Une équipe de reporters du WSWS a couvert le rassemblement de dimanche du candidat du Parti socialiste (PS) François Hollande sur l'esplanade du Château de Vincennes à Paris.

On pouvait lire sur une banderole: « Hollande c'est l'espoir ». Mis à part des drapeaux du PS, il y avait aussi des banderoles du Parti communiste (PCF) en évidence, apparemment dans l'attente d'une alliance avec un gouvernement à venir conduit par le PS. L'enthousiasme n'était pas débordant, excepté de la part des membres et partisans du PS qui s'étaient placés à l'avant.

Hassan, petit commerçant et immigré marocain qui vit en France depuis 30 ans, était venu avec son épouse, sa fille (élève de Première) et ses jeunes enfants pour soutenir Hollande. Il a dit qu'il n'avait pas encore pris la décision de devenir membre du PS.

Lorsqu'on lui a demandé les effets sur lui des mesures d'austérité du président Nicolas Sarkozy, il a dit: « Sarkozy n'a raconté que des mensonges. Il n'a pas maintenu le pouvoir d'achat. C'est toujours la même chose: Les immigrés sont les boucs émissaires. Mais ce qui intéresse les Français c'est l'emploi, le coût de la vie. Les retraites... A 65 ans les gens sont foutus. La France est censée être une République laïque. Mais pas pour les gens qui n'arrivent pas à payer leur loyer, etc. Pour eux c'est une dictature. L'austérité, ce n'est pas pour les riches mais pour les pauvres. »

Son épouse a ajouté: « J'ai cinq enfants. Il n'y a pas d'égalité. Les écoles parisiennes sont mieux financées et ont de meilleures conditions que celles des banlieues. Il n'y a pas d'avenir pour nos enfants. Les conditions ne sont pas bonnes dans les écoles publiques par rapport au privé. »

Hassan a condamné l'intervention militaire en Libye: « Sarkozy est un criminel indirect. » Le WSWS a fait remarquer que la semaine dernière La Tribune avait publié une interview avec Hollande où ce dernier avait parlé de renégocier le pacte fiscal européen pro-austérité, «non pas sur le volet discipline qui est nécessaire. » 

Il a dit: « Je ne suis pas d'accord avec ça. Ils prennent les gens pour des boucs émissaires. Etre pauvre, c'est un accident de la vie. Une fois de plus, les pauvres sont les victimes de la politique et des politiciens. On soutient certaines idées, on ne sait pas à qui donner raison. La politique en France déraille. Pour moi le socialisme c'est un parti qui s'oppose à tout ce qui vient de l'extrême-droite, c'est l'unité sociale mais pas avec les riches. On ne pas faire confiance à Hollande s'il défend l'austérité. »

En accord avec la politique réactionnaire du PS durant ses précédents mandats au pouvoir, certains de ses partisans au meeting de Vincennes ont fait l'éloge de l'austérité sociale et des guerres impérialistes soutenus par les partis de la « gauche » bourgeoise.

Cécile, consultante en informatique, était venue avec son bébé dans la poussette: « Sous Sarkozy, c'est la situation de mon compagnon qui pose problème. A 45 ans, on le considère trop vieux pour l'embaucher. Il est sans emploi depuis un an. Ce qui m'inquiète c'est la manière dont on traite les seniors. Pôle emploi ne fait rien. »

Cécile soutient une politique d'austérité qui aurait pour conséquence une réduction d'impôts pour les classes moyennes: «Quel que soit le candidat élu, l'austérité est nécessaire. Nous payons plus d'impôts que les gens ayant des salaires élevés. Avec Hollande il y aurait davantage d'égalité. Les méthodes de Sarkozy me choquent. Il n'essaie pas de trouver un consensus. Cela me choque qu'il fasse constamment des appels de pied au Front national [néo-fasciste.] »

Cécile a minimisé les risques d'une politique d'austérité sur le niveau de vie de la classe ouvrière en France: « Je ne pense pas que ce qui se passe en Grèce, en Espagne et en Italie pourrait ce produire en France. Je me trompe peut-être. Il va falloir des règles pour imposer un peu plus d'humanité, pour arrêter la stigmatisation systématique. Pour moi le socialisme c'est le partage, la solidarité humaine, l'ascenseur social, ce qui m'a favorisée. Une éducation publique de qualité est essentielle pour ça. »

Concernant l'intervention militaire de Sarkozy en Libye et en Syrie, Cécile a dit: «Comme vous le dites, je ne pense pas qu'il s'intéresse au bien-être de ces peuples. » Lorsqu'on lui a rappelé que Hollande avait accordé son soutien entier à ces actions, elle lui a trouvé des excuses: « Nous ne sommes pas au pays des Schrtoumffs. La France a des intérêts à défendre. »

Les reporters du WSWS ont parlé avec deux étudiants qui ont dit qu'ils pensaient que l'austérité était nécessaire et que, malgré les exemples de la Grèce, de l'Irlande et de l'Espagne, cela aiderait la croissance économique.

L'un des étudiants a fait remarquer , «C'est pour rassurer les marchés. Quand Hollande arrivera au pouvoir et que la croissance reprendra, ils pourront balayer l'austérité. L'austérité et la croissance sont nécessaires. Il faudra voir le résultat. » Son ami a dit: « On ne peut pas dire qu'on ait vraiment eu l'austérité en France à ce stade, pas comme en Grèce ou en Espagne. On pourrait y venir si la règle d'or du Pacte fiscal est imposée. »

Cet étudiant pensait que l'intervention en Libye avait pour objectif de « piller les ressources naturelles de la Libye, » mais que le soutien des partis de la « gauche » bourgeoise était motivé par des inquiétudes concernant les droits de l'homme.

(Article original publié le 18 avril 2012)