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Israël part à l’assaut militaire du Liban

Par Chris Marsden
(originalement publié en anglais le 13 juillet 2006)

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Israël a réagi à l’enlèvement de deux de ses soldats par le Hezbollah au cours d’un raid à la frontière libano-isrélienne mercredi matin, par l’extension de ses opérations militaires et l’ouverture d’un second front  et a procédé à des lancements de missiles, des bombardement aériens et maritimes et à l’expédition de troupes dans le sud du Liban.

L’escalade des attaques israéliennes dans la Bande de Gaza, à la frontière sud, s’accompagne à présent de la possibilité d’une guerre déclarée avec le Liban. Plusieurs heures avant le début des combats entre Israël et le Hezbollah, Israël avait lancé une bombe d’un quart de tonne sur une maison de Gaza, tuant un activiste du Hamas, sa femme et sept de leurs neuf enfants. On a annoncé de source palestinienne que vingt palestiniens ont été tués à Gaza mercredi à la suite des opérations militaires israéliennes.

Outre les deux soldats capturés, trois autres soldats israéliens ont été tués dans le raid effectué par le Hezbollah à la frontière libanaise. Quatre soldats Israéliens ont été tués lorsque leur char a roulé sur une mine au cours de la première incursion de l’armée israélienne au Sud-Liban. Selon l’armée israélienne un cinquième soldat israélien a été tué alors qu’il tentait de secourir les occupants du char.

La mort de ces huit soldats représente la plus forte perte subie par Israël en un seul jour depuis de longues années et elle a renforcé l’atmosphère de crise entourant le régime du premier ministre Ehud Olmert.

Le gouvernement israélien a réagi en menaçant le Liban d’une guerre déclarée. Olmert a dit que le raid du Hezbollah n’était pas qu’un acte de terrorisme mais bien « un acte de guerre de la part de l’Etat libanais contre l’Etat d’Israël et attentant à la souveraineté de son territoire ». Il a promis de lui faire payer « le prix fort » par une « action qui causera de grandes souffrances et ira très loin » et a rejeté un appel des dirigeants du Hezbollah à Beyrouth à l’ouverture de négociations sur la libération de prisonniers palestiniens et libanais en Israël en échange de celle des deux soldats israéliens capturés.

Israël détient, selon les informations disponibles, 9.000 prisonniers arabes. La vaste majorité d’entre eux sont palestiniens, mais il y a aussi parmi eux des Libanais.

Olmert a saisi cette occasion pour menacer une fois de plus d’entrer en conflit avec la Syrie, décrivant celle-ci comme « un État qui soutient le terrorisme…Parer aux activités de la Syrie exigera naturellement une réponse appropriée ».

Le ministre de la Défense, Amir Peretz a lui déclaré:«Le gouvernement libanais, qui permet au Hezbollah d’opérer librement contre Israël depuis la souveraineté de son territoire, portera la responsabilité des conséquences et des répercussions (de l’attaque au-delà de notre frontière). Israël se considère comme libre d’employer les moyens qu’elle jugera appropriés et l’armée a reçu des instructions à cet effet. »

Un militaire de haut rang a dit que si les soldats n’étaient pas rendus en bon état, Israël ferait retourner le Liban 20 ans en arrière en frappant son infrastructure vitale.

L’attaque par terre, air et mer de la part d’Israël a déjà été considérable et va probablement être intensifiée dans les prochains jours. Des troupes israéliennes ont traversé la frontière pour la première fois depuis qu’Israël a quitté le Sud-Liban il y a six ans. Des avions de chasse et des hélicoptères israéliens ont survolé la capitale libanaise et des frégates ainsi que l’artillerie positionnée le long de la frontière ont bombardé des objectifs à l’intérieur du Liban. On rapporte que 27 civils y compris 10 enfants ont été tués lors de raids nocturnes effectués dans le sud du Liban.

Lors d’une des attaques les plus destructrices, des avions ont tiré des roquettes sur les pistes de l’aéroport international de Beyrouth, l’obligeant à fermer.

Des avions de chasse ont pilonné plus de 40 objectifs qui étaient soi-disant des positions du Hezbollah. Au moins deux civils ont été tués lorsqu’une bombe israélienne a frappé un pont sur un axe routier important du Sud-Liban. Selon les services de sécurité, quatre autres ponts ont été touchés dans la même région et cinq libanais blessés.

Israël a rappelé ses réservistes, donnant le signal d’une importante campagne militaire qui sera menée sur deux  fronts. Plusieurs milliers de réservistes seront déployés le long de la frontière libanaise, selon des responsables israéliens. Le gouvernement a conseillé aux israéliens vivant le long de la frontière avec le Liban de se réfugier dans des abris anti-bombes pour se protéger des roquettes lancées par les forces du Hezbollah.

Le Hezbollah, qu’Israël et les Etats-Unis ont déclaré être une organisation terroriste, est une force politique importante au Liban, jouit du soutien de la plupart de la population chiite pauvre et dispose de postes ministériels dans l’actuel gouvernement pro-occidental. Le gouvernement de Beyrouth s’est désolidarisé du raid effectué par le Hezbollah sur la frontière. 

L’administration Bush a immédiatement soutenu l’agression israélienne au Liban. Dans sa réponse, Washington a implicitement dédouané le régime pro américain de Beyrouth et fait porter la responsabilité à la Syrie et à l’Iran.

Dans une déclaration, le porte-parole de la Maison-Blanche, Tony Show, dit:«Aujourd’hui des terroristes du Hezbollah opérant depuis le Liban ont kidnappé deux soldats israéliens et attaqué des objectifs civils à la roquette en Israël. Les Etats-Unis condamnent dans les termes les plus vifs cet acte de terrorisme non provoqué… Nous tenons également responsables de la situation actuelle la Syrie et l’Iran qui ont fourni pendant longtemps du soutien au Hezbollah. Nous appelons à la libération immédiate et inconditionnelle des soldats israéliens. »

A Rome, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a repris la ligne de Washington, condamnant l’attaque du Hezbollah « sans réserves » et exigeant que les soldats capturés soient libérés.

Qualifier l’action du Hezbollah de «non provoquée» est à la fois grotesque et absurde. Le raid  frontalier du groupe chiite libanais a eu lieu deux semaines après l’agression allant s’intensifiant d’Israël contre  Gaza et qui a déjà coûté la vie à plus de soixante palestiniens.

De plus, Israël n’a jamais abandonné ses ambitions territoriales au Liban ni en Syrie. Jusqu'à ce jour, Israël a gardé les fermes de Cheeba, une région de 25 kilomètres carrés de terres cultivées libanaises. Cette région a été envahie par Israël pendant la guerre de 1967 et à nouveau en 1973 et elle est restée occupée depuis. Le sort des fermes de Cheeba est lié a celui des hauteurs voisines du Golan. Anciennement connu comme les hauteurs de la Syrie, les hauteurs du Golan sont un plateau stratégique bordant Israël, le Liban, la Jordanie et la Syrie.

En juin 1982, Israël a envahi le Liban et fait le siège de Beyrouth, tuant 18.000 personnes et forçant l’évacuation de la direction de l’Organisation de libération de la Palestine. Israël a collaboré avec les phalanges fascistes au massacre de 1.200 palestiniens dans les camps de réfugiés de Sabra et Chatila.

Israël s’est retiré de Beyrouth en 1983, mais a continué d’occuper le sud du Liban. De nombreux raids aériens israéliens se sont produit durant les années 1990 dans un conflit permanent avec le Hezbollah, conflit qui a fait des centaines de morts, avant qu’Israël ne soit forcé d’effectuer une retraite partielle du Sud-Liban sous le gouvernement d’Ehoud Barak en mai 2000, après une guerre d’usure qui avait duré 18 ans.

L’escalade de l’offensive israélienne contre Gaza se poursuit. En plus du bombardement de la ville de Gaza même, des dizaines de chars israéliens, de transports de troupes et de bulldozers blindés, couverts par des hélicoptères de combat Apache et d’avions sans pilote armés, ont traversé le centre de la ville pour se diriger sur  Deir el Balah. Des attaques aériennes continuent contre Beit Hanoun et d’autres villes. 

En Cisjordanie, les arrestations continuent dans le cadre des opérations militaires. L’armée israélienne a annoncé l’arrestation dans la nuit de mardi de dix-huit prétendus militants palestiniens, portant le nombre des arrestations à presque cent. 

 

 

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