L'Allemagne, la France et la Pologne s'engagent à intensifier la guerre avec la Russie lors du sommet de Berlin

Le président français Emmanuel Macron (à gauche), le chancelier allemand Olaf Scholz et le Premier ministre polonais Donald Tusk [AP Photo/Ebrahim Noroozi]

Le chancelier allemand Olaf Scholz, le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre polonais Donald Tusk se sont rencontrés hier à Berlin pour déclarer leur volonté d’escalade militaire avec la Russie alors que les forces ukrainiennes s'effondrent sur le front.

Les déclarations belliqueuses des puissances européennes menacent de déclencher une guerre totale entre l'OTAN et la Russie en Ukraine. Il y a deux semaines, lors du sommet de Paris du 26 février, Macron a déclaré qu’il n'excluait pas d'envoyer des troupes au sol en Ukraine pour combattre la Russie. Un enregistrement d'officiers allemands a ensuite confirmé que Berlin se prépare à envoyer des missiles Taurus à longue portée en Ukraine pour des frappes sur des cibles en Russie.

Lors d'une conférence de presse hier, Scholz, Macron et Tusk ont déclaré qu'ils soutenaient tous l'escalade. Ayant confirmé leur position agressive, ils ont mis fin à la conférence de presse après moins de 20 minutes, ne répondant à aucune question des journalistes.

Scholz a dit: «Nos trois États comptent parmi les plus grands soutiens politiques, militaires et financiers de la lutte de l'Ukraine contre l'agresseur impérialiste russe. Nous sommes étroitement et inébranlablement aux côtés de l'Ukraine. ... La solidarité et l'action commune sont essentielles pour défendre la liberté et la paix en Europe. Plus que jamais, c'est notre unité qui fait notre force».

Tout en déclarant cyniquement son amour de la paix, Scholz a exposé un programme de guerre, s'engageant à acheter des armes pour l'Ukraine sur le marché mondial, à y bâtir des usines d'armement, et à y envoyer artillerie et instructeurs militaires. Il a promis d’augmenter le soutien financier de l'UE à l'Ukraine de 5 milliards d'euros. Il s'est engagé à utiliser les revenus sur les fonds russes gelés dans les banques de la zone euro, provenant des ventes de pétrole à l'Europe, pour payer ce projet. Ceci constitue en soi un acte de vol international.

Macron a applaudi Scholz: «Comme l'a dit le chancelier, nous partageons tous les trois la même volonté. Nous sommes volontaires, coordonnés et prêts à faire quelque chose».

Macron n'a pas dit ce qu'ils sont prêts à faire, mais en se tenant aux côtés de Scholz et Tusk, il a voulu réfuter les arguments médiatiques selon lesquelles d'autres dirigeants européens s'opposaient à sa menace d'envoyer des troupes en Ukraine. Il a dit: « La réunion d'aujourd'hui est pour nous une occasion de renforcer notre unité. Nous voulons aussi dire que nous sommes tous les trois d'accord dans le cadre du Triangle de Weimar [nom des réunions entre Berlin, Paris et Varsovie].»

Tusk a salué ce soutien uni pour l'escalade: « Aujourd'hui, nous avons vraiment parlé d'une seule voix, en particulier sur la sécurité de notre continent, de nos pays. ... Je tiens à remercier le chancelier de ne pas avoir hésité. Parfois, en politique, il arrive que les négociations prennent beaucoup de temps, et il y a des hésitations. Ce n'était pas le cas ici.» Il a appelé à «dépenser notre argent 'hic et nunc', ici et maintenant, afin que la situation en Ukraine s'améliore, et non empire, dans les semaines et les mois à venir».

Tusk, comme Macron, a appelé à «prendre soin de la République de Moldavie», un État enclavé à l'ouest de l'Ukraine où des forces russes sont déployées, en Transnistrie. Sur fond de la débâcle ukrainienne, il y a des spéculations selon lesquelles les troupes russes pourraient finalement s’emparer du port ukrainien d'Odessa et de toute la région autour de la Moldavie.

Tusk a également évoqué indirectement la crise croissante en Pologne, où les agriculteurs bloquent la frontière ukrainienne pour manifester contre l’importation de produits ukrainiens. «Nous avons également discuté du commerce avec l'Ukraine. C'est maintenant un problème en Pologne, comme vous le savez bien. Merci d'avoir compris mon argument et d'être prêts à soutenir la position polonaise», a déclaré M. Tusk.

Ce «soutien» va bien au-delà de ce que Scholz, Macron et Tusk ont annoncé à Berlin. Dans les coulisses, des plans sont en cours d'élaboration qui conduisent à un conflit direct avec la Russie, une puissance nucléaire. Ces derniers jours, le Kremlin a dit à plusieurs reprises qu'il est prêt à lancer des représailles massives, y compris avec l'arme nucléaire, si l'OTAN attaque des cibles russes ou s'engage avec des troupes au sol.

Le 13 mars, dans une interview télévisée, le président russe Vladimir Poutine a commenté les remarques de Macron sur l’envoi de troupes au sol: «D'un point de vue militaro-technique, nous sommes bien sûr prêts. ... Quant aux gouvernements qui prétendent qu'ils n'ont plus de lignes rouges avec la Russie, ils doivent savoir que dans ce cas, la Russie n'aura plus de lignes rouges avec eux non plus».

Néanmoins, les puissances européennes de l'OTAN poursuivent leur escalade. Alors que Scholz rejette officiellement la livraison de missiles de croisière Taurus à Kiev, le quotidien allemand Die Welt rapporte que le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a donné l'ordre de rendre «tous les Taurus opérationnels».

Bien que la certification des missiles par le fabricant MBDA ne soit pas une «indication d'un changement d'avis de la part du chancelier», écrit Die Welt, «la décision de rendre tous les Taurus de la Bundeswehr opérationnels ouvre de nouvelles options au gouvernement fédéral. Il pourra donner plus de missiles à l'Ukraine sans exposer sa propre défense nationale.» Et un accord dit d'échange, comme l'a récemment proposé Londres, est «plus susceptible d'être possible».

Macron lui-même a renouvelé son appel à envoyer des troupes en Ukraine avant d’aller à Berlin. Lors d'une interview télévisée jeudi soir, il a déclaré: « Toutes ces options sont possibles. Pour avoir la paix en Ukraine, il ne faut pas être faible». Il a appelé à «dire avec détermination, volonté, courage, dire que nous sommes prêts à mettre les moyens pour atteindre notre objectif qui est que la Russie ne gagne pas».

Ces menaces s'accompagnent d'une vaste mobilisation de l'OTAN contre la Russie. L'exercice «Steadfast Defender», la plus grande manœuvre de l'OTAN depuis la fin de la guerre froide, se déroule actuellement. Plus de 90.000 soldats de 32 pays y participent. Cette semaine, 20.000 soldats ont traversé la Vistule en Pologne dans le cadre de l'exercice Dragon 24.

Les chefs militaires de l'OTAN n'ont laissé aucun doute sur le fait qu’ils se préparent à une guerre directe contre la Russie. L'exercice est un signal de sécurité intérieure et de dissuasion extérieure, a dit le général de brigade allemand Gunnar Brügner, l'un des officiers qui dirigent l'exercice: «Chaque navire qui navigue, chaque avion qui vole, chaque hélicoptère dans les airs, chaque char qui roule envoie un message. ... Nous montrons les capacités dont nous disposons, et nous combinons cela avec la détermination de les déployer si nécessaire».

La classe dirigeante maintient le public dans l'ignorance de ses projets de guerre et de ses conséquences catastrophiques, y compris nucléaires, car elle sait qu'une opposition massive existe parmi les travailleurs et les jeunes. Selon un récent sondage ARD-Deutschlandtrend, 61 pour cent des sondés s'opposent à la livraison de missiles Taurus à l'Ukraine. L'opposition à l’envoi de troupes au sol est encore plus forte, 81 pour cent en Allemagne et 68 pour cent en France.

La question est comment mobiliser la profonde opposition de la classe ouvrière internationale aux plans de guerre des puissances de l'OTAN, empêcher une escalade catastrophique qui pourrait détruire la civilisation et stopper la guerre sanglante OTAN-Russie en Ukraine.

L'organisation la plus large de manifestations et de réunions anti-guerre est nécessaire pour alerter les travailleurs et les jeunes sur le danger, ici et maintenant, que la guerre s'étende à travers l'Europe et le monde. Les dénégations des politiciens capitalistes sur le fait qu'ils discutent d'une guerre totale entre l'OTAN et la Russie sont des mensonges. Pour arrêter l’escalade, il faut construire un mouvement anti-guerre international dans la classe ouvrière, luttant pour le socialisme contre les gouvernements capitalistes qui mènent la guerre.

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