Les reporters du
WSWS se sont rendus à Clichy-sous-Bois dans la banlieue Nord-Est de Paris pour
interviewer les résidents sur les élections présidentielles et les conditions
de vie existant en région parisienne.
Clichy-sous-Bois
fut le théâtre, en octobre-novembre 2005, d'émeutes contre la police après que
deux jeunes sont morts électrocutés dans un transformateur en fuyant la police.
Le président d'alors, Jacques Chirac, avait réagi en décrétant l'état d'urgence
pendant trois mois.
Le WSWS a parlé à
Danaé, lycéenne qui vit dans une banlieue avoisinante. Elle a dit, « C'est
embêtant de vivre ici, les bâtiments sont mal faits, le logement c'est du
n'importe quoi. Les principales difficultés sont le logement, trouver du
travail, et finir les fins de mois. On paie l'électricité, l'eau et après ça on
se retrouve avec pas trop d'argent. »
Le père de Danaé
est décédé et sa mère travaille comme secrétaire assistante. Danaé a dit
qu'elle et sa mère vivaient « dans une maison, nous payons 400 euros, on
est six dans la maison. » Elle a fait remarquer que la situation était
plus difficile avant, lorsque huit personnes y vivaient.
A la question de savoir ce qu'elle projetait de faire
après ses études, elle a répondu : « Je veux être photographe, comme
ça je pourrai aider ma mère en travaillant ».
Elle a ajouté qu'il
y avait beaucoup de conflits entre les gens et qu'elle avait parlé hier encore
avec sa mère des deux adolescents qui avaient été électrocutés. « C'est
grave, si les choses en arrivent là. »
Interrogée sur le
second tour des élections entre le candidat socialiste (PS), François Hollande,
et le président Nicolas Sarkozy, elle a précisé : « Les deux sont
pareils, et la plupart des choses qu'ils disent faire, ils ne les font pas.
C'est du n'importe quoi. » En s'exprimant sur le candidat du Front de
Gauche, Jean-Luc Mélenchon, elle a dit : « Quelqu'un de la famille a
voté Jean-Luc Mélenchon, mais je n'y ai pas fait attention. Je voterai ni pour
Sarkozy ni pour Hollande, c'est idiot. »
Les reporters du
WSWS ont parlé à Antonio, un menuisier/serrurier qui vient de perdre son emploi
après 29 ans dans la même entreprise - où il avait débuté à l'âge de13 ans
suite à un programme de formation professionnelle à l'école. Il a rejeté
d'emblée les élections présidentielles : « Sarkozy ou Hollande, ça ne
change rien, même Jean-Luc Mélenchon c'est de la tchatche. »
Antonio a dit qu'il
pensait que la politique française était très corrompue, mentionnant le
« projet TGV au Maroc. Sur un milliard d'euros, 500 millions ont été
détournés. » Il a parlé de la mort en 1986 du comédien Coluche, qui
s'était brièvement présenté à l'élection présidentielle en 1981 contre François
Mitterrand du PS : « Ils l'ont abattu pour qu'il garde le
silence. »
Il a dit qu'il se
pourrait qu'il aille au Portugal où il a de la famille parce que, en dépit de
la crise économique au Portugal, il espérait y trouver du travail et de
meilleures conditions qu'en France. En indiquant les ensembles d'appartements
tout près il a dit : « On vit dans une boîte d'allumettes. »
Antonio a ajouté:
« Aux Etats-Unis, ou en France, c'est la même chose. On ne sait pas
comment changer les choses. Elire une autre personne comme président, on ne
change pas les choses comme ça. » Il a estimé que le monde doit
« sortir du capitalisme et des marchés ».
Le WSWS a aussi
parlé à un groupe de jeunes dans un ensemble d'appartements privés, géré par le
groupe Chêne Pointu qui est aussi propriétaire de la cité où débutèrent les
premières confrontations avec la police en 2005. Les jeunes qui ont terminé
leurs études travaillent dans le bâtiment ou font divers petits boulots.
Les jeunes se sont
amèrement plaints de la police : « La police est venue hier, ils nous
ont contrôlés. A Clichy-sous-Bois ils sont les plus pire ... Les seules
personnes qui viennent ici c'est les policiers. » L'un des jeunes a
ajouté, « Il n'y a pas à toucher les parties intimes. »
Ils ne
s'intéressent pas aux candidats qui participent aux élections et un jeune a
fait remarquer, « On n'aura rien de toute façon. »
Ils ont dit que
dans la cité le loyer d'un appartement de deux pièces s'élevait à 700 euros
mais avec les charges pour l'eau, l'électricité et les autres frais, le coût
total était d'au moins 900 euros. Ils se sont plaints de ce que des charges
supplémentaires étaient facturées par les propriétaires - souvent pour des
réparations à des coûts majorés ou pour des appareils qui sont hors service.
Un jeune a
expliqué, « Ils augmentent toujours les prix, c'est pour cela qu'il y a
des émeutes. Ça et la police, sans ça il n'y aurait pas d'émeutes. Mais on ne peut plus payer les charges. »
Un autre a ajouté,
« On demande du pain, pas la violence ... Mais ce n'est pas normal ce
qu'ils font. Pourquoi y a-t-il des clochards? Je ne suis pas terroriste ou
hors-la-loi, je vote. Mais voter ou pas, ce n'est pas si différent. »
L'un des jeunes a
invité les reporters du WSWS chez lui. Son père a dit, « Ce sont des
voleurs, on travaille et on n'a rien. La carte orange est à 38 euros, après le
loyer on a à peine 400 euros. » Il a montré aux reporters du WSWS une pile
de factures : « Si on paie, ils se rendent compte et puis ils
remettent plus de factures. Les charges,
c'est de la merde. On paie des trucs, c'est ridicule. »
Il a montré aux
reporters du WSWS une facture de 7 euros pour une ampoule électrique changée
devant son appartement, en ajoutant qu'il aurait acheté lui-même cette ampoule
dans un grand magasin pour moins de la moitié du prix. Il y avait aussi une
facture mensuelle élevée pour un garage qui n'était pas encore ouvert et une
autre pour une réparation d'ascenseurs.
Son fils a montré
aux reporters du WSWS l'ascenseur qui ne fonctionnait pas et dont les portes
étaient soudées. L'immeuble de dix étages ne disposait aussi que de cages
d'escaliers faiblement éclairées et qui créent de grosses difficultés aux
visiteurs et aux résidents plus âgés.