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Réunion internationale du comité de rédaction du WSWS

Rapport sur les Etats-Unis : l'administration Bush et le déclin mondial du capitalisme américain


Deuxième partie

[Première partie]

Par Barry Grey
(Article original publié le 5 mars 2006)

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Nous publions ci-dessous la seconde partie d'un rapport présenté par Barry Grey lors d'une réunion élargie du comité de rédaction international du WSWS qui s'est tenue à Sydney du 22 au 27 janvier 2006. Grey est membre du comité de rédaction international du WSWS et du comité central du SEP (Socialist Equality Party - Parti de l'égalité socialiste ­ Etats-Unis).

Une autre manifestation tangible de la crise du capitalisme américain est, avec le déclin industriel, le parasitisme économique et l'augmentation de l'inégalité sociale, la décrépitude de l'infrastructure des Etats-Unis. Nous ne parlons pas seulement ici de régression sociale (éducation, instruction, santé, vie culturelle, intellectuelle et artistique) mais du délabrement des ponts, des routes, des digues, du réseau électrique, des canaux etc. de la nation.

L'ouragan Katrina a révélé bien des choses, l'une des plus importantes étant un gaspillage des ressources et une utilisation aberrante de celles-ci qui ont fait que la Nouvelle Orléans, ville d'un demi-million d'habitants tenant une place unique dans la vie culturelle des Etats-Unis et aussi un grand port, s'est trouvée totalement sans défense face une grande tempête. Non seulement il n'y avait pas de plan d'évacuation pour des centaines de milliers d'habitants, pour la plupart pauvres et de la classe ouvrière et vivant dans les quartiers les moins surélevés, mais le système de digues qui devait protéger cette ville située au-dessous du niveau de la mer, n'était même pas prévu pour résister à un ouragan d'une puissance supérieure à la catégorie trois.

Et cela, malgré le fait qu'on avait assisté ces dernières années à une forte augmentation de la fréquence et de la violence des ouragans aux Etats-Unis et que les experts avertissaient depuis des années qu'à la Nouvelle Orléans, on allait à la catastrophe. Cet abandon des digues n'est qu'un exemple de l'impact qu'ont eu un quart de siècle de dérèglementation, de baisses d'impôts pour les riches et de réductions des dépenses publiques sur l'infrastructure du pays, c'est-à-dire de la campagne brutale menée par l'aristocratie financière pour accaparer une part de plus en plus grande de la richesse sociale en vue de s'enrichir personnellement.

Il se trouve que j'ai vu en partie une audience sénatoriale sur le désastre de Katrina, retransmise sur une des chaînes de télévision par cable. Les sénateurs interrogeaient un panel de responsables de l'entretien des digues à la Nouvelle Orléans. Un des sénateurs demanda si les digues autour de la Nouvelle Orléans faisaient l'objet d'inspections. La réponse du panel fut « non ».

Finalement, Katrina, ouragan de catégorie 3 à 4, est venue à bout des digues de la Nouvelle Orléans et on a laissé des centaines de milliers de personnes de la région du golfe du Mexique se débrouiller toutes seules. Environ 1300 personnes sont mortes, selon les estimations officielles, et plus de 700.000 ont été obligées de subir l'évacuation et la dispersion sur tout le territoire des Etats-Unis à la recherche d'un toit et de quoi manger, soit des foyers et des vies détruites.

Droits démocratiques

Comme David North le faisait remarquer dans son introduction, un des symptômes du déclin capitaliste est l'attaque tous azimuts des droits démocratiques et le passage à des formes dictatoriales de gouvernement. En janvier 2001, peu après l'élection présidentielle volée de l'an 2000, je fis ici, à Sydney, un exposé examinant le rapport entre la montée des Etats-Unis en tant que puissance industrielle et l'avancée générale des droits démocratiques qui avait accompagné la trajectoire économique ascendante de l'Amérique.

Il n'est pas réellement étonnant qu'une puissance capitaliste montante se sente suffisamment confiante et en sûreté pour, dans certaines limites bien définies, permettre une extension des normes politiques et légales démocratiques. Une société sur le déclin cependant et dont l'élite dirigeante se sent assiégée de toutes parts, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, tendra inversement à limiter les droits démocratiques.

Je remarquais dans cet exposé que l'extension généralisée des droits démocratiques au début et au milieu du vingtième siècle, l'élection du sénat américain au suffrage universel, l'extension du droit de vote aux femmes, le Voting Rights Act de 1965 mettant effectivement fin à la discrimination légale des Afro-Americains dans le Sud des Etats-Unis, l'abaissement de l'âge légal de vote, prit brusquement fin à la suite des mesures économiques prises par Nixon le 15 août 1971. La seule exception importante, la décision de la cour suprême de légaliser l'avortement en 1973, était en réalité, comme on s'en rend compte à présent, le dernier soubresaut du processus d'extension des droits démocratique, plutôt que le début d'une nouvelle période de réformes libérales.

Avec l'administration Bush, l'attaque des droits démocratiques a pris une férocité et un caractère généralisé sans précédent dans l'histoire des Etats-Unis.

On aligne les normes légales et politiques sur la structure sociale oligarchique des Etats-Unis. Plus le système politique se dissocie du peuple et plus le soutien des deux partis capitalistes dans la population se rétrécit, plus apparente et putride deviennent la corruption et la criminalité de la politique officielle. La politique américaine n'a jamais été d'une grande probité. Mais l'establishment politique d'aujourd'hui est pourri jusqu'à la moëlle. L'expression « puanteur de la corruption » est peut être un peu ressassée mais dans le cas présent, elle est tout à fait appropriée.

Le scandale Jack Abramoff à la corruption et à l'achat d'influence, concernant un lobbyiste droitier républicain et des personnages en vue de la Maison Blanche comme le conseiller politique et vice-directeur de cabinet de Bush, Karl Rove, n'est que la partie visible de ce tas d'immondices. Des lobbyistes patronaux pratiquent l'achat de voix au grand jour et graissent la patte des députés du Congrès. Fréquemment, ce sont eux qui formulent les projets de loi qui sont finalement votés.

Des multi-millionnaires utilisent leur argent pour parvenir aux fonctions gouvernementales, tous niveaux confondus. D'autres dépendent des largesses de sponsors patronaux. La mairie d'une grande ville américaine coûte plusieurs dizaines de millions de dollars ; l'achat d'une maison de l'administration exige souvent des millions supplémentaires ; et une campagne électorale ayant pour enjeu la présidence entraîne de nos jours une dépense de plusieurs centaines de millions de dollars.

Entre les plus hautes fonctions de l'Etat, les échelons supérieurs de l'appareil militaire et les sinécures lucratives du monde de la grande entreprise, il existe une porte tournante qui fonctionne avec la régularité et l'efficacité d'une machine bien huilée.

Ce processus se reflète dans les qualités de ceux qui sont assis aux postes dirigeants, tant dans le secteur privé que dans le secteur public. Il n'y a pas si longtemps, Kenneth Lay, d'Enron, passait dans l'univers patronal américain, pour une incarnation du génie. Ce type d'homme fut remplacé dans une période plus récente encore par des médiocrités du genre de l'ancien PDG de General Electric, Jack Welch.

La baisse du niveau intellectuel du personnel dirigeant du capitalisme américain s'exprime de façon adéquate dans la personnalité de l'actuel généralissime. Permettez moi de reciter mon exposé de janvier 2001 :

"La nouvelle administration Bush illustre, sous une forme plutôt perfectionnée, la crise de régime de la bourgeoisie aux Etats-Unis. Bush lui-même est une combinaison politique et intellectuelle qui concentre en sa personne les traits de la couche sociale qui doit son succès économique et sa prédominance sociale au boom spéculatif des deux dernières décennies et qui était fondé sur une attaque brutale de la classe ouvrière et une augmentation incroyable de la corruption et du parasitisme. Ignorante, bornée et avide, cette couche a renforcé celles des parties de l'élite industrielle et financière qui exigent l'élimination de toutes les restrictions imposées à l'accumulation de la richesse privée et à la réalisation du profit ».

Je pense que cette caractérisation a été entièrement corroborée par les événements des cinq dernières années.

Il nous faut dire quelques mots au moins de l'état où se trouve une autre institution du capitalisme américain, les médias. Là non plus, il ne s'agit pas de présenter une image idéalisée d'un quelconque âge d'or des médias américains. Nous parlons ici d'une institution qui a toujours été, finalement, un instrument de la classe dirigeante américaine.

La manière néanmoins dont ceux-ci, les soi-disant médias libéraux comme les médias conservateurs, ont embrassé l'impérialisme et le militarisme américain, fait la promotion des mensonges de l'administration Bush et couvert ses multiples crimes, est une importante manifestation de l'effondrement de la démocratie américaine. Lâches, malhonnêtes et corrompus, les médias, possédés et contrôlés par d'immenses entreprises, ont abandonné toute prétention de fournir une information objective ou d'être indépendant vis-à-vis des affirmations du gouvernement et de l'élite patronale.

Ils excluent systématiquement les conceptions dissidentes de gauche, sans même parler de conceptions véritablement marxistes et ignorent délibérément les sentiments oppositionnels de la majorité du peuple américain.

Les médias et la soi-disant industrie du divertissement font, à quelques exceptions près, la promotion de conceptions rétrogrades et encouragent une éthique de la brutalité, de l'égoïsme et de la violence. Un des symptômes les plus parlants du déclin du capitalisme américain est le fait que ses institutions officielles, à commencer par la Maison Blanche, glorifient de plus en plus les formes les plus réactionnaires et les plus intolérantes de la superstition religieuse et essaient de discréditer la pensée scientifique. L'attaque par l'administration Bush de la théorie de l'évolution, de la recherche sur les cellules souches et des résultats de la recherche sur l'environnement, témoigne d'un ordre social en crise et en déclin.

Un instantané de l'élite dirigeante américaine

Revenons-en à la question des changements qui ont affecté la composition de l'élite dirigeante américaine ; c'est là une question importante qui exige une analyse sérieuse. Un examen méthodique de cette question dépasse le cadre de cet exposé. Je pense toutefois que si l'on jette un regard sur la récente liste des quatre cent américains les plus riches, publiée par le magazine Forbes, cela nous permettra de comprendre un peu mieux ce phénomène.

Ce qui frappe tout d'abord, c'est ceux qui ne figurent pas parmi les cinquante milliardaires en tête de liste. Les Ford, Rockefeller, DuPont n'y sont pas. Pas d'héritier des « capitaines d'industrie » qui occupaient une place tellement éminente dans les Soixantes familles qui ont dominé l'empire industriel et financier américain pour une bonne part du siècle dernier.

En tête de liste figure Bill Gates, de Microsoft, avec 51 milliards de dollars. Puis vient Warren Buffet avec 40 milliards. On nomme comme source de sa richesse une entreprise d'investissement, Berkshire Hathaway. Les trois places suivantes sont occupées par des dirigeants d'entreprises de l'électronique ou liées à la production électronique. Puis viennent cinq membres de la famille Walton, dont la fortune est basée sur Wall Mart, le géant de la distribution, actuellement la plus grande entreprise au monde.

L'autre secteur fortement représenté dans les cinquantes plus grandes fortunes à part l'électronique, sont le pétrole et l'énergie. Pas moins de six de ces fortunes ont comme source de leur ricchesse des activités entièrement spéculatives : Kirk kerkorian (10 milliards basés sur les investissements et les casinos), Carl Icahn (8,5 milliards sur la base d'achats d'entreprises), Philip Anschultz (7,2 milliards basés sur les investissements), Georges Soros (7,2 milliards sur la base de fonds spéculatifs), Ronald Perelman (6 milliards ­ achats d'entreprises) et Eli Broad (5,5 milliards ­ investissements).

Cela donne une idée de la déchéance effective du capitalisme américain. Et ce déclin, qui se manifeste concrètement dans les déficits budgétaires, les énormes déficits de la balance commerciale et de la balance des paiements, a des consequences réelles pour les Etats-Unis sur le plan international. Ce déclin dans la position économique mondiale du capitalisme américain a entraîné un tournant accéléré vers le militarisme et la guerre de la part de l'élite dirigeante. Wall Street et Washington cherchent à faire usage de leur suprématie militaire afin de contrebalancer leur déclin économique.

Mais l'affaiblissement de son fondement économique crée des problèmes réels et croissants à l'impérialisme américain. Le récent voyage de Bush en Asie au mois de novembre a illustré ces problèmes. A chaque étape de sa tournée asisatique, Bush a été poursuivi par les conséquences, tant aux Etats-Unis qu'au plan international, de la désastreuse intervention militaire en Irak.

L'intention de ce voyage avait été de démontrer le leadership de Washington à travers une mobilisation de ses alliés régionaux, en particulier le Japon et la Corée du Sud, contre la Corée du Nord et, de façon plus cruciale encore, contre la Chine. Mais l'affaire s'est transformée en une sorte de débâcle diplomatique. Bush a été incapable de réaliser un seul des objectifs immédiats des Etats-Unis au cours de ce voyage, tant en ce qui concerne les alliés clés de Washington (le Japon et la Corée du Sud) qu'en ce qui concerne son rival de demain dans la région, la Chine. Pis encore, ce fut Bush qui est apparu isolé et faible, tandis que le président chinois, Hou Jintao, vantait la puissance économique et l'influence politique croissantes de la Chine.

Dans un éditorial intitulé « Ascension et déclin des nations du Pacifique », le Financial Times de Londres faisait ce commentaire : « On a nettement l'impression avec la visite du président Bush en Asie que l'influence américaine dans la région est en déclin. Et le New York Times remarquait en se lamentant dans son éditorial consacré au voyage présidentiel : « Les dirigeants de Pékin n'ont pas envie d'écouter des leçons de la part d'un gouvernement américain qui dépend des surplus et des réserves chinoises pour financer ses méga-déficits. »

Qui verrait les déboires de Bush en Asie de façon unilatérale se tromperait bien sûr lourdement. Jusqu'à un certain point l'administration américaine est prisonnière d'un dilemme : le grand patronat américain veut une normalisation des relations avec la Chine et en a besoin afin d'accéder à ses vastes réserves de main-d'oeuvre bon marché et afin de permettre à ses marchandises d'accéder à un marché potentiellement immense. Elle ne peut pas se permettre d'être mise sur la touche par ses rivaux européens et japonais. On a sans aucun doute donné à Bush l'instruction de réfréner son penchant instinctif pour la menace et l'intimidation, ce qui a apparemment fait qu'il ne s'y est plus retrouvé.

Mais l'impérialisme américain n'a pas l'intention d'attendre en toute quiétude que la Chine commence à exercer une influence sérieuse en Asie ou au-delà. Le côté moins voyant du voyage de Bush en Asie a consisté en l'élaboration d'accords militaires avec les autres pays de la région, y compris la Mongolie, sa dernière visite, afin d'encercler la Chine efficacement grâce aux Etats-clients, aux alliés et aux installations militaires américaines.

Pour finir, j'aimerais citer en détail un article extraordinaire paru dans le premier numéro (automne 2005) d'un nouveau journal américain de politique étrangère, The American Interest. Cette publication est patronée par des personnalités bien connues de l'establishment de la politique étrangère américaine, parmi lesquelles des gens de droite comme Francis Fukuyama, qui ont critiqué la decision d'envahir l'Irak et plus encore la conduite de la guerre par le gouvernement Bush, et sont en désaccord avec les idéologues néoconservateurs qui, dans une large mesure, ont la paternité de la politique de guerre.

L'article le plus significatif est celui de Zbigniew Brzezinski. Intitulé «Le dilemme du dernier souverain», cet article donne une idée de la pensée des partisans et des stratèges les plus perspicaces de l'impérialisme américain. Brzezinski commence par une critique acerbe et écrasante de toute la politique étrangère de l'administration Bush et de la soi-disant «guerre mondiale contre le terrorisme» qui lui sert d'incantation.

S'exprimant avec une franchise remarquable pour quelqu'un dans sa position, il écrit : « .le fait de mettre l'accent sur la 'guerre mondiale contre le terrorisme' a été central et symbolique, encourageant la mobilisation patriotique et légitimant des actes qui auraient pu sans cela être considérés comme se trouvant hors de la légalité et même comme étant carrément illégaux. Pour les auteurs de la nouvelle stratégie, le 11 septembre 2001 a rendu légitime la suspension de facto de l'habeas corpus, même pour les citoyens américains, les interrogatoires agressifs (la torture) de détenus et l'action militaire unilatérale, tout comme Pearl Harbor avait fini par rendre Hiroshima légitime dans l'esprit du public».

Concernant les résultats de cette politique, il écrit qu'«une Amérique confiante est en train d'être transformée en nation gouvernée par la peur» et poursuit ainsi :

«Potentiellement plus dangereux encore pour les intérêts à long terme de l'Amérique, à été l'apparition d'une tendance à la formation de coalitions régionales à l'orientation anti-américaine à peine cachée. Prendre ses distances vis-à-vis du gouvernment américain et de tout ce qui touche à l'Amérique est devenu politiquement populaire en Asie, en Europe et en Amérique Latine. Cet état d'esprit facilite les efforts faits par la Chine pour exclure les Etats-Unis de sa région en exploitant une identité panasiatique en progression dans l'Est et le Sud-Est asiatique; il donne une préférence bien moins atlantiste à l'effort permanent de l'Europe pour constituer une Union Européenne plus politique ; et il encourage un agglomérat de nouveaux présidents démocratiquement élus et plutot à gauche en Amérique Latine à cultiver des relations plus étroites avec l'Europe et la Chine. L'apparition de fortes communautés paneuropéennes et panasiatiques, plutôt que transatlantiques et transpacifiques, aggraverait l'isolement de l'Amérique dans le monde».

Récapitulant, il écrivait: «En bref, la politique étrangère de l'Amérique d'après le 11 septembre est trop à courte vue pour ce qui est de ses objectifs, trop alarmiste dans son discours, et a coûté trop cher pour ce qui est de ses conséquences, dont on n'a encore vu que les effets rapprochés. Sa conséquence générale a été d'accroître la vulnérabilité nationale de l'Amérique tout en sapant la légitimité de sa suprématie internationale».

Plus significative encore que cette critique anéantissante et ce sombre diagnostic de la trajectoire du développement international de l'impérialisme américain, est la thèse centrale de Brzezinski qui dit que le plus important facteur de la politique mondiale est ce qu'il appelle «le réveil politique mondial».

«L'Amérique a besoin de regarder en face une nouvelle réalité mondiale d'importance capitale : le fait que la population du monde entier connaît un réveil politique sans précédent dans son ampleur et son intensité et qui a pour résultat que la politique du populisme est en train de transformer la politique du pouvoir» écrit-il.

Développant son idée, il écrit : «Il n'est pas exagéré de dire qu'à présent, au 21e siècle, la population de la plus grande partie du monde developpé se trouve dans un état d'agitation politique et que dans beaucoup d'endroits elle est en effervescence. C'est une population au plus haut point consciente de l'injustice sociale et ce, à un degré jamais vu jusqu'à présent, et qui garde souvent rancune du manque de dignité politique qu'elle éprouve.ces énergies dépassent les frontières nationales et sont un défi tant pour les Etats que pour la hiérarchie mondiale existants et au sommet de laquelle est toujours perchée l'Amérique..»

«Pour résumer, ce réveil politique continuel est à présent mondial dans son étendue géographique, sans un continent ou une région qui restât fortement passive du point de vue politique ; il est complet dans sa dimension sociale, avec pour seules exceptions des communautés paysannes isolées restant encore inaccessibles à la stimulation politique ; elle est remarquablement jeune dans son profil démographique et donc succeptible de se mobiliser vite politiquement ; et une grande partie de son inspiration est d'origine transnationale, à cause de l'effet cumulatif de l'instruction et de moyens de communication de masse.»

Dans un language un tant soit peu métaphorique, ce conseiller de longue date de l'impérialisme américain ne parle de rien d'autre que de la révolution mondiale, qu'il conçoit, plutôt que les activités d'un nombre relativement restreint de terroristes islamistes, comme le réel danger confrontant la classe dirigeante américaine,. Et pour qu'il n'y ait pas de doute sur ce qu'il veut dire, il place le «réveil politique mondial» dans le contexte historique de la Révolution française, des révolutions de 1848, de la Révolution bolchévique et des lutte coloniales populaires qui suivirent la Deuxième guerre mondiale.

Il souligne que «Le diagnostic politique qui suit accepte la proposition de la discontinuité historique du 11 septembre mais dit que le défi central de notre époque est non pas celui du terrorisme mondial mais plutôt celui de l'intensification de l'agitation causée par le phénomene du réveil politique mondial. Ce réveil est socialement massif et il radicalise politiquement».

Le réactionnaire endurci Brzezinski a mis le doigt sur le fait le plus déterminant de la politique mondiale : l'apparition d'une nouvelle période de lutte révolutionnaire antiimpérialiste et anticapitaliste, une lutte qui prend un caractère plus profondément international que tout ce qui l'a précédé jusque-là.

Notre tâche est de préparer ce mouvement historique et de créer les moyens politiques par lesquels ce mouvement peut parvenir à la conscience de ses tâches et les exécuter. L'instrument principal de cette lutte reste le World Socialist Web Site que nous devons développer comme moyen d'éducation des nouvelles générations qui entrent dans la lutte et de développement d'une direction marxiste à partir de ses couches les plus avancées.

Les élections de mi-mandat aux Etats-Unis donneront au Socialist Equality Party l'occasion d'intervenir largement dans ce qui est indubitablement la plus grande crise politique de l'histoire moderne des Etats-Unis. Nous avons l'intention d'insister sur cette vérité essentielle qu'est l'échec du capitalisme, non seulement aux Etats-Unis, mais encore en tant que système mondial et placer en tête de notre campagne ce point programmatique essentiel : la lutte pour l'unification internationale de la classe ouvrière dans la lutte pour le socialisme.



 

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