Mercredi, la Force internationale de sécurité et d'assistance (FISA), qui
occupe l'Afghanistan et qui est dirigée par l'OTAN à deux reprises et à
quelques heures d'intervalle, a tiré des missiles sur des habitations civiles,
tuant 26 hommes, femmes et enfants. Les morts soulignent le fait que les
opérations de contre-insurrection de la FISA sont
menées avec une indifférence meurtrière face à la population locale, qui est en
très grande majorité hostile aux forces militaires étrangères.
Le premier incident s'est produit dans le district de Zhari,
dans la province de Kandahar, où l'armée canadienne prétend que ses soldats ont
tué entre 500 et 1 500 guérilleros talibans durant août et septembre, lors
d'une offensive surnommée « Méduse ».
Selon un rapport de l’AssociatedPress, des hélicoptères de l'OTAN ont tiré des missiles
sur trois maisons du village d'Ashogho à 2h du matin.
Les résidents affirment que 13 personnes, dont quatre femmes, ont été tuées et
15 autres blessées. Le gouverneur de Kandahar, AsadullahKhalid, a déclaré aux médias que rien ne montrait que
des combattants talibans se trouvaient parmi les morts, ou même dans le village
à ce moment.
Quelques heures plus tard, des roquettes ont soufflé une maison à Gereshk, une ville dans la province de Helmand. Les troupes
britanniques forment la majeure partie des forces de l'OTAN à Helmand, et
durant des mois ils ont été engagés dans de violents combats contre la
résistance locale dans cette région.
Un voisin de la maison qui a été détruite a déclaré à l’AssociatedPress que 13 civils — trois hommes, cinq femmes
et cinq enfants — ont été tués et que l'attaque provenait d'un avion. La police
afghane aurait demandé un appui aérien de l'OTAN durant un affrontement contre
de présumés militants talibans aux abords de la ville. Des chasseurs et des
hélicoptères ont ainsi tiré des missiles et largué des
bombes.
Les forces aériennes n'ont été identifiées dans aucun des incidents, mais
elles appartenaient probablement aux États-Unis ou à la Grande-Bretagne, qui
fournissent la majeure partie de la puissance aérienne de l'OTAN en
Afghanistan.
Un communiqué de presse de la FISA a admis mercredi sa responsabilité pour
les morts civiles à Kandahar. Il a déclaré que des opérations se déroulaient
dans la région pour « capturer des individus » impliqués dans la pose
de bombes contre les forces d'occupation dans le district voisin de Panjwaii. « On fit appel à un soutien aérien
rapproché » qui « entraîna plusieurs pertes civiles ».
La FISA n'a pas expliqué pourquoi des missiles devaient être tirés sur des
maisons pour capturer des insurgés. Malgré tout, cela demeure une procédure
normale. Aussitôt qu'une résistance est rencontrée ou même appréhendée, les
forces américaines et de l'OTAN font appel à des frappes aériennes, peu importe
les pertes civiles qui peuvent être encourues.
Des centaines d'Afghans ont été massacrés dans de telles atrocités. L'une
des plus criminelles est survenue en mai lorsqu'un avion américain A-10 a
mitraillé et bombardé le village de Azizi dans la
province de Kandahar, massacrant au moins 80 personnes.
L'étendue du nombre de morts civiles est habituellement masquée par les
allégations de l'OTAN que les victimes sont des insurgés. Des villageois de la
région de Kandahar, prise pour cible lors de l'opération Méduse, soutiennent
que des dizaines de résidents ont été inclus dans le décompte de l'OTAN des
« talibans » morts. Un fermier, ToonJaan, a déclaré à l'agence Presse canadienne le mois
dernier que 26 membres de sa famille étendue avaient été tués durant le
bombardement du village de Sperwan par l'armée
canadienne.
Ces tueries aveugles sont un facteur significatif dans
l'encouragement des Afghans à prendre les armes contre l'occupation. Les rangs
des insurgés continuent de croître malgré le nombre effarant de morts du côté
de la guérilla afghane pauvrement équipée à chaque confrontation directe avec
les forces de l'OTAN.
Il y a à peine un mois, les commandants de l'opération
Médusa se vantaient d'avoir chassé les talibans des districts de Zhatri et de Panjwaii et de
bénéficier d'un appui local solide. Les troupes de l'ISAF,
ont-ils déclaré, appuient l'aide humanitaire et les efforts de reconstruction
qui « vont fournir l'assistance requise pour les gens déplacés par la
récente occupation des talibans. »
Le 25 septembre, l'ambassadeur de l'OTAN à Kaboul, DaanEverts, déclara que les
succès de la ISAF étaient une « preuve évidente de notre engagement à
livrer une aide pratique au peuple de l'Afghanistan, et un contraste flagrant
avec les insurgés occupés à la destruction, alors que nous aidons à
reconstruire des vies et des maisons ».
Maintenant, les forces de l'ISAF
dans la région se trouvent encore sous le feu des insurgés locaux et répondent
avec le feu aveugle d'attaques aériennes qui enlève les vies, détruit les
maisons et aliène encore plus la population afghane.
Un villageois de Ashogho à
Kandahar a dit à l'AssociatedPressce mercredi : « Si les soldats
étrangers étaient si fins qu'ils savaient où se trouvaient les talibans,
pourquoi n'ont-ils pas vu les femmes et les enfants qui dormaient ?
Pourquoi veulent-ils nous tuer ? Comment peuvent-ils nous aider à
reconstruire s'ils veulent nous tuer ? Peut-être qu'ils devraient
partir. »
Dans la province d'Helmand, un attentat suicide a déjà été
commis en réponse à l'attaque du village de Tajikai.
Jeudi, un homme a foncé au milieu d'un convoi de véhicules militaires
britanniques dans la capitale de LashkarGah et fait exploser une forte charge. Un marine
britannique a été tué et un autre sérieusement blessé. Le nombre de soldats US
et alliés morts cette année atteint déjà 172, soit le nombre le plus élevé depuis
l'invasion de 2001.
Un autre facteur de la croissance de la résistance est le
sentiment de colère vis-à-vis la croissance des inégalités entre les Afghans
ordinaires et l'élite qui s’est enrichie en collaborant avec les forces de l'occupation
menées par les Américains.
Mohammed Siddique, un représentant
de charité Afghans pour demain, a dit à la presse cette semaine :
« Pourquoi le gouvernement n'aide-t-il pas les pauvres ? Pourquoi les
gens du gouvernement et les commandants construisent-ils de grandes maisons et
les pauvres vivent encore dans de mauvaises conditions ? Pourquoi, alors
qu'il y tout cet argent qui arrive des pays étrangers en Afghanistan les gens
vivent si misérablement ? Les gens disent que les talibans sont mauvais,
mais les gens disent aussi que ses gens du gouvernement sont
mauvais. »
L'opposition est telle qu’un officier britannique senior
fraîchement arrivé d'Afghanistan, le brigadier Ed Butler, avertissait cette
semaine que l'insurrection pourrait durer « vingt ans ». Butler a
déclaré : « Je pense que certains ont peut-être sous-estimé la
ténacité et la férocité des talibans. »
La réponse immédiate de l'administration Bush et des
gouvernements qui appuient son occupation néo-coloniale est plus de force et de
violence. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et le Canada intensifient la
pression sur les principaux pays européens, tels que l'Allemagne, la France,
l'Italie et l'Espagne pour l'envoi de troupes assistant à la répression du
peuple afghan. Cependant, plus d'un mois après que les principaux commandants
de l'OTAN aient lancé un appel urgent pour l'envoi de 2,500 soldats en renfort,
aucun n’a répondu à l’appel.