Je pense qu’il est absolument
nécessaire de rejeter l’accord conclu entre General Motors et Magna et je
tiens à vous en donner les raisons.
La vente de GM Europe à Magna ne signifie
pas le « sauvetage » d’Opel. Cette vente sert à rejeter le
fardeau de la crise économique mondiale sur votre dos. Elle est partie
intégrante d’une attaque générale dans le monde entier contre la
population laborieuse dont le niveau de vie doit être ramené à celui des années
1930.
Regardez ce qui
s’est passé aux Etats-Unis ! Là-bas, le
gouvernement Obama a repris General Motors pour l’« assainir »
en un temps record de six semaines en imposant une procédure
d’insolvabilité. Les riches investisseurs et les banques ont tous été remboursés
à 100 pour cent, les travailleurs par contre n’ont rien eu. 14 usines et
2000 concessionnaires ont été fermés. 27000 salariés
ont perdu leur emploi. Les caisses de maladie et de retraite d’entreprises
ont été supprimées même pour les bénéficiaires qui ont déjà pris leur retraite.
Les travailleurs plus âgés sont licenciés et remplacés par de nouveaux qui
gagnent moins de dix euros l’heure. De cette manière, le groupe se
débarrasse d’obligations se montant à plus de 130 milliards de dollars.
L’accord conclu avec Magna vise
un objectif similaire. Jusque-là, 10.500 licenciements et 1,6 milliard
d’euros de réductions de salaire sont projetés sur les cinq années à
venir. Ce n’est que la partie visible de l’iceberg. C’est
parce qu’en Allemagne l’Union chrétienne-démocrate (CDU) et le Parti
social-démocrate (SPD) se sont engagés derrière Magna qu’aucun de ces
deux partis gouvernementaux n’a voulu publier de bulletin d’horreur
avant l’élection. Mais dès la fermeture des bureaux de vote dimanche
prochain, tout sera à nouveau remis en question.
Les experts signalent dès à
présent que l’accord est loin d’être prêt à être signé. Ils s’attendent
à ce qu’au plus tard vers le milieu de l’année prochaine,
d’autres usines soient menacées de fermeture. Le représentant allemand au
sein de l’organisme chargé d’administrer temporairement Opel,
Manfred Wennemer, a même voté contre l’accord, jugeant qu’il
n’est pas viable. Il estime que « New Opel » fera faillite en
2010 même si le plan d’affaires est respecté. On peut facilement se
figurer ce que cela signifie. GM et Magna commenceront à faire du chantage aux
salariés dans les semaines à venir pour exiger de nouvelles demandes de
concession.
Il est tout à fait urgent
d’organiser immédiatement la résistance contre les projets de
licenciements, les fermetures d’usine et les réductions de salaire. Si
vous ne vous défendez pas, vous perdrez tout et vos enfants se retrouveront
sans aucune possibilité d’avenir.
Le principal obstacle empêchant une
résistance efficace, ce sont les syndicats et leurs
comités d’entreprises. Le syndicat allemand IG Metall et le président du
conseil européen d’entreprise d’Opel, Klaus Franz, ont manigancé et
élaboré l’accord avec Magna. Ils s’appuient en cela sur un vaste
appareil syndical de fonctionnaires et de représentants de comités
d’entreprise bien rémunérés qui étouffent la moindre opposition ou la
mènent dans une impasse en montant une usine contre l’autre.
Si Klaus Franz annonce à présent
ne vouloir en aucun cas accepter les suppressions de postes prévues,
c’est de l’hypocrisie pure. Il a contribué à leur élaboration et
les a défendus il y a à peine une semaine lors d’une
interview accordée à la station de radio Deutschlandfunk, disant que la
suppression de 10.500 emplois « n’était pas si dramatique ». La manifestation d’aujourd’hui n’est pas non
plus censée empêcher les suppressions d’emplois. Elle doit au contraire garantir,
aux dires même de Franz, que « les volumes de production ainsi que les coûts encourus soient équitablement répartis sur les usines
européennes. »
Mais ce n’est pas tout. Le
gouvernement allemand favorise avant tout Magna parce qu’il escompte profiter
de meilleures relations avec la Russie, le plus important fournisseur d’énergie
de l’Allemagne. Serbank, la banque russe à moitié contrôlée par
l’Etat ainsi que le constructeur automobile russe GAZ soutiennent Magna.
Le gouvernement américain et la direction de GM à Detroit par contre veulent à
tout prix empêcher que la technologie de GM ne tombe entre les mains des
Russes. L’IG Metall et le comité d’entreprise se sont clairement
positionnés du côté du gouvernement dans ce conflit. Le principal dirigeant de
l’IG Metall, Berhold Huber, s’était même rendu exprès à Moscou dans
le but de se concerter avec le premier ministre Vladimir Poutine sur cet
accord. On se sert de vous à mauvais escient dans ce jeu d’intrigue
impérialiste dont on vous fait le jouet.
Les syndicats anglais, belges et
espagnols ne valent pas mieux que l’IG Metall. Ils protestent contre
l’accord avec Magna, parce qu’il favorise les usines allemandes et
prennent eux, fait et cause pour la vente à un autre investisseur tout aussi
funeste : RHJ-International. Comme l’IG Metall, ils rejettent toute
défense de principe des emplois et agissent au lieu de cela selon le principe
de Saint Florian : « épargne ma maison, allume les autres ! »
Les conséquences sont désastreuses.
Tandis que les conflits économiques s’aggravent, les syndicats dressent
les travailleurs des différents sites de production et des différents pays les
uns contre les autres. Comme au siècle dernier, où la crise du capitalisme a
entraîné deux guerres mondiales, les syndicats répandent à nouveau le poison du
nationalisme et du chauvinisme.
Ils touchent pour ce faire un
salaire princier. Aux Etats-Unis, le syndicat de l’automobile UAW (United
Auto Workers) est devenucopropriétaire de General Motors. Un trust administré par
l’UAW détient une part de dix-sept pour cent de l’entreprise
assainie. L’assurance-maladie des retraités, pour
laquelle GM était jusque-là responsable, doit se financer grâce aux recettes de
ce trust. Mais le gain n’y suffit pas. Plusieurs dizaines
de milliers de retraités perdent ainsi leur protection Santé. Les
fonctionnaires de l’UAW, qui administrent le trust sont eux, sûrs
d’avoir un revenu élevé et garanti. De plus, ils ont maintenant un
intérêt personnel à ce que les profits du trust industriel augmentent et à ce
que les coûts – c'est-à-dire les salaires et les dépenses sociales
– baissent.
On prévoit aussi quelque chose de
similaire chez « New Opel ». Le comité d’entreprise général a
déjà approuvé le non-paiement du « salaire
vacances » et du treizième mois et la rétention des hausses de salaires
tarifaires. Cet argent est versé dans une société de capitaux à gestion
participative. Elle met son capital à la disposition du trust industriel Opel
et elle est administrée par des fonctionnaires syndicaux. Ceux-ci
s’élèvent ainsi de co-managers qu’ils étaient déjà au rang de
propriétaires du capital et ils obtiennent un revenu en rapport avec la
fonction.
Afin de défendre vos emplois et vos
salaires, vous devez rompre avec les appareils corrompus des syndicats et des
comités d’entreprises et construire des comités d’usines
indépendants. Ces comités doivent remplir les tâches suivantes :
* Ils doivent
établir et développer des contacts avec toutes les usines européennes de GM,
avec les salariés de GM aux Etats-Unis et avec les travailleurs des autres
usines automobiles et d’autres industries. La lutte contre les trusts
industriels opérant au niveau mondial exige une stratégie internationale.
* Ils doivent
préparer des actions — occupations d’usines,
grèves et manifestations de masse — pour empêcher
des fermetures d’usines et les concessions financières et pour annuler les
« contrats-baillons » déjà existants.
* Ils doivent
devenir le point de départ d’un mouvement de masse qui lutte pour une
réorganisation socialiste de la société.
La crise de l’industrie
automobile ne peut être résolue que si les rapports sociaux sont placés sur des
fondations entièrement nouvelles. Le pouvoir des banques, responsables de la
crise économique, qui se remplissent de nouveau les poches à grande échelle,
doit être brisé par l’expropriation, la transformation en entreprises de
service public et elles doivent être placés sous contrôle démocratique.
Les trusts automobiles eux-mêmes
doivent être transformés en unités administrées démocratiquement par les
travailleurs. Ce n’est que sur cette base que l’économie peut être
développée plus avant, de manière à ce qu’elle soit au service des besoins
sociaux et non pas d’une accumulation privée de profits.
Mon parti, le PSG (Parti de
l’égalité sociale) défend en tant que section allemande du Comité
international de la Quatrième Internationale un tel
programme internationaliste et socialiste. Nous le faisons en collaboration
étroite avec nos partis frères, le SEP (Socialist Eqality Party) en Angleterre
et le SEP aux Etats-Unis. Le WSWS (World Socialist Web Site) est
notre journal quotidien sur Internet.
Pour mener la lutte contre les
coupes sombres dans l’industrie automobile, nous vous offrons notre
soutien politique et vous invitons à prendre contact avec le PSG et avec la
rédaction du WSWS.