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WSWS : Nouvelles et analyses : Europe

Les travailleurs d’Opel manifestent à Anvers pour la défense de leurs emplois

Les comités d’entreprise et les syndicats préparent une trahison

Par nos reporters
28 septembre 2009

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Mercredi, quelque 3.500 salariés d’Opel ont manifesté devant l’entrée de l’usine Opel d’Anvers en Belgique pour défendre leurs emplois. Selon les projets élaborés par Opel et par General Motors (GM), l’usine belge devrait être fermée au début de l’année prochaine.


Manifestation devant l’usine

Pour le moment, environ 54.000 salariés sont employés dans les usines européennes de GM. Le projet de Magna (l’équipementier canado-autrichien devant reprendre Opel, n.d.t.) prévoit la destruction de 10.952 emplois dont 4.116 postes en Allemagne (2.191 à Bochum, 1.427 à Rüsselsheim, 456 à Kaiserslautern et 42 à Eisenach),  2.517 postes en Belgique (la fermeture de l’usine d’Anvers), 2.090 en Espagne, 1.373 en Grande-Bretagne et 437 en Pologne.

Durant des mois, les comités d’entreprise et les syndicats d’Opel ont refusé d’organiser une lutte commune pour la défense des emplois. La journée de manifestation du 23 septembre avait pour but de fournir aux syndicats un alibi pour leur absence d’activité et pour jeter de la poudre aux yeux des travailleurs.

Tout juste deux dizaines de membres du comité d’entreprise et de responsables syndicats de l’usine de Bochum étaient présents à Anvers. Dans une interview donnée au World Socialist Web Site, le chef du comité d’entreprise de Bochum, Rainer Einenkel, a confirmé ne pas avoir voulu venir avec une importante délégation. « Je suis venu avec trois collègues. » Quiconque voulait participer à la manifestation devait prendre un jour de congé.

Une délégation tout aussi petite était venue de la principale usine Opel à Rüsselsheim tandis que quelque 400 salariés étaient venus de Kaiserslautern. Tous ces participants à la manifestation avaient eux aussi, été obligés de prendre un jour de congé. Une poignée de membres de comités d’entreprise d’usines situées dans d’autres pays étaient présents.

Les syndicats et les comités d’entreprise ont ouvertement refusé de lancer un appel à la grève. Même les travailleurs de l’usine d’Anvers n’ont été appelés à débrayer que lors du changement d’équipe, pour ne pas gêner la production de l’usine.

L’ensemble de la manifestation ne servait qu’à entretenir des illusions et des espoirs parmi les travailleurs d’Opel, en particulier ceux d’Anvers.

Le matin même, les comités d’entreprise de tous les sites européens d’Opel s’étaient réunis pour se concerter sur la meilleure manière de canaliser la résistance vers quelques actions de protestation et d’organiser ainsi les suppressions d’emplois. Puis à midi, les représentants des comités d’entreprise ont tous soulignés, lors de leur intervention au rassemblement, qu’ils étaient parvenus à une décision unanime de rejeter toute fermeture d’usine et suppression d’emplois. Ils ne précisèrent toutefois pas comment ces suppressions et ces fermetures pourraient être évitées.


Klaus Franz

Klaus Franz, le président du comité d’entreprise du groupe Opel-Vauxhall en Europe, a expliqué aux travailleurs rassemblés que l’on trouverait des alternatives à la fermeture d’usines. Dans le même temps, il a catégoriquement exclu toute alternative au projet de Magna et des suppressions d’empois qu’il prévoit.

Dans son discours, Franz a dit clairement que des attaques et des coupes importantes étaient inévitables. « Ce ne sera pas de notre faute si cette entreprise une fois de plus donnera lieu à des spéculations. » Les travailleurs apporteraient leur contribution, sous forme de réductions d’emplois et de salaires s’élevant à « 265 millions d’euros par an. » Le chemin que les travailleurs d’Opel devront parcourir sera dur et épineux. Mais il n’y a pas d’autre choix. Un retour à GM n’est pas possible. Selon Franz « une sortie de GM coûtera cher ». Et les salariés « paieront cher » cette liberté.

Franz a refusé de commenter les chiffres cités dans les médias et concernant les suppressions d’emplois prévus. Le silence gardé à ce sujet par Franz fut repris par Rudi Kennes, secrétaire du comité d’entreprise à Anvers et Armin Schild, délégué d’IG Metall à Francfort, lors d’une conférence de presse ultérieure.

Franz et Einenkel évitèrent les questions des journalistes en n’assistant pas à la conférence de presse. Kennes et Schild tentèrent à leur place d’enjoliver la situation à laquelle les travailleurs d’Opel sont confrontés et les attaques qui les attendent. A cette fin, ils recoururent à des échappatoires et cachèrent la vérité.

A la question d’un reporter du WSWS quant à l’ampleur des pertes d’emplois négociées par les syndicats et Magna (en juillet Franz avait lui-même encore parlé de 22.000 emplois) Schild a éludé la question. Il n’a ni contredit ni confirmé ce chiffre ne donnant aucun chiffre concret. Il a en même temps souligné que des suppressions d’emplois étaient inévitables. Le chiffre définitif de ces réductions d’emplois ne serait connu qu’au terme des négociations.

Schild et Kennes sont même allés jusqu’à déclarer devant les caméras de télévision que Magna n’avait jamais annoncé vouloir fermer l’usine d’Anvers. Dans le même temps, ils n’ont pas contredit le rapport publié par le trust Opel qui stipule que la production à Anvers s’arrêterait dans les prochains mois (début 2010).

Kennes a affirmé que l’usine d’Anvers pourrait être sauvée par la production du petit véhicule de loisir (SUV) mais que GM et Magna prévoyaient de construire ces véhicules dans une usine en Chine. Kennes s’indigna du fait que l’ordre de fabrication allait être attribué à la Chine en dépit du fait qu’« Anvers avait prouvé sa supériorité concurrentielle par rapport à l’usine chinoise». Tout en parlant du bout des lèvres de solidarité en Europe, Kennes s’en prit à la Chine. Il rejetait le fait que la Chine ait remporté l’offre, a-t-il précisé. Ceci signifait que l’argent irait en Asie pour « disparaître, après quelques détours, dans le trou noir qu’est la Russie. »

Kennes a également admis qu’un grand nombre des 2.600 emplois actuels à Anvers serait perdu même dans le cas d’un accord sur la production d’un SUV.

En raison de la demande restreinte de tels véhicules, un tel « sauvetage » de l’usine d’Anvers ne serait que de courte durée et ne ferait que repousser un peu la fermeture de l’usine. Il y a à peine deux ans, l’usine comptait encore, au total, 4.500 travailleurs.

Kennes, avait aussi défendu les précédentes réductions d’emplois et de salaires ainsi que la détérioration des conditions de travail, le tout au nom du « sauvetage d’Opel. »

A la question d’un reporter du WSWS, à savoir comment le personnel réagissait à la nouvelle qu’une économie de 1,6 milliard d’euros était en train de se préparer derrière son dos, Schild a répondu en disant qu’aucune décision définitive n’avait été prise jusque-là. Il dit qu’on allait naturellement consulter les membres du syndicat quand les accords seraient conclus, « il existe au sein de l’IG Metall une longue tradition de demander l’avis des adhérents avant toute décision ». Il prédit même un taux d’acceptation des réductions de 90 pour cent.

Un autre reporter du WSWS a noté que les déclarations faites par Schild étaient incorrectes. On sait très bien qu’à Rüsselsheim, qui fait partie de son ressort, la suppression d’une hausse de salaire et de la prime de vacances avait été imposée par le comité d’entreprise d’Opel sans l’accord des salariés. En réalité, ces coupes font partie du concept de Magna et bénéficient de l’appui de l’IG Metall et des comités d’entreprise.

Schild a répondu avec une certaine arrogance bureaucratique en disant qu’il n’était pas au courant d’un quelconque accord écrit. « Je ne sais pas sur quoi les gens pourraient voter. »

Les syndicats et les comités d’entreprise se sont servis de la manifestation de mercredi et de leurs déclarations peu crédibles de solidarité pour saboter toute mesure de lutte véritable, créant des illusions quant à l’ampleur des suppressions d’emplois à venir. De nombreux travailleurs auxquels les reporters du WSWS ont parlé étaient de ce fait tiraillés entre la crainte et l’espoir.

Karl Eigner travaille depuis près de 20 ans au service d’entretien et de maintenance de l’usine de Kaiserslautern. Il a dit : « Après les élections législatives de dimanche, on va vraiment entendre ce qui nous attend pour de bon. Avec ou sans Magna, je m’attends à ce que près de la moitié des emplois soient supprimés en Europe. »

Eigner a aussi décrit la situation chez le fabricant de machines à coudre Pfaff à Kaiserslautern. « 6.000 salariés y étaient employés. Ils ont ensuite supprimé les emplois par petites tranches. A présent, il en reste à peine 200. » Il redoute le même processus pour l’usine Opel à Kaiserslautern. « Les usines d’Anvers et de Bochum seront de toute manière bientôt fermées. Mais avant les élections, personne n’est prêt à dire la vérité. »


Le stand d’information du WSWS

Les sympathisants du WSWS et du Parti de l’égalité sociale (PSG) ont distribué 2.000 tracts en néerlandais, en allemand, en anglais et en français. Le dépliant contenait une lettre ouverte adressée par le président du PSG, Ulrich Rippert, aux travailleurs d’Opel et de Vauxhall. La lettre mettait en garde : « Cette vente sert à rejeter le fardeau de la crise économique mondiale sur votre dos. Elle est partie intégrante d’une attaque générale dans le monde entier contre la population laborieuse dont le niveau de vie doit être ramené à celui des années 1930. [...]

« Il est tout à fait urgent d’organiser immédiatement la résistance contre les projets de licenciements, les fermetures d’usine et les réductions de salaire. Si vous ne vous défendez pas, vous perdrez tout et vos enfants se retrouveront sans aucune possibilité d’avenir.

« Le principal obstacle empêchant une résistance efficace, ce sont les syndicats et leurs comités d’entreprises. »

(voir: Lettre ouverte aux salariés des usines d’Opel et de Vauxhall)

(Article original paru le 25 septembre 2009)


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