La semaine passée, le professeur Juan Cole, professeur d’histoire du
Moyen Orient de l’Université du Michigan, a mis en ligne sur son blog
Informed Comment un commentaire contenant un mensonge diffamatoire à
l’encontre du World Socialist Web Site, affirmant que nous soutenons
les efforts du régime Kadhafi de reconquérir l’Est de la Libye et que nous
accueillerions positivement un massacre de civils libyens.
Le 10 août, le World Socialiste Web Site a publié une lettre ouverte « Lettre
ouverte au professeur Juan Cole: réponse à une diffamation », en
réponse aux mensonges de Cole et exigé qu’il publie sur Informed Comment
une « rétraction publique et sans réserve ».
Le 11 août, nous recevions par courriel de Cole la réponse suivante:
« Bonjour. J’espère que vous allez cesser de soutenir le régime meurtrier
de Kadhafi et d’attaquer les gens qui veulent que les gens de Benghazi ne
soient plus attaqués par lui. Cordialement, Juan. »
L’on attendrait ce genre de réponse de quelqu’un d'ivre. Dans le cas de
Cole, toutefois, ce serait avancer une interprétation par trop charitable.
La réalité et qu’il n’est pas en mesure de défendre sa position de
manière cohérente. Dans sa brève réponse qui se limite à une phrase, Cole ne
fait que réitérer sa diffamation initiale sans ajouter le moindre mot pour
l’étayer.
La raison de son hostilité à l’égard du WSWS découle de notre refus
d’accepter cette écoeurante intervention impérialiste en Libye, que lui
promeut. Nous nous basons sur le principe socialiste et marxiste fondamental
d’opposition aux guerres impérialistes contre des pays historiquement
opprimés. Nous nous opposons à Kadhafi d’un point de vue socialiste, fondé
sur la lutte pour la mobilisation indépendante de la classe ouvrière contre
son régime bourgeois et contre l’impérialisme en soi.
Cinq mois après le déclenchement de la guerre en Libye, pour laquelle
Cole a proposé ses services de partisan enthousiaste, l’intervention a
tourné à la débâcle et sa propre position est compromise et mise à nu. Dans
une telle situation, les gens ont tendance à réagir de manière cynique et
malhonnête à tout défi.
Il écrit comme s'il ne s'était rien passé depuis mars, date à laquelle il
avait publié sa « Lettre ouverte à la Gauche, » pour solliciter un soutien à
la guerre en Libye.
Alors que Cole continue de recourir à son blog Informed Comment
pour encourager ce qu’il qualifie de « Forces de Libération de la Libye »,
la conduite de la guerre et l’évolution de ces mêmes forces montrent très
clairement que ce qui est en jeu n’est ni une lutte de « libération » ni une
croisade pour les « droits humains, » mais plutôt une guerre des puissances
impérialistes pour la conquête de la Libye et l’installation d’un régime
plus complaisant.
Comme Cole l’a lui-même reconnu en juin dans une rubrique intitulée « Les
dix erreurs principales de la guerre en Libye, » la campagne Etats-Unis/OTAN
ne s'est guère concentrée sur la protection des civils.
« Le fait que l’intervention en Libye soit légale ne signifie pas que la
guerre a été menée intelligemment, » a écrit Cole. « Après la résolution du
Conseil de sécurité de l’ONU, je me suis prononcé instamment pour une
intervention limitée visant à protéger la population civile des attaques
brutales de Mouammar Kadhafi… »
Au lieu de cela, reconnaît-il, l’OTAN a opté pour « la stratégie ‘shock
and awe’ (« choc et effroi ») en bombardant la capitale, Tripoli, en ciblant
notamment la résidence-caserne du dictateur Mouammar Kadhafi… et, dans la
mesure où cela laisse supposer qu’il s’agit d’un assassinat ciblé, cela a
soulevé des questions dans l'esprit des critiques quant à l’objectif de
l’intervention. »
Cole s’est « prononcé instamment » pour que les puissances respectent à
la lettre la résolution du Conseil de sécurité. Toutefois, elles n’ont pas
suivi le conseil du professeur parce qu’elles étaient trop occupées à mener
une guerre d’agression destinée à établir un contrôle sans entraves sur ce
pays d’Afrique du Nord riche en pétrole. La résolution n’a fait que procurer
une couverture à cette aventure néocolonialiste, tout comme les plaintes du
professeur Cole.
Et, qu’en est-il des « Forces de Libération de la Libye » ? Le professeur
Cole a fait parvenir sa réponse au WSWS quelques jours seulement après que
le président du Conseil national de Transition (CNT) sis à Benghazi, Abdoul
Moustafa Jalil a limogé le gouvernement entier au motif que ses membres
étaient soupçonnés d’avoir été impliqués dans l’assassinat le 28 juillet du
général Abdel Fatah Younès, l’ancien ministre de l’Intérieur de Kadhafi qui
avait fait défection pour devenir le chef militaire du CNT.
La révocation du gouvernement semblerait être destinée à empêcher
l’éclatement d’une guerre civile au sein des « rebelles », en dressant la
puissante tribu des Obeïdi, dont Younès est issu, contre le CNT à Benghazi
qui est appuyé par les Etats-Unis.
Entre-temps, les rapports se multiplient concernant des exécutions
sommaires, des cas de torture et de nettoyage ethnique par les « rebelles. »
Face à de tels actes et à la composition de la direction du CNT – des
anciens ministres de Kadhafi, des « agents » de longue date de la CIA et des
Islamistes – il n’y a aucune raison de croire que sa victoire porterait au
pouvoir un régime moins corrompu ou moins répressif que celui de Kadhafi.
Même le New York Times, qui est en faveur de la guerre, s’est vu
obligé d’admettre que la soi-disant lutte de « libération » de la Libye
s’est avérée être une « sombre querelle entre factions et tribus » qui
« pourrait se désagréger en tensions tribales du type de celles qui
tourmentent la Libye depuis des siècles, » autrement dit en un bain de sang.