A l’approche de l’élection présidentielle et des
élections législatives, l’activité d’un courant au sein du Nouveau parti
anticapitaliste (NPA) a permis au NPA de préparer une alliance directement
avec le Front de Gauche. Le but du NPA est de participer à un gouvernement
éventuel du Parti socialiste (PS) après les élections présidentielle et
législative de 2012, pour tenter d’aider la bourgeoisie à imposer un
programme d’austérité sociale et de guerre à la classe ouvrière.
Ceci confirme l’analyse de la fondation du NPA
avancée par le WSWS en 2009. A cette époque, le WSWS a
déclaré : « Pour faire partie du réarrangement de la gauche par la
bourgeoisie, la LCR doit montrer clairement qu’elle rompt tous les liens,
aussi ténus soient-ils, qu’elle a pu avoir avec une politique
révolutionnaire. Dans la mesure où la LCR est associée au trotskisme dans
l’esprit du public, cela constitue un obstacle au fort virage à droite
qu’elle prévoit d’effectuer en collaboration avec les syndicats, le Parti
socialiste (PS), et les autres forces de l’establishment
politique français ». (Voir :
Le mécanisme de l’alliance gouvernementale entre
le NPA et le reste de la « gauche » bourgeoise est le rapprochement entre un
courant du NPA, la Gauche anticapitaliste (GA), et le Front de Gauche. Le
Front de Gauche est composé du Parti communiste français (PCF) et du Parti
de Gauche (PG). Son candidat présidentiel est Jean Luc Mélenchon, un ancien
ministre du Parti socialiste (PS), qui a quitté le PS et a fondé le PG en
2009.
La GA est un courant issu de l’ancienne
« Plateforme B » au dernier congrès national du NPA, qui avait obtenu 40
pour cent des voix après l’école d’été du NPA au mois d’août. Elle
préconisait déjà à l’époque une alliance avec le Front de Gauche (Voir :
Le samedi 11 février, GA a tenu une réunion qui
rassemblait la direction du NPA, le PG, la Gauche Unitaire, la direction du
PCF, et d’autres groupes petit bourgeois, pour favoriser une alliance en vue
de l’élection présidentielle et des législatives.
Selon la déclaration de GA, adoptée à l’unanimité par les participants,
« Dans un contexte de crise globale du capitalisme, la zone euro et la
France..... il s’agit dès maintenant, de construire un bloc de gauche
anti-crises, dans la rue comme dans les urnes, candidat au pouvoir pour
appliquer, en relation étroite avec l’auto-activité des masses, un programme
de rupture avec le capitalisme. »
Ce projet de construction d’un bloc consiste à
rassembler des « courants politiques (de l’extrême gauche anticapitaliste
aux réformistes de gauche anti-libéraux issus du mouvement ouvrier),
animateurs et animatrices de mouvements sociaux, syndicalistes, militants
des quartiers populaires, intellectuel-les critiques, mouvements de jeunes,
courants écologistes radicaux ».
Le vocabulaire indigeste de la déclaration tente
de cacher un mensonge patent : la GA et le NPA veulent faire croire qu’on
peut mener une « rupture avec le capitalisme » en s’alliant avec Mélenchon,
un ex-ministre du gouvernement de la Gauche Plurielle de 1997-2002. Ce
gouvernement s’est effondré dans l’élection de 2002, au courant de laquelle
le Premier Ministre Lionel Jospin s’est fait sanctionner pour sa politique
de privatisations et sa participation à la guerre en Afghanistan en 2001.
Mélenchon prépare à présent une alliance avec le PS pour les élections
législatives.
Aucune tendance politique ne peut ignorer,
cependant, le rôle que jouerait un gouvernement social-démocrate en Europe
aujourd’hui. Les gouvernements sociaux-démocrates du PASOK grec ont joué le
rôle central dans le pillage de la Grèce par les banques et l’Union
européenne. François Hollande, le candidat présidentiel du PS, fait campagne
sur un programme d’austérité budgétaire, et de soutien à l’impérialisme
français qui fait la guerre en Afghanistan, en Libye, et peut-être bientôt
en Syrie.
Le NPA a défendu cette politique réactionnaire,
applaudissant les syndicats alors que ces derniers permettaient à la police
d’écraser les grèves pétrolières de l’automne 2010, et défendant la guerre
menée par la France contre la Libye. (Voir :
L’orientation du NPA vers les partis bourgeois de
« gauche » reprendla démarche de ses homologues italiens,
l’organisation pabliste Sinistra Critica (Gauche Critique). Ceux-ci
avaient participé, au sein du parti stalinien italien Rifondazione
Comunista, au gouvernement dirigé par Romano Prodi de 2006 à 2008.
Rifondazione a aidé Prodi à appliquer des mesures d’austérité contre la
classe ouvrière, à renforcer les troupes en Afghanistan, et à autoriser
l’extension de bases militaires américaines en Italie.
Si le NPA parvient à participer à un gouvernement
ou une majorité législative du PS, alors que la crise économique et
l’intensité des guerres sont beaucoup plus développées qu’en 2006, leur
politique serait même plus à droite que celle menée par Sinistra Critica.
Les arguments de la Gauche Anticapitaliste pour
justifier son orientation vers Mélenchon expose la profonde démoralisation
qui existe au sein du NPA. La GA est particulièrement hostile à la
candidature présidentielle de Philippe Poutou, votée par le NPA après la
décision de son candidat précédent, Olivier Besancenot, de se retirer de
l’élection présidentielle après le déclenchement des luttes révolutionnaires
en Egypte et en Tunisie.
Il manquait cependant à Poutou un élément
critique : l’intérêt que les médias avaient apporté à Besancenot, que le NPA
faisait apparaître dans les émissions télévisées pour maximiser son impact
médiatique. Dépourvu de cet élément—qui faisait que le NPA dépendait
totalement du bon vouloir des grands médias pour le développement de son
audience politique—la candidature de Poutou traîne.
La GA déclare : « L’impasse de la campagne Poutou,
votée majoritairement par le NPA, est patente et grave. Elle apparaît au
mieux comme une candidature marginale de témoignage, impuissante, au pire,
comme une candidature inutile et inaudible ». Par contre, « la candidature
de Mélenchon est la seule à exister à une échelle de masse avec des meetings
nombreux, une présence médiatique, un niveau d’intentions de votes
crédibles ».
Ceci ne fait que souligner que le NPA n’est pas un
parti qui tente de se développer dans la classe ouvrière dans une lutte
politique contre la bourgeoisie et l’Etat, mais un parti petit-bourgeois qui
tente de se former un petit électorat grâce à l’aide et à la complicité des
médias bourgeois.
Bien que négociée principalement par la GA, le
projet d’alliance avec Mélenchon est manifestement défendu par les sections
du NPA qui s’étaient opposées à la plateforme B, notamment l’entourage de
Besancenot. Le lundi 13 février, celui-ci s’est rendu devant l'ambassade de
Grèce à Paris pour manifester avec Mélenchon.