Contrairement aux accusations portées par la presse et l'establishment
politique français suite à la mort du reporter Gilles Jacquier, tué le 11
janvier à Homs en Syrie, Jacquier aurait en fait été tué par un tir de
l’Armée syrienne libre (ASL) anti-Assad et pro-occidentale.
Jacquier était en
Syrie avec d’autres journalistes, après avoir accepté une invitation du
régime syrien. L’attaque lors de laquelle il a trouvé la mort à Homs, ville
connue pour les nombreuses manifestations et opérations armées contre les
forces du président Bachar al-Assad par l’ASL, a aussi coûté la vie à
plusieurs soldats de l’armée syrienne.
A présent,
la presse avoue que dès le départ, elle a évité d’évoquer des informations à
sa disposition indiquant la responsabilité des insurgés pro-occidentaux.
Selon Le Figaro du 20 janvier, « Quelques heures après la mort de
Gilles Jacquier, un dirigeant d'une organisation des droits de l'homme de
cette ville a confié à un responsable de l'opposition syrienne en France
qu'il s'agissait ‘d'une grosse ânerie’ commise par les adversaires de Bachar
el-Assad ».
Le Figaro ajoute que « Ce responsable se confia le
lendemain de l’attaque ». Ainsi, le jeudi 12 janvier la presse disposait
d’informations indiquant la possibilité que l’opposition syrienne ait causé
la mort de Jacquier. Néanmoins, Le Figaro a préféré garder le silence
sur l’affaire, alors que le Quai d’Orsay assurait au Figaro que la
diplomatie française était en contact avec les observateurs de la Ligue
Arabe en Syrie, « afin que toute vérité soit faite sur l’affaire ».
Finalement,
le 20 janvier un responsable de la Ligue arabe aurait confirmé : « Nous
savons désormais qu'il y a eu une bavure commise par l'Armée syrienne
libre ».
Le Figaro explique ainsi sa décision d’étouffer les informations de
l’opposition syrienne : « Il fallait disposer d’autres éléments avant que
Le Figaro n’en fasse état ».
Ceci n’est qu’une
dérobade cynique. D’abord, il n’était pas question d’annoncer immédiatement
que c’était l’opposition qui avait tué Jacquier, mais d’indiquer qu’il
existait des rapports crédibles mettant en cause l’opposition, et non pas
Assad, dans la mort de Jacquier. C’est ce que la presse a refusé de faire.
Ensuite, la presse attend
rarement d’avoir « d’autres éléments » avant de se fier à l’opposition
syrienne sur d’autres questions—notamment le nombre de morts que
l’opposition attribue à l’action de l’armée syrienne, chiffre repris
constamment dans la propagande occidentale. S’il a fallu que la presse
attende d’avoir « d’autres éléments » dans l’affaire Jacquier, c’est que les
aveux de l’opposition allaient à l’encontre des intérêts de l’impérialisme
français.
Les partis de la « gauche »
petite-bourgeoise, tels le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) et le Parti
communiste français (PCF), ont participé à la manipulation de l’opinion par
l’Etat et par la presse dans cette affaire .
Le NPA, qui
entretient des relations étroites avec l’opposition syrienne, a préféré
garder un silence total sur l’affaire Jacquier. Cette décision est
incompréhensible, hormis le fait qu'elle rappellele soutien que le
NPA a apporté à la guerre de l’OTAN en Libye et ses discussions avec
l’opposition syrienne sur une éventuelle intervention en Syrie. (Voir :
France: Le Nouveau Parti anticapitaliste soutient une
intervention impérialiste en Syrie)
Quant à L’Humanité, organe du PCF, il a fondé ses
commentaires sur les accusations cyniques de la presse et de l’opposition
syrienne—évoquant la possibilité du « passage des autorités [syriennes] à
des opérations de liquidation physique des journalistes pour tenter de faire
taire les médias neutres et indépendants ».
Ces révélations
confirment les analyses du WSWS, qui a soulevé la question de la
responsabilité de l’opposition syrienne dans la mort de Jacquier, et qui
lutte pour démasquer les liens que la « gauche » petite-bourgeoise et
antimarxiste a noués avec l’impérialisme.