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Ces deux phénomènes sont en réalité des expressions de la même crise du système de profit. Les corporations transnationales ratissent le globe à la recherche de ressources naturelles et de réserves de main-d'œuvre bon marché à exploiter. Organisées mondialement, elles transfèrent systématiquement la production là où les coûts de la main-d'œuvre sont les moins élevés. La guerre contre la classe ouvrière est l’expression achevée de cette lutte corporative pour les profits et les investissements qui s’intensifie sans arrêt.
Ainsi, des blocs nationaux rivaux de capitalistes sont engagés dans une lutte géopolitique pour les positions avantageuses, cherchant à défendre leur position par des alliances économiques et géopolitiques et à s’assurer le contrôle de ressources vitales et de zones stratégiques par des moyens économiques, politiques et militaires.
En menant des guerres pour assurer sa domination sur les réserves mondiales de pétrole, les États-Unis, le plus puissant pays capitaliste, a mis au rancart le système de relations internationales et d’alliances multilatérales qu’ils avaient aidé à créer durant une précédente période pour atténuer les antagonismes anti-impérialistes et établir leur propre domination. Cela ne fait que souligner le caractère systémique de l’actuelle crise.
En réaction à la guerre américaine illégale de pillage contre l’Irak, toutes les grandes puissances ont entrepris de se réarmer. La géopolitique mondiale est dans un état de fluidité, de rivalité et d’anxiété, tel qu’on ne l’a pas vu depuis les années 1930. Même lorsque les grandes puissances capitalistes semblent alliées, comme dans la campagne pour intimider l’Iran sur son programme nucléaire, d’énormes tensions et conflits mijotent sous la surface.
Presque la totalité de l’establishment américain avoue maintenant que la guerre en Irak est devenue un fiasco aux proportions historiques. Mais il existe une véritable unanimité au sein de l’élite américaine qu’il ne peut y avoir de retour en arrière. Cela a clairement été démontré cette semaine lorsque le New York Times, l’organe traditionnel du libéralisme américain, a publié un éditorial appelant à l’intensification de la guerre en Irak. Selon le Times, un retrait des États-Unis entraînerait de « terribles conséquences » – c’est-à-dire de « terribles conséquences » pour l’impérialisme américain.
Une des plus grandes craintes qui animent le Times et toute l’élite des États-Unis est la classe ouvrière américaine qui, sous le leadership d’une bureaucratie syndicale ossifiée et violemment anti-socialiste, a connu un déclin catastrophique de sa position sociale et est de plus en plus aliénée de toute la structure politique, y compris le Parti démocrate, le parti de la classe dirigeante qui s’est affiché comme ami des gens ordinaires.
En tant que puissance impérialiste de second ou de troisième rang, le capital canadien doit souvent s’incliner, et même s’agenouiller, devant son puissant voisin du sud. Mais ses instincts et ses ambitions ne sont pas différents.
Le Canada a été un belligérant important durant les deux guerres mondiales impérialistes du siècle dernier et ses dirigeants sont déterminés à être à la table des négociations pour toute future division du monde. Comme l’a dit le premier ministre Stephen Harper lors d’un important discours à Calgary plus tôt ce mois-ci, « Jetez un coup d’oeil autour de vous : nous nous trouvons parmi des Canadiennes et des Canadiens à la tête de sociétés qui font des affaires aux quatre coins de la planète. » Dans le même discours, Harper a carrément déclaré que les morts des soldats canadiens en Afghanistan étaient « le prix du leadership canadien dans le monde ».
Pendant ce temps, le National Post, le journal le plus près du gouvernement actuel, a proclamé sans gêne qu’Ottawa devrait pousser Washington à accepter la revendication canadienne sur certains territoires de l’océan Arctique potentiellement très riches en minéraux en échange de l’appui canadien aux Etats-Unis dans d’autres régions du monde.
Durant le dernier quart de siècle, la direction officielle de la classe ouvrière — les syndicats et les sociaux démocrates du NPD — a supprimé la lutte de classe, imposant des coupures d’emploi et de salaire et sabotant les soulèvements de la classe ouvrière contre la destruction des services publics et sociaux. Elle a également été complice du tournant militariste de la bourgeoisie canadienne. Le NPD a appuyé les sanctions de l’ONU contre l’Irak durant dix ans, tout en sachant fort bien que cela coûtait la vie à des centaines de milliers d’Irakiens. Il a appuyé la campagne de bombardement de l’OTAN contre la Yougoslavie, et jusqu’au mois d’août dernier appuyé l’intervention militaire canadienne en Afghanistan. En fait, le NPD donné son appui au gouvernement libéral de Paul Martin au parlement quand il a décidé de déployer les FAC pour faire la guerre en Afghanistan du sud. Encore aujourd’hui, le NPD appuie le maintien d’un contingent de soldats canadiens à Kaboul.
Quant au Bloc québécois, le parti indépendantiste soutenu par les syndicats au Québec, il a dénoncé le NPD pour être « irresponsable » pour avoir demandé le retrait des troupes canadiennes d’Afghanistan.
Les syndicats et le NPD tentent maintenant de se placer à la tête – ou à tout le moins de s’associer – au mouvement contre la guerre. Autant le NPD que le Bloc espèrent attirer des votes en puisant dans le sentiment d’opposition à Harper et Bush. Mais ils sont autant préoccupés à émasculer politiquement le mouvement contre la guerre.
De concert avec les syndicats, ils tentent de ressusciter « la politique étrangère indépendante » poursuivie par les gouvernements libéraux des années ’60 et ’70.
La réalité est que le Canada durant la guerre froide était un partenaire de l’OTAN et de NORAD. « Le maintien de la paix » était une façon pour la classe dirigeante de gagner une certaine influence dans l’arène mondiale dans la poursuite des intérêts du Capital canadien et, tout aussi important, était un moyen de redéfinir le nationalisme canadien pour en faire un instrument plus efficace pour arçonner la classe ouvrière aux objectifs de la classe dirigeante canadienne.
La lutte contre la guerre ne va pas avancer par des appels aux politiciens capitalistes et l’élite dirigeante, ou en opposant au programme de la bourgeoisie d’aujourd’hui celui qu’elle avait hier.
Cela requiert plutôt la mobilisation politique indépendante de la classe ouvrière sur la base d’un programme socialiste et internationaliste. La guerre impérialiste et la guerre contre les droits démocratiques et les travailleurs sont enracinées dans la crise du système de profit. La lutte contre l’un est inséparable de la lutte contre l’autre, et les deux requièrent la mobilisation internationale de la classe ouvrière contre la domination de l’économie mondiale par des corporations privées géantes et la division du monde en un système d’États nation en compétition.
Les travailleurs au Canada, étant donné leur longue histoire de lutte commune avec les travailleurs des Etats-Unis et de l’intégration étroite de l’économie de l’Amérique du Nord, ont une responsabilité spéciale afin d’assister les travailleurs des Etats-Unis à briser avec le Parti démocrate et à s’organiser comme une force politique en opposition à l’impérialisme américain.
C’est pour ce programme que le SEP et le World Socialist Web Site lutte.
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