Les syndicats et les partis de « gauche »
petits-bourgeois ont organisé partout en France des défilés du premier mai.
Dans un acte d'escroquerie politique, ils se sont servis du jour férié
international du prolétariat pour soutenir, le 6 mai lors du second tour de
l'élection présidentielle, le candidat pro-guerre du Parti socialiste (PS),
François Hollande, contre le président droitier sortant, Nicolas Sarkozy.
Le rassemblement à Paris
Les défilés étaient largement dominés
par les syndicats dont la CGT (Confédération générale du Travail) contrôlée par
les staliniens, la CFDT (Confédération française démocratique du Travail) liée
au PS, la FSU (Fédération syndicale unitaire), le syndicat Solidaires et l'UNSA
(Union nationale des syndicats autonomes). Ils étaient soutenus par le PS et
ses satellites politiques, tels le Parti communiste français stalinien (PCF),
le Parti de Gauche (PG) de Jean-Luc Mélenchon et de groupes de
« gauche » petits-bourgeois comme le Nouveau Parti anticapitaliste
(NPA) et Lutte ouvrière (LO).
Selon la CGT, près de 750.000 personnes
ont participé à quelque 300 manifestations à travers toute la France, dont
250.000 à Paris, 40.000 à Toulouse, 20.000 à Marseille, 12.000 à Bordeaux et
10.000 à Lyon, Nancy et Nantes ; entre 3.000 et 10.000 personnes ont
participé à Strasbourg, Montpellier, Limoges et Amiens. Toutefois, le ministre
de l'Intérieur a affirmé que 300.000 personnes avaient défilé sur l'ensemble du
territoire dont 48.000 à Paris.
A Paris, les travailleurs de l'usine
Peugeot/Citroën d'Aulnay-sous-Bois qui est confrontée à une fermeture
entraînant la perte de plus de 3.000 emplois ont participé au défilé. Des
immigrés sans-papiers ont également défilé.
Une banderolle dans le défilé parisien
Le dirigeant de la CGT, Bernard Thibault
et celui de la CFDT, François Chérèque ont défilé côte à côte en tête de
cortège. La CGT, la FSU et Solidaires ont ouvertement appelé à voter pour
Hollande. A la question de savoir s'il voterait pour Hollande, Thibault a dit
au micro d'Europe1 : « Oui, la CGT a appelé à battre le président de la
République actuel. »
Des membres influents du PS, sa
secrétaire générale, Martine Aubry, Ségolène Royal, la candidate présidentielle
de 2007, et le directeur de campagne de Hollande, Manuel Valls, étaient
présents au défilé en plus de l'ex-candidat du Front de Gauche, Jean-Luc
Mélenchon et des membres influents du PCF.
Mélenchon a appelé à voter pour Hollande
en précisant : « On se mobilise contre lui [Sarkozy] et dimanche on
va le virer. On sait pourquoi on est là. »
Les membres des partis petits-bourgeois
de « gauche », le NPA et LO, ont défilé avec le PS et le Front de
Gauche. En défilant à Bordeaux, l'ex-candidat du NPA à la présidentielle,
Philippe Poutou, a appelé à voter Hollande : «Le bulletin de vote
Hollande, c'est un outil pour dégager Sarkozy lors du second tour de la
présidentielle. Si Sarkozy s'en va, on aura un sentiment de victoire, ça peut
'refiler' la pêche et aider à reconstruire une mobilisation. »
De telles déclarations sont le résultat
de décennies durant lesquelles le PCF, le NPA et d'autres forces
petites-bourgeoises ont soutenu une politique anti-ouvrière appliquée par le PS
lorsqu'il était au gouvernement, notamment après le « tournant de la
rigueur » de 1983 du président PS, François Mitterrand. Ces partis sont
indifférents aux problèmes sociaux et économiques auxquels est confrontée la
classe ouvrière. Ils ont fait des efforts considérables pour transformer le
défilé en un rassemblement électoral pour Hollande, en prétendant
frauduleusement que ce dernier luttait pour l'emploi et le pouvoir d'achat et
contre le racisme et la xénophobie.
Il y a dix ans, ces forces avaient fait
campagne en faveur du président sortant de droite, Jacques Chirac, contre le
dirigeant du Front national (FN) néofasciste, Jean-Marie Le Pen, au second tour
après que Le Pen eut battu au premier tour le candidat du PS, Lionel Jospin.
Après avoir fait des compromis au sujet des mesures socialement réactionnaires
et anti-démocratiques promues par la classe dirigeante durant cette dernière
décennie, ces forces font à nouveau campagne pour un gouvernement PS
réactionnaire afin de désorienter la classe ouvrière.
Hollande, qui n'était pas au défilé du 1
mai mais avait préféré participer à Nevers à une cérémonie en hommage à
l'ancien premier ministre Pierre Bérégovoy, a promis à plusieurs reprises de
réduire drastiquement les dépenses sociales. Il a dit n'avoir pas de
différences avec la politique étrangère de Sarkozy qui a intensifié la
politique guerrière de l'impérialisme français en Afrique et au Moyen-Orient -
avec l'année dernière la guerre contre la Libye et maintenant en Syrie.
Le 30 avril, avant la manifestation,
Hollande avait adressé une lettre aux syndicats, louant leur rôle lors des
négociations relatives à la législation sociale en France. Il a dit que s'il
était élu il solliciterait « la mise en place d'une grande conférence
sociale ». Il a écrit, « Nous devons passer de la convocation à la
consultation, du monologue à la concertation, de l'écoute à distance à la
négociation » en soulignant que, s'il était élu, il collaborerait avec les
syndicats.
Les paroles cyniques de Hollande disant
que Sarkozy donnait des ordres aux syndicats cherche à ignorer le fait bien
connu que les syndicats ont travaillé en étroite collaboration avec Sarkozy
durant les cinq ans du mandat de ce dernier pour réduire drastiquement les
retraites et la protection dans le domaine du travail. A présent, les syndicats
tentent de se distancer de Sarkozy en s'orientant vers Hollande. En ce qui
concerne Sarkozy, il a accusé les syndicats « de trahir la cause du
syndicalisme » en appelant à voter contre lui lors de l'élection
présidentielle.
Après que Sarkozy a critiqué les
syndicats, le premier ministre, François Fillon, a loué le rôle joué par les
syndicats en disant ne pas aimer qu'on les « critique en tant que tels car
ils sont nécessaires au fonctionnement de l'économie et du système social
Quant aux syndicats, ils ont clairement
montré que sans leur aide, il serait impossible d'appliquer les coupes sociales
à l'encontre de la classe ouvrière. François Chérèque de la CFDT a carrément
dit : « Le premier ministre sait qu'il a su trouver la CFDT pour
faire la réforme [des retraite »]de 2003. Nous ne sommes
pas l'organisation qui bloque les réformes. »
Lundi, Chérèque a accordé une interview
au quotidien Libération en indiquant clairement que les syndicats
projetaient de participer aux pourparlers de l'Etat et du Medef, l'organisation
patronale, pour négocier les baisses de salaires et autres coupes sociales sous
le prochain gouvernement. Il a dit: « Il faut donc mener une vraie
politique d'investissement. et ne pas avoir peur d'un débat sur le coût du
travail. »