Le Nouveau Parti
anticapitaliste (NPA) a salué la guerre de l’OTAN
qui a renversé le régime du colonel Mouammar
Kadhafi en Libye tout en la louant comme une victoire pour
la démocratie.
Le 22 août, il
a publié une déclaration, « Kadhafi
tombé, aux populations de décider. » On
peut y lire, « La chute du dictateur Kadhafi est une bonne
nouvelle. Le NPA est entièrement solidaire du processus
révolutionnaire qui continue dans la région
arabe. »
L’affirmation
du NPA que l’éviction du régime Kadhafi
par l’intervention impérialiste de
l’OTAN est « une bonne nouvelle », et
encore plus un « processus révolutionnaire
» est un mensonge politique réactionnaire.
Ce qui se passe en Libye
est une atrocité impérialiste dirigée
par les grandes puissances et visant à établir un
contrôle direct sur la richesse
pétrolière de la Libye. Afin de permettre aux
« rebelles » de s’assurer le
contrôle de Tripoli, l’OTAN a effectué
des milliers de frappes aériennes et
déployé des forces spéciales et des
agents du renseignement. Des milliers de personnes ont
été tuées, l’infrastructure
de Tripoli a été en grande partie
détruite et sa population se voit confrontée
à une crise humanitaire dans un contexte de
pénurie de médicaments, de nourriture et
d’électricité.
L’OTAN
s’est servi du prétexte de protéger la
population civile contre Kadhafi – prétexte
accepté par le NPA – pour légitimer une
guerre afin de mettre en place un régime fantoche. Dans le
même temps, l’assujettissement de la Libye vise
à réprimer les luttes de la classe
ouvrière qui ont renversé en Tunisie et en Egypte
des régimes soutenus par les Etats-Unis.
Le NPA ne tient pas
compte des questions les plus fondamentales impliquées dans
la guerre en prétendant que le renversement du
régime Kadhafi sera pour le peuple libyen une ouverture vers
la démocratie. « C’est une nouvelle vie
qui s’ouvre pour le peuple libyen. La liberté, les
droits démocratiques, l’utilisation des richesses
dues aux ressources naturelles pour la satisfaction des besoins
fondamentaux du peuple sont maintenant à l’ordre
du jour. »
Non seulement le NPA
avance des mensonges absurdes pour défendre une guerre
impérialiste, mais il le fait tout à fait
consciemment. Il ne croit pas lui-même que des «
richesses dues aux ressources naturelles » en Libye seront
utilisées au profit du peuple libyen. Comme il le remarque
plus loin dans sa déclaration, les « objectifs [de
l’OTAN] étaient clairs : faire oublier leur
soutien jusqu’au bout passé et présent,
aux dictatures en place, mettre la main sur un pays riche en ressources
pétrolières et gazières. »
En fait, le Conseil
national de Transition (CNT) poursuivra une politique
droitière à l’encontre de la classe
ouvrière et réprimera l’opposition
populaire à l’intérieur du pays. Il est
dirigé par divers éléments droitiers :
d'anciens ministres du régime Kadhafi, le groupe islamique
combattant libyen (LIFG) lié à Al Qaïda,
des agents de la CIA et divers dirigeants tribaux libyens.
Le NPA tente de donner un
vernis pseudo-révolutionnaire à ces forces
droitières en les présentant comme partie
intégrante d’une « révolte
» qui dure depuis six mois contre Kadhafi. Le NPA
écrit, « Durant ces six derniers mois, la
révolte s’est développée et
en même temps, sous couvert d’une
résolution de l’ONU, un mois plus tard, les pays
membres de l’OTAN ont voulu s’accaparer le
processus en cours par une intervention militaire aérienne.
»
C’est un tour
d’adresse cynique pour tenter de fournir une couverture au
soutien du NPA pour la guerre. Le NPA soutient les forces
droitières du CNT tout en affirmant dans le même
temps s'opposer aux frappes aériennes et aux agents du
renseignement de l’OTAN qui dirigent ces mêmes
forces lors des combats !
Dès le
début de la guerre, le NPA a soutenu
l’intervention militaire en Libye. En justifiant la guerre,
il a adopté la ligne pro-impérialiste selon
laquelle la guerre protégerait la population libyenne. Dans
un article publié en mars sur le site Internet du NPA,
Gilbert Achcar écrivait : « Nous avons ici une
situation où une population est véritablement en
danger et où il n’y a pas d’alternative
plausible pour la protéger… On ne peut pas, au
nom de principes anti-impérialistes, s’opposer
à une action qui éviterait un massacre de la
population civile. »
La catastrophe
humanitaire qui frappe à présent les villes
ciblées par l’OTAN et le CNT est une
réfutation dévastatrice de cette perspective
anti-marxiste qui fait implicitement valoir que les travailleurs ne
doivent pas tenir compte des questions de perspective de classe et
accepter aveuglément la propagande de guerre.
Le NPA a
insisté pour que la France arme le CNT. Le 18 mars, le NPA
écrivait : « Notre solidarité pleine et
entière va au peuple libyen auquel il faudrait donner les
moyens de se défendre, les armes dont il a besoin pour
chasser le dictateur, conquérir la liberté et la
démocratie. »
Au fur et à
mesure que la guerre devenait de plus en plus impopulaire, le NPA a
cherché à modérer son soutien pour la
guerre en organisant en avril un « débat sur
l’intervention en Libye » dans le parti. Tout ce
processus était profondément cynique vu que le
NPA soutenait la guerre. Toutefois, il a permis au NPA de
s’afficher comme critique de « gauche »
de la guerre libyenne tout en continuant à soutenir la
logique de la guerre impérialiste – affirmation en
faillite que l’OTAN soutenait d’une
façon ou d’une autre une révolution
pour la démocratie.
En tout état
de cause, l’impérialisme français a
pour une grande part adopté la politique que lui conseillait
le NPA qui appelait à l’armement des «
rebelles » du CNT. Officiellement, Paris a reconnu
qu’ils fournissaient début juillet des armes au
CNT. Le NPA a réagi en restant pour ainsi dire muet sur la
guerre en Libye, ne publiant au cours de
l’été que de courtes
dépêches sur la Libye sur son site Internet.
Quelques jours avant que
les forces menées par l’OTAN ne
pénètrent dans Tripoli, les 20-21 août,
le NPA publiait un nouvel article de Gilbert Achcar qui citait le
chroniqueur droitier du Wall Street Journal, Max Boot, et
suggérait que l’OTAN ne bombardait pas la Libye
avec suffisamment de puissance. Boot comparait de manière
défavorable les 11.107 sorties en 124 jours de guerre des
avions bombardiers de l’OTAN contre la Libye au 38.004
sorties des bombardiers de l’OTAN au-dessus du Kosovo.
Achcar avait
commenté, « Les questions cruciales sont donc les
suivantes : pourquoi l’OTAN la campagne aérienne
de la guerre menée pour l’OTAN en Libye est-elle
de si basse intensité, non seulement en comparaison de la
composante aérienne de la guerre menée pour la
mainmise sur l’Irak, également riche en
pétrole, mais aussi en comparaison de la guerre
aérienne pour le Kosovo, territoire peu important sur le
plan économique ? Et pourquoi l’Alliance
s’est-elle abstenue en même temps de fournir des
armes aux insurgés comme ils l’ont
demandé à maintes reprises ? »
Ce commentaire
était tout aussi absurde et mensonger que tout le reste. Le
massacre de l’OTAN en Libye n’est pas «
bas en intensité » – c’est une
fiction qu’Achcar a inventée pour
présenter le soutien du NPA à
l’intervention sous un jour soi-disant critique.
En dernière
analyse, la position fondamentale du NPA sur la guerre en Libye
n’est pas différente de celle des sections les
plus puissantes et les plus réactionnaires de
l’impérialisme mondial. Tout comme
l’avait fait le gouvernement Bush lors de
l’invasion de l’Irak, le NPA fait valoir le
mensonge que la guerre impérialiste peut aider à
apporter un changement démocratique. Il s’est
installé sans détour dans le camp de la
réaction sociale.