Le 20
mai, des dizaines de milliers de travailleurs ont protesté partout
en Grèce en participant à une grève générale de 24 heures. La
grève était une réaction aux mesures brutales d'austérité
imposées par le gouvernement du Mouvement socialiste panhellénique
(PASOK) du premier ministre George Papandreou.
La journée d'action de
mercredi était la quatrième depuis décembre. La grève fait suite
à celle qui avait eu lieu le 5 mai et à l'accord le lendemain du
parlement grec concernant le dernier plan d'austérité de 30
milliards d'euros.
La politique de
Papandreou, approuvée par le Fonds monétaire international,
l'Union européenne et la Banque centrale européenne, entraînera
des milliers de pertes d'emplois, des réductions de 20 pour cent
ou plus des salaires des travailleurs et la démolition des services
sociaux et des retraites.
La
Confédération générale des travailleurs de Grèce (GSEE) qui
représente les travailleurs du secteur privé et l'Union des
fonctionnaires (ADEDY) a appelé au débrayage. La fédération des
syndicats PAME, affiliée au Parti communiste grec stalinien, y a
également participé. Les membres du PAME ont organisé dans le
centre ville d'Athènes une marche séparée de celle de la
GSEE/ADEDY mais n'ont pas défilé vers le parlement.
Au cours de la grève, les
réseaux de transport sur l'ensemble du pays ont été paralysés.
A Athènes, le système ferroviaire, le métro et les tramways ont
été immobilisés en créant un vaste embouteillage. Les sites
touristiques, y compris l'Acropole antique, étaient fermés.
Les bâtiments
gouvernementaux, les écoles, les postes, les sites maritimes et du
bâtiment étaient aussi touchés par la grève. Les hôpitaux
assuraient les opérations avec un service minimum et en n'acceptant
que les urgences.
La compagnie Olympic Air a
été obligée d'annuler plus de 15 vols intérieurs en raison de
la grève des travailleurs de l'aviation civile dans les aéroports
locaux plus petits. Les ferries et autres navires sont restés dans
les ports ou ont été empêchés de jeter l'ancre dans le port de
Pirée, le plus fréquenté et le plus important de Grèce.
La GSEE a rapporté sur
son site internet que la grève avait été suivie à 100 pour cent
par les travailleurs dans certains secteurs. Au chantier naval
ThyssenKrupp, appartenant à Hellenic Shipyards SA, le syndicat a
fait état d'un soutien à 100 pour cent. Un soutien de ce niveau
a aussi été rapporté par les raffineries de pétrole et les
ports. Dans les banques, les bureaux de poste et les gares, la
confédération syndicale a dit que 70 pour cent des travailleurs
avaient participé au débrayage.
L'AFP a rapporté que
certaines banques privées d'Athènes étaient restées ouvertes.
Et ceci en dépit du fait que lors de la dernière grève générale,
trois employés de la banque Marfin avaient été tués suite à une
attaque au cocktail Molotov, et qui demeure à ce jour un incident
non élucidé.
A Athènes, jusqu'à
20.000 manifestants ont participé aux manifestations. En marchant
vers le bâtiment du parlement nombreux étaient ceux qui scandaient
des slogans anti-gouvernementaux comme « Sortez, les
voleurs ». Les travailleurs ont aussi brandi des banderoles où
on pouvait lire, « Ces mesures nous renvoient 150 ans en
arrière. »
La police anti-émeute a
maintenu une présence intimidante dans les rues de la capitale
comme cela a été la norme depuis le début des protestations et
des grèves contre les mesures d'austérité du gouvernement.
Jusqu'à 1.700 policiers anti-émeute supplémentaires ont été
envoyés dans le centre d'Athènes, pour boucler des parties de la
ville et empêcher les manifestants de s'y rendre. Dans le cadre
de leurs opérations, ils ont détenu durant la matinée près d'une
centaine de personnes se trouvant aux abords de la manifestation.
Dans la deuxième plus
importante ville, le port de Thessalonique, quelque 10.000 personnes
ont rejoint deux défilés.
Des
travailleurs qui ont parlé à la presse internationale ont souligné
leur opposition continue à la politique gouvernementale. Le Wall
Street Journal a rapporté les
commentaires d'Eleni Mitsou, une travailleuse de 31 ans. Elle a
dit, « Nous faisons grève contre les mesures que le
gouvernement a consenties au FMI et à l'UE et qui ne nous
permettent pas de survivre. Avec les nouvelles mesures, les nouveaux
arrivants au travail verront leur salaire de départ abaissé de 740
à 560 euros et ils ne peuvent pas vivre avec cela. »
Une autre travailleuse,
Maria Grigoropoulos, a dit, « Nous voulons que le gouvernement
retire ces mesures qui gèlent nos augmentations de salaire et nous
forcent à travailler plus longtemps. Nous poursuivrons notre lutte
et nous ne céderons pas. »
Un manifestant, Nikos
Galiatsatos, qui a 26 ans et qui est au chômage a dit, « Ces
mesures détruisent tout ce pourquoi nous avons lutté. Où sont les
mesures contre le chômage ? Ce n'est pas nous qui sommes à
l'origine de cette crise. »
La résistance féroce des
travailleurs aux mesures d'austérité et au gouvernement
Papandreou contraste fortement avec l'attitude de la bureaucratie
syndicale. Tout comme dans le cas des grèves générales
antérieures, le seul but de la grève d'hier était de réprimer
la colère grandissante contre le gouvernement Papandreou. Les
syndicats ont tout à fait soutenu l'élection du gouvernement
PASOK et ne se préoccupent que de la manière dont l'opposition
de la classe ouvrière pourrait le mieux être canalisée vers des
voies sûres.
Alors qu'ils lancent
l'appel à la grève, la GSEE/ADEDY et le PAME ouvrent pour
s'assurer que le mouvement contre la politique d'austérité ne
se transforme en une confrontation politique contre le gouvernement.
La bureaucratie syndicale est entièrement consciente qu'une grève
ayant lieu toutes les six semaines environ ne fait rien- et ne
fera rien - pour empêcher que l'élite dirigeante n'applique
son programme de « sucer le sang » de la classe
ouvrière. C'est pourquoi le PASOK a jusque-là été en mesure
d'adopter quatre plans de rigueur depuis décembre pour le compte
du capital financier international.
Et mêmes ces débrayages
que les syndicats ont approuvé ont été organisés avec une
réticence manifeste et sans aucun effort pour appeler tous leurs
membres à faire grève. Dans bon nombre de cas, les syndicats ont
demandé à leurs membres de travailler durant les grèves pour ne
pas nuire à l'économie grecque.
Durant l'action d'hier,
les vols internationaux au départ d'Athènes étaient assurés
normalement car la majorité des syndicats de l'aviation civile
s'étaient opposés à la grève. Un porte-parole du syndicat des
contrôleurs du ciel avait dit qu'ils boycottaient la grève
générale parce que « nous ne voulons pas nuire à
l'industrie du tourisme. »
En raison des examens
d'admission à l'université qui ont lieu cette semaine, les
syndicats ont aussi ordonné à certains enseignants du secondaire
de ne pas se joindre à la grève.
Malgré le fait que des
journalistes aient suivi les grèves précédentes, les syndicats de
la presse ont décidé de reporter la grève d'hier. Les syndicats
ont dit que c'était nécessaire pour assurer à la grève
générale une couverture et de la publicité dans la presse.
Alors même que la grève
se déroulait encore, des porte-parole d'ADEDY et du PAME ont
déclaré tous les deux que les seules actions futures possibles
étaient des grèves non spécifiées en juin et durant l'été.
Ilias Iliopoulos, le
secrétaire général d'ADEDY a dit, « Si la loi sur les
retraites demeure inchangée, nous manifesterons certainement en
juin. Et si le gouvernement adopte davantage de mesures
préjudiciables, l'été sera aussi une période de débrayage. »
Lefteris
Papaconstantopoulos, membre du comité exécutif du syndicat PAME a
dit, « Nous avons dit que nous devons intensifier notre
mouvement de grève contre cette politique injuste et donc il y aura
davantage de grèves, de protestations et de rassemblements en
juin. »
Le projet de loi du
gouvernement sur les retraites devrait être soumis en juin au
parlement. La loi propose de réduire le montant des retraites,
d'allonger l'âge du départ à la retraite et de supprimer des
droits à des milliers de travailleurs qui en bénéficient pour le
moment.