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Les projets de l'élite patronale et financière française de mettre en place une attaque majeure contre les programmes sociaux recueillent le soutien crucial du Parti socialiste (PS) et du Nouveau parti anticapitaliste (NPA.)
Le gouvernement du président Nicolas Sarkozy est en train de préparer des mesures d'austérité majeures allongeant la durée de cotisation pour les retraites au-delà de 41 annuités et reportant l'âge de départ à la retraite au-delà de 60 ans, probablement à 65 ans. La réponse du NPA à ces projets de coupes est d'appeler à travailler avec le PS, alors même que le PS a clairement fait entendre son intention de procéder à des coupes similaires, voire même plus importantes.
Dans une interview accordée au Parisien le 1er mai, le porte-parole du NPA, Olivier Besancenot a invité la première secrétaire du PS Martine Aubry à une réunion commune le 6 mai avec le Parti de Gauche (PG, scission d'avec le PS), le Parti communiste français stalinien (PCF) et les Verts.
Besancenot a dit, «L'urgence est d'établir un rapport de forces susceptible d'empêcher la réforme du gouvernement en construisant une mobilisation générale et prolongée des salariés. » Il a dit du NPA «Nous sommes partisans de la bataille unitaire la plus large » pour les retraites. Des membres du NPA ont aussi défilé avec un contingent du PS lors d'une manifestation du 1er mai.
La réunion du 6 mai n'a pas produit de déclaration de politique mais a donné l'occasion à ces partis de se présenter en défenseurs du niveau de vie des travailleurs contre les projets de Sarkozy. Besancenot l'a qualifié d' «engagement des organisations politiques et syndicales à mener une campagne unie … une campagne jusqu'à la victoire. »
Une question se pose : La victoire de qui? Il ne fait pas de doute que la politique d'un gouvernement conduit par le Parti socialiste, s'il revenait au pouvoir, serait similaire voire pire que la politique de Sarkozy.
Citant la pression exercée par les banques qui menacent de cesser de prêter de l'argent, les gouvernements socio-démocrates de la Grèce, du Portugal et de l'Espagne mettent en place des coupes budgétaires énormes. Le gouvernement PASOK du premier ministre grec George Papandreou, élu en octobre dernier, a remporté les élections à l'aide de fausses promesses selon lesquelles il allait augmenter les dépenses et améliorer le niveau de vie des travailleurs. Une fois au pouvoir il a procédé à toute une série de coupes massives malgré une opposition de masse.
Les députés PS de l'Assemblée nationale ont récemment voté avec le gouvernement un prêt à la Grèce de 16,8 milliards d'euros, au taux d'intérêts punitif de 5 pour cent, et participant du plan de renflouement Union européenne-FMI visant à forcer la Grèce à mettre en place des coupes.
Bien que le PS ne soit pas actuellement au pouvoir, c'est un parti en faveur du patronat. Peu après avoir pris le pouvoir en 1981, le président socialiste François Mitterrand avait abandonné son programme de nationalisation et imposé des mesures d'austérité douloureuses qui avaient dévasté l'industrie. Sous le gouvernement de Lionel Jospin (1997-2002) le PS avait privatisé de nombreuses industries publiques.
Espérant profiter de l'impopularité de Sarkozy, le PS réfléchit activement à la manière de revenir au pouvoir en France. Ainsi, il prépare de nombreux documents sur la politique droitière qu'il s'apprête à mettre en place. Ces documents soulignent la duplicité politique du NPA qui promeut le PS comme défenseur des retraites.
Olivier Ferrand, membre du PS qui était dans le gouvernement Jospin et est président du groupe de réflexion lié au PS, Terra Nova, a récemment écrit une série d'articles dans Libération sur les perspectives concernant les dépenses publiques de la France.
Il a dit avec insistance que la crise du crédit en Grèce pourrait se propager à la France. Il a écrit: «Alors que la dette publique française reste «objectivement» soutenable, la psychologie des marchés financiers peut en décider autrement. » En d'autres termes si les banques venaient à augmenter les taux d'intérêt de la dette nationale française, le PS se plierait immédiatement à leurs exigences, comme l'a fait Papandreou.
Il a fait remarquer qu'on s'attendait à ce que la dette publique s'envole: de 63 pour cent du PIB fin 2007 à 83 pour cent d'ici la fin de 2010. Il a ajouté, « en moyenne, [la France] creuse sa dette de presque 100 milliards d'euros par an. C'est à cette dérive structurelle de long terme qu'il faut s'attaquer. Nous ne pouvons plus repousser les réformes nécessaires. »
La tâche d'un gouvernement prenant le pouvoir en 2012 serait d'appliquer des coupes immenses et sans précédent, a expliqué Ferrand: « après trente-cinq ans de procrastination, c'est à une véritable 'révolution budgétaire' qu'il va falloir s'atteler. Un défi herculéen qui attend la gauche, en 2012, si elle revient au pouvoir. »
Ferrand a clairement dit que de telles coupes auraient pour but de retirer l'argent à la classe ouvrière pour l'acheminer vers le patronat. Faisant référence aux projets de l'an dernier d'une souscription nationale où l'Etat emprunterait 35 milliards d'euros pour les investir dans des entreprises françaises majeures, il a dit, «il faut un 'grand emprunt' par an » pour donner du tonus à la compétitivité de la France.
Le 27 avril, le Conseil national du PS a adopté un projet pour un «nouveau modèle économique social et écologique » qui est largement vue comme le programme du parti pour l'élection présidentielle de 2012. L'orientation de ce projet est essentiellement équivalent à ce que Ferrand écrit dans Libération. Il existe des projets visant à augmenter la compétitivité de la France sur les marchés mondiaux, accroître les investissements dans les industries qui font des profits et créer un impôt écologique.
La promotion du PS par le NPA est dans ce contexte une leçon cruciale sur la nature de classe et l'orientation des partis de la classe moyenne en France. Issu de sections de la bureaucratie syndicale, des milieux universitaires et étudiants qui, soit oublient les intérêts de la classe ouvrière, soit y sont hostiles, le NPA demande que l'opposition politique à Sarkozy soit canalisée derrière le PS, et donc derrière les banques et les capitalistes.
Cette perspective est, à divers degrés, consciemment comprise par la direction du NPA. Comme l'a fait comprendre un commentaire récent de Besancenot, le NPA considère comme condition préalable à une lutte victorieuse, le soutien d'une section se trouvant au « sommet » de la société.
A la veille du « sommet social » du 15 février, où le gouvernement avait rencontré les syndicats et les organisations patronales pour discuter des attaques contre les retraites, Besancenot avait lancé un appel au PS pour la défense des retraites. Quelques semaines avant le sommet, la première secrétaire du PS Martine Aubry avait publiquement proposé de reporter de deux ans ( à 62 ans) l'âge de départ à la retraite. En réponse, Besancenot avait appelé des ténors du PS et du PCF à former « un collectif unitaire » contre l'attaque des retraites.
Besancenot a dit qu'il espérait que ce mouvement serait «couronné de succès comme l'avait été en 2006 le combat contre le Contrat première embauche (CPE) » En fait le mouvement contre le CPE avait été trahi par les syndicats et la « gauche » en échange d'un recul partiel du gouvernement. Des sections de syndicats avaient agi directement de concert avec Sarkozy qui avait utilisé la défaite du premier ministre d'alors Dominique de Villepin pour promouvoir sa propre campagne présidentielle de 2007.
Besancenot a poursuivi, «Pour remporter une victoire, il faut non seulement une mobilisation de la base mais (aussi) des divisions au sommet de la société, (...) il y en avait eu à l'époque entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin. »
Ces remarques soulignent la faillite politique du NPA et du milieu plus large des partis français de la classe moyenne: leur perspective consiste à promouvoir périodiquement diverses factions de la classe dirigeante, tandis qu'ils poursuivent une politique toujours plus droitière.
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