La
semaine dernière, un groupe de travailleurs, licenciés
et à la retraite, de l'usine de transmission General Motors
de Windsor en Ontario, maintenant fermée, ont écrit au
World Socialist Web Site.
Ils souhaitaient ainsi exposer la dernière tentative des
représentants du local 1973 du syndicat des Travailleurs
canadiens de l'automobile pour s'en mettre plein les poches tandis
que des centaines de travailleurs de l'auto ont perdu leur emploi de
façon permanente.
La
direction de GM avait été forcée en octobre
2009 d'annuler un protocole secret d'entente qu'elle avait conclue
avec les représentants du local 1973 après que des
travailleurs révoltés eurent lancé une campagne
pour révoquer les membres du comité syndical qui
avaient bénéficié d'une entente préférentielle.
L'issue
en jeu était une entente spéciale selon laquelle GM
avait secrètement haussé le salaire de cinq
représentants syndicaux travaillant à temps plein pour
les TCA à l'usine de transmission. Cela avait été
effectué en les transférant à des postes de
métier spécialisé qui avaient été
éliminés après les concessions faites par le
syndicat à GM dans les négociations contractuelles
« précoces » de 2008.
Avec
la fermeture de l'usine de transmission qui était imminente,
les augmentations salariales étaient conçues pour
gonfler les droits à pension des représentants des TCA
de 500 $ de plus par mois. Dans un document distribué
clandestinement aux travailleurs de l'usine, les ouvriers de la base
s'opposant à l'entente préférentielle
calculaient que chacun des cinq représentants des TCA
pourrait s'attendre à gagner jusqu'à 125 000 $
de plus en salaire et en pension s'il vivait jusqu'à 75 ans.
Et ce, après que la direction des TCA eut rouvert à
deux reprises le contrat avec GM au printemps 2009 pour faire passer
des concessions historiques sans précédent sur les
salaires, les avantages sociaux et les conditions de travail.
Aujourd’hui, alors
qu’il ne reste que 21 travailleurs à l’usine pour
finaliser sa désinstallation, il vient d’être mis
au grand jour que la direction de GM et ces mêmes bureaucrates
syndicaux du TCA se sont entendus dans le but d’assurer que la
direction du local reçoive sa juste récompense pour
« services rendus ».
Nous reproduisons
ci-dessous notre réponse au groupe de travailleurs de
l’automobile de Windsor qui nous ont contactés la
semaine dernière, dans laquelle nous nous opposons à
l’appel que certains d’entre eux ont fait au
gouvernement conservateur du Canada pour qu’il annule la
dernière entente de faveur entre le constructeur et la
direction du local 1973. (En raison de son sauvetage de la compagnie
l’an dernier en échange de concessions de la part des
travailleurs, le gouvernement canadien est maintenant un des
propriétaires de GM.)
Chers frères et
sœurs,
Merci beaucoup de nous
avoir fait parvenir l’information à propos de la
dernière traîtrise perpétrée à
l’encontre du membership des Travailleurs canadiens de
l’automobile, local 1973. Les quelques travailleurs membres
restants à l’usine de fabrication de transmissions de
GM en voie de fermeture, les milliers de travailleurs mis à
pied ainsi que les retraités ont tous les droits d’être
scandalisés par les dernières actions de la direction
syndicale.
Le matériel que
vous nous avez transmis ne doit pas avoir surpris ceux qui ont suivi
la longue suite de trahisons ayant caractérisé la
bureaucratie des TCA au cours des dernières décennies.
Il y quelques mois
seulement, tel que rapporté sur le World Socialist Web
Site, votre groupe de travailleurs syndiqués a exposé
la tentative de la direction de votre local syndical de se remplir
les poches secrètement et de manière illégale
alors qu’elle faisait au même moment pression pour que
tous les travailleurs membres du syndicat canadien acceptent un
contrat contenant de nombreuses concessions. La tentative des
dirigeants syndicaux de gonfler leurs propres salaires et
prestations de retraite, au moment même où l’on
destinait l’usine de transmission de GM à la fermeture,
était tellement flagrante que GM a été
contrainte d’annuler son entente secrète avec la
bureaucratie.
Mais,
comme votre présent document le montre, l’arrogance et
l’avidité des bureaucrates des TCA sont tel qu’il
n’a pas fallu beaucoup de temps avant qu’ils concluent
une autre entente afin que GM les récompense pour avoir
contré toute opposition à la fermeture de l’usine
et pour avoir contribué à gérer sa fermeture.
En
violation de la convention collective, GM a daigné garder le
plein salaire pour ces cinq mêmes bureaucrates parce qu’ils
représentent supposément les 21 travailleurs qui
restaient dans l’usine, affectés au nettoyage final et
la fermeture. Il est hors de tout doute que ces bureaucrates ne vont
représenter d’autres intérêts que ceux de
la compagnie en maintenant l’ordre dans l’usine en train
de fermer. Vous indiquez comment la bureaucratie locale a travaillé
sérieusement afin de brutalement augmenter les taux de
productivité dans l’usine dans les années qui
ont précédé la fermeture, comment elle a
contribué à faire passer un contrat rempli de
concessions et qu’elle a ensuite refusé de lever le
petit doigt, malgré ses promesses, pour s’opposer à
la fermeture de l’usine.
Mais, nous devons insister
sur le fait que votre perspective d’en appeler au
réactionnaire premier ministre conservateur du Canada ainsi
qu’à des responsables dans le gouvernement libéral
ontarien qui est lié à la grande entreprise est
complètement mal avisée. Dans votre lettre au premier
ministre, vous affirmez que le gouvernement représente « tous
les contribuables ». En fait, le gouvernement représente
les intérêts de l’élite corporative :
les banques et les plus grandes entreprises.
La
promotion par Harper de « l’idéologie du
contribuable », où le gouvernement serait censé
gérer prudemment les dépenses et combattre les
sinécures bureaucratiques, est une ruse qui a été
utilisée pour démanteler les services sociaux et
publics et pour réaligner la politique gouvernementale afin
de soutenir plus énergiquement les résultats
financiers des entreprises. On n’a qu’à regarder
au récent sauvetage des banques et des compagnies
d’automobiles aux dépens de la classe ouvrière
pour voir les résultats désastreux de cette
perspective. Les travailleurs de l’automobile ne vont pas
oublier de si tôt que deux fois lors des 6 derniers mois, les
ministres des gouvernements provinciaux et fédéraux
ont demandé que les conventions collectives des CAW avec les
compagnies de l’automobile soient rouvertes et qu’ils
acceptent d’importantes concessions.
De
plus, la déclaration de votre collègue selon qui
l’autre usine de GM en Ontario avait eu
le contrat pour nos « transmissions à six rapports »
fait le jeu de la compagnie et des bureaucrates syndicaux qui
cherchent à dresser une usine contre l’autre dans une
guerre fraticide pour les emplois.
La transformation de la
bureaucratie des TCA en un syndicat de boutique n’est pas un
problème que l’on trouve seulement dans un syndicat
local ou encore même dans une seule organisation syndicale.
Prenons
par exemple les récents développements à
Vale-Inco où la bureaucratie du Syndicat des métallos
en bloquant les mouvements de grève militants a créé
les conditions pour qu’une section des syndiqués aide
la compagnie dans son utilisation de briseurs de grève. En
bout de piste, elle a contribué à faire accepter un
contrat de travail avec d’importants reculs pour les
travailleurs après une année de grève. Ou
encore, considérons la lutte actuelle de l’usine
d’embossage à Indianapolis où les travailleurs
sont représentés par les UAW (United Auto Workers).
Ils ont rejeté par deux fois la tentative du syndicat de leur
faire accepter une diminution de salaire de 50 pour cent et leurs
« représentants syndicaux »
continuent à faire d’immenses pressions pour que les
travailleurs acceptent les concessions. (Pour en savoir plus :
Les
travailleurs de General Motors à Indianapolis luttent contre
un nouveau vote de l'UAW sur une baisse de leur salaire
)
Ce qui est arrivé à
l’usine de construction de transmission n’est qu’un
exemple particulièrement évident du type de relations
qui se sont développées entre les syndicats
pro-capitalistes et les patrons. Faire appel au gouvernement de
droite de Harper est pire qu’un geste inutile. La
transformation des TCA en un syndicat de boutique montre qu’il
faut une toute autre stratégie : une stratégie
socialiste qui rejette qu’il faille subordonner les besoins
des travailleurs aux profits des patrons de la grande entreprise. En
se rebellant contre les bureaucraties des TCA et des UAW, les
travailleurs de l’auto doivent développer la lutte pour
répudier les concessions, pour s’opposer aux fermetures
d’usines et pour défendre les emplois et les salaires
de tous les travailleurs en Amérique du Nord et
internationalement.
Nous
tenons à vous remercier encore une fois pour nous avoir
transmis toutes ses informations. Le World
Socialist Web Site est présentement
en train d’organiser une discussion au sein des travailleurs
de l’auto du rang sur la façon d’aller de
l’avant. Nous vous invitions à participer à
cette discussion et à attendons d’autres lettres de
votre groupe.