Les partisans du Comité international de la
Quatrième Internationale et du World Socialist Web Site sont intervenus
dans le défilé du premier mai à Paris en distribuant des milliers de tracts
« France:
Les questions politiques soulevées par l'élection présidentielle (PDF) ». Le défilé parisien était en grande partie contrôlé par les
responsables syndicaux et les partisans du PS avec une participation spontanée
relativement faible des travailleurs.
L'évènement reflétait à la fois l'impact
de la propagande faite par les forces petites-bourgeoises de
« gauche » en faveur du candidat du Parti socialiste (PS), François
Hollande, et la défiance populaire à l'égard de Hollande, et ce même parmi sa
base électorale, en raison de ses déclarations pro-patronales. Si Hollande est
élu, il se retournera contre la classe ouvrière et décevra inévitablement les
attentes de politique sociale soulevées parmi ses électeurs par les partis
petits-bourgeois de « gauche ».
Merlin
Merlin, travailleur parisien sans emploi
de 31 ans, a remarqué : « Plein de gens travaillent pour des
multinationales et souffrent dans l'indifférence. C'est difficile les fin de
mois. Ils s'en sortent avec l'aide des amis ; j'ai voté à gauche, mais pas
Hollande. Il est insipide et sent trop l'argent, 'la gauche caviar'. Entre la
gauche et la droite, il n'y a pas de différence. Je vais voter Hollande pour
que Sarkozy dégage. »
Merlin a dit que Hollande ne
« représent[ait] pas la classe ouvrière, » mais, qu'à son avis, il
pourrait « comprendre » les conditions auxquelles sont confrontés les
jeunes. Néanmoins, il a souligné qu'il serait « soulagé » si le
président conservateur sortant, Nicolas Sarkozy, était battu.
Mathieu, 21 ans, travaille dans
l'audiovisuel, vit à Paris et est proche des indignados, le mouvement de
protestation des indignés en Espagne de l'année dernière. Il a dit,
« Hollande n'a pas fait d'énormes promesses, mais il respectera ses
promesses. Il ne cassera pas la sécu [sécurité sociale]. »
Néanmoins, Mathieu reconnaît que
Hollande « fera le boulot de la finance internationale. » La solution
à la crise, a-t-il dit, est de « réinventer la politique comme les indignados. »
De gauche à droite, Clément et Nicolas
Clément, étudiant en philosophie de 21
ans de Normandie, a dit, « Ce sera mieux de voir Hollande comme président
que celui qu'on a actuellement [Sarkozy]. Je ne sais pas si la politique de
Hollande est praticable. Je suis sceptique. »
Il a aussi exprimé les inquiétudes
ressenties par des couches plus vastes de la population face aux signes de
soutien faits par Hollande en faveur de la politique droitière exigée par les
banques : « Si ça finit comme en Espagne ou en Grèce, je n'en veux
pas. »
Il a critiqué le candidat du Front de
Gauche, Jean-Luc Mélenchon : « Mélenchon en appelant à voter
[dimanche prochain] Hollande sans condition, perd un peu de son côté proche du
peuple. Il perd de sa crédibilité. »
Toutefois, son ami Solveig l'a
interrompu pour dire, « Le vote anti-Sarkozy passe avant tout. »
Clément croit que l'avenir n'est pas
brillant pour les étudiants en études littéraires : « Les débouchés
sont de plus en plus rares. On ne sait pas ce qu'on va devenir. »
Nicolas, son ami étudiant en
philosophie, a dit que les travailleurs étaient déçus par la gauche et votaient
pour le Front national néofasciste « pour faire bouger la gauche. C'est un
vote protestataire. »
Clément a ajouté, « Il y a un
malaise dans la société. C'est dangereux de faire des comparaisons historiques,
mais avec l'angle des années 1930, on peut se poser des questions sur la
société. Les Français ne savent plus pour qui voter. La gauche au pouvoir a une
responsabilité à l'égard de cet électorat FN. Elle n'a pas su conserver les
voix des ouvriers. Il y a un décalage entre la politique et la réalité vécue
par les smicards [travailleurs payés au salaire horaire minimum.] »
Didier, 55 ans, informaticien à Paris
travaille pour une entreprise du CAC 40 et sa partenaire Sylvie est économiste
à l'INSEE. Didier a dit que Hollande avait déplacé le PS de la
social-démocratie vers le centre. A la question de savoir pourquoi les partis
de « gauche » appelaient à voter Hollande, Didier a répondu :
« Pour l'instant, il y a urgence à destituer le président actuel. »
En dépit de son soutien à Hollande, les
remarques de Didier soulignent le vide politique à gauche, du fait que le PS et
ses alliés soutiennent l'Union européenne réactionnaire. Il a expliqué que la
montée du soutien pour le FN était le résultat du changement de discours de sa
dirigeante, Marine Le Pen : « Elle accapare la critique de l'Union
Européenne et de la finance qui devrait être celle de la gauche depuis
longtemps. » Mais, « le FN arrivé au pouvoir, ce sera la défense des
grandes familles bourgeoises. »
Il a ajouté, « Nous devons nous
unir pour couper la tête de l'hydre du fascisme. Je ne suis pas naïf, mais au
sujet de la social-démocratie, notre point de départ est le sauvetage de notre
système de sécurité sociale d'après-guerre. Il y a urgence, Sarkozy doit
partir. »
De gauche à droite, Jérémy, Guillaume et David
David, 29 ans est géomètre-dessinateur
projeteur. Il était accompagné de ses amis Jérémy et Guillaume. Ce dernier, 29
ans, travaille comme intermittent du spectacle
David a dit : « J'ai toujours
voté à gauche. Les richesses ne devraient pas appartenir à une élite. Je suis
très touché par la crise pour trouver un logement pas cher. Il a fallu que
j'aille en banlieue, à l'extérieur de Paris, où c'est un peu moins cher. »
Il a dit qu'il avait voté pour Hollande
parce qu'il « avait peur que 2002 ne se reproduise quand Le Pen avait
battu Jospin du PS pour avancer au deuxième tour. » Jérémy et Guillaume
ont voté Mélenchon au premier tour. David pense que davantage d'austérité
« ne résoudra pas les problèmes. Il faut de la croissance. »
Guillaume a dit, « J'espère qu'on
va chercher l'argent là où il est pour contrer la crise. » Il a bien fait
comprendre que c'était chez les riches. Il a poursuivi en disant :
« Nous devons arrêter la réduction des budgets gouvernementaux parce qu'on
a vu qu'en Grèce et en Espagne, cela influait sur la vie des gens. On est prêt
à nous faire tout gober au nom de la crise. »