Ci-dessous la troisième et dernière
partie d’une conférence donnée à l'école d'été du Parti de l'égalité socialiste
à Ann Arbor, dans le Michigan en août 2007.La première
partie a été mise en ligne le 29
mai 2009 et la deuxième partie le 30 mai. .
Le programme de
transition
Il en allait de même avec la fondation de la Quatrième
Internationale en septembre 1938. En évaluant la décision de tenir cette
conférence et de rejeter les objections de toutes sortes centristes que le
temps n’était pas venu, il faudrait poser la question suivante : quelles
auraient été les conséquences pour le mouvement marxiste révolutionnaire si la
Quatrième Internationale n’avait pas été fondée avant le déclenchement de la
Deuxième Guerre mondiale moins d’un an plus tard et de l’assassinat de Trotsky
une année à peine après ?
De toute évidence, le mouvement trotskyste aurait été privé de
la clarté politique et programmatique qui s’est avérée décisive pour lui
permettre de survivre aux immenses pressions et aux pertes tragiques des années
de guerre et à des conditions qui firent que toutes les organisations
centristes opposées à la fondation de la Quatrième Internationale furent elles,
balayées de la carte politique.
La conférence de fondation approuva toute une suite de
résolutions et adopta le programme de transition, dont le titre complet était
« L'agonie du capitalisme et les tâches de la IVe Internationale ».
Prenant comme point de départ la crise objective du
capitalisme mondial et la lutte des classes, ce document s'appuyait sur les
expériences stratégiques de la classe ouvrière pour avancer un programme de
revendications transitoires destinées à unir les masses de tous les pays dans
la lutte révolutionnaire pour le pouvoir.
« Il faut aider les masses, dans le processus de leurs
luttes quotidiennes, à trouver le pont entre leurs revendications actuelles et
le programme de la révolution socialiste. Ce pont doit consister en un système
de REVENDICATIONS TRANSITOIRES, partant des conditions actuelles et de la
conscience actuelle de larges couches de la classe ouvrière et conduisant
invariablement à une seule et même conclusion : la conquête du pouvoir par
le prolétariat. » [9]
Il n’y a peut-être pas d’autre partie de l’héritage politique
et théorique laissé par Trotsky qui ait fait l’objet d’attaques aussi soutenues
et diverses et de révisions de la part des centristes que la conception de
revendications transitoires. Alors que Trotsky voyait ce système de
revendications comme un instrument pour surmonter la contradiction entre l’état
avancé de la crise objective du capitalisme et l’immaturité et la confusion
prévalant dans la conscience de la classe ouvrière, ces centristes et
révisionnistes d'aujourd'hui ont invariablement cherché à les transformer en un
moyen de s’adapter à la conscience spontanée et par là à subordonner la classe
ouvrière aux bureaucraties existantes.
Comme nous l’expliquions dans nos résolutions sur les
perspectives de 1988 : « Cela n’a pas été la moindre des trahisons
des pablistes que leur effort persistant pour transformer le programme de
transition en un livre de recettes pour une adaptation opportuniste et une
évasion centriste ; c’est-à-dire en arrachant des revendications isolées
hors de leur contexte révolutionnaire authentique et en proposant qu’elles
soient présentées à la classe ouvrière comme un substitut pour un programme
révolutionnaire authentique. Selon les partisans de cette méthode
révisionniste, les revendications transitoires sont un moyen de s’adapter à,
plutôt que de combattre, la conscience arriérée des masses. En essence, les
partisans de cette position nient la nécessité de toute lutte ouverte en faveur
de la conscience socialiste dans la classe ouvrière. Il n’est pas nécessaire,
affirment-ils, de nourrir patiemment le mouvement ouvrier avec le riche fruit
de la culture marxiste. Plutôt, il suffit de servir quelques revendications
simples dont on suppose qu’elles séduiront les masses et les conduiront à la
révolution socialiste sans même qu’elles aient conscience de leur destination
finale. » [10]
D’un pont entre la crise objective et la conscience politique
non développée des masses, divers mouvements révisionnistes ont cherché à
transformer le programme de transition en un pont entre eux-mêmes et toutes
sortes de mouvements nationalistes petits-bourgeois et bourgeois.
Tristement célèbre de ce point de vue a été le Socialist
Workers Party aux Etats-Unis. Sa dégénérescence se révélait, trois décennies
après qu’il ait joué avec Trotsky le rôle principal dans la formulation du
programme de la révolution prolétarienne et dans lutte pour celui-ci, dans ses
efforts pour élaborer de nouveaux programmes « de transition » et des
revendications pour le nationalisme noir, le pouvoir étudiant et les mouvements
féministes qui furent poussés en avant par la radicalisation des classes
moyennes des années 1960. Des éléments du programme qui avaient été formulés
pour répondre à la montée en puissance de la classe ouvrière des années 1930 —
l'échelle mobile des salaires et des heures de travail, en particulier —
devinrent un pont en direction de la bureaucratie syndicale anticommuniste de
l'AFL-CIO.
Dans un article rédigé en 1971, feu George Novack décrivait le
programme comme une « boîte à outils » dans laquelle on pouvait
fouiller pour en tirer le bon instrument adapté à n'importe quelle situation
particulière. Il nota avec fierté que l'échelle mobile des salaires avait rompu
avec son « caractère de propagande » lorsque les United Auto Workers
gagnèrent une clause d'indexation dans son contrat avec General Motors. [11]
Une forme particulièrement grotesque de cette tendance peut
être trouvée dans les positions mises en avant par Alex Callinicos du Socialist
Workers Party en Grande-Bretagne. Ce prétendu intellectuel marxiste a fait la
promotion d'un « programme de transition » prétendument modernisé
dans son livre, Un manifeste anticapitaliste.
Evidemment, cette modernisation
consistait à mettre le programme sens dessus dessous. Le document rédigé par
Trotsky et la Quatrième Internationale naissante a eu pour origine l'insoluble
crise mondiale du capitalisme et la nécessité de surmonter l'obstacle posé par
des directions opportunistes cherchant à subordonner la classe ouvrière à la
bourgeoisie. Callinicos, au contraire, part du point de vue qu’il faut
améliorer les conditions créées par le capitalisme et fournir des conseils
« de gauche » aux versions contemporaines des tendances contre lesquelles
Trotsky menait une guerre incessante.
De ce fait, son « programme de transition » n'est
pas avancé comme l'arme d'un parti révolutionnaire cherchant à résoudre la
crise de la direction révolutionnaire et à construire un pont pour relier
l'état avancé de la crise objective et la relative immaturité de la conscience
de la classe ouvrière. Plutôt, il est mis en avant comme une collection de
suggestions pour « diverses tendances anticapitalistes », par
lesquelles il entend principalement les réformistes, les centristes et les
professionnels des organisations non gouvernementales qui peuplent le Forum
social mondial.
Il convient aisément que sa liste hétéroclite de
revendications représente « des réponses à des réalités contemporaines et
ont toutes été soulevées par des mouvements existants ».
Ce fourre-tout réformiste inclut des demandes comme
l’introduction de la taxe Tobin, le but premier du mouvement ATTAC, qui propose
la mise en place d’une petite taxe sur les transactions internationales de
devises de façon à décourager la spéculation. Les avocats anti-mondialistes de
cette mesure prétendent que les sommes recueillies pourraient être utilisées
pour remédier à la pauvreté dans le monde tout en renforçant les économies
nationales. Son but principal, toutefois, est de stabiliser le capitalisme
mondial en évitant des attaques spéculatives sur les monnaies nationales. Pour
cette raison, des gouvernements, non seulement en Amérique latine, mais dans
des pays aussi « respectables » que le Canada et la Belgique, n’ont
pas de difficulté à en accepter le principe. [12]
D’autres organisations prétendument trotskystes d’une
apparence plus orthodoxe développent la position rétrograde que les
revendications de transition, en particulier l’échelle mobile des salaires et
des heures, pourraient de quelque façon magique et automatique conduire la
classe ouvrière à réaliser une révolution socialiste sans jamais être
consciente qu’elle est en train de la réaliser. En général, l’accent est mis
sur les revendications compatibles avec une adaptation à la conscience
syndicale existante de la classe ouvrière, tandis que les demandes essentielles
mises en avant dans le programme de transition, l’indépendance politique de la
classe ouvrière et la lutte pour un gouvernement des ouvriers — ou, comme cela
était formulé dans le programme de 1938, un gouvernement des ouvriers et des
paysans — passent, elles, à la trappe.
Ceci est généralement associé à l’affirmation que, d’une façon
ou d’une autre, le document de 1938, non seulement représente le
programme de la Quatrième Internationale — intégrant par principe tous les
autres documents programmatiques depuis La Révolution permanente jusqu’à
La Révolution trahie — mais qu’il donne aussi fondamentalement le
dernier mot sur le sujet, inchangé par les sept décennies suivantes du
développement historique avec toutes les expériences riches et consciemment
assimilées à travers lesquelles est passée la Quatrième Internationale.
De telles conceptions sont entièrement opposées à la
perspective élaborée par Trotsky et vont au cœur de l’attaque centriste à
l’encontre du marxisme. Pour Trotsky, la question la plus importante était
celle d’une activité révolutionnaire de classe consciente dans l’histoire —
c’est-à-dire celle rôle de la direction révolutionnaire. Il combattit de façon
intransigeante contre tous ceux qui cherchaient à présenter le processus
historique et la révolution elle-même comme quelque chose qui se développait de
façon indépendante de la conscience humaine, une sorte de résultat mécaniquement
prédéterminé des conditions objectives.
Le rôle du pablisme
Une étude exhaustive du rôle joué par le centrisme dans la
période suivant la Deuxième Guerre mondiale et dans la situation présente
demanderait beaucoup plus de temps que celui alloué à cette conférence. Il
suffira de dire que tout au long de cette période, les mouvements centristes,
qui sont dans une large mesure le produit de l’attaque révisionniste pabliste
sur la Quatrième Internationale, ont joué un rôle crucial dans l’organisation
de défaites et de trahisons des luttes révolutionnaires.
Les organisations pablistes répudièrent complètement les
conceptions essentielles avancées par Trotsky dans la section terminant le
programme de transition.
En dehors des cadres de la Quatrième Internationale, écrivait
Trotsky, « Il n'existe pas, sur cette planète, un seul courant
révolutionnaire qui mérite réellement ce nom. Si notre Internationale est
encore faible en nombre, elle est forte par la doctrine, le programme, la
tradition, la trempe incomparable de ses cadres. Que celui qui ne voit pas cela
aujourd'hui reste à l'écart. Demain, ce sera plus visible. (…)
« La crise actuelle de la civilisation humaine est la
crise de la direction du prolétariat. Les ouvriers avancés réunis au sein de la
IV° Internationale montrent à leur classe la voie pour sortir de la crise. Ils
lui proposent un programme fondé sur l'expérience internationale de la lutte
émancipatrice du prolétariat et de tous les opprimés du monde. Ils lui proposent
un drapeau que ne souille aucune tache. » [13]
De même que Trotsky affirmait en 1938 que, en dehors de la
Quatrième Internationale, il n’existait pas un seul courant révolutionnaire à
la surface du globe, de même aujourd’hui nous pouvons affirmer clairement qu’en
dehors des cadres assemblés sous la bannière du Comité international, il
n’existe aucune tendance qui ait défendu et maintenu cette conception du rôle
décisif d’une direction révolutionnaire consciente organisée en un parti
mondial.
Toutes les organisations révisionnistes et centristes qui
prétendent ou ont par le passé prétendu être trotskystes ont depuis longtemps
renoncé à cet héritage, soit explicitement soit en pratique, s’adaptant à des
directions réformistes, staliniennes ou bourgeoises, et concevant leur rôle —
au mieux — comme celui de groupes exerçant une pression de gauche sur ces
organisations.
En ce sens, on peut dire qu’alors que nombre de ces tendances
manifestent les mêmes traits décrits par Trotsky il y a 70 ans, il y a eu une
dégénérescence sérieuse du centrisme, qui, sous la forme du révisionnisme
pabliste, est fondé sur l’abandon explicite et persévérant du marxisme
révolutionnaire. Ainsi, lorsque l’on examine aujourd’hui la LCR (Ligue
communisterévolutionnaire), Lutte ouvrière ou le groupe de Lambert en
France, on découvre des organisations qui sont bien plus à droite que le PSOP
de Pivert des années 1930 et qui ont beaucoup moins à voir avec la classe
ouvrière.
L’un des exemples les plus récents et les plus révélateurs de
cette tendance est survenu sous la forme d’une discussion publique tout à fait
avilissante qui a eu lieu entre le groupement pabliste international — qui, il
faut le noter, fait référence à lui-même sous le sigle IC, dans une tentative
d’obscurcir et de nier la lutte historique du trotskysme contre le
révisionnisme — et son ex-section brésilienne, la Democracia Socialista.
Le groupe brésilien s’est maintenu comme une tendance
importante au sein du Parti des travailleurs actuellement au pouvoir au Brésil,
alors même que d’autres éléments de gauche — comprenant certains de ses membres
les plus éminents — ont été exclus pour avoir eu l’audace de contester les
politiques de droite, inspirées par le FMI, du gouvernement Lula.
En effet, ses membres occupent des postes importants au sein
du gouvernement, le plus notable étant Miguel Rosseto qui est devenu ministre
de la Réforme agraire. Sa défense du programme capitaliste du gouvernement Lula
et ses attaques contre les occupations de terre ont amené les paysans sans terre
à brûler son effigie. Un autre membre dirigeant a pris le poste de secrétaire
général du PT, alors même que ce parti au pouvoir s’enfonce dans des scandales
à la corruption toujours plus nauséabonds.
Pendant plus de quatre ans, l’Internationale pabliste a donné
à cette opération son consentement politique, déclarant que tout en ayant des
préoccupations à propos de la politique « discutable » d’un parti
supposé révolutionnaire entrant dans un gouvernement bourgeois, il ne voulait
pas poser cette question en « termes dogmatiques », et au lieu de
cela voulait accompagner le groupe brésilien dans cette expérience.
En remerciement pour cet opportunisme servile, Democracia
Socialista a rompu, sauf en nom, avec les pablistes, publiant à la fin de 2005
une déclaration les accusant de pratiquer « un mauvais internationalisme,
infesté des vices du XXe siècle ».
Aujourd’hui, comme vous le savez tous sans aucun doute, nous
sommes entrés au 21e siècle et tous ces vices du 20e siècle (lutter pour le
programme et les principes, assimiler et prendre au sérieux les leçons
historiques des luttes de la classe ouvrière internationale) auxquels, il faut
le souligner, les pablistes ne se sont jamais adonnés, sont à jeter par-dessus
bord. Ce n’est pas un accident que Hugo Chavez a proclamé que son but est celui
du « socialisme du 21e siècle », et que ce slogan ait été adopté par
toutes sortes de révisionnistes et de centristes.
Le document de Democracia Socialista déclare que le groupe
brésilien s’était affilié à l’organisation pabliste sur la base de la
plate-forme de leur congrès de 1979. Dans ce document, affirment les
révisionnistes brésiliens, « La Q[uatrième] I[nternationale] a cessé de se
considérer comme le parti mondial de la révolution socialiste ou d’essayer
d’avoir une direction internationale qui centralise ses sections
nationales. » Democracia Socialista cite l’insistance du document
qu’« il n’était désormais plus possible de travailler avec l’idée qu’un
parti de masse révolutionnaire se formerait “autour” ou “sous la direction” de
la QI, mais que la QI serait l’un de ces composantes, avec la perspective d’une
avant-garde partagée… » Cette « avant-garde partagée » était
supposée inclure des mouvements tels que les sandinistes nicaraguayens et le
front salvadorien Farabundo Marti, des groupes qui se sont depuis longtemps
transformés en partis entièrement bourgeois. [14]
La direction pabliste a maintenant enfin répondu à ce défi,
publiant sa propre déclaration en mai dernier. Elle explique ce délai en se
référant aux élections nationales de 2006 au Brésil, déclarant qu’elles
« ne constituaient pas un moment favorable pour une discussion détendue
sur l’internationalisme… étant donné que d’autres tâches plus importantes
occupaient nos forces. »
Ces « tâches plus importantes », il faut le
souligner, consistaient dans le travail électoral de deux factions rivales du
DS. L’une faisait campagne pour la réélection de Lula, l’autre soutenait le
défi lancé par leur membre exclue, la députée Heloisa Helena. Celle-ci les
avait rejoints en formant le PSOL sur la base d’un programme douteux de défense
des valeurs originelles du PT de Lula. Pendant la campagne, l’Internationale
pabliste se limita à exhorter les équipes de campagnes rivales au dialogue.
La réponse pabliste est révélatrice. Elle commence par
affirmer que « La plus grande partie de ce qui est écrit dans le document
de DS est des réflexions qui seraient partagées par la plupart des militants de
la Quatrième Internationale dans leurs pays respectifs. »
Elle s'inquiète seulement du fait de savoir à quel
gouvernement bourgeois en Amérique latine il conviendrait de s’adapter et de
promouvoir — Chavez au Venezuela et Morales en Bolivie conviennent, mais il y a
des réserves à propos de Lula au Brésil et Kirchner en Argentine ou de Tabaré
Vásquez en Uruguay.
La ligne de division est tirée non pas en fonction de la
nature de classe de ces gouvernements — ils sont tous bourgeois — ou de leur
attitude envers le mouvement de la classe ouvrière, mais plutôt largement en
fonction de leurs positions respectives sur les accords de libre-échange. Ce
critère en dit beaucoup sur la nature de classe et les orientations du pablisme
d'aujourd'hui.
La direction internationale pabliste continue en se défendant
contre les accusations de DS en citant la liquidation de ses forces dans
Refondation communiste en Italie, de son groupe colombien dans un front
électoral bourgeois et ainsi de suite.
Finalement arrive l’appel plaintif : « Il est
nécessaire de savoir si l'existence même de la Quatrième Internationale...
n'est pas maintenant devenue, pour les camarades [brésiliens], une autre des
“erreurs du passé” » [15]
Eh bien, évidemment, c'est le cas, et c'est tout simplement la
conclusion logique de la perspective pabliste toute entière. Si les co-penseurs
internationaux de Democracia Socialista de jadis continuent à détourner le nom
de Quatrième Internationale, et même celui de Comité international, c'est
seulement pour essayer de mieux remplir leur fonction essentielle comme soutien
secondaire du régime capitaliste et de barrière à la pénétration du marxisme
dans la classe ouvrière.
Le marxisme est matérialiste. Il considère ces conditions
objectives (le conflit entre les forces productives et les relations sociales,
entre le système d'Etats-nations et l'économie mondiale) comme primaires. Mais
cela n'a rien à voir avec le fatalisme. C'est une reconnaissance de
l’interaction dialectique constante entre l'objectif et le subjectif dans le
développement de la lutte des classes.
Il reconnaît par-dessus tout que l'explosion de lutte des
classes générée par ces conflits objectifs ne peut être transformée en
révolution socialiste qu’au moyen de l’intervention consciente d’un parti
révolutionnaire qui se fonde sur une perspective socialiste et internationale.
Il n'y a pas de relation linéaire entre le développement de la
crise objective et l'émergence de cette direction révolutionnaire consciente
capable d'organiser la lutte pour le pouvoir. Au contraire, l'approfondissement
de la crise du capitalisme est inévitablement accompagné par la pression
idéologique croissante de la bourgeoisie sur le mouvement des ouvriers, ce qui
provoque une montée des tendances centristes qui cherchent à isoler le
socialisme révolutionnaire de la classe ouvrière.
Le parti révolutionnaire doit être préparé à l'avance et doit
chercher à éduquer les sections les plus avancées des ouvriers et de la
jeunesse, tout en gagnant de l'autorité au sein de la classe ouvrière toute
entière. C'est la tâche fixée par la fondation de la Quatrième Internationale
et poursuivie dans la lutte contre le centrisme. Et c'est la tâche que le
Comité international de la Quatrième Internationale et ses sections poursuivent
aujourd'hui.
[10] The World Capitalist Crisis and the Task of the
Fourth International, Perspectives Resolution of the International Committee of
the Fourth International, August 1988. (Detroit: Labor Publications,
1988), p. 73, traduction de l’anglais.
[11] The Transitional Program for Socialist Revolution
(New York: Pathfinder Press, 2005), George Novack, “The Role of the
Transitional Program in the Revolutionary Process,” p.59.
[12] Alex Callinicos, An Anti-Capitalist Manifesto
(London: Polity Press, 2003).
[15] Ibid. (traduction de l’anglais), “The new
internationalism and the Fourth International: A first response to the document
of DS”: http://www.internationalviewpoint.org/spip.php?article1264