Mercredi 8 avril, Christoph Vandreier, l’un
des candidats du Parti de l’égalité sociale (Partei für soziale Gleichheit,
PDG) aux élections européennes a été interviewé à Berlin par un reporter de la
radio ouest-allemande (Westdeutscher Rundfunk, WDR). Nous publions
ci-dessous les questions et les réponses. L’interview a eu lieu dans le cadre
d’une émission radiophonique réservée aux partis n’étant actuellement pas
représentés au Parlement européen.
Q. Quels sont les objectifs de votre
parti ?
Les objectifs de notre parti sont d’établir
une société qui donne la priorité aux besoins de la grande masse de la
population plutôt qu’aux intérêts de profit d’une infime minorité sociale.
Alors que tous les autres partis discutent de comment sauver le capitalisme,
nous voulons l’abolir. Le PSG est le seul parti à déclarer ouvertement que le
capitalisme a échoué et qu’il doit être remplacé par une société socialiste
basée sur le contrôle démocratique de l’économie.
Q. Quelle est votre position quant au parti La
Gauche ? N’y a-t-il pas d’enjeux communs ?
La Gauche est une manœuvre bureaucratique
d’anciens bureaucrates staliniens de l’Est du pays et de quelques bureaucrates
syndicaux de l’Ouest qui a pour but d’empêcher que la population laborieuse ne
forme un parti ouvrier indépendant. Notre objectif est précisément
l’inverse : nous voulons mettre en place un parti indépendant et international
qui a pour objectif la transformation socialiste de la société.
Ce qui a échoué en 1989 ce n’était pas le
socialisme, mais le stalinisme. Nous représentons les principes socialistes
authentiques qui requièrent le contrôle démocratique de l’économie et, à cette
fin, nous cherchons à développer un mouvement international de la population
laborieuse.
Q. Aujourd’hui très peu de gens connaissent
Léon Trotsky. Comment envisagez-vous de nos jours de mettre en valeur ses
idées ? Le stalinisme, existe-t-il encore ?
Le stalinisme existe encore dans la mesure où
beaucoup de gens continuent d’identifier le socialisme au stalinisme. Si l’on
s’identifie soi-même aux objectifs du socialisme, alors on ne peut pas rester
silencieux sur le stalinisme. L’on doit expliquer ce qu’est le stalinisme et ce
qui le différencie du socialisme. A cet égard, seul le mouvement trotskyste est
capable d’expliquer la nature du stalinisme de par sa défense, des décennies
durant, des principes socialistes contre la bureaucratie soviétique. Le mouvement
trotskyste ne s’est jamais ni adapté à la bureaucratie syndicale ni aux
bureaucrates staliniens qui sont à présent rassemblés dans La Gauche.
Q. Vous êtes opposés aux syndicats ?
D’abord, il faut constater que sur chaque
question majeure les syndicats se positionnent du côté patronal. Ils
représentent la force qui gère la crise et qui impose les coupes à l’encontre
des travailleurs dans l’intérêt des entreprises. Ceci est tout à fait évident
dans le cas d’Opel où les travailleurs ont été abandonnés par les syndicats qui
collaborent avec la direction pour trouver la meilleure façon de réduire les
salaires et les emplois. Si de nos jours, les travailleurs veulent défendre
leurs intérêts ils doivent construire un parti indépendant. Ils ne peuvent pas
le faire avec les syndicats ou en votant pour La Gauche.
Q. Que pensez-vous accomplir au parlement
européen ?
Aujourd’hui, toutes les questions les plus
importantes et qui concernent les travailleurs et les jeunes se posent
internationalement et ne peuvent trouver de réponse qu’internationalement. Les
élections européennes sont importantes pour la simple raison que les
travailleurs européens doivent s’accorder sur une stratégie commune. Il est
indispensable de se débarrasser de l'illusion que l’Union européenne sert à
unifier l’Europe. Les institutions de l’Union européenne servent à imposer les
réductions de salaires et d’emplois. Elles sont un instrument au service des
banques et des entreprises. Dans le même temps, il est évident que les conflits
existant entre les grandes puissances n’ont pas été surmontés mais prennent des
formes de plus en plus hostiles au fur et à mesure que la crise s’aggrave.
L’unification de l’Europe n’est possible que d’en bas, sur l’initiative des
travailleurs et dans l’intérêt de la population laborieuse. A cette fin, nous
proposons d’établir les Etats socialistes unis d’Europe comme alternative à
l’Union européenne des banques et du patronat.
Q. Comment faites-vous connaître vos
idées ?
L’instrument le plus important pour notre travail
politique est le World Socialist Web Site (WSWS), la publication socialiste sur internet la plus lue.
Le WSWS fait une analyse quotidienne des événements politiques, discute des
enseignements les plus importants du 20e siècle et joue sur cette base un rôle décisif dans l’établissement
d’un nouveau parti international de la classe ouvrière. De plus, nous allons
produire un spot télé pour les élections européennes. Notre but est de mener
une campagne électorale des plus ambitieuses en étant visible sur la voie
publique de par la diffusion de dizaines de milliers de tracts et en animant
des stands d’information politique.
Nous sommes le seul parti vraiment
démocratique. Nous pensons que la majorité de la population devrait prendre
part activement dans le processus politique. Nous luttons pour une société dans
laquelle l’économie est soumise au contrôle démocratique. C’est-à-dire que les
décisions vraiment importantes et qui sont prises actuellement par les conseils
de surveillance, que ce soit sur les réductions d’emplois ou les modifications
de salaires et de conditions de travail, doivent être prises et contrôlées
démocratiquement. C’est ce pourquoi nous luttons. Quiconque considère qu’un tel
programme est extrémiste ne fait que révéler son propre point de vue
antidémocratique et son rejet d’une organisation vraiment démocratique de la
société.
Q. Pensez-vous être plus en mesure de toucher
les gens du fait de la crise financière ? Maintenant
que le capitalisme a failli ?
La crise financière montre que la société est
divisée en classes et qu’elle est caractérisée par des contradictions
évidentes. La question cruciale est : comment résoudre cette crise ?
Est-ce qu’elle sera résolue dans l’intérêt de la majorité de la population avec
l’abolition du capitalisme ou est-ce qu’elle sera résolue dans l’intérêt des
banques et des entreprises et aux dépens de la majorité de la population. Nous
sommes le seul parti à dire ouvertement : la crise doit être résolue par
l’abolition du capitalisme. Sur cette base, nous serons certainement en mesure
de trouver un vaste auditoire et de mener une campagne électorale réussie.
Q. L’abolition du capitalisme, cela semble
très idéaliste et irréaliste. Croyez-vous vraiment que c’est possible ?
Je pense que s’il n’est pas possible de
vaincre le capitalisme, alors la société sera confrontée à un désastre. Au 20e
siècle, la crise du capitalisme a débouché sur deux guerres mondiales. Nous
nous trouvons à présent dans une crise historique qui ne revêt pas simplement
un caractère conjoncturel mais les racines en sont profondément ancrées dans le
système capitaliste et qui entraînera des bouleversements sociaux et politiques
majeurs. Le seul moyen de prévenir un désastre est la mobilisation indépendante
de la population dans la lutte pour une nouvelle société qui placera les
intérêts de la majorité au cœur des priorités. Je pense qu’il est irréaliste
d’affirmer que l’on peut continuer à mener une vie satisfaisante sous le
capitalisme.
Q. Comment évaluez-vous vos chances aux
élections européennes ?
Nous sommes le seul parti qui déclare
ouvertement qui est responsable de cette crise tout en représentant les
intérêts des travailleurs. Je pense que nous serons en mesure de mener une campagne
électorale réussie et d’obtenir aussi de bons résultats.
Q. Quelles ont été jusque-là les réactions à
votre campagne électorale ?
Au cours de ces derniers mois, le PSG a
recueilli plus de 4600 signatures obtenues lors de sa campagne de récolte de
signatures menée devant les usines, les agences pour l’emploi et dans des
centres commerciaux. Les travailleurs étaient tout à fait prêts à soutenir le
PSG parce que c’est le seul parti à dire ouvertement qui est responsable de la
crise. Les travailleurs ne veulent pas payer pour cette crise parce qu’ils n’en
sont pas responsables. Ce ne sont pas eux qui ont engrangé des milliards
d’euros des années durant. Beaucoup de gens reconnaissent maintenant que le
capitalisme n’est plus à même d’offrir un avenir à la grande majorité de la
population et ils réagissent de ce fait de manière très positive à notre
programme et au manifeste électoral du PSG.