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Bush et Blair se rencontrent pour s’opposer à un cessez-le-feu au Liban et appuyer les
objectifs de guerre d’Israël
par Chris Marsden et Julie Hyland
31 juillet 2006
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Vendredi à Washington, le président Bush a convoqué le
premier ministre britannique Tony Blair pour que celui-ci, comme à l’habitude,
joue son rôle d’offrir une caution internationale à la politique étrangère des
États-Unis. Au milieu d’une indignation internationale grandissante au sujet de
l’attaque sanglante d’Israël sur le peuple libanais, les deux chefs s’en sont
tenus à leur défense intransigeante de l’agression israélienne.
À la suite de leur discussion, lors d’une conférence de
presse à la Maison-Blanche, ils ont réitéré leur opposition à un cessez-le-feu
et ont de nouveau blâmé le Hezbollah pour la guerre. La soi-disant « paix durable »
qu’ils ont préconisée était basée sur le désarmement du mouvement de résistance
islamiste, c’est-à-dire la demande fondamentale du régime israélien.
À cette fin, Bush a affirmé que la diplomatie américaine
consacrerait ses efforts à la mise en place d’une force militaire
internationale et au vote d’une résolution du Conseil de sécurité des Nations
unies autorisant son déploiement au Liban sud.
Bush n’a pas manqué de demander une résolution sous le
chapitre sept de la charte de l’ONU, qui traite de la « menace contre la paix, de rupture de la paix et d'actes d'agression. »
Les États-Unis ont cherché à légitimer leur guerre contre l’Irak sous ce
chapitre de la charte bien qu’avec la Grande-Bretagne, ils soient finalement entrés
en guerre sans cette autorisation de l’ONU.
Encore une fois, Bush a représenté le Hezbollah – un
mouvement politique et militaire qui bénéficie d’un large appui populaire au
sein de la population chiite libanaise – comme un mandataire de la Syrie et de
l’Iran. La résolution que les États-Unis et la Grande-Bretagne prévoient amener
devant le Conseil de sécurité mardi prochain contiendra assurément les paroles
nécessaires pour justifier une future action militaire contre Damas et Téhéran.
Dans les jours qui précéderont la réunion du Conseil de
sécurité, la préoccupation de Washington sera d’intimider les puissances
européennes pour qu’elles promettent de fournir le personnel militaire
nécessaire. Un important représentant du département d’État américain est déjà
en Europe pour tenter d’obtenir de tels engagements.
Blair a pris l’initiative de recommander une force
internationale, qui doit jouer le double rôle d’assurer l’objectif d’Israël
d’éliminer le Hezbollah et de réduire le Liban à un régime satellite de facto,
et de fournir une couverture internationale au plan de Washington d’établir
l’hégémonie américaine au Moyen-Orient.
La visite de Blair et l’annonce faite conjointement par les
États-Unis et la Grande-Bretagne qu’ils presseront l’ONU pour obtenir une résolution
sont en grande partie une réaction au fait qu’Israël, après deux semaines
d’attaques sauvages, n’ait pas réussi à affaiblir significativement le
Hezbollah, et aux revers militaires qu’Israël a essuyés face à une résistance
particulièrement féroce des combattants du Hezbollah.
Le régime du premier ministre Ehoud Olmert et l’armée
israélienne ont été la cible de vives critiques internes et d’évidentes
divisions existent au sein des cercles dirigeants israéliens. La majorité de
l’establishment israélien exige une intensification de la violence et une
beaucoup plus grande implication des forces terrestres au Liban sud.
Vendredi, le New York Times dans une évaluation
particulièrement sombre des conséquences des combats et du rôle des États-Unis
jusqu’à maintenant. Dans un article à la une intitulé « L’opinion arabe se
renverse pour appuyer le Hezbollah », le Times écrivait que le
Hezbollah avait « déjà en quelque sorte obtenu une victoire en tenant
aussi longtemps ».
Sous ces conditions, l’administration Bush est déterminée à
donner à Israël autant de temps que possible pour attaquer le Hezbollah et
terroriser la population libanaise au complet, mais elle a conclu qu’Israël
aura besoin de l’assistance de la force militaire d’une grande puissance, plus
tôt que tard, pour sérieusement affaiblir le mouvement, détruire sa base
d’opérations au Liban sud, et continuer de contrôler la région au nom de
Jérusalem et de Washington.
Une telle issue signifierait la réduction du gouvernement
libanais en un outil direct d’Israël et des États-Unis. Pour sa part, Blair a
insisté que seule la paix du vainqueur serait acceptable.
Les deux chefs d’État ont dit que la mort et la destruction
que connaissait le Liban offraient l’« occasion » de changer le
Moyen-Orient. « Les enjeux sont plus importants que simplement le
Liban », a déclaré Bush. Blair a parlé de l’utilisation de « cette
occasion pour établir et réaliser une nouvelle direction stratégique pour
l’ensemble de cette région ».
Ces déclarations sont des euphémismes pour la
restructuration de tout le Moyen-Orient afin d’établir la domination américaine
sur cette région riche en pétrole, avec Israël comme agent militaire de
Washington et l’Angleterre espérant obtenir une part du butin.
Comme à l’habitude, les remarques des deux dirigeants
impérialistes ont été un ramassis de sophismes et de mensonges. À un moment
donné, Bush a proclamé pieusement : « Au Liban, le Hezbollah et
ses bailleurs de fonds iranien et syrien sont prêts à tuer et à utiliser la
violence pour empêcher le développement de la paix et de la démocratie. »
Et ceci, alors que des millions de par le monde sont horrifiés
alors qu’Israël, au moyen de l’arsenal meurtrier mis à sa disposition par les
États-Unis, cause d’immenses ravages face à une population largement sans
défense. Plus de six cents Libanais, principalement des femmes et des enfants,
ont perdu la vie. En quelques jours, des régions entières du pays ont été
réduites en poussière. L’économie du Liban a été détruite et tous les appels de
son gouvernement pour un cessez-le-feu ont été ignorés.
Ce carnage, selon Bush et Blair, est causé dans le but
d’établir la souveraineté libanaise. Et la prochaine étape pour assurer la
« souveraineté » du Liban sera l’introduction d’une importante force
militaire impérialiste dans le but de détruire un mouvement politique et
militaire qui a un appui de masse et qui est actuellement représenté au conseil
des ministres libanais !
Quant aux prétentions de Bush et de Blair de défendre les
valeurs démocratiques, ni l’un ni l’autre n’a de mandat populaire pour leurs
politiques, que ce soit pour le Liban ou n’importe où ailleurs. Les sondages
récents aux États-Unis et en Angleterre indiquent que les deux tiers de la
population sont opposés à la continuation de l’occupation de l’Irak. Mais
encore une fois, les deux criminels de guerre appuient une intervention
militaire impérialiste au Moyen-Orient.
Au contraire, un sondage publié au Liban vendredi dernier a
montré que la résistance du Hezbollah à l’assaut israélien bénéficiait de
l’appui écrasant de tous les secteurs de la société — chiite, sunnite et
chrétien, atteignant près de 90 pour cent.
Particulièrement cynique fut la tentative de Bush et de
Blair de citer des résolutions de l’ONU pour défendre leurs politiques et
celles d’Israël. Comme la guerre en Irak l’a démontrée, Washington ne tolère
l’ONU que lorsqu’il fait ce qu’on lui demande.
À la conférence de presse de vendredi, ni Bush ni Blair
n’ont cru bon de mentionner l’assassinat de quatre observateurs de l’ONU par
les Forces de défense israéliennes le mardi précédent. Ils ont tacitement
appuyé le meurtre de représentants de l’ONU par Israël même s’ils cherchent à
utiliser l’ONU comme feuille de vigne légale pour l’agression israélo-américaine.
On ne peut qu’imaginer l’outrage de Washington, de Londres
et des médias dociles s’il avait fallu que les morts de l’ONU aient été le
résultat d’une attaque du Hezbollah. Plutôt, l’ambassadeur américain aux
Nations unies, John Bolton, est intervenu au Conseil de sécurité pour bloquer
toute résolution condamnant l’attaque préméditée d’Israël sur un poste de
l’ONU.
Prendre l’ONU comme cible a eu pour Israël l’effet
escompté. Alors que Bush et Blair se rencontraient, l’ONU a retiré la totalité
des cinquante observateurs non armés à la frontière entre Israël et le Liban.
Le même jour, Jan Egeland, coordinateur de l’aide d’urgence
de l’ONU, a demandé à Israël et au Hezbollah de suspendre leurs combats pour 72
heures le temps que les secouristes évacuent les personnes âgées et les
handicapés du Liban sud et qu’ils y amènent les approvisionnements d’urgence.
On attendra en vain que Bush et Blair se solidarisent avec l’autorité de l’ONU
sur cette question.
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