Alors que les syndicats tentaient le mois passé
d’étrangler la grève des agents de sûreté aéroportuaire—menacés par
l’intervention des forces de l’ordre—la « gauche » petite-bourgeoise
française a prêté un soutien sans faille à la bureaucratie syndicale.
Ce fut la raison de l’intervention, le septième
jour de grève, d’Olivier Besancenot pour le Nouveau Parti anticapitaliste (NPA),
de Nathalie Arthaud pour Lutte ouvrière (LO), et enfin de Marie-Georges
Buffet du Parti communiste français (PCF), dans un meeting devant 200 agents
de sécurité des aéroports.
Durant le meeting, Nathalie Arthaud a déclaré :
« Je condamne le fait que le gouvernement empêche les grévistes de se
défendre, leur fait du chantage (…) ce sont les patrons qui ont la
responsabilité de tout ça. » Elle faisat allusion à l’intervention de la
police aux frontières (PAF) et de la gendarmerie du transport aérien (GTA)
pour remplacer le personnel gréviste dans les sociétés de sûreté, ordonnée
par le gouvernement pour briser la grève.
En fait, le patronat dépendait étroitement de la
bureaucratie syndicale et de ses défenseurs politiques comme Arthaud pour
permettre au gouvernement d’agir de la sorte. Les syndicats n’ont lancé
aucun appel à un mouvement plus large des travailleurs pour défendre les
droits démocratiques des grévistes. Ils ont cherché à mettre fin au conflit
(Voir aussi :
La grève s’est terminée suite à un accord de
sortie de crise, signé par les organisations syndicales, sans que les
travailleurs de la sécurité des aéroports aient obtenu satisfaction de leurs
revendications, alors qu’ils votaient la reconduction de la grève.
Erik Biro, secrétaire général du syndicat UNSA-FMPS,
déclarait : « La grève a pris une tournure très difficile ces quatre
derniers jours. Nous avions atteint une forme d’enlisement. Beaucoup de
salariés étaient très fatigués et à bout de nerfs ».
La CGT n’a pas jugé utile de signer l’accord, mais
elle a appelé elle aussi à la reprise du travail, se félicitant de ce que
les travailleurs ont obtenu : « Les employeurs de la branche accèdent à une
partie des revendications portées par la CGT, notamment en ce qui concerne
la reprise à 100 pourcent du personnel en cas de transfert de marché. »
Les syndicats de la section de la sûreté
aéroportuaire ont décidé de suivre un mouvement de grève voulu par les
travailleurs, pour éviter que le conflit leur échappe, mais en sachant très
bien que ni l’Etat ni les entreprises n'accepteraient les revendications des
salariés. Leur but n’était pas d’obtenir les augmentations de salaires
voulues par les travailleurs, mais de maintenir le contrôle de la
bureaucratie syndicale sur la classe ouvrière. Les agents de sûreté des
aéroports, qui font partie des 50 pourcent des Français gagnant moins de
1600 euros par mois, réclamaient une augmentation de 200 euros mensuels.
Ce dénouement de la grève rappelle le soutien
apporté par le NPA aux manœuvres de l’Etat pour briser la grève des
raffineries en 2010, lors de la réforme des retraites par le Président
Nicolas Sarkozy (Voir aussi :
Les mouvements de la classe ouvrière dans le monde
arabe et la contestation sociale « Occupy Wall Street » ont fait peur à la
CGT et à la gauche petite-bourgeoise, qui craignent qu’un mouvement des
travailleurs ne se développe et n'échappe à leur contrôle.
Leur réponse à l’escalade des luttes et des
tensions sociales internationales est de s’aligner toujours plus directement
sur la classe dirigeante et ses instruments politiques—notamment, en France
durant les mois précédant les élections présidentielles de 2012, le Parti
Socialiste (PS).
« Le droit de grève est en danger, j’espère que
toute la gauche le comprend », a déclaré Besancenot dansl’article du
Parisien, intitulé "Grève de la sureté : Besancenot, Arthaud et
Buffet avec les manifestants." Ainsi Besancenot essaie de faire croire aux
travailleurs que le PS pourrait se ranger de leur côté et défendre le droit
de grève.
La vie de ces organisations dépend du PS, ce qui
leur donne un caractère profondément anti-ouvrier. Le PCF a participé à
différents gouvernements avec le PS dans les années 80 sous Mitterrand—qui
avait mené une politique de rigueur et de désindustrialisation, contre les
industries où la classe ouvrière était la plus combative. Dans les années
90, sous le gouvernement PS du Premier Ministre Lionel Jospin, il avait aidé
à privatiser de larges secteurs de l’économie.
LO et le PS ont présenté des listes communes pour
les élections municipales, et enfin le NPA espère pouvoir obtenir les
signatures d’élus locaux du PS, pour pouvoir se présenter lors des élections
présidentielles de 2012. Pour cela le NPA tentera de garantir que les voix
du NPA aux élections présidentielles iront bien au PS au second tour des
présidentielles.
C’est finalement tout le programme du NPA qui est
tourné vers cette stratégie qui consiste à orienter la classe ouvrière vers
le PS. Lorsque le NPA parle d’interdire les licenciements ou d'augmenter les
salaires c'est, en dernière analyse, dans la perspective qu’à l’avenir le PS
ou un autre parti bourgeois puisse former un gouvernement et proposer de
pareilles mesures.
Philippe Poutou, candidat présidentiel du NPA, a
maintes fois affirmé que la priorité du NPA était de faire « dégager »
Sarkozy et a déclaré qu’il appellerait au second tour des présidentielles à
voter pour le PS. La position de Poutou et du NPA est malhonnête, voulant
faire croire aux travailleurs que le PS au pouvoir mènerait une politique
différente de celle de Sarkozy.
Les gouvernements sociaux-démocrates en Europe ont
utilisé les mêmes méthodes que Sarkozy pour briser des grèves ouvrières
contre la destruction des salaires et des acquis sociaux. Georges
Papandréou, alors premier ministre social-démocrate grec, avait ordonné à
l’armée de briser la grève des routiers grecs en 2010, avec le soutien des
syndicats GSEE et des partis de la « gauche » petite-bourgeoise tels que
SYRIZA.
Quelques mois plus tard, le gouvernement
social-démocrate espagnol de José Luis Zapatero brisait une grève des
aiguilleurs du ciel en déclarant un état d’alerte et en envoyant l'armée
soumettre les aiguilleurs du ciel à la discipline militaire.
En tentant de ramener les travailleurs sur une
perspective consistant à faire pression sur le PS, le NPA et le reste de la
« gauche » petite-bourgeoise française se préparent à jouer le rôle de
complices de la bourgeoisie dans des crimes semblables contre la classe
ouvrière en France.