Au moment où le président Obama et les républicains
conspirent pour couper des trillions de dollars dans les programmes sociaux, le
dernier rapport sur l'emploi confirme que, loin d'une reprise économique, la
population américaine fait face à la perspective d'une crise de l'emploi d'une
durée indéterminée qui va en s'aggravant.
L'économie a créé seulement 18 000 emplois en juin,
selon le rapport du département du Travail de vendredi dernier, et les chiffres
du mois de mai ont été révisés à la baisse, soit 25 000. C'est un dixième
du nombre de nouveaux emplois qui doivent être créés chaque mois seulement pour
suivre la croissance normale de la force de travail.
Juin fut le deuxième mois consécutif où les emplois
américains sont demeurés pratiquement au même niveau et le troisième mois
consécutif où le taux de chômage a grimpé. Lorsque le rapport du mois de mai
sur l'emploi a été divulgué, la Maison-Blanche l'a rapidement qualifié de coup
de chance. Le rapport du mois de juin a démoli cette idée.
Aux États-Unis, 14,1 millions de personnes sont comptées
comme étant sans emploi, 5 pour cent de plus lors des trois derniers mois. Le
taux de chômage officiel, qui sous-estime grandement la véritable étendue de la
crise, a grimpé à 9,2 pour cent, soit 0,4 pour cent de plus qu'au mois de mars.
Depuis 2009, la durée moyenne de chômage grimpe de 40
jours chaque année. En moyenne, il faut 279 jours à un travailleur pour se
retrouver du travail après avoir été mis à pied.
Sur le total des chômeurs, seulement 7,5 millions
reçoivent une quelconque forme d'assurance-emploi. Cela veut dire que 6,6
millions de personnes n'ont pas d'emploi et ne reçoivent pas d'assistance, une
hausse de 1,1 million depuis avril.
L'administration Obama et l'establishment politique ont
répondu à ces chiffres avec une indifférence totale. De plus en plus d'États
réduisent soit la durée ou le montant des prestations de chômage. Le programme
du gouvernement fédéral de prolongation des prestations de chômage expire à la
fin de l'année et, déjà, des centaines de milliers de travailleurs arrivent au
bout de leurs prestations.
Au lieu de proposer des mesures pour alléger la maladie du
chômage de masse, Obama a profité de son communiqué de presse de vendredi
concernant le rapport sur les emplois pour réaffirmer son appel à des coupes
massives dans les programmes sociaux et pour plus de subventions aux grandes
entreprises américaines.
« Nous devons contenir le déficit et faire en sorte
que le gouvernement vive selon ses moyens », a dit Obama. Il faisait
référence à sa proposition, faite un jour plus tôt, de couper des trillions de
dollars dans les dépenses, incluant dans l'aide sociale.
« Plus vite cela sera fait, a-t-il ajouté, plus vite
les marchés sauront que... nous avons un plan sérieux pour remédier à notre
dette et notre déficit, et plus vite nous allons offrir à nos entreprises
l'assurance dont elles ont besoin pour investir afin de croître et créer des
emplois. »
Obama ne fait ici que répéter la propagande mensongère des
banques et des sociétés, une propagande qui sert leurs intérêts. Tandis qu'elle
fait des profits records et qu'elle dispose d'une réserve de 2 trillions de
dollars de liquidités - accumulée grâce aux sauvetages gouvernementaux et aux
coupes dans les salaires au moment où la détresse sociale grandit - l'élite
patronale déclare qu'elle ne peut embaucher en raison de
« l'incertitude » qui plane quant aux taxes et aux règlementations.
Cela équivaut à du chantage du patronat exercé contre la
population américaine, pour exiger d'importantes baisses d'impôt pour les
riches, l'élimination des règlementations dans les affaires et le démantèlement
de programmes sociaux comme conditions pour qu'il y ait la moindre création
d'emplois significative.
Voilà, en un mot, la politique de la Maison-Blanche. On ne
peut créer de l'emploi aux dépens de la richesse et des profits du un pour cent
le plus riche du pays. De plus, comme le sait très bien Obama, la grande
entreprise souhaite maintenir un haut taux de chômage afin de forcer les
travailleurs à accepter de plus bas salaires et une augmentation du rythme de
travail.
Mardi, Obama a menacé de suspendre l'envoi des chèques
d'aide sociale et du régime fédéral d'assurance-maladie si un accord budgétaire
pour hausser le plafond de la dette fédérale n'est pas négocié d'ici quelques
semaines.
La proposition d'Obama pour réduire les prestations d'aide
sociale, qui a été appuyée le chef de la majorité au Sénat, Harry Reid, va
encore plus loin que les coupes proposées par le Parti républicain. Les coupes
budgétaires que propose Obama, soit plus de 4 trillions de dollars sur dix ans,
reviendraient à réduire les dépenses fédérales de 10 pour cent. Cela
représenterait la suppression de centaines de milliers d'emplois au fédéral, et
la baisse radicale des conditions de vie entraînée par la réduction des
avantages sociaux va causer des pertes d'emploi encore bien plus importantes.
Le secteur public est présentement l'employeur de 20 pour
cent de la main-d'oeuvre américaine. Les paiements de transfert
gouvernementaux, dont l'aide sociale, l'assistance médicale aux personnes âgées
(Medicare) et l'assistance médicale aux indigents (Medicaid), correspondent à
près de 20 pour cent des revenus au pays.
Les mesures d'austérité imposées par tous les paliers de
gouvernement ont déjà un impact désastreux sur l'économie. Les gouvernements
fédéral et provinciaux ainsi que les administrations municipales ont mis à pied
deux tiers de million de travailleurs au cours de la dernière année.
Au beau milieu de la pire crise de l'emploi depuis la
Grande Dépression, il n'y a aucune section de l'establishment politique ou
aucun des partis politiques principaux qui appuient des projets de travaux
publics ou toute autre mesure qui donnerait du travail aux gens. Il n'existe
pas non plus de proposition pour offrir de l'aide à ceux qui en sont réduits à
la pauvreté ou à ceux qui se font saisir leur maison.
Au nom de la réduction du déficit, l'ensemble de
l'establishment politique exige que tout le fardeau de la faillite du
capitalisme américain et mondial soit porté par la classe ouvrière.
Il n'y a aucune opposition à cette politique de contre-révolution
sociale de la part des syndicats ou de leurs alliés parmi les organisations
libérales et de l'ancienne gauche de la classe moyenne. Ces forces, qui
représentent des couches aisées de la classe moyenne aisée, demeurent
d'inébranlables partisans d'Obama et se préparent à appuyer sa campagne de
réélection. Ils sont indifférents, et en fait même hostiles aux intérêts de la
classe ouvrière. Pour eux, le chômage n'est pas un problème.
La perspective du chômage de masse permanent représente un
réquisitoire irréfutable contre le système capitaliste. Ce n'est pas seulement
un problème propre aux États-Unis. D'un pays à l'autre, les gouvernements, au
claquement de fouet des banques, coupent dans les emplois, réduisent les
salaires et éliminent les programmes sociaux. Chaque coupe ouvre la voie à la
prochaine série de mesures encore plus brutales.
Le Parti de l'égalité socialiste soutient qu'un emploi à
revenu décent est un droit social fondamental. En fait, c'est le droit le plus
fondamental de tous les droits.
Nous appelons pour un programme d'urgence de plusieurs
trillions de dollars afin de fournir des emplois bien rémunérés à tous ceux qui
en ont besoin. Les ressources pour ce programme doivent être obtenues par
l'expropriation de la richesse de l'élite patronale et financière, qui bloque
toutes mesures, même les plus minimales pour remédier à la crise sociale. Les
grandes entreprises doivent être nationalisées sous le contrôle démocratique de
la classe ouvrière pour être placées au service de l'ensemble de la société.
Si le capitalisme est incapable de répondre aux besoins
les plus fondamentaux de la population, alors il mérite de périr. L'alternative
est le socialisme, une société dans laquelle la production est contrôlée
démocratiquement dans les intérêts des besoins humains et non du profit privé.
(Article original anglais paru le 13 juillet 2011)