Le WSWS a reçu le mail suivant d’un bureaucrate syndical
de la CGT des Ports et Docks, critiquant l’article du WSWS sur la réforme des
ports récemment approuvée par la CGT, l’Etat, et le patronat. (Voir :
La CGT
défend une réforme anti-ouvrière des ports français) Le WSWS publie cette
lettre, avec une réponse par l’auteur de l’article, Anthony Torres.
Quel art de manier les mots et les idées ! Je vous félicite pour
la formulation et l'utilisation de vos sources mais aussi de vos idées
préconçues, mais dommage que cela ne fasse pas avancer le progrès social. Il
est bien entendu facile de critiquer tous azimuts, mais les gauchos comme vous
n'apportent rien à la classe ouvrière.
Bien au contraire, le fatalisme que vous entretenez peut être
interprété comme allié du capitalisme et de ceux que nous combattons. Mais le
combat n'est pas que critique et immobilisme, il doit être actif, force de
proposition comme nous le pratiquons sur les ports depuis des décennies.
Je ne sais quelles sont vos sources, mais ce qui est sûr c'est
lestravailleurs portuaires font confiance à leur syndicat CGT et lesavancées
sociales, salariales etc. ... obtenues parfois par le combat etd'autres par le
dialogue social font que notre unité est la garantie de notre efficacité.
Et à tous ceux qui comme vous tentez de nous discriminer, nous
nerépondons pas mais aujourd'hui c'est juste par plaisir que je vousapporte
cette réponse qui je le sais ne vous aidera pas puisque je suppose que comme
beaucoup de « Gauchos »comme vous continuerez à critiquer sans
proposer de réelles solutions.
Nous les portuaires, ouvriers, mainteneurs, administratifs à Fos
forment aujourd'hui une force unique, et le « bureaucrate du
syndicat » que je suis est fier d'appartenir à la CGT des Ports et Docks
et continuerai àme battre afin que tous les travailleurs portuaires aient les
meilleures conditions.
A bon entendeur...
Serge
Coutouris
***
On
ne peut sans travestir la réalité prétendre, comme vous le faites, que la CGT
se bat pour améliorer les conditions des travailleurs portuaires. Les analyses
du WSWS sur le rôle des syndicats s’appuient sur ce que la CGT elle-même
publie concernant la manière dont elle approuve les réformes anti-ouvrières
avec le gouvernement et le patronat.
Pour
faire accepter la réforme auprès des travailleurs portuaires, vous avez négocié
une réforme des retraites pour les dockers, portiqueurs et agents de
maintenance qui marque un recul par rapport à ce qui était prévu. Cela vient du
fait que pour défendre vos intérêts, qui sont ceux de l’Etat, vous avez
isolé les ouvriers portuaires du mouvement plus large contre la réforme des
retraites—que la CGT nationale a trahi en insistant sur des négociations
avec l’Etat.
Monsieur
le bureaucrate de la CGT, avez-vous soutenu les ouvriers des raffineries qui
ont été réprimés par les CRS lors des grèves d’octobre 2010 contre
la réforme des retraites ? La CGT n’a jamais appelé à une lutte plus
large pour défendre ces travailleurs. Ceci signifie que la CGT ne
s’oppose pas à la répression physique des travailleurs par l’Etat,
s’il estime que c’est nécessaire pour faire passer une réforme anti-ouvrière
préparée et soutenue par la CGT.
En
permettant à l’Etat de reprendre le contrôle des raffineries, vous avez
affaibli les ouvriers portuaires et l’ensemble de la classe ouvrière.
Quant
à l’embauche de 25 fils de portiqueurs comme dockers, cela ne représente
que des miettes.
Plus
loin dans votre mail vous parlez d’unité, mais comme il a été dit dans
notre article, la CGT a divisé les ouvriers portuaires entre d’un côté
Fos et de l’autre Marseille. Le secrétaire général s’est félicité de pouvoir prendredu
trafic au port d’Arles, ce qui veut dire que vous êtes favorable à la
concurrence entre les dockers des différents ports de France.
Monsieur
le bureaucrate, dans votre mail il n’y a aucune réponse à nos critiques. Vous
présentez notre organisation comme des alliés de l’ennemi de classe. Ceci
renvoie à une vielle méthode stalinienne consistant à traiter d’alliés du
capitalisme les camarades qui critiquent la bureaucratie.
A
une époque de crise du capitalisme mondialisé, il est impératif pour la
bourgeoisie française et internationale de s’attaquer au niveau de vie
des travailleurs. Pour cela elle s’appuie sur les syndicats qui aident à
imposer les programmes d’austérité à la classe ouvrière.
Nous
avons démontré que les alliés du capitalisme, ce n’était pas nous mais
bien vous. C'est seulement en rompant avec les syndicats et la gauche
bourgeoise, en construisant des organisations indépendantes pour renverser le
gouvernement de Sarkozy et créer un Etat ouvrier, que les travailleurs peuvent
se défendre contre la crise du système.
En
l’absence d’une organisation de masse qui lutte pour ces
perspectives, que nous comptons construire, les travailleurs sont contraints
d’accepter un vrai recul social. Votre rôle est de cacher ces réalités
sous des phrases trompeuses sur la « force de proposition » que vous
avez, lorsque vous aidez à préparer la politique réactionnaire de l’Etat.