La conférence de l’Internationale étudiante pour l’égalité sociale et du Parti de l’égalité socialiste adopte une perspective internationaliste et socialiste pour s’opposer à la guerre
La conférence d’urgence contre la guerre, organisée
par l’Internationale étudiante pour l’égalité sociale (IEES) et le Parti de
l’égalité socialiste, a adopté le 1er avril à l’unanimité une résolution
avançant un programme socialiste et internationaliste pour s’opposer au militarisme
et à la guerre. La conférence de deux jours a été appelée pour développer un
programme de mobilisation de la jeunesse étudiante et de la classe ouvrière
dans son ensemble aux Etats-Unis et internationalement visant à mettre fin à la
guerre en Irak et empêcher que la guerre éclate en Iran.
Plus de cent étudiants et travailleurs de l’ensemble
des Etats-Unis et de plusieurs pays ont assisté à la conférence, qui s’est
tenue sur le campus de l’Université du Michigan à Ann Arbor. Il y avait des
délégués du Michigan, de l’Ohio, du Kentucky, du Massachusetts, du New Jersey,
de l’Illinois, du Minnesota, de Pennsylvanie, de l’état de Washington, de Floride,
du Texas, du Colorado, du Connecticut, de Californie, de l’Oregon et de
Virginie. Dix-sept délégués étaient venus du Canada et d’autres d’Allemagne et
d’Australie.
La conférence a reçu des salutations de
Grande-Bretagne, de Turquie et de Roumanie. Des sympathisants du Pakistan, de
Roumanie, des Philippines, d’Afrique du Sud, de la Zambie, des Emirats arabes
unis, du Bangladesh, d’Haïti, du Pakistan, du Nigeria, de Turquie, de
Palestine, du Ghana et du Venezuela ont indiqué qu’ils souhaitaient participer à
la conférence, mais qu’ils n’avaient pu le faire du fait du coût prohibitif du
voyage ou des difficultés à obtenir les autorisations d’entrée aux Etats-Unis.
Joe Kay, membre du comité de direction de
l’IEES et qui écrit pour le World Socialist Web Site, a donné le tonà
la conférence dans son discours d’ouverture. « Nous sommes ici pour donner
voix à l’indignation et à l’opposition ressenties par des millions, en fait des
milliards, de personnes de par le monde qui voient avec horreur la dévastation
causée par l’impérialisme, voire qui sont eux-mêmes les victimes directes de la
guerre et du militarisme » a dit Kay.
« Les intérêts et les opinions de la
vaste majorité de la population mondiale ne trouvent pas d’expression, a-t-il
continué, dans le cadre des structures et des institutions existantes à
l’échelle internationale. Nous sommes réunis ici pour donner une expression
consciente à ces intérêts et ces opinions et pour élaborer un programme
politique qui pourra mettre fin à la guerre. »
Kay a présenté, pour qu’elle soit discutée,
une résolution traçant les grandes lignes de la perspective politique fondamentale
et du programme de l’IEES. « Notre réponse à la guerre doit se baser sur
notre compréhension des tendances générales qui la sous-tendent, » a-t-il
dit. « Si la guerre est un produit du système capitaliste, alors on ne
peut mettre fin à la guerre autrement que par l’abolition du capitalisme. Un
mouvement contre la guerre doit être un mouvement contre le capitalisme. »
La résolution montre clairement que la
guerre impérialiste tire son origine du système de profit et de la division du
monde en Etats-nations rivaux. « La guerre contre l’Irak est une guerre
impérialiste, déclare la résolution. C’est un acte d’agression accompli dans
l’intérêt de l’oligarchie financière et de la grande entreprise des Etats-Unis
et de ses alliés en Grande-Bretagne et dans d’autres pays. Comme cela avait été
le cas pour les guerres mondiales du vingtième siècle, ce qui est en train de
se produire c’est une redistribution des ressources mondiales tandis que la
classe dirigeante américaine cherche à imposer son contrôle militaire sur les
régions stratégiques clés. »
La résolution
explique que la récente explosion du militarisme américain trouve son origine
dans le déclin historique de la position économique mondiale du capitalisme
américain au cours des cinquante dernières années. « Le capitalisme américain
repose sur une base fragile et instable d’entrées massives de capitaux, de
niveaux d’endettement sans précédent, et de diverses formes de spéculation
financière et de manipulation. De plus en plus, une élite dirigeante corrompue
aux Etats-Unis cherche à utiliser son principal atout — une force armée
maintenue grâce à un budget militaire qui est plus important que toutes les
dépenses militaires combinées du reste du monde — pour contrer le déclin de sa
puissance économique. »
La résolution insiste
sur le fait que la seule force capable de mettre fin à la guerre est la classe
ouvrière internationale — l’unique force sociale dont les intérêts sont
irréconciliablement opposés aux intérêts économiques et sociaux de l’impérialisme.
Le caractère international de cette classe et les questions sociales de masse,
auxquelles elle est confrontée, requièrent un programme internationaliste. « À la
stratégie mondiale de l’impérialisme, il faut opposer une stratégie mondiale de
la classe ouvrière et une opposition au nationalisme sous toutes ses
formes », déclare la résolution.
« En février
2003, des millions de personnes de par le monde ont manifesté contre les plans
de guerre américains », fait remarquer la résolution. Toutefois, comme ce
mouvement était dominé par la perspective de la politique de protestation,
« quatre ans plus tard, la guerre perdure alors même que l’opposition
populaire s’est intensifiée. »
La résolution
souligne la nécessité de l’indépendance politique de la classe ouvrière par
rapport à tous les groupes et partis qui sont tous liés d’une manière ou d’une
autre à l’establishment politique. Aux Etats-Unis, cela
implique « une rupture totale d’avec le Parti démocrate et tous ceux
qui tentent de faire pression sur les démocrates ».
« Des
préparatifs pour l’invasion jusqu'à l’intensification de la guerre de ces
dernières semaines, le Parti démocrate aux Etats-Unis a joué le rôle de
complice de l’administration Bush », note la résolution. « Le Parti
démocrate est un parti bourgeois de l’impérialisme et toutes les sections de la
direction du parti — des réactionnaires déclarés jusqu’au mal nommé groupe
“Hors d’Irak” — sont responsables de la continuation de la guerre. La
principale préoccupation du Parti démocrate est de calibrer juste assez ses
positions publiques pour étouffer l’opposition sociale et empêcher le
développement d’un mouvement qui sortirait du cadre du système
bipartite. »
La résolution
souligne le fait que, de par le monde, les travailleurs sont confrontés aux
mêmes défis politiques. « Le Parti libéral et le Nouveau Parti
démocratique au Canada, le Parti travailliste en Grande-Bretagne, le Parti
travailliste australien, les partis socialistes en France et en Espagne et le
Parti social-démocrate en Allemagne — toutes ces soi-disant organisations de “gauche”
ont soit facilité la mise en place d’une politique militariste de droite, soit l’ont
eux-mêmes directement appliquée.»
La résolution
insiste sur le fait que « la lutte pour l’indépendance politique de la
classe ouvrière nécessite une assimilation consciente de l’histoire du
socialisme international révolutionnaire, de Marx et Engels à la révolution
russe et à la lutte du mouvement trotskyste, représenté aujourd’hui par le
Comité international de la Quatrième Internationale, contre le stalinisme et le
révisionnisme. »
Elle se termine ainsi :
« La conférence en appelle aux travailleurs et aux jeunes de par le monde
à bâtir le Parti de l’égalité socialiste et le CIQI, en même temps que son
organisation étudiante, l’Internationale des étudiants pour l’égalité
socialiste, afin de mener la lutte contre la guerre et le système
capitaliste. »
Dimanche, deuxième
jour de la conférence, la perspective politique présentée dans la résolution a
été adoptée à l’unanimité par les participants. Le World Socialist Web Site
publiera la totalité de la résolution dans le courant de la semaine.
Durant la
discussion sur la résolution introduite par Joe Kay, plusieurs rapports ont été
faits sur la situation politique aux États-Unis, au Sri Lanka, en Italie, au Canada,
en Allemagne, en Russie, en Iran et au Venezuela. Des étudiants activement
engagés dans la construction de sections de l’IEES dans les universités et les
lycées de par les États-Unis et internationalement ont décrit les conditions
politiques, sociales et économiques auxquelles sont confrontés les étudiants et
les jeunes et ont insisté sur la nécessité de la perspective internationale et
socialiste élaborée dans la résolution.
David North,
secrétaire national du SEP aux États-Unis et directeur du comité de rédaction international
du World Socialist Web Site, a discuté de l’inévitabilité des
convulsions politiques à venir, dans lesquelles l’existence de l’organisation
économique actuelle de la société sera de plus en plus remise en question.
La période historique
caractérisée par la suprématie sans conteste du capitalisme américain et sa
domination militaire arrive à sa fin, a expliqué North. Il a dit que le
capitalisme américain était en déclin, alors que l’influence de l’Europe et de
puissances économiques émergentes telles que l’Inde et la Chine, grandissait rapidement.
North a expliqué
que l’intervention américaine en Irak était une tentative pour contrecarrer ce
déclin par l’utilisation de la force militaire. Pour cette raison, l’échec de
cette entreprise a des conséquences catastrophiques pour le capitalisme
américain. Une transition est en cours vers une nouvelle période historique,
dans laquelle les différentes puissances impérialistes vont tenter de défendre
leurs intérêts par l’utilisation de la violence militaire.
Dans ce contexte, North
a souligné que « ce n’est qu’une question de temps avant que la classe
ouvrière n’intervienne en politique ». La question décisive, a-t-il argumenté,
est celle du programme, des principes et de la perspective qui guideront cette
intervention.
D’autres sujets
ont été abordés, tels les origines de la crise politique et sociale aux Etats-Unis,
l’histoire et les leçons du mouvement anti-guerre, le travail d’éducation de l’IEES,
les problèmes de l’art et de la culture, et le développement du World Socialist
Web Site. Une collecte pour financer le développement de l’IEES a recueilli
11 000 $.
La conférence a
également adopté à l’unanimité une résolution demandant au gouvernement du Sri
Lanka de mener une enquête exhaustive sur la disparition de Nadarajah Wimaleswaran,
un membre du Parti de l’égalité socialiste au Sri Lanka, et de son ami Sivanathan
Mathivathanan, dans le nord de l’île de Jaffna le 22 mars dernier.
« Tout
indique que les militaires sont, soit directement responsables, soit complices
de cette disparition », peut-on lire dans la résolution, introduite par Parwini
Zora, représentant le PES sri lankais. « Nous tenons le gouvernement du
Sri Lanka responsable du sort de Wimaleswaran et de Mathivathanan et demandons
qu’il assure leur sécurité et leur libération immédiate », est-il déclaré.
La résolution
demande également que le gouvernement du Sri Lanka mène une véritable enquête sur
le meurtre du sympathisant du SEP Sivapragasam Mariyadas commis devant son
domicile à Mullipothana en août dernier, et poursuive en justice ceux qui ont
commis ce meurtre.
Elle déclare: « Cette
conférence condamne ces disparitions et ce meurtre qui sont des crimes
politiques menés contre le Parti de l’égalité socialiste du Sri Lanka et ces personnes
en raison de leur opposition à la guerre et de leur lutte pour unifier la
classe ouvrière sur la base d’un programme socialiste international s’opposant
à toute forme de politique communautariste. »