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WSWS : Nouvelles et analyses : l'Amérique Centrale Le tribunal électoral mexicain rejette la contestation des élections de juillet par Lopéz Obrador Par Rafael Azul Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur Le Tribunal électoral mexicain (TEPJF) a tenu une audience publique lundi et a rejeté la plupart des objections aux résultats des deuxièmes élections présidentielles qui ont eu lieu en juillet. Les objections, remettant en question les résultats de 40 000 boîtes de scrutin, ont été faites par Andrés Manuel López Obrador, le candidat du Parti de la révolution démocratique (PRD). Le tribunal a annulé 237 736 votes, sans donner de détails sur la provenance de ses bulletins. De ces votes annulés, 81 080 avaient été auparavant attribués à Felipe Calderón du Parti de l’action nationale (PAN), 76 897 à la coalition menée par le PRD et 63 000 à Roberto Madrazo de la coalition menée par le Parti révolutionnaire institutionnel (PRI). Bien que le TEPJF ait été assez prudent pour préciser que ses calculs étaient préliminaires et sujets à changement, il n’y a aucun doute que ce jugement ouvre la voie au tribunal pour certifier que Calderón est le gagnant des élections de juillet. Le TEPJF doit certifier un gagnant avant le 6 septembre. Dans l’élection de juillet, aucun des candidats n’a gagné de majorité absolue ; les résultats officiels donnent à Calderón et à Lopéz Obrador environ 35 pour cent du vote chacun. Selon le premier décompte, Calderón a devancé Lopéz par une étroite marge de 244 000 votes (0,58 pour cent des votes). La décision du tribunal électoral vient diminuer l’avance de Calderón, qui demeure toutefois en tête. Lopéz Obrador se considère le réel vainqueur des élections et, depuis l’élection de juillet, a mobilisé des millions de ses supporteurs afin d’obtenir que tous les bulletins de vote soient comptés de nouveau. Le candidat du PRD a appelé à un ralliement de masse le Jour de l’indépendance du Mexique, le 16 septembre, qui le déclarera soit président ou « chef du gouvernement de la résistance » face à une administration Calderón. Lopéz décrit le rassemblement du 16 septembre comme une « Convention nationale démocratique » (CND). Des réunions de ses partisans ont lieu partout dans le pays afin d’élire des centaines de milliers de délégués à cette manifestation. En plus de le déclarer président, Lopéz a demandé à la CND de créer de nouvelles institutions qui « répondent au mandat du peuple ». Anticipant la décision du TEPJF lundi, il a dit : « Nous n’avons aucun respect pour leurs institutions ; elles ne proviennent pas du peuple ; nous créerons de nouvelles institutions en accord avec l’article 39 de la Constitution. » L’article 39 de la constitution mexicaine stipule que le pouvoir appartient au peuple. Lopéz Obrador a été assez prudent pour ne pas dévoiler quelles nouvelles institutions il demande. En défiant le PAN de Calderón, Lopéz a été avare sur les détails. Pendant qu’il insiste que son gouvernement met « les pauvres en premier » et qu’il promet un « New Deal », cette politique n’est jamais expliquée ou détaillée. La tactique de mobilisation populaire de Lopéz est dans les normes de ce qui se fait au Mexique et en Amérique latine. Lopéz et le PRD défendent les intérêts de la grande entreprise et sont financés par elle, par exemple, l’homme le plus riche du Mexique, Carlos Slim. Au cœur de la campagne du PRD, on trouve la crainte des sections de la classe dirigeante que cette crise électorale cache une crise sociale beaucoup plus profonde, menaçant une éruption dans la lutte des classes. La situation est à un niveau critique pour les classes moyennes et ouvrières après de nombreuses années de diminution dans leur niveau de vie, de répression gouvernementale et d’augmentation du chômage. Ce qui alimente les flammes de cette crise, ce sont les conditions sociales et économiques de plus en plus insupportables auxquelles font face les Mexicains, particulièrement les plus pauvres. En 1978, une famille devait gagner deux fois le salaire minimum pour subvenir aux nécessités de base. Aujourd’hui, elle doit gagner quatre fois le salaire minimum, ce qui condamne 40 pour cent de la population à la pauvreté. Avec le présent taux de croissance de 5 pour cent par année, le Mexique crée 600 000 emplois chaque année, mais un million de personnes arrivent au même temps sur le marché du travail, forçant ainsi des centaines de milliers de personnes à émigrer. Les évènements majeurs de cette année incluent : * L’explosion et l’effondrement à la mine Pasta de Conchos dans l’Etat de Coahuila le 19 février, dans laquelle 65 mineurs sont morts. Le désastre a provoqué une vague de grèves dans les mines de cuivre et de zinc à la fin février. Des dizaines de milliers de mineurs ont quitté leur emploi dans un geste de solidarité avec les mineurs de la Pasta de Conchos, victimes de la négligence de leur gouvernement, de la direction de la mine et de leur propre syndicat. * Une grève nationale de deux jours en mars, qui a fermé des centaines de mines et d’usines, après une décision du chef du gouvernement du PAN de congédier le chef du syndicat des mineurs. * Le meurtre de deux jeunes travailleurs le 20 avril après une attaque armée afin de mettre fin à une grève à l’usine d’acier privatisée Sicartsa dans la ville portuaire de Lazaro Cardenas dans l’État du Michoacan. Trente autres furent blessés. * L’attaque brutale en mai dernier par la police mexicaine et les forces de sécurité contre de petits marchands dans la communauté de San Salvador de Atenco, dans l’Etat de Mexico. Beaucoup furent attaqués, incluant un paraplégique qui fut battu pour avoir refusé de se lever. Dix-sept femmes ont déposé une plainte selon laquelle elles ont été abusées sexuellement par la police pendant qu’elle était en devoir. Près de quatre mois plus tard, plusieurs personnes sont toujours en prison. * L’occupation toujours en cours par les enseignants de l’Oaxaca central en réponse à une attaque brutale sur des enseignants grévistes le 15 juin. Les enseignants et leurs supporteurs demandent que le gouverneur d’Etat, Ulises Ruiz du PRI, démissionne. La semaine dernière, des milices armées et des policiers en civil ont envahi le réseau public de télévision qui avait été pris par les grévistes et ont détruit de l’équipement pour forcer la fin de la télédiffusion. L’attaque est largement attribuée à Ulises Ruiz lui-même. Continuant sans se laisser décourager, les grévistes ont occupé les stations de radio pour transmettre leurs demandes. Ce qui inquiète Lopéz Obrador et le PRD est que ces luttes pourraient devenir hors de contrôle. Son rôle central est de se présenter comme étant le représentant du « peuple » dans le but de prévenir et de bloquer un mouvement indépendant de la classe ouvrière. Dans une interview publiée dans le Financial Times le 22 août, Lopéz Obrador, après avoir dénoncé l’administration actuelle pour être contrôlée par les riches et les intérêts spéciaux, a rendu clair que plutôt que de remplacer les institutions du gouvernement, son but est de ramener la confiance populaire envers la constitution et le gouvernement. Dans une autre entrevue publiée dans le même journal, le conseiller financier de Lopéz Obrador, Rogelio Ramirez de la O, a mis l’accent sur la responsabilité fiscale et a rendu clair que derrière la rhétorique populiste du candidat se cache un programme pro-affaire. « Il est essentiel » a déclaré Ramirez, de faire la distinction « entre une campagne électorale et les communications avec les marchés [financiers] une fois que vous êtes en fonction. » (Article original anglais paru le 29 août 2006)
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