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Déclaration du Parti de l'égalité sociale
3 février 2010
La décision de la direction de General Motors de fermer son usine Opel à Anvers représente une nouvelle étape dans le conflit concernant l'avenir d'Opel-GM en Europe. Les conséquences de la politique nationaliste et de division des syndicats, fondée sur l'idée de monter les usines d'un pays contre les entreprises situées à l'étranger, sont évidentes pour tous ceux qui ont suivi la lutte pour l'emploi qui s'est déroulée chez GM-Europe au cours de ces derniers mois et années, à savoir de massives suppressions d'emplois et des réductions de salaire parallèlement à la fermeture d'usines entières.
La fermeture de l'usine à Anvers montre clairement deux choses :
Premièrement, la fermeture est le prélude à une attaque générale contre tous les salariés d'Opel/GM en Europe. L'annonce de l'entreprise de supprimer 8.300 emplois de ses activités en Europe dans les prochains mois n'est que le début, d'autres fermetures suivront. Dans le même temps, les suppressions d'emplois sont utilisées pour soumettre au chantage les travailleurs qui gardent leur emploi afin qu'ils acceptent des réductions supplémentaires de leur salaire et de leurs acquis sociaux.
Deuxièmement, la fermeture de l'usine à Anvers était à la base de la stratégie de Magna et qui a été reprise par GM après que sa direction a décidé de rejeter l'offre de Magna et de garder le contrôle des activités européennes. La stratégie de Magna avait été élaborée par le plus important syndicat allemand, l'IG Metall (IGM) et les comités d'entreprise allemands en étroite collaboration avec le soi-disant Forum européen des Salariés (EEF). Les comités d'entreprise d'IGM ont systématiquement ouvré dans le sens de la fermeture de l'usine belge afin de « sauver » la production à l'usine de Bochum en Allemagne.
Les sentiments de regret exprimés actuellement par les syndicats allemands à l'égard du sort des travailleurs à Anvers sont foncièrement cyniques et hypocrites et ne peuvent masquer le fait que les projets de fermeture de l'usine belge avaient initialement constitué un élément intégral du concept de Magna qui avait été conçu dans les bureaux du dirigeant de l'IG Metall, Klaus Franz.
Une conclusion simple, mais vitale découle de ces événements : la défense des emplois et les conditions pour empêcher les fermetures d'usines ne peuvent plus être laissées entre les mains des comités d'entreprise et des syndicats. Toute résistance est vouée à l'échec tant que cette bureaucratie corrompue continue d'avoir la mainmise sur les salariés. Les travailleurs doivent considérer les responsables syndicaux et les comités d'entreprise pour ce qu'ils sont réellement, c'est-à-dire des complices et des laquais, royalement rémunérés, de la direction de l'entreprise. La résistance à la fermeture des usines doit être organisée indépendamment des syndicats et en collaboration avec les travailleurs des autres usines partout en Europe.
De nombreux travailleurs sont en colère à juste titre. Ils ont l'impression d'avoir été trahis sur toute la ligne et d'avoir été abandonnés. Les syndicats belges et leurs responsables syndicaux se sont révélés jouer double jeu tout comme leurs homologues allemands. Eux aussi participent depuis des années au EEF et sont parfaitement au courant des pratiques corrompues de Klaus Franz. Ils savaient que l'acceptation de Franz de fermer l'usine belge dans le contexte du plan de Magna était liée à une participation de 10 pour cent à l'entreprise par les conseils d'entreprise. Mais, pas un seul de ces bureaucrates n'a voulu rendre public ces projets et mobiliser les travailleurs de l'automobile. A ce jour, Rudi Kennes opère en tant que chef du syndicat à Anvers et vice-président du conseil d'entreprise du groupe GM en Europe en étroite collaboration avec le président du conseil d'entreprise européen d'Opel.
L'urgence d'une perspective socialiste internationale
Malgré la colère et l'indignation compréhensibles de nombreux travailleurs suite à l'annonce de la fermeture de l'usine et de la trahison organisée par les syndicats, il est nécessaire de garder la tête froide et de se préparer à une lutte soulevant d'importantes questions de perspectives politiques. La politique droitière des syndicats découle elle-même directement de leur subordination inconditionnelle au système de profit capitaliste. C'est la raison pour laquelle ils affirment qu'il n'y a pas d'alternative aux licenciements et à la réduction des salaires et des prestations sociales.
Il est impératif de voir la crise de l'industrie automobile dans le contexte de la crise financière et économique internationale. Les fermetures d'usines et les licenciements de masse prévus chez Opel et dans bien d'autres entreprises font partie d'une série d'attaques sociales majeures perpétrées par l'élite dirigeante dans le but de rejeter l'ensemble du fardeau de la crise internationale sur le dos de la population. En Allemagne, en Belgique et dans tous les autres pays, les gouvernements ont débloqué des centaines de milliards d'euros pour le soi-disant sauvetage des banques. Ils ont pillé les caisses de l'Etat et octroyé l'argent du contribuable aux grands groupes et aux institutions financières afin de sauvegarder leurs profits et leur enrichissement spéculatif. A présent, ces mêmes gouvernements imposent des mesures d'économie drastiques aux dépens de la population laborieuse.
La crise dans l'industrie automobile et dans la production manufacturière en général ne peut être résolue d'une manière progressiste que par une réorganisation des conditions sociales. Le pouvoir des banques qui ont déclenché la crise économique et qui en profitent à nouveau, doit être brisé en les transformant en services publics placés sous contrôle démocratique.
Les groupes automobiles doivent être nationalisés et gérés démocratiquement par les travailleurs de l'industrie automobile. Les principales entreprises et industries doivent être gérées conformément aux besoins de la société et pas pour satisfaire l'accumulation de profits privés.
Une lutte efficace contre les projets de fermetures d'usines et pour la défense des emplois dans tous les sites de production n'est possible que sur la base d'une telle perspective socialiste.
Dans le but de briser l'influence de la bureaucratie syndicale et de sa politique nationaliste, il est indispensable de créer des comités d'usine indépendants. Ils doivent établir des contacts avec toutes les usines de GM en Europe, avec les travailleurs de GM aux Etats-Unis et avec les autres travailleurs industriels de par le monde. La lutte contre les groupes opérant dans le monde entier requiert une stratégie internationale.
Les mesures nécessaires pour la défense des moyens de production, y compris les grèves, les occupations d'usine et les manifestations de masse, doivent être le point de départ d'une vaste mobilisation politique contre les grands groupes et le gouvernement.
Le Parti de l'égalité sociale (Partei für Soziale Gleichheit, PSG) est la section allemande du Comité international de la Quatrième Internationale, il fait campagne pour un tel programme socialiste international en étroite coopération avec ses organisations sours, les Partis de l'égalité sociale en Grande-Bretagne, aux Etats-Unis et de par le monde. Ensemble nous publions le World Socialist Web Site, un journal quotidien en ligne.
Nous vous proposons notre soutien politique dans la lutte contre les fermetures d'usine et pour la défense des emplois et nous invitons tous ceux qui lisent ce tract et qui acceptent notre perspective de prendre contact avec le PSG et le comité de rédaction du WSWS.
(Article original paru le 28 janvier 2010)
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