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Un homme de 25 ans a tiré à répétition au cégep Dawson à Montréal mercredi, visant les étudiants et le personnel au hasard et ne laissant que panique et mort dans son sillage.
Les autorités ont déterminé que le tireur, qui a été identifié comme étant Kimveer Gill, s’est finalement suicidé par balle après avoir été blessé par le tir des policiers. Avant de mourir, il a tiré des centaines si ce n’est des milliers de coups de feu, tuant une fille de 18 ans, Anastasia DeSousa et blessant une vingtaine d’autres, y compris six qui sont dans un état critique.
Selon des témoins oculaires, peu après midi trente mercredi, Gill s’est présenté à une des entrées de Dawson habillé entièrement de noir et transportant un fusil et un grand sac. Il s’est brièvement mêlé aux étudiants qui se trouvaient à l’entrée, a levé son arme et a commencé à tirer. Les étudiants ont fui, paniqués, et Gill est entré dans le cégep. Quelques instants plus tard, il entrait en tirant dans un grand atrium où plusieurs étudiants étaient réunis pour manger et discuter.
Les policiers ont échangé des coups de feu avec Gill peu après. Mais dix minutes, peut-être même quinze se sont écoulées avant qu’il soit touché et qu’il se suicide. Auparavant, il a pu tirer de ses trois armes des volées et des volées de balles vers les policiers qui s’étaient positionnés dans un corridor donnant accès à l’entrée sud de l’atrium. Pendant ce temps, les étudiants qui n’avaient pas pu fuir, pris entre deux feux, se sont réfugiés derrière des tables ou se couchaient au sol.
Il n’y a aucun doute que le nombre de blessés aurait été plus élevé, et possiblement beaucoup plus élevé, si des policiers ne s’étaient pas trouvés dans les parages de l’entrée du cégep Dawson pour une autre affaire lorsque la fusillade a commencé. Ces agents, que Gill aurait vus et choisi d’ignorer, ont immédiatement contacté leur quartier général pour signaler les tirs et ont suivi le tireur dans l’édifice.
La fusillade, la fuite en panique et l’évacuation organisée par les policiers de milliers d’étudiants et de personnel et la recherche policière intensive du cégep et des environs pour de possibles complices ont sérieusement perturbé la vie de la deuxième ville en importance au Canada. Les parents des étudiants de Dawson, comme on peut le comprendre désespérant d’avoir des nouvelles de leurs proches, se sont rendus au campus contribuant à la confusion et au chaos.
La police a dit qu’elle n’avait pas trouvé de preuve que la fusillade de mercredi avait été motivée par le racisme ou un autre cause politique, même les plus troubles, au contraire du massacre de Polytechnique en 1989 à Montréal. Un jeune homme avait tué 14 étudiantes, blâmant le féminisme pour son échec à être admis à l’école de génie.
Il semble aussi ne pas y avoir d’explication évidente qui expliquerait pourquoi Gill a choisi le cégep Dawson. Il n’était pas, et n’a prétendument jamais été, un étudiant de Dawson.
Né au Canada d’une famille qui a immigré de l’Inde, Gill était attiré par les armes ainsi que les jeux vidéos et les films violents comme Rambo, Natural Born Killers, et un jeu vidéo basé sur le massacre à l’école secondaire de Colombine de 1999. Même s’il vivait avec sa mère dans la banlieue de Montréal, son blogue et un questionnaire qu’il a rempli sur un site web traitant de heavy metal et du milieu dit gothique indique qu’il détestait ses parents et était enragé et dégoûté du monde. La vaste majorité de gens qu’il a rencontrés, a écrit Gill, était « sans valeur, méchants, trompeurs, prêts à trahir, à mentir et à vous mettre un poignard dans le dos ».
Son blogue, qui est maintenant hors ligne, rapportait prétendument qu’il avait la cible de brutes dans son adolescence et que les autorités de l’école et ses camarades de classe ne l’avaient pas aidé.
Au cours des prochains jours, nous en apprendrons assurément plus sur la vie de Gill et son profil psychologique.
Mais déjà, plusieurs points doivent être faits sur la réaction initiale des médias et du monde politique.
Il ne fait aucun doute que la soif d’information du public dans le cas où une fusillade ou d’une tragédie d’un même ordre au cœur d’une ville de plusieurs millions. Mais la couverture continue « en direct » offerte par les chaînes de télévision, par CNN et d’autres chaînes de nouvelles était plus un spectacle qu’une source d’information.
Alors que les reportages de mercredi après-midi étaient sensationnalistes et souvent confus à cause du recyclage de rumeurs, les reportages et les commentaires plus mûris de jeudi avaient pratiquement tous le même message : la tragédie de mercredi était un éclair dans un ciel bleu, elle était un crime commis pour des raisons insondables par un individu dérangé, sans aucune cause ou signification sociale.
Un éditorial du National Post a affirmé « Que dans la mesure » où des événements comme ceux de Columbine ou de Dawson « présentent une constante, on ne peut parler de phénomène social ou technologique en particulier…
« Au lieu de chercher des phénomènes extérieurs sur lesquels jeter le blâme de cette tragédie, les Canadiens devraient concentrer leur attention sur la véritable « cause première » des massacres à l’école : des âmes troublées et dominées par le mal. »
N’étant pas en reste, le journal le plus lu du Canada anglais, le Globe and Mail, a publié trois commentaires qui reprenaient le thème que les événements de mercredi étaient inexplicables et en aucune façon reliés à l’environnement social ou un produit de celui-ci.
Pour le titre de son commentaire, Roy MacGregor a utilisé une remarque faite par le père de la seule victime de la fusillade de Taber, en Alberta, en 1999 : « Si vous pouvez trouver une explication, faites-le moi savoir. » Pour sa part, Christie Blatchford a soutenu que le phénomène des fusillades dans les écoles était apparenté à un accident de la nature, et qu’il était imprévisible et incontrôlable. John Ibbitson a fait l’affirmation évidente que les tueurs de ce type étaient aliénés de la société. Mais en réponse à la question de savoir pourquoi ces personnes peuvent devenir assez aliéné et en colère pour se déchaîner et faire violence si horriblement aux autres et à eux-mêmes, il a déclaré qu’il était inutile de chercher des réponses. C’est « le mal parmi nous, » a affirmé Ibbitson. « Aucune société n’a trouvé le moyen d’empêcher, ou même d’identifier, les esprits perturbés à un point où ils deviennent une menace mortelle. »
Mais les fusillades, et encore moins les fusillades dans des écoles et des collèges, n’ont pas toujours existé.
Ce qui pousse un certain individu à chercher justification et approbation à travers un si vil type d’action que la tuerie est assurément le produit d’une combinaison unique de désespoir personnel et d’extrême désorientation, mais qui émerge dans un environnement social bien précis et qui est renforcée par lui.
Au cours des récentes décennies, au Canada comme dans tous les pays capitalistes avancés, la vie sociale est devenue énormément plus dure alors que les sections les plus privilégiées de la société ont poursuivi un programme visant à défendre et améliorer leur position sociale par le démantèlement systématique des emplois, des conditions de travail, des services publics et sociaux et par la subordination sans cesse grandissante de tous les aspects de la vie sociale aux exigences du marché capitaliste.
L’exaltation de la recherche individuelle de la richesse et de la célébrité, ainsi que la marginalisation et le dénigrement des victimes de la restructuration capitaliste sont inséparables de cet assaut sur la position sociale de la classe ouvrière.
Cela va de pair avec la promotion du militarisme, et particulièrement depuis 2001 lorsque l’administration Bush a profité des événements du 11 septembre pour mettre de l’avant un énorme programme de réarmement et déclencher des guerres de conquête prédatrices contre l’Irak et l’Afghanistan.
Avec les médias répétant en choeur, Bush et ses copains ont célébré à plusieurs reprises la violence gratuite infligée par les forces américaines en Irak et en Afghanistan comme « se débarrassant de l’ennemi », tout en lançant régulièrement des menaces de guerre contre les autres puissances. Alors qu’à une certaine époque Washington prétendait appuyait un système de droit international, il soutient maintenant, et sans retenue, le droit à la force.
Dans le cas des conservateurs de Stephen Harper, ils ont fait de la participation des Forces armées canadiennes dans l’opération de contre-insurrection de l’OTAN dans le sud de l’Afghanistan l’initiative qui définit le gouvernement. Leur objectif est d’utiliser l’intervention en Afghanistan pour se débarrasser de toute conception des FAC comme gardiens de la paix, plutôt que comme une force guerrière servant à promouvoir les intérêts de l’élite canadienne sur la scène mondiale. En effectuant ce changement, et comme l’indique la couverture favorable détaillée des médias, ils sont fortement appuyés par l’élite corporative canadienne.
Bien que Gill se considérait comme un marginal, les images de lui sur son blogue en diverses positions guerrières portent la marque de films comme Rambo et d’un environnement politique de plus en plus infecté de militarisme.
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