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Les syndicats grecs serrent les rangs derrière les mesures d’austérité du PASOK

Par Robert Stevens et Marcus Salzmann
22 mars 2010

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Au moment où le gouvernement grec commence à appliquer ses mesures d’austérité, les deux principales confédérations syndicales, la Confédération générale du Travail grecque (GSEE) et l’Union des fonctionnaires (ADEBY), démobilisent systématiquement toute opposition aux assauts du PASOK contre les emplois, les conditions de travail et le niveau de vie de la population laborieuse.

Hier aurait dû être une journée de grève pour les travailleurs de l’ensemble du service public. L’ADEDY avait au départ appelé à une grève de 24 heures pour mardi 16 mars mais elle fut annulée au motif qu’il organisait un débrayage commun de 24 heures avec la GSEE le 11 mars. Mais, loin s’en faut, ce débrayage commun n’annonçait pas le début d’une lutte unifiée contre les coupes ; l’annulation du 16 mars était au contraire le signal d’un effort intensifié de la bureaucratie syndicale pour retenir et trahir la classe ouvrière.

Le 5 mars, le gouvernement dirigé par Georges Papandreou du parti social démocrate PASOK avait décrété un nouveau plan d’austérité pour réduire les salaires et augmenter les impôts dans le secteur public représentant au total 4,8 milliards d’euros (6,5 milliards de dollars). En faisaient partie une hausse de 2 pour cent de la TVA, une baisse de 10 pour cent des salaires dans le secteur public, une réduction de 30 pour cent du 13ème et du 14ème mois de salaire, une augmentation du prix du carburant, du tabac et de l’alcool, ainsi qu’un gel des retraites des fonctionnaires en 2010. Ces démarches étaient la réponse à l’insistance de l’Union européenne que le plan d’austérité initial du gouvernement de 11,2 milliards d’euros (15,2 milliards de dollars) n’était pas suffisant.

Après l’application cette semaine des premières réductions, ADEDY a déclaré avoir lancé un appel pour un « rassemblement de protestation » non spécifié le 23 mars, sans fixer de date pour une grève ultérieure. Le secrétaire général d’ADEDY, Ilias Iliopoulos, a déclaré lundi que le syndicat déciderait de la date dans le courant du mois et que toute action de mobilisation devrait avoir lieu « avant ou après Pâques. »

Certaines des attaques les plus rigoureuses ont été mises en oeuvre lundi et elles ont eu un effet immédiat avec l’augmentation de la TVA sur de nombreux produits. Par cette augmentation, le gouvernement veut réaliser des recettes supplémentaires de 1,3 milliards d’euros ou 0,5 pour cent du PIB grec. Cette mesure aura un effet dévastateur sur la classe ouvrière notamment sur les couches les plus pauvres. Selon une évaluation citée par Hellenic Radio, l’augmentation de la TVA sur les produits alimentaires, etc. coûtera chaque année aux ménages entre 1.300 et 1.500 euros de plus.

L’augmentation de la TVA s’appliquera à toutes les factures établies après le 15 mars. Ce sera le cas même si les factures concernent des périodes précédant le 14 mars quand les anciens taux étaient encore valables. Le taux de TVA passera de 9 à 10 pour cent pour les produits alimentaires, les restaurants, les cafés, l’énergie, les médicaments et les réservations d’hôtels. Le taux de TVA passera de 19 à 21 pour cent pour les vêtements, les chaussures, les factures de téléphone, les cosmétiques, les boissons, les détergents, les appareils électriques, les produits électroniques et les meubles.

Le prix des péages a également augmenté de 2 pour cent lundi. Les impôts sur l’essence, les cigarettes, l’électricité et les produits de luxe ont également augmenté et rapporteront 1,1 milliard d’euros de plus, selon les évaluations du gouvernement.

Une étude réalisée par la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Athènes auprès de quatre pays européens montre que les consommateurs grecs paient déjà jusqu’à 70 pour cent de plus pour le dentifrice, les boissons et les déodorants. Le prix de la farine et des produits à base de farine est jusqu’à cinq fois supérieur.

Le 24 février et le 11 mars, la confédération GSEE du secteur privé et l’ADEDY qui, avec 2,5 millions se salariés, représente environ la moitié des travailleurs grecs, avaient organisé des grèves communes de deux heures. Mais celles-ci avaient pour but d’assurer que la colère sociale grandissante ne prenne la forme d’une lutte politique contre le gouvernement.

Tout en émettant occasionnellement des critiques populistes à l’égard du gouvernement Papandreou pour avoir « cédé » aux marchés financiers, les syndicats ont en fait offert au gouvernement le moyen d’appliquer les coupes sociales.

Pour ce faire, ils ont délibérément isolés les travailleurs en les obligeant à faire des grèves et des manifestations séparées et limitées dans le temps. Lundi, les travailleurs de l’entreprise publique Electricité de Grèce (DEH) ont occupé le siège de l’Office national pour l’emploi (OAED). Les employés, qui sont membres du syndicat d’Electricité GENOP, avaient pris cette initiative avant que ne démarre hier la grève de deux jours. Ils protestaient contre les réductions de salaire et une coupe de 10 pour cent de la contribution de l’Etat au fonds d’assurance DEH. Selon le GENOP, sept usines étaient touchées par la grève à Athènes, à Megalopolis et à Ptolemaida.

Comme lors des actions précédentes de l’ADEDY/GSEE, le GENOP avait mené la grève de la manière la plus restrictive afin qu’elle n’ait qu’un impact minimal. Le président du syndicat, Nikos Photopoulos a dit lundi, « Certaines unités seront coupées du réseau mais nous ne voulons pas qu’une seule ampoule s’éteigne en raison du délestage. »

Hier, des docteurs et des infirmières avaient débrayé et plusieurs centaines d’entre eux avaient organisé une manifestation devant le ministère de la Santé à Athènes. Les principales revendications des travailleurs de santé sont : davantage de personnel, la garantie de l’emploi, la sécurité au travail et une hausse du salaire. La grève qui avait débuté dans les hôpitaux d’Athènes s’est étendue à d’autres hôpitaux et l’on s’attend à une action nationale cette semaine.

Quelque 50 à 80 travailleurs handicapés ont aussi manifesté devant une agence de l’emploi pour personnes handicapées. Les travailleurs revendiquaient des emplois, la sécurité de l’emploi et une augmentation substantielle des prestations sociales pour handicapés.

Dans une action séparée, les travailleurs des stations-service doivent débrayer jeudi.

Maintenant que les manifestations se sont multipliées et que les mesures d’austérité commencent à être imposées, le GSEE a appelé à une campagne nationaliste de protestation des consommateurs en opposition à une action de grève. Le 12 mars, le GSEE a déclaré dans un communiqué de presse que le 15 mars, le jour de l’augmentation de la TVA, devrait être une « journée des consommateurs » en lançant une campagne sous le slogan « acheter grec ».

Le communiqué dit : « Un choix judicieux et correct de la part des consommateurs est nécessaire et, de manière générale, les habitudes des consommateurs devraient être basées sur notre force réelle et nos besoins réels. »

Le GSEE a le culot de reprocher à la population laborieuse qui a du mal à joindre les deux bouts d’acheter des produits (importés) bon marché au lieu de défendre, pour des raisons patriotiques, « l’économie grecque. » Il a ajouté que « sur cette base notre décision consciente de choisir des produits et des services de moindre qualité est une impasse. »

Le communiqué appelle à une stratégie nationaliste et protectionniste dans laquelle « notre consommation doit directement soutenir la production nationale. »

Dans une économie mondialement intégrée, cette perspective serait profondément réactionnaire en tant que remède contre la crise économique dans quelque pays que ce soit. Dans le cas de la petite économie grecque, dans laquelle le secteur manufacturier dépend d’importations de matières premières, de machines, de pièces de rechange et de pétrole, une telle perspective est ridicule.

Tout en montant les travailleurs grecs contre leurs frères et sœurs de classe partout en Europe, le GSEE n’émet presque pas de critiques à l’égard du gouvernement PASOK qui impose les attaques pour le compte du capital financier mondial.

Alors qu’il devient de plus en plus évident que les syndicats ne sont préoccupés que par la démobilisation de toute opposition aux attaques, les deux coalitions prétendument de gauche en Grèce, SYRIZA (Coalition de la gauche radicale) et Antarsya (Coopération de la gauche anticapitaliste pour le Renversement) ainsi que le Parti communiste (stalinien) de Grèce (KKE) prennent position pour jouer leur rôle d’avocats des syndicats.

SYRIZA et Antarsya sont composés d’un nombre de groupes « anticapitalistes » et environnementaux. Mais, pour des groupes qui se vantent d’être « socialistes » ou même « révolutionnaires », ils n’ont même pas été capables d’appeler au renversement du gouvernement PASOK. Et ils adoptent la même attitude bienveillante à l’égard des syndicats.

Dans un récent communiqué, SYRIZA n’a pas critiqué l’absence d’appel à la grève mais affirme par contre que la « lutte commence maintenant. Nous continuons à soutenir les rassemblements organisés par ADEDY. » Antarsya, qui prétend être l’alternative radicale à SYRIZA, offre la même amnistie aux syndicats et ne se distingue – après avoir loué les deux actions de grève générale de deux jours précédentes --que par son appel à présent à une « grève générale de 48 heures. »

(Article original paru le 17 mars 2010)

Voir aussi:

La campagne chauvine des médias allemands contre la Grèce 13 mars 2010

La Grèce soumise au diktat de l’Union européenne 18 février 2010

Le mouvement de protestation grec requiert une perspective socialiste
Le PASOK et la SYRIZA ne sont pas une alternative au gouvernement de droite 12 janvier 2009

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