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et analyses : Moyen-Orient
L’attaque israélienne sur le Liban menace de plonger tout
le Moyen-Orient dans la guerre
Déclaration du comité de rédaction
17 juillet 2006
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L’attaque israélienne sur le Liban, qui comprend des
bombardements, des frappes de missile et l’imposition d’un blocus aérien et
naval, a amené le Moyen-Orient au bord d’une guerre tous azimuts. L’attaque sur
le Liban, qui a l’appui entier de l’administration Bush, coïncide avec
l’attaque israélienne toujours en cours contre la population palestinienne de
Gaza, un million et demi de personnes qui connaissent maintenant leur quatrième
semaine de siège, sans électricité et les réserves de vivres diminuant.
Le gouvernement Olmert en Israël a utilisé les deux
enlèvements de soldats israéliens, le premier à Gaza le 25 juin et le second
mercredi passé à sa frontière avec le Liban, comme prétextes pour une immense
opération militaire qui avait clairement été préparée depuis longtemps. Il
reste à voir si l’offensive d’Israël ira jusqu’à Beyrouth ou même jusqu’à
Damas, mais elle vise clairement des objectifs stratégiques qui n’ont aucun
lien avec les incidents qui l’ont supposément provoquée.
Personne ne peut sérieusement suggérer que le bombardement
de villes et de villages libanais, l’imposition d’un blocus naval et la
tentative d’assassinat de Sheik Nasrallah, le dirigeant du Hezbollah, sont des
méthodes qui vont probablement entraîner la libération des soldats israéliens
enlevés. Les deux soldats kidnappés par le Hezbollah ont plus de chance de mourir
à la suite des attaques israéliennes, soit de la main de ceux qui les ont
enlevés, soit d’un bombardement israélien.
Au même moment dans la bande de Gaza, l’assassinat aveugle
de douzaines de Palestiniens sous les bombes, les mortiers et les missiles
air-sol ne va contribuer en rien à la libération de Galid Shalit, le soldat
enlevé par les militants islamistes lors de leur raid aux frontières de Gaza
dans le sud de l’Israël.
L’Israël a une longue histoire d’utilisation d’événements
de ce type comme un prétexte pour entreprendre des actions militaires qui ont
un but stratégique beaucoup plus large que celui initialement avoué. En 1978,
l’invasion de grande envergure du Liban a été lancée en utilisant le prétexte
de l’assassinat de l’ambassadeur israélien en Angleterre par des militants
palestiniens. Ce n’est que longtemps après qu’on a appris que l’invasion avait
été planifiée de longue date et qu’il ne manquait plus pour la réaliser qu’un
incident offrant une justification officielle.
Le même état de choses a lieu à Gaza et au Liban
aujourd’hui. Le régime israélien ne se cache pas de son désir de vouloir
écraser l’Autorité palestinienne dirigée par le Hamas. Le blocus économique
imposé en janvier, après que le Hamas eut gagné les élections législatives palestiniennes,
a été augmenté à un blocus militaire total de Gaza, là où se trouve le
principal appui pour le Hamas.
Au Liban, le but de l’Israël est, à tout le moins, la
destruction physique du Hezbollah, le mouvement islamique chiite qui domine le
tiers sud du Liban. Une invasion de grande envergure du sud du Liban par
l’infanterie israélienne est plus que probable. Le ministre israélien de la
Défense Peretz a dit: «Si le gouvernement du Liban ne réussit pas à déployer
ses forces, comme on peut s’attendre d’un gouvernement souverain, nous ne
permettrons plus aux forces du Hezbollah de rester aux frontières de l’État
israélien». En d’autres mots, si l’armée libanaise ne supprime pas le
Hezbollah, et personne ne s’attend à ce qu’elle le fasse, alors ce sera l’armée
israélienne qui le fera.
Une intervention militaire américaine au Liban est aussi
possible. Des articles parus dans les médias américains vendredi laissaient
entendre que la planification d’une telle intervention était à un stade avancé:
2200 marines seraient déployés par une force transportée par hélicoptère qui
atterrirait près de Beyrouth sous le prétexte de protéger les 25.000 citoyens
américains qui ne peuvent quitter le Liban à cause du blocus israélien.
Des frappes aériennes séparées ou conjointes des États-Unis
et d’Israël contre la Syrie et l’Iran et même une invasion territoriale de la
Syrie demeurent dans le domaine du possible. L’administration Bush, des
démocrates et des républicains au Congrès et des médias américains ont
assurément blâmé la Syrie et l’Iran pour la crise, déclarant que ces régimes
tiraient les ficelles du Hezbollah.
Les médias américains ont laissé entendre que l’enlèvement
de deux soldats israéliens par le Hezbollah a été ordonné par Téhéran en
représailles pour avoir amené la question du programme de recherche nucléaire
de l’Iran devant le Conseil de sécurité de l’ONU plus tôt cette semaine.
L’administration Bush a aussi blâmé la Syrie pour l’insurrection qui a lieu
présentement dans la province de Anbar en Irak, parce que les ravitaillements
et les recrues ont traversé la frontière syrienne.
L’invasion et l’occupation américaine de l’Irak ont résulté
en un holocauste du peuple irakien: un massacre qui continue qui a déjà fait
des dizaines de milliers de morts, par des bandes sectaires, par la milice, par
les voitures piégées et d’autres actes terroristes, ainsi que par les bombes,
les mortiers, les missiles, les tirs aveugles et les meurtres commis par les
occupants américains.
La semaine passée, il a été rapporté que 1595 corps ont été
amenés à la morgue de Bagdad durant le mois de juin, le plus grand nombre en un
mois à ce jour dans les troubles civils croissants. Le nombre de décès dans
l’armée américaine dépasse les 2500. En comptant les morts de soldats américains
en Irak et en Afghanistan, Bush sera bientôt responsable de la destruction de
plus de vies américaines que les terroristes qui ont attaqué New York et
Washington le 11 septembre 2001.
L’administration Bush ne se retirera pas de l’Irak et ne
peut maintenir le statu quo, alors que le pays s’enfonce dans la guerre civile
et que l’opposition populaire à la guerre croît au sein de la population
américaine. Une section importante de l’élite dirigeante américaine, frustrée
par le bourbier de l’Irak, croit que le seul espoir de succès militaire se
trouve dans «l’expansion du problème» selon l’expression du secrétaire à la
Défense Donald Rumsfeld. Elle croit que l’Iran utilise son influence
grandissante sur les milices et les partis irakiens chiites pour miner le contrôle
américain sur le régime marionnette de Bagdad et qu’une confrontation militaire
avec Téhéran est inévitable.
Le Wall Street Journal, la voix semi-officielle de
ces couches, a publié un éditorial vendredi passé intitulé «États de terreur»
qui demandait ouvertement des actions militaires contre la Syrie et l’Iran. On
pouvait lire qu’«Il n’y aura pas de solution au Liban et dans la bande de Gaza
tant que les régimes de Syrie et de l’Iran ne croiront pas qu’ils doivent payer
un prix…»
Critiquant la secrétaire d’État Condoleezza Rice pour son
appel pro forma que «toutes les parties doivent agir avec retenue,» le Wall Street
Journal déclara: «La Maison-Blanche a désigné la Syrie et l’Iran comme les
coupables derrière les événements de cette semaine, mais des paroles et des
actes plus convaincants sont nécessaires.»
L’ampleur croissante de la crise au Moyen-Orient est une
conséquence prévisible de l’importante intervention militaire des États-Unis en
Irak et en Afghanistan, et de la politique de plus en plus agressive et téméraire
de l’impérialisme américain dans la région. Le fait que l’administration Bush
ait donné carte blanche à Israël d’user de sa machine de guerre, financée et
construite par les États-Unis, contre ses voisins et contre le peuple palestinien,
persécuté et opprimé, fait partie de ce processus.
La politique des États-Unis et d’Israël est fondée sur un
cycle de guerre sans fin. La totalité de la politique étrangère de
l’administration Bush repose sur la croyance que la puissance militaire
américaine et un armement sophistiqué peuvent résoudre tous les problèmes. De
la même façon, le projet sioniste est basé sur un emploi sans retenue de la
force contre les Palestiniens et d’autres cibles, comme le Hezbollah. Ces deux
politiques se sont avérées désastreuses pour les gens de la région, y compris
la population juive d’Israël.
En tant que pays satellite des États-Unis, Israël est
depuis longtemps dépendant d’un vaste apport d’aide économique et militaire de
Washington. Au cours de la dernière décennie, Israël a cherché à exploiter la
suprématie internationale incontestée de États-Unis, à la suite de
l’effondrement de l’Union soviétique, pour rejeter toute négociation avec les
Palestiniens au sujet d’une entente territoriale et a au lieu de cela imposer
ses ordres unilatéralement à l’Autorité palestinienne.
Voilà en quoi consistait le retrait de Gaza, l’an dernier,
par le gouvernement Sharon, qui a démantelé une poignée de colonies non viables
afin d’ériger une frontière internationale avec 1,5 million de Palestiniens de
l’autre côté, assurant ainsi une majorité juive dans Israël et le reste des
territoires occupés pour au moins une autre décennie.
Des préoccupations semblables mènent la politique du
gouvernement Olmert qui consiste à construire des murs et à recoloniser sur la
rive ouest. Bien que prévoyant abandonner quelques colonies sionistes, le
gouvernement de Olmert est en train de tracer la nouvelle frontière
unilatéralement afin de donner les meilleurs terres, dont la totalité de Jérusalem,
aux Israéliens alors que les Palestiniens sont relégués vers ce qui reste du
territoire occupé, soit à peine 60 pour cent de celui-ci.
Ces derniers jours, les médias américains
ont été remplis de dénonciations du Hamas et du Hezbollah, présentés comme des
organisations terroristes et des cibles appropriées d'une escalade massive
de la force militaire. Mais en dernière analyse, la vraie cible des États-Unis
et d'Israël n'est pas telle ou telle organisation, mais les masses opprimées de
tout le Moyen-Orient. Leur objectif est de détruire la volonté de lutte
des dizaines de millions de personnes qui n'ont jamais accepté la dépossession
sioniste du peuple palestinien, et qui n'accepteront jamais la conquête
américaine de l'Irak et l'établissement d'un régime marionnette néo-colonial
à Bagdad.
Dans un sens fondamental, la politique des
États-Unis et d'Israël paraît contre-productive et auto-destructrice.
L'administration Bush a joué un rôle important dans la création de l'actuel
gouvernement libanais, et le retrait forcé des troupes syriennes du Liban a été
salué comme l'un de ses rares succès en politique étrangère dans le
Moyen-Orient. Pourtant les attaques israéliennes menacent de miner et de
discréditer le régime à Beyrouth, qui est obligé de se tenir coi et
impotent, tandis que des citoyens libanais sont abattus, maintenant par
dizaines, bientôt peut-être par centaines et par milliers.
De même, il pourrait sembler irrationnel
qu'une administration qui a été incapable de subjuguer l'Irak (population 26
millions), attaquerait la Syrie (population 18 millions) et même l'Iran
(population 75 millions). Mais de telles attaques sont le résultat logique de
la perspective impérialiste qu'il est possible pour l'impérialisme américain
d'imposer sa volonté sur le Moyen-Orient et prendre contrôle des vastes
ressources pétrolières de la région, par la seule force des armes.
En réalité, l'invasion de l'Irak menée par
l'administration Bush s'est avérée un désastre stratégique pour l'impérialisme
américain. Elle a soulevé la population de toute la région, et
littéralement des milliards de personnes de par le monde, dissipant toute
illusion associant les États-Unis à la démocratie, la liberté ou
l'opposition au colonialisme.
Cela fait maintenant 58 ans depuis
l'établissement de l'État d'Israël, et 39 ans depuis la Guerre de six jours qui
a étendu le contrôle sioniste de territoires palestiniens, y compris la
Cisjordanie et Gaza. Ces six décennies ont été une chaîne ininterrompue de
violence: guerre, répression, terrorisme, assassinats, expulsions
de populations. Ce qui plane maintenant c'est la menace d'une autre
guerre encore plus terrible.
La première prémisse de toute solution à la
crise au Moyen-Orient est de faire sortir l'impérialisme américain de
la région. Le World Socialist Web Site et le Parti de
l'égalité socialiste demandent que toutes les troupes américaines soient
immédiatement retirées d'Irak et du Golfe persique et que cesse le parrainage
militaire et financier fourni par Washington à Israël dans la
domination qu'exerce ce dernier sur le peuple palestinien.
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