Le Parti de l’égalité socialiste (PES) au Sri Lanka et le World
Socialist Web Site (WSWS) condamnent le meurtre du partisan du PES,
Sivapragasam Mariyadas, survenu le 7 août dans le quartier de Trincomalee. Nous
demandons à nos lecteurs et nos partisans d’appuyer notre campagne pour exiger
une enquête complète et pour que les responsables de ce crime soient amenés
devant la justice.
Les faits connus jusqu’à maintenant indiquent que les
tueurs seraient membres de l’armée sri lankaise, de la police ou des groupes
paramilitaires alliés, et que le meurtre de Mariyadas serait un élément d’une
campagne brutale pour intimider et terroriser la population du nord-est du Sri
Lanka, alors que le gouvernement du président Mahinda Rajapakse replonge le
pays dans la guerre civile. Le but de cette campagne est de faire taire les
opposants conscients à la guerre.
Mariyadas, 32 ans, était photographe de profession et
dirigeait un studio et un centre de communications dans la ville rurale de Mullipothana,
à 20 kilomètres au sud de Trincomalee. Il y avait déménagé dans cette ville avec
sa femme, Stela Krishanthi Mariyadas, et son fils de trois ans, seulement sept
jours avant sa mort, à cause des difficultés quotidiennes qu’il éprouvait pour
se rendre à son travail.
Le 7 août, Mariyadas est arrivé chez lui à 19h45. À environ
21h30, juste après avoir manger, il est allé ouvrir la porte après avoir
entendu quelqu’un crier en tamoul « Mariyadas anna », ce qui signifie
« frère Mariyadas ». En atteignant la porte, un tireur l’a atteint au
front et au cou, le tuant instantanément.
Après avoir entendu les coups de feu, sa femme, Stela
Krishanthi, qui se trouvait à la cuisine, s’est précipitée à l’entrée pour y
trouver Mariyadas étendu à terre. Elle a pu apercevoir que l’assaillant portait
un short, un t-shirt et un casque et qu’il s’enfuyait de la maison en direction
de la barrière. Le tueur a sauté par-dessus le mur et s’est enfui sur une
motocyclette qui l’attendait là.
Des voisins accompagnés de deux soldats des forces
territoriales sont arrivés à la maison après avoir entendu Krishanthi appeler à
l’aide. Une demi-heure plus tard, des policiers de la station de Thambalagamuwa
sont arrivés sur place. Ils ont noté la déclaration de Krishanthi et ont transporté
le corps de Mariyadas à l’hôpital de Kantalai, à 10 kilomètres au sud. La
journée suivante, en enquête du magistrat fut menée à l’hôpital et un verdict
de routine fut rendu : mort causée par des blessures par balles, tireur
non identifié. Aucune enquête sérieuse n’est en cours.
Les circonstances du meurtre indiquent que celui-ci était
un assassinat professionnel et ciblé, réalisé par des membres des forces de
sécurité ou des gangsters paramilitaires. Toute la région se trouve au beau
milieu d’une zone de guerre et elle hautement patrouillée par des troupes
militaires, la police et des forces territoriales. Quiconque se déplace durant
la nuit doit régulièrement subir des contrôles de sécurité à des barrages
routiers.
Le meurtre s’est produit tout juste après de violents
combats à Muttur, à quelque 50 kilomètres à l’est de Mullipothana. Le 26
juillet, le président Rajapakse a lancé une offensive majeure, brisant
ouvertement le cessez-le-feu de 2002, pour s’emparer du contrôle du réservoir
d’irrigation de Mavilaru en territoire rebelle. Le 1er août, les Tigres de
libération de l’Eelam tamoul (LTTE) ont répliqué en pénétrant dans la ville de
Muttur, contrôlée par le gouvernement, menaçant de couper les lignes
d’approvisionnement de l’armée.
Des dizaines de milliers de résidents, la plupart musulmans,
ont fuient après que les militaires eurent bombardé la ville avec un tir
soutenu d’artillerie et un barrage de roquettes et qu’ils eurent finalement
repris le contrôle de la ville. La résidence de Mariyadas était à quelques
mètres d’une école musulmane dans laquelle des réfugiés de Muttur avaient
trouvé refuge. Les troupes étaient partout dans Mullipothab et patrouillaient sur
la principale route joignant Trincomalee à Kantalai. Des soldats lourdement
armés étaient postés près de l’école.
Le 5 août, deux jours avant que Mariyadas soit tué, 17
travailleurs locaux liés à l’organisation française Action contre la faim (ACF)
furent trouvés morts à Muttur. 15 corps étaient alignés sur les lieux de
l’ACF, chacun avec une balle dans la tête à la manière d’une exécution. Deux
autres travailleurs ont tenté de s’échapper et ont été trouvé une balle dans le
dos. Après avoir mené sa propre enquête, le groupe de supervision du Sri Lanka,
(GSSL) qui voit à l’application du cessez-le-feu, en est arrivé formellement à
la conclusion le 30 août que les forces militaires étaient responsables de ces
meurtres.
La tuerie de Muttur, une atrocité parmi tant d’autres depuis
la prise du pouvoir de Rajapakse en novembre dernier souligne le caractère
communautariste de la guerre. Les forces de sécurité sont profondément imbues de
chauvinisme singhalais et traitent la minorité tamoule comme l’ennemi. Les
partis extrémistes singhalais ont régulièrement dénoncé les organisations non
gouvernementales opérant dans le Nord et l’Est de « sympathisant des
Tigres ».
Deux jours plus tard dans ce climat politique empoisonné, Mariyadas
était assassiné. À ses funérailles le 9 août dans sa ville natale de Selvanayagapuram
près de Trincomalee, les forces de sécurité patrouillaient en moto et tentaient
de garder les gens à distance. Des soldats singhalais ont dit aux personnes en
deuil : « Pourquoi participer aux funérailles de ce membre des LTTE ?
Vous pouvez y aller, mais nous vous avons à l’œil et saurons où vous irez
lorsque vous partirez. »
Des soldats à Mullipothana ont répandu des mensonges similaires :
que Mariyadas était un membre des LTTE et qu’il s’était vu accorder une
médaille des LTTE à ses funérailles. Malgré les efforts d’intimidation, les
membres du cortège funèbre, près de 500 personnes — Tamouls et Singhalais — sont
venues rendre hommage au défunt. Mariyadas était un jeune homme populaire, bien
connu pour aider les autres et organiser des événements sociaux.
Mariyadas n’était pas un membre du LTTE. Bien qu’il n’était
pas ouvertement engagé dans les activités politiques du SEP, il était en accord
avec le programme politique du parti, et non pas avec la perspective
séparatiste du LTTE. Mariyadas avait un profond respect pour la lutte soutenue
du SEP et son prédécesseur, la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), en
opposition à la guerre dès son éclatement en 1983 et l’unification de la classe
ouvrière — tamoule, singhalaise et musulmane — pour la République socialiste du
Sri Lanka et de l’Eelam.
Mariyadas est entré en contact avec le SEP, il y 5 ans. Il
lisait avidement les articles du WSWS en tamoul et aidaient les journalistes du
WSWS chaque fois que cela lui était possible. Sa famille et lui ont offert gîte
et nourriture à nos journalistes. S’il jugeait que leur assignation était
dangereuse, il insistait pour les accompagner. Avec son large réseau d’amis et
de connaissances, nous pouvions toujours compter sur lui pour trouver de
l’information ou obtenir des entrevues. Quelques jours avant son décès, il a
organisé une entrevue avec un réfugié de Muttur. Mariyadas voulait qu’un
portrait véridique de ce qui se passait au Sri Lanka soit porté à l’attention
d’une public international.
Il a bien simplement résumé son opposition
à la guerre : « Voyez-vous, nous, les Singhalais, les Tamouls et les
musulmans, vivons ici en relation étroite. Une poignée de gens de ces trois
côtés viennent ici et incitent à la discorde entre communautés en défense de
leurs propres intérêts ». Profondément opposé à la guerre et hostile à
toutes les élites dirigeantes, il disait : « Ce sont les Tamouls
ordinaires et les civils singhalais, ainsi que les soldats, qui meurent dans
cette guerre. » Ce n’est pas par accident s’il fut attiré par le PES et le
WSWS.
Mariyadas n’avait pas d’ennemis personnels.
Lorsque les membres de sa famille l’ont pressé de ne pas déménager à Mullipothana,
Mariyadas leur a répondu qu’il ne craignait rien parce que les Singhalais et
les musulmans de cette ville étaient tous amicaux avec lui. Il a été tué parce
qu’il était connu comme un opposant à la guerre. Son meurtre visait à
terroriser ceux qui cherchent pour une voie politique progressiste hors du
bourbier de la guerre entre communautés qui engouffre l’île depuis plus de
vingt ans.
Lorsque le PES a parlé à la police de Thambalagamuwa le 4 septembre, le sergent Perera, responsable de la
section des crimes, a dit que les enquêteurs n’avaient trouvé aucun indice. Il
a dit que la police soupçonnait un groupe terroriste comme le groupe Karuna, né
d’une scission avec les LTTE et allié avec l’armée. Perera a aussi laissé
entendre que les LTTE ont pu soupçonner Mariyadas de transmettre des
informations aux forces de sécurité et le tuer. En d’autres mots, la police ne
mène pas d’enquête sérieuse.
Le sergent Perera a dit au SEP que l’enquête
continuait et que le cas devait être entendu à nouveau devant une cour locale
le 7 décembre. Le danger est que l’on organise une tentative monstrueuse
d’étouffer l’affaire — comme cela est arrivé maintes et maintes fois lorsque
les forces de sécurité sri lankaises sont impliquées dans de tels crimes.
Le PES et le WSWS lancent une campagne
internationale pour demander que le gouvernement sri lankais trouve et amène
devant la justice les assassins de Mariyadas. Nous pressons tous nos lecteurs
et nos supporteurs d’écrire aux autorités sri lankaises pour protester contre
le meurtre, demander une véritable enquête et pour arrêter et accuser tous les
responsables.
Les lettres de protestation devront être
adressées à :
Inspector General of Police Chandra Fernando,
Police Headquarters, Colombo 1, Sri Lanka.
Fax: 0094 11 2446174
Email: igp@police.lk
Attorney General K.C. Kamalasabeyson,
Attorney General’s Department,
Colombo 12, Sri Lanka.
Fax: 0094 11 2436 421
SVP, faites parvenir une copie de vos letters au Parti de
l’égalité socialiste (Sri Lanka) et au World Socialist Web Site.
Socialist Equality Party,
P.O. Box 1270,
Colombo, Sri Lanka.
Pour faire parvenir votre lettre au comité editorial du WSWS,
bien vouloir utiliser ce lien-ci.
(article original anglais paru le 5 septembre
2006)