamais.
Toute la perspective politique
de Grant depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale fut basée sur la prémisse
que la bureaucratie du Kremlin, les partis sociaux-démocrates et les syndicats de
l’Ouest ainsi que les mouvements nationaux dans les anciens pays coloniaux ou semi-coloniaux conserveraient leur hégémonie politique.
Mais en 1992, lorsqu’il fut expulsé de Militant Tendancy,
ce que Grant avait pris pour des caractéristiques permanentes du paysage
politique s’étaient avérées être des produits relativement éphémères des
arrangements mis en place par les grandes puissances après la Deuxième Guerre
mondiale pour prévenir des bouleversements révolutionnaires comme ceux de 1917.
Grant, avec Alan Woods, forma un autre groupe connu sous le nom de SocialistAppeal
(Appel socialiste), du nom de leur journal, tandis que la majorité menée par
Peter Taaffe forma Militant Labour (Travail
militant), qui est devenu plus tard le Parti socialiste. L’International
MarxistTendency de Grant est l’une des plus
enthousiastes parmi plusieurs autres organisations radicales similaires
soutenant le président Hugo Chavez du Venezuela. Elle le présente comme un
leader révolutionnaire qui a osé affronter la puissance des Etats-Unis et est
en train de transformer la société vénézuélienne pour la rapprocher du
socialisme.
Même si l’appareil répressif de
l’Etat vénézuélien demeure en place et que les compagnies transnationales continuent
de faire des profits là-bas, les partisans de Grant affirment que la classe
capitaliste n’est plus au pouvoir. C’est ainsi qu’ils préparent le terrain pour
une défaite encore plus grande que celle qu’a connue la classe ouvrière
britannique. L’expérience a montré qu’en Amérique latine, des mouvements de
gauche qui prennent le pouvoir sans détruire l’appareil d’Etat existant et en
laissant le capitalisme intact peuvent être le prélude à une répression
sanglante comme celle exercée par Pinochet au Chili. [1]
La réputation qu’a Grant d’être
un marxiste et un défenseur des idées de Trotsky pendant toute sa vie continue
de jouer un rôle important dans la capacité de ces organisations de s’attirer
du soutien parmi les jeunes et les travailleurs. Ses successeurs cultivent avec
assiduité l’image selon laquelle il est un penseur marxiste original et un
visage politique majeur du mouvement trotskyste. Alan Woods,
écrivant le jour de l’anniversaire du lancement du journal de l’organisation de
Grant, le SocialistAppeal,
explique : « Dans la personne du camarade Ted Grant, nous défendons
la continuité des idées de Trotsky. Cette année est aussi le soixante quinzième
anniversaire de l’expulsion de Léon Trotsky et de l’Opposition de Gauche du
Parti communiste russe. Camarade Grant était un membre de l’Opposition de
gauche internationale de Trotsky à partir du tout début. Il représente un fil
intact qui nous rattache aux meilleures traditions du bolchévisme-léninisme
et de la Révolution d’octobre. »
Hostilité
vis-à-vis de la Quatrième Internationale
Plus une personne regarde de près son histoire, plus il est
difficile d’identifier une période où Grant avait une ferme emprise sur les
principes du marxisme ou avait une compréhension claire de l’importance de la
lutte politique de Trotsky.
La leçon politique centrale qui peut être tirée des écrits
de Trotsky et de la lutte qu’il a lancée contre la bureaucratie stalinienne est
l’importance de l’internationalisme. La carrière politique de Grant peut bien
avoir commencé avec l’Opposition de gauche, mais il demeura résolument
nationaliste dans sa façon de voir les choses pendant toute sa vie. Pour Grant,
le programme politique de Trotsky était un moyen de se faire du capital
politique parmi les couches les plus avancées des travailleurs, mais il n’a ni
compris ni accepté la perspective politique qui le sous-entendait.
En 1934, Grant a quitté l’Afrique du Sud pour se diriger
vers la Grande-Bretagne. Durant la Deuxième Guerre mondiale, le groupe auquel
appartenait Grant — la Ligue internationale des travailleurs (LIT) — gagnait de
nouveaux membres pendant que les membres du Parti travailliste, du Parti
communiste de la Grande-Bretagne ainsi que les leaders syndicaux associés à ces
partis supprimaient les grèves et étouffaient les griefs des travailleurs dans
l’intérêt de maintenir l’effort de guerre. La LIT publia le programme fondateur
de la Quatrième Internationale et se basait sur l’exemple du SocialistWorkersParty aux Etats-Unis, qui s’était développé sous
l’influence de Trotsky lui-même. Mais la LIT refusa fermement de se joindre à
la Quatrième Internationale, qui fut fondée en 1938.
Grant était très fier de ce
fait. Dans ses mémoires, Une Histoire du trotskysme britannique, il
raconte comment les membres de la LIT rejetèrent la proposition selon laquelle
les différents groupes trotskystes en Grande-Bretagne devaient s’unir en
préparation de la conférence fondatrice de la Quatrième Internationale. Grant
rappela comment il cria : « Même si le Camarade Trotsky lui-même
était venu ici, nous n’aurions pas agi différemment. »
L’accès de colère de Grant était
un exemple de la dévotion bornée au nationalisme qui allait devenir sa marque
de commerce politique. La LIT refusa de s’unir aux autres groupes parce qu’il
ne pouvait pas se mettre d’accord sur la question de travailler avec le Parti
travailliste. Trotsky avait conseillé à ses copenseurs
en Grande-Bretagne de travailler dans le Parti travailliste indépendant et plus
tard dans le Parti travailliste, mais ce n’était rien de plus qu’une tactique.
La LIT, cependant, l’a élevée au niveau d’un principe stratégique qui prenait
préséance sur la question fondamentale de fonder une nouvelle Internationale
pour remplacer la Troisième Internationale qui avait trahi les intérêts des
travailleurs partout dans le monde lorsqu’elle échoua à résister à la montée
d’Hitler.
Des questions comme l’entrée
dans le Parti travailliste auraient pu être discutées dans la section
britannique unifiée de la nouvelle Internationale où elles auraient pris leurs
places appropriées dans une perspective internationaliste. Le refus de la LIT
de se joindre à la Quatrième Internationale reflétait l’immense pression
politique qui était exercée sur le mouvement des travailleurs britanniques dans
le plus vieux pays capitaliste du monde.
Trotsky ne fera pas de compromis
avec le groupe, vu que s’il l’avait fait, il aurait miné le principe le plus
fondamental de l’Internationale. Il avertit les camarades de la LIT
« qu’ils étaient en train d’être menés vers un chemin de politiques de
clique sans principe qui peut uniquement les mener dans un bourbier. Il est
possible de maintenir et de développer un mouvement politique révolutionnaire
de sérieuse importance seulement en se basant sur de grands principes. Il est
possible pour un mouvement national de maintenir un cours révolutionnaire
seulement s’il est fermement lié à une organisation possédant des copenseurs partout à travers le monde et s’il maintient une
collaboration politique et théorique constante avec eux. Seule la Quatrième
Internationale est une telle organisation. Tous les mouvements purement
nationaux, tous ceux qui rejettent l’organisation internationale, le contrôle
et la discipline sont, par essence, réactionnaire. » [2]
La LIT fit éventuellement parti
d’une section britannique unifiée de la Quatrième Internationale après la
Deuxième Guerre mondiale par les efforts d’une faction internationaliste
dirigée par Gerry Healy ainsi que par l’intervention
du SocialistWorkersParty aux États-Unis. L’unification fut réalisée
malgré la fervente opposition du chef de la LIT, JockHaston, dont Grant était le fidèle lieutenant. Même
après l’unification et la formation du Parti communiste révolutionnaire en tant
que section britannique de la Quatrième Internationale, Haston
et Grant sont demeurés profondément hostiles à l’Internationale et se sont
alignés derrière une tendance oppositionnelle allant vers la droite et qui
s’était regroupé derrière Albert Goldman et FelixMorrow, condamnant « le programme inchangé » de
la Quatrième Internationale [3].
Les successeurs de Grant ont
continué de prétendre que le programme du trotskysme s’était révélé face aux
évènements de l’après-guerre lorsque les mouvements révolutionnaires furent
étranglés par les staliniens. Le fait que le capitalisme ne fut pas renversé,
que le stalinisme garda le contrôle de l’Union soviétique et étendit son
autorité sur l’Europe de l’Est, Grant écrit, « servit à infirmer la
perspective originale du mouvement élaborée pendant la guerre qui anticipait
pour l’URSS soit la restauration du capitalisme, soit la révolution politique,
ainsi qu’une crise révolutionnaire qui ébranlerait les vieux partis et
préparerait la voie pour la création de partis trotskystes de masse. Dans
les mots de Trotsky, “il ne restera une pierre sur l’autre des vieilles
organisations et la Quatrième Internationale deviendrait la force dominante de
la planète”. Mais les trotskystes étaient beaucoup trop faibles pour tirer
avantage de la situation révolutionnaire qui a suivi la guerre. Le pouvoir est
tombé dans les mains des leaders réformistes et staliniens qui, comme en 1918,
ont trahi le mouvement et ont rendu le pouvoir à la bourgeoisie. » [4]
L’idée selon laquelle Trotsky
aurait promis qu’il y aurait un renversement révolutionnaire du capitalisme et
une révolution politique en Union soviétique est complètement incorrecte. Aucun
marxiste ne prétendrait qu’il soit possible de prédire le résultat de processus
politiques complexes avec une précision exacte ou ne supposerait que le
marxisme peut offrir une ligne du temps précise pour la révolution. Grant et
plusieurs autres ont clairement crû que Trotsky les avait conduits sur un
mauvais chemin, démontrant qu’ils n’ont jamais compris le caractère
scientifique de l’analyse politique marxiste. [5]
Selon ses successeurs, Grant
était le seul dans le mouvement trotskyste à pouvoir développer une analyse des
nouvelles réalités politiques de l’expansion stalinienne et de la stabilisation
impérialiste. Le leadership de la LIT était, en fait, loin d’être seul. Aussi
tôt qu’en 1939, Max Shachtman et James Burnham se
sont opposés à l’analyse que faisait Trotsky de l’Union soviétique, tout comme
la tendance Johnson-Forrest. Goldman et Morrow s’y sont, par la suite, opposés eux aussi. Après
s’être initialement opposés à cette tendance, Michel Pablo et Ernest Mandel,
qui étaient alors les dirigeants de la Quatrième Internationale, ont commencé à
dire que la bureaucratie stalinienne pouvait jouer un rôle progressiste et
créer de façon bureaucratique des Etats ouvriers par la force militaire et les
nationalisations sans une transformation révolutionnaire de la société.
La différence de Grant ne
résidait pas dans le fait qu’il était le seul à évoluer vers la droite, mais au
fait qu’il était le premier à évoluer ainsi après la Deuxième Guerre mondiale.
Jimmy Deane, copenseur de
Grant dans la LIT, reconnu la ressemblance entre leurs idées et celles de Pablo
lorsqu’il écrivit à Grant en juin 1950. « Pablo a fait la
transition ! Quel développement ! Il conduit une lutte contre nous,
se plaint Deane, et finit en adoptant plus ou moins
notre position. C’est seulement une question de temps avant qu’il argumente
qu’il y a des Etats ouvriers en Europe de l’Est. » [6]
Tandis que des luttes se
développaient dans les pays coloniaux et semi-coloniaux,
Pablo et Mandel ont maintenu que les mouvements nationaux petits-bourgeois
pourraient créer des Etats ouvriers sans avoir besoin d’une participation
consciente de la classe ouvrière, de l’existence d’un parti marxiste ou du
renversement révolutionnaire de l’Etat et des relations de propriétés
existantes. Conséquemment, il n’y avait aucun besoin de construire des partis
révolutionnaires dans ces pays, où les marxistes se devaient d’agir comme
conseillers à des leaders nationalistes comme Ben Bella
en Algérie ou Castro à Cuba.
En 1953, James Cannon, le chef du SocialistWorkersParty
américain, publia une lettre ouverte dans laquelle il résuma les questions
politiques centrales soulevées par la lutte contre le pablisme.
« Cette faction, regroupée autour de Pablo, écrit Cannon, oeuvre aujourd'hui délibérément pour disloquer les
cadres historiquement assemblés du trotskysme dans les divers pays et liquider
la Quatrième Internationale.» [7]
Cannon réaffirma les principes fondamentaux sur
lesquels la Quatrième Internationale fut fondée et la Lettre ouverte devint le
point de ralliement pour tous ceux qui adhéraient encore à ces principes et
rejetaient le liquidationnisme de Pablo et la
capitulation face au stalinisme. Plus tard cette année-là, le Comité
international de la Quatrième Internationale fut formé sur la base d’une
résolution qui affirmait sa solidarité avec la Lettre ouverte de Cannon.
Pablo répliqua à la Lettre
ouverte en expulsant tous ceux qui étaient d’accord avec elle. Quand son
représentant en Grande-Bretagne, John Lawrence, en vint à la conclusion logique
de joindre le Parti communiste, Pablo se retrouva sans organisation en
Grande-Bretagne. Grant saisit l’occasion pour faire équipe avec Pablo, dont
l’organisation fut connue sous le nom de Secrétariat unifié. On peut lire pendant
longtemps et dans les détails tous les travaux de Grant et ne trouver aucune
référence à la Lettre ouverte. Il y a répondu par ses actions lorsqu’il se
joint à Pablo, mais il ne s’est jamais senti obligé de faire une autre réponse
à cette déclaration historique des principes du prolétariat internationaliste.
Grant a quitté le Secrétariat
unifié pabliste en 1964. Mais, dans tous les aspects essentiels, sa perspective
politique coïncidait avec celle de Pablo et Mandel. Les politiques de Grant
pourraient être décrites comme du pablisme sans
Pablo. Son groupe a même imité le comité pabliste FairPlay for Cuba (Franc jeu pour Cuba) en formant une
organisation appelée Hands Off Venezuela (Bas les pattes sur le Venezuela) afin
d’agir comme une organisation paravent dans sa campagne pour soutenir Chavez.