Le NPA a
publié une série d'articles au mois de janvier sur les évènements en Syrie,
s'alignant directement sur la propagande des puissances impérialistes qui
menacent de déclencher une guerre contre ce pays.
Dans son article intitulé « Dix mois de révolution
en Syrie », Gayath Naïssé écrit : « La répression féroce de la
dictature de la contestation pacifique et le traitement sauvage des prisonniers
et des habitants des villes révoltées n'ont pas seulement pour objectif
d'écraser le mouvement révolutionnaire mais aussi d'inciter les opposants à une
contre vengeance armée ».
En fait, Naïssé sait pertinemment que la principale
contestation qui existe actuellement contre Assad n'est ni
« pacifique » ni « révolutionnaire », mais l'ouvre de
groupes armés soutenus par l'impérialisme. L'OTAN appuie le Conseil national
syrien et l'Armée syrienne libre, force basée en Turquie et qui opère dans
différentes villes syriennes, pour déstabiliser le régime d'Assad. Dans sa
lutte pour se soulever contre la bourgeoisie arabe et l'hégémonie impérialiste,
le prolétariat en Syrie doit maintenant compter non seulement avec le régime
d'Assad, mais aussi avec une « opposition » armée par l'OTAN et
défendue par le NPA.
Dans son désir
d'aider la propagande de « l'opposition » syrienne, le NPA recycle
sans vergogne les manipulations de la presse de droite et du Quai d'Orsay. Un
autre article de Naïssé, paru le 22 janvier et intitulé « Syrie: devant
les observateurs le massacre continue », relaie les dénonciations
du régime syrien par la presse bourgeoise. Il cite le cas d' « un
journaliste français ayant été tué par une attaque d'origine 'inconnue', le 11
janvier » en Syrie.
En fait, déjà le soir du 20 janvier, Le Figaro
avait révélé que le reporter Gilles Jacquier, tué le 11 janvier à Homs, était
mort dans un bombardement de « l'opposition » syrienne. (Voir La classe politique française et la mort de Gilles Jacquier
en Syrie) Les diplomates du Quai d'Orsay s'étaient entretenus avec
la presse pour qu'elle évite dans les premiers jours d'évoquer l'hypothèse
probable que Jacquier était mort durant un assaut de « l'opposition. »
Cependant, deux jours avant la publication de l'article de Naïssé, la
responsabilité de « l'opposition » dans la mort de Jacquier était
confirmée.
Si Naïssé a décrit néanmoins les origines de
l'attaque contre Jacquier comme étant « inconnues », c'est qu'il ne
dédaignait pas de mal informer son lecteur pour l'inciter à une colère aveugle
contre le régime syrien. Le but de la falsification par Naïssé est de laisser
le lecteur politiquement à la merci de la propagande de la presse bourgeoise,
qui tente de préparer l'opinion pour une intervention impérialiste en Syrie.
Bien que le NPA, pour l'instant, se dise contre une
intervention militaire parce que celle-ci n'est pas encore ouvertement
souhaitée par l'opposition syrienne, il tente néanmoinsde convaincre ses
lecteurs de soutenir les opposants au régime syrien, et derrière eux, les
manouvres de l'OTAN pour renverser Assad. Nul doute que le NPA se féliciterait
du renversement d'Assad par l'OTAN, comme ce fut le cas pour la Libye le 22
août lorsque le NPA déclarait « Kadhafi tombé, aux populations de
décider ».
Ceci était un mensonge réactionnaire. En effet, la
Libye et ses ressources pétrolières sont à présent aux mains de l'OTAN et d'un
régime fantoche islamiste.
Tout comme en Libye, le NPA donne un vernis pseudo
révolutionnaire à des forces de droite. Il parle des « masses
révolutionnaires » et de la « grève générale »dans ces guerres,
alors qu'il y a surtout des groupes armés menant des assauts ou bombardements
en divers endroits.
Suite à la chute de Kadhafi en Libye sous les coups
de rebelles appuyés par les frappes aériennes de l'OTAN, le NPA avait déclaré:
«C'est une nouvelle vie qui s'ouvre pour le peuple libyen. La liberté, les
droits démocratiques, l'utilisation des richesses dues aux ressources
naturelles pour la satisfaction des besoins fondamentaux du peuple sont
maintenant à l'ordre du jour ». Comme on le sait à présent, le NPA mentait
lorsqu'il disait que les ressources iraient aux Libyens.
Cependant,le NPA n'est manifestement pas contre un
renouvellement de cette expérience en Syrie, c'est à dire une autre guerre avec
des conséquences catastrophiques pour la classe ouvrière syrienne et
internationale.
En conclusion de
l'article « Dix mois de révolution en Syrie », Naïssé parle des trois
résolutions possibles de la crise politique en Syrie, à savoir la démission
d'Assad suite à un changement au sein du régime, une guerre civile syrienne et
enfin une intervention militaire. Il poursuit en décrivant sa « certitude
de la victoire des masses syriennes elles-mêmes et la chute de la dictature.
Nous y croyons et mobilisons toutes nos forces pour faire triompher cet
objectif ».
Il est important
de signaler que Naïssé écarte de toute évidence la possibilité d'une révolution
de la classe ouvrière syrienne contre Assad et contre l'impérialisme. Si Naïssé
ne voit que trois possibilités évoquées par les diplomates impérialistes comme
sorties possible de la crise syrienne, pourquoi évoque-t-il la « certitude
de la victoire des masses » ? Il serait plus exact de dire que Naïssé
ressent la « certitude » de la victoire de l'OTAN dans une
confrontation armée avec la Syrie.
Naïssé mobilise
en effet toutes ses forces pour mener une propagande pro-impérialiste tendant à
faire triompher cet objectif.
Ce n'est
que par l'intervention indépendante de la classe ouvrière syrienne, dirigée par
un parti authentiquement révolutionnaire, que le renversement du régime d'Assad
sera progressiste. Les justifications « humanitaires » avancées par
l'impérialisme pour ses interventions militaires dans d'autres pays ne sont que
des mensonges que le NPA relaie, en laissant de côté toutes les questions
fondamentales de classe. De ce fait le NPA se positionne en tant qu'agent de
l'impérialisme français.
A cet
égard, certains détails de l'activité politique de Naïssé méritent d'être
relevés. Il est dirigeant de l'organisation des droits de l'homme CDF en Syrie,
une association membre du Réseau euro-méditerranéen des droits de l'homme
(REMDH) établi lors du Processus de Barcelone, projet avant-coureur de
l'actuelle Union de la Méditerranée voulue par l'impérialisme français. Selon
son site web, le REMDH est financé par des fondations privées et divers
ministères des Affaires étrangères des puissances européennes, dont la France.
En
contribuant avec ses articles pro-impérialistes à la presse du NPA, Naïssé ne
s'est aucunement écarté de sa carrière politique en tant que rouage subalterne
de l'Etat.