France: Le gouvernement PS procède à des expulsions massives de Roms

Le gouvernement du Parti socialiste (PS) du président François Hollande cible la population Rom de France pour démanteler leurs campements par la force et pour les déporter en masse.

Les Roms sont des citoyens de l'Union européenne, pour la plupart originaires de Roumanie ou de Bulgarie, mais la loi française exige qu'ils soient en possession d'un permis de travail et prouvent qu'ils ont les moyens de subvenir à leurs besoins s'ils restent plus de trois mois sur le territoire français. On estime à quelque 15 000 le nombre de Roms qui vivent dans des campements sauvages, à la périphérie des grandes villes de France, dont quelque 4 000 en région parisienne.

Mercredi, 240 Roms ont été mis dans un charter au départ de Lyon et à destination de Bucarest. Trois campements de la région de lyonnaise ont été évacués depuis dimanche touchant plus de 200 Roms. Les responsables ont affirmé qu'il s'agissait de «retours volontaires » mais un défenseur des Roms a dit, «Sauf que ça intervient après des semaines de pression dans les campements et des expulsions. Ces retours volontaires sont des expulsions déguisées. »

Les deux camps près de Lyon se trouvaient à Vaux-en-Velin où 150 Roms ont été évacués lundi et à Villeurbanne où 100 Roms ont été expulsés mardi ainsi qu'une cinquantaine de personnes qui avaient trouvé refuge dans un squat. Selon Reuters, « Depuis, ces familles - qui ne sont pas toutes issues de la communauté des Roms - errent dans les rues et le long du périphérique de l'agglomération lyonnaise à la recherche d'une nouvelle implantation, mais la police les empêche de se fixer. »

Mercredi, après le démantèlement récent de plusieurs campements de la banlieue parisienne, une évacuation a eu lieu dans le 19e arrondissement.

Jeudi deux camps de Roms près de Lille et sur des terrains appartenant à la Communauté urbaine de Lille (LMCU) à Hellemmes et Villeneuve d'Ascq, ont été démantelés. Le premier, qui abritait de 150 à 200 personnes a été évacué au petit matin.

La première secrétaire du PS Martine Aubry est la présidente de LMCU, qui est, avec l'Etat, co-propriétaire de ces terrains. LMCU avait engagé des poursuites judiciaires pour que les campements sur ces terrains soient démantelés.

Cette politique révèle le caractère réactionnaire du gouvernement PS qui poursuit sans hésitation la politique anti-Roms du prédécesseur de Hollande, le président conservateur Nicolas Sarkozy. Yann Lafolie, qui dirige l'association Solidarité-Roms a dit à Libération: « C'est le signe d’une volonté du pouvoir de détruire le travail associatif des bénévoles. Il y a de très nombreux enfants qui vont dormir dans la rue ce soir. Sarkozy ne nous a jamais expulsés, finalement, c’est le PS. »

Roseline Tiset de la Ligue des droits de l'homme (LDH) a dit à l'AFP: «Ce qui est inconcevable pour nous, c'est qu'on jette les gens sans leur dire où ils peuvent aller. On attendait mieux suite aux déclarations du président Hollande. »

De tels propos reflètent surtout les illusions que la LDH et d'autres groupes similaires de « défense des droits humains » ont semé sur le PS durant la campagne pour l'élection présidentielle. En fait, comme l'a écrit le World Socialist Web Site, Hollande avait clairement laissé entendre qu'il effectuerait des attaques brutales contre les Roms. (Voir: Le candidat PS à la présidentielle demande l'internement des Roms )

Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a fait une déclaration mercredi selon laquelle les décisions de justice visant à démanteler les campements illégaux seraient exécutés « avec fermeté. » Il a dit que les camps insalubres étaient inacceptables et a ajouté qu'ils dérangeaient les quartiers ouvriers où ils sont souvent installés.

Le 31 juillet il a dit sur Europe 1: « Les préfets ont pour mission de démanteler les camps de Roms là où il y a eu une décision de justice. Les choses sont simples. Oui, chaque fois qu'il y a une décision de justice, les camps seront démantelés. »

Ceci représente une tentative de plus de faire passer des attaques réactionnaires contre les droits démocratiques en faisant croire que c'est pour venir en aide aux Français de souche, issus des classes populaires. Une position aussi réactionnaire et qui aligne le PS sur la politique et la manière de voir du Front national néo-fasciste (FN) démontre la profonde hostilité du PS au socialisme et aux droits démocratiques de la classe ouvrière.

Le gouvernement PS projette de placer les Roms dans ce qu'il appelle des villages d'insertion où les Roms seraient contraints de rester dans des habitations préfabriquées très bon marché, surveillés par des employés de l'Etat et des forces de sécurité. Ce sont tout bonnement des ghettos, à deux doigts d'être des camps de concentration.

Eric Ciotti, député du parti de droite de Sarkozy, l'Ump (Union pour un mouvement populaire), aujourd'hui dans l'opposition a félicité Valls: «S'il le fait [le démantèlement des camps de Roms], je le soutiendrai. »

Ces attaques contre les Roms sont faites avec la complicité des partis de « gauche » petits-bourgeois de France. Le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) n'a fait aucune déclaration officielle sur la chasse aux sorcières anti-Roms de Valls, se contentant seulement d'afficher le 4 août le communiqué d'un groupe de la ville de Grenoble montrant du doigt la continuité entre la politique de Sarkozy et celle de Hollande.

Le secrétaire national du Parti de gauche Eric Coquerel a appelé à « une politique qui appréhende de manière globale le problème de ces migrants de l'intérieur que sont les Roms. Il faut qu'ils puissent vivre dignement dans ce pays. »

La malhonnêteté d'une telle déclaration est flagrante: Le Parti de gauche, tout comme le NPA, a sa part de responsabilité dans la politique du PS, ayant appelé à voter inconditionnellement pour le président PS François Hollande lors de l'élection présidentielle de mai dernier. Durant tout le mandat de Sarkozy, ces deux partis ont soutenu ses lois racistes interdisant la burqa et d'autres mesures anti-immigrés similaires.

L'auteur recommande la lecture de: Le gouvernement du Parti socialiste en France veut forcer les Roms à vivre dans des ghettos

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