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Les étudiants en grève du Québec doivent se tourner vers les travailleurs

Par l'Internationale étudiante pour l'égalité sociale
16 mars 2012

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Nous republions cette déclaration de l'Internationale étudiante pour l'égalité sociale pour souligner l'importance et la pertinence des questions politiques qui y sont soulevées. Elle a été tout d'abord diffusée lors d'une manifestation qui a rassemblé plusieurs milliers d'étudiants à Montréal le 23 février dernier. Un mouvement de grève a été déclenché le 13 février suite à la décision du gouvernement du Québec d'augmenter de 1625 $ sur 5 ans les frais de scolarité universitaire.

La hausse majeure des frais de scolarité par le gouvernement Charest fait partie d'une série de mesures à tous les niveaux de gouvernement pour canaliser les ressources de la société vers les plus riches, aux dépens des travailleurs et de la jeunesse. Le déclenchement d'une grève étudiante en opposition à de telles mesures sera chaudement accueilli par tous ceux qui cherchent une alternative à la réaction sociale.

La grève étudiante, toutefois, ne peut réussir que si elle devient le fer de lance d'une vaste contre-offensive de toute la classe ouvrière. Pour ce faire, elle doit dépasser le stade d'une simple protestation contre une mesure en particulier. Les étudiants doivent se tourner consciemment vers les travailleurs, la seule force sociale capable d'offrir une alternative progressiste à un système de profit qui condamne une majorité à plus de chômage et de pauvreté.

La hausse des frais de scolarité s'inscrit dans la politique de toute l'élite dirigeante pour réduire radicalement les dépenses publiques et augmenter les tarifs affectant l'ensemble de la population, tandis que sont maintenues les généreuses baisses d'impôts pour les grandes sociétés et les mieux nantis.

Ce programme d'austérité est l'expression au Québec d'un assaut concerté de la bourgeoisie à travers le monde, qui profite de la crise historique du capitalisme pour éradiquer ce qui peut rester des gains sociaux arrachés par la classe ouvrière à travers ses luttes du 20e siècle.

Sauvées à coup de trillions de dollars par les gouvernements à la suite de la crise financière de 2008, les banques et les institutions financières démontrent plus que jamais l'emprise qu'elles ont sur toutes les facettes de la vie sociale moderne. Ainsi, des gouvernements de technocrates ont été imposés de façon dictatoriale aux populations de pays européens comme la Grèce et l'Italie afin d'imposer des programmes d'austérité sans précédent.

Au Canada, le gouvernement conservateur de Stephen Harper, qui a été porté au pouvoir avec l'appui quasi-unanime du grand patronat, se prépare lui aussi à mettre en oeuvre un énorme assaut sur les conditions de vie des travailleurs et des jeunes. Après être intervenus directement dans d'importantes luttes ouvrières pour imposer les diktats de la grande entreprise, notamment chez Air Canada et Postes Canada, les conservateurs de Harper s'apprêtent à réduire les dépenses gouvernementales de huit milliards de dollars par année. La santé et les régimes de retraite sont dans leur ligne de mire.

Ce qui est nécessaire est rien de moins que la réorganisation fondamentale de la société sur la base des besoins humains au lieu des profits d'une minorité. La seule force sociale capable d'effectuer ce changement est la classe ouvrière. Les étudiants doivent consciemment se tourner vers cette force et transformer la lutte contre la hausse des frais de scolarité en une lutte pour la défense de tous les services publics, de tous les programmes sociaux et de tous les emplois.

Un tournant vers les travailleurs implique non seulement l'envoi de délégations étudiantes sur les lieux de travail, mais aussi la condamnation de la bureaucratie syndicale qui étouffe depuis des décennies tout mouvement de résistance chez les travailleurs.

Cette perspective est à l'opposé de celle mise de l'avant par les associations étudiantes telles que la FEUQ et la FECQ qui font partie de l'Alliance sociale, dominée par les chefs syndicaux de la FTQ, de la CSN et de la CSQ. L'alliance sociale soutient pleinement le programme d'austérité du gouvernement Charest et propose seulement de « reporter à plus tard le retour à l'équilibre budgétaire ».

Et il faut se rappeler qu'en 2005 les chefs syndicaux sont intervenus pour que les étudiants en grève fassent un compromis avec le gouvernement Charest dans le but de « préserver la paix sociale ». Ils voulaient éviter à tout prix que le mouvement étudiant devienne une étincelle pour la mobilisation des travailleurs du secteur public qui faisaient alors face à des demandes de concessions.

Les étudiants doivent se méfier également des efforts de la FEUQ et de la FECQ pour détourner la grève étudiante derrière le Parti québécois. Le PQ, qui promet de ne pas augmenter les frais de scolarité à court terme s'il est élu, est un représentant de la grande entreprise, tout comme le Parti libéral de Jean Charest et la Coalition Avenir Québec.

Ce parti moribond, qui cherche à se trouver un appui parmi les étudiants à l'approche d'une possible campagne électorale provinciale, n'est pas une alternative. Ayant pavé la voie aux politiques de droite des libéraux par sa campagne de déficit zéro et son assaut sur le système de santé et de l'éducation, le PQ poursuit son virage à droite en critiquant Charest pour ne pas réduire le déficit assez rapidement. Peu importe ses promesses démagogiques, ce parti est dévoué à la défense des intérêts de la classe dirigeante québécoise.

La CLASSE, bien qu'adoptant une posture plus radicale, n'a pas une perspective fondamentalement différente de celle de la FECQ et de la FEUQ. Sa stratégie de grève, qu'elle dit être de dernier recours, demeure une politique de protestation visant à faire avancer la négociation avec le gouvernement Charest. Elle évite la question fondamentale qui est de lier la lutte étudiante à un vaste mouvement de résistance de la classe ouvrière contre toutes les attaques patronales et gouvernementales.

La situation actuelle est différente de celle qui prévalait lors de la dernière grève étudiante de 2005. La classe dirigeante a entre-temps opéré un virage prononcé vers la droite qui comprend une remise en question les droits démocratiques les plus élémentaires, dont le droit de grève. Dans le présent conflit avec les étudiants, le gouvernement Charest a adopté la ligne dure, envoyant ses policiers matraquer et arrêter des étudiants qui manifestent leur colère, et appelant les enseignants à continuer à donner des cours pendant la grève étudiante.

Les étudiants sont confrontés à une lutte politique qui dépasse la seule question des frais de scolarité. L'enjeu est de taille : qui doit contrôler les ressources de la société et sur quelle base doit être organisée la vie socioéconomique ?

La grande entreprise, ses représentants politiques et ses médias disent que tout doit être subordonné au profit capitaliste. Les travailleurs doivent y opposer leur propre alternative : la lutte pour un gouvernement ouvrier voué à l'établissement de l'égalité sociale. Les étudiants doivent lutter pour ce programme et joindre consciemment leur lutte à celle des travailleurs.

Nous appelons les étudiants à adhérer à l'IEES et à lire son site internet, le World Socialist Web Site.

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