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l’élection au Sénat de Berlin
Déclaration du Parti de l’Egalité socialiste
d’Allemagne (Partei für Soziale Gleichheit)
Le 4 juillet 2006
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Le Parti de l’Egalité socialiste (Partei für
Soziale Gleichheit - PSG) présentera en septembre sa propre liste de candidats à
l’élection au Sénat de la ville de Berlin. Notre objectif est de donner une
voix claire et une orientation socialiste révolutionnaire à une vaste
opposition qui existe face à la politique antisociale du gouvernement de la
ville de Berlin, coalition du SPD (Parti social-démocrate allemand) et du
Linkspartei.PDS (Parti de la Gauche.PDS, Parti du socialisme démocratique).
Notre participation représente un pas
important dans la construction d’un parti international qui lutte contre la
guerre, qui défend les droits démocratiques, l’égalité sociale et qui travaille
à l’éradication de la pauvreté.
Nous rejetons sans équivoque l’argument
constamment avancé selon lequel «les caisses sont vides», formule standard
employée par les riches et les ultra-riches pour faire passer en force des
coupes sociales et imposer la misère à la population entière.
Les cadeaux fiscaux appliqués par le
gouvernement fédéral précédent ont entraîné une gigantesque redistribution de
la richesse du bas de la société vers le haut. De nombreux millionnaires et de
grosses entreprises se vantent à présent d’avoir considérablement réduit le
montant de leurs impôts ou même de l’avoir réduit à zéro.
En 2001, la soi-disant réforme des impôts a
entraîné une perte de recettes de 1,8 milliards d’euros pour les caisses de la
ville de Berlin et pourtant la même année le Sénat a casqué 1,75 milliards d’euros
pour cautionner l’affaire scandaleuse de la société Berliner Bankgesellschaft
BGB). Depuis, dans le cadre de la «loi de contrôle du risque», quelques 300
millions d’euros issus des impôts sont annuellement mis à la disposition de la
Bankgesellschaft dans le but de sauvegarder les placements lucratifs de l’élite
berlinoise.
Nous balayons avec mépris les affirmations du
maire Klaus Wowereit (SPD) et de son ministre de l’Economie, Harald Wolf, (Parti de la Gauche.PDS, parti du socialisme démocratique) comme quoi il
n’y a pas d’alternative à cette politique. Cette coalition soi-disant
« rouge-rouge » qui représente le gouvernement de Berlin aime à
s’enorgueillir de « l’innovation sociale » tout en servant les
intérêts des grosses entreprises à la moindre question concrète et en agissant
comme le laquais d’une arrogante élite financière. Ce gouvernement entrera dans
l’histoire comme le plus couard et le plus incompétent que la ville ait jamais
connue.
Le Parti de l’Egalité socialiste s’efforcera
de mettre un terme à cette orgie d’enrichissement. Notre objectif n’est pas de demander
l’aumône ou de réformer le capitalisme, mais de le remplacer par un système
socialiste dans lequel l’économie sert les besoins de la population laborieuse
et non les profits d’une oligarchie financière et la cupidité des PDG.
Si nous sommes élus au gouvernement de la
ville de Berlin, nous lutterons pour un programme qui mettra fin à la pauvreté
et à toutes formes de misère sociale. Nous préconisons :
* Le rétablissement de l’impôt sur les
exploitations industrielles et commerciales, l’imposition des grandes fortunes
privées, le retrait immédiat de la loi de contrôle du
risque de la société BGB. Toutes les promesses de financement de la BGB seront
déclarées nulles et non avenues tout en sauvegardant les intérêts des petits
épargnants.
* La mise en œuvre d’un programme de travaux
publics, construction de routes et rénovation d’écoles, recrutement de
personnel enseignant supplémentaire, réouverture de piscines, de centres de
sports et de loisirs, de bibliothèques, etc. La suppression de toute réduction
de salaire et de conditions sociales pour les employés du service public.
* La suppression du secret d’Etat ou de
l’obligation de confidentialité, l’intégration de la population dans le
processus de la prise de décision, l’établissement de comités de citoyens pour
formuler des propositions de solutions aidant à la résolution des problèmes
existant dans diverses cités ou à d’autres niveaux administratifs. Ce n’est
qu’ainsi que la population sera en mesure d’intervenir activement dans la
politique et de contrer les intérêts économiques des patrons.
L’argument selon lequel une telle politique
mènerait à la fermeture d’entreprises et à davantage de chômage, ne nous
effraie pas. Nous savons que cette politique ne peut être réalisée dans les
confins d’un Etat. Mais elle doit être initiée ! Et elle doit être liée à
une mobilisation politique de la classe ouvrière de par l’Europe et le monde.
Aujourd’hui, les travailleurs se trouvent
confrontés aux mêmes problèmes qu’ils ne peuvent résoudre que sur un plan
international. La mondialisation de la production a coupé l’herbe sous le pied
à toute tentative d’améliorer les conditions de vie des travailleurs sur un
plan purement national. Les travailleurs requièrent une perspective
internationale pour défendre leurs droits les plus élémentaires.
Une initiative socialiste sérieuse au sein du
Sénat de la ville de Berlin qui s’opposerait avec audace aux organisations
patronales et aux groupes de pression, qui nommerait les choses par leur nom et
qui mobiliserait la population pour un remaniement social fondamental aurait un
résultat tout à fait différent de celui produit par les lâches lamentations au
sujet de l’inévitabilité de nouvelles coupures sociales émanant des gens qui se
prétendent de gauche et qui ne cessent de tirer les marrons du feu pour le
compte de la droite.
Une telle initiative socialiste déclencherait
un puissant signal. Des millions de travailleurs, des jeunes, des étudiants,
des retraités, des gens issus de tous les milieux sociaux en Europe et de par
le monde sont en quête d’une voie politique pour aller de l’avant. La
propagande sur « l’économie sociale de marché » allemande est sans
cesse démentie par de nouveaux messages funestes en provenance des conseils
d’administration. Plus personne ne croit en ces promesses de « paysages
florissants » faites en 1989 au moment de la chute du mur de Berlin, tout
particulièrement dans l’ex-Allemagne de l’Est.
Tous les problèmes non résolus et qui ont mené
au siècle dernier à la terreur fasciste et aux guerres mondiales resurgissent à
nouveau. Avec le chômage de masse et l’accroissement de la misère sociale la
putréfaction politique de la société prend de plus en plus la forme, d’une
part, de tendances d’extrême droite et, d’autre part, de mesures de répression
d’un Etat policier.
De par notre participation électorale nous
renouons avec la tradition socialiste révolutionnaire de la classe ouvrière.
Comme aucune autre ville avant, Berlin a été
le foyer historique du mouvement social ouvrier. En 1867, les pionniers du
socialisme révolutionnaire, August Bebel et Wilhelm Liebknecht ont été les
premiers sociaux-démocrates à entrer au parlement de la capitale allemande à
Berlin. C’est là que s’est développé le premier parti marxiste de masse du
monde, le SPD.
C’est là que le SPD a commis sa trahison
historique en votant en 1914 en faveur des crédits militaires pour la Première
guerre mondiale. C’est là que se trouvait en 1918 le centre de la révolution de
novembre et c’est là aussi que les responsables sociaux-démocrates ont préparé
le meurtre des dirigeants révolutionnaires Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg
par les corps francs, les précurseurs des chemises brunes d’Hitler. C’est là
que le mouvement ouvrier a connu en 1933 sa plus grande défaite lorsque le SPD
et le Parti communiste allemand stalinien ont capitulé sans combattre devant
les hordes fascistes d’Hitler.
Après le fascisme hitlérien et une nouvelle
guerre mondiale, Berlin est devenue la ligne de front de la guerre froide,
divisée par le mur et les barbelés.
C’est de là qu’en 1953, les ouvriers du
bâtiment sont partis de la Stalinallee pour remonter à la Porte de Brandebourg
en appelant les ouvriers Ouest-allemands à se joindre à eux dans une grève
générale. De part et d’autre du mur, les élites dirigeantes ont invoqué le plus
gros mensonge du 20ème siècle, à savoir l’identification de la
dictature stalinienne au socialisme. A l’automne de 1989, lorsque des millions
ont manifesté à Berlin-Est et renversé le régime stalinien, la démagogie
politique était poussée à son paroxysme. La chute du stalinisme a été utilisée
pour introduire l’économie de marché capitaliste au nom de la liberté et de la
démocratie.
Aujourd’hui, 17 ans plus tard, cette
propagande est totalement exposée et discréditée. Un chômage de masse, une
pauvreté et une misère grandissante ainsi que l’affirmation incessante qu’il
n’y a pas d’alternative à cette catastrophe sociale constitue un réquisitoire
dévastateur contre le système capitaliste.
Au vu d’une telle situation il est
indispensable de dresser un bilan politique et de formuler quelques vérités
fondamentales.
La
différence entre nous et le SPD, le Parti de la Gauche.PDS, parti du socialisme
démocratique et le groupe de l’Alternative
électorale Travail et Justice sociale (WASG)
Les intérêts de la vaste majorité de la
population ne sont pas compatibles avec un ordre social basé sur la propriété
privée des moyens de production et l’Etat-nation. La crise sociale ne peut être
surmontée dans le cadre du système capitaliste existant.
Des manifestations et le simple fait de
« faire pression par le bas » ne peuvent à eux seuls stopper les
attaques contre les droits sociaux et démocratiques. Ce qui est nécessaire
c’est un mouvement politique de la population laborieuse qui soit totalement
indépendant du SPD, du Parti de la Gauche et des syndicats et qui lutte sur une
base socialiste pour la réorganisation de la société.
C’est dans cette question primordiale que le
PSG se distingue fondamentalement de tous les autres partis qui participent à
cette élection.
Durant des décennies, de nombreux travailleurs
en Allemagne de l’Ouest et à Berlin Ouest ont voté pour le SPD, non pas parce
que le SPD préconisait une société socialiste, mais parce qu’il promettait
d’améliorer les conditions sociales par des réformes appliquées dans le cadre
du capitalisme. Cette perspective s’est révélée tout à fait illusoire. Après
sept années de gouvernement rouge-vert, plus personne n’est en mesure
d’affirmer sérieusement que le SPD est vraiment capable d’appliquer des
réformes sociales.
En 1998, nombreux étaient ceux qui espéraient
que le gouvernement rouge-vert mettrait un terme aux coupes sociales effectuées
des années durant par le gouvernement de Helmut Kohl. Mais c’est le contraire
qui s’est produit.
Durant les sept années du gouvernement de
Gerhard Schröder l’on a assisté à la plus importante redistribution de revenus
du bas de la société vers le haut. Les riches et les patrons ont été exonérés
d’impôts. Les caisses publiques ainsi vidées ont servi de prétexte aux
réductions massives effectuées dans les dépenses publiques. Entre-temps, l’écart
entre les grandes fortunes et le revenu ouvrier n’a jamais été aussi important.
Un enfant sur huit vit aujourd’hui en Allemagne dans une famille qui dépend de
l’aide sociale.
En politique intérieure, le ministre de
l’Intérieur, Otto Schily, a emboîté le pas du « sheriff noir »,
Manfred Kanther, en poursuivant ses attaques contre les droits démocratiques et
les immigrés. En politique extérieure, le gouvernement SPD-Verts a déployé,
pour la première fois depuis la Deuxième guerre mondiale, des troupes dans des
interventions militaires internationales.
Le PDS s’est emparé de la bannière réformiste
du SPD, au moment même où ce dernier le mettait au rebut. Le précurseur du PDS,
le Parti socialiste unifié (SED), avait écrasé toute résistance contre la dictature
stalinienne comme étant une attaque contre le « socialisme ». Après
l’effondrement de l’Allemagne de l’Est, les staliniens ont rebaptisé leur parti
en Parti du socialisme démocratique (PDS) en professant le « libre
marché » et la propriété privée, encourageant ainsi l’illusion que le
capitalisme était compatible avec les intérêts des travailleurs.
Après la réunification, cette illusion n’a
duré que tant que le PDS se trouvait dans l’opposition. Avec son entrée dans le
Sénat de Berlin, cependant, sa banqueroute politique s’est vite révélée au
grand jour.
Toutes les attaques sociales qu’il avait
auparavant condamnées en paroles, sont à présent passées en force à Berlin. Si
une preuve supplémentaire s’avérait nécessaire pour montrer que le PDS n’était
pas une alternative aux sociaux-démocrates du SPD, elle a été fournie par la
participation du PDS au gouvernement de la ville de Berlin durant quatre ans.
Le PDS est entré au gouvernement de Berlin en
2001 à la suite de la scandaleuse affaire de la société Berliner
Bankgesellschaft (BGB). Le premier acte officiel de la coalition SPD-PDS a été
de sauvegarder financièrement les intérêts des principaux investisseurs et
actionnaires de la banque en lui attribuant une caution d’un montant de 21,6
milliards d’euros.
A partir de là, les coupes se sont
succédées : suppression de 15.000 emplois dans la fonction publique et de
18.000 emplois supplémentaires d’ici 2012 ; retrait de l’association
communale des employeurs afin d’esquiver la convention collective pour réduire
les salaires de 10 pour cent ; suppression de 3.000 emplois et baisse des
salaires de 10 pour cent pour les employés des transports publics de
Berlin ; réductions massives d’emplois et de salaires dans les
hôpitaux ; introduction de quelques 34.000 emplois soi-disant à « un
euro » en remplacement en partie d’emplois réguliers ; augmentation
considérable des cotisations de crèches et de jardin d’enfants ;
suppression de la gratuité des fournitures scolaires et réduction du personnel
enseignant ; coupes claires de 75 millions d’euros des subventions
accordées aux trois universités de Berlin, réduisant de 10.000 le nombre
d’étudiants et de plus de 200 celui des enseignants; vente de l’entreprise
pour l’habitat social GSW avec ses 65.000 logements à un investisseur américain
et au spéculateur Cerberus.
Voici que quelques-unes des mesures
antisociales appliquées à Berlin et pour lesquelles la coalition SPD-PDS est
responsable.
Le Sénat de la ville de Berlin a joué, au
niveau national, un rôle pionnier dans les attaques contre les prestations
sociales et les services publics, en surpassant même les Länder qui sont
gouvernés par les conservateurs. Ceci a entraîné une détérioration radicale des
conditions de vie de nombreux travailleurs et de leurs familles.
Le nombre d’emplois dans le secteur industriel
est tombé à Berlin de 260.000 en 1991 à tout juste 102.000. Officiellement,
18,1 pour cent de personnes sont au chômage, auxquels s’ajoutent près de
250.000, sur les 3,3 millions d’habitants que compte la ville, et qui vivent de
ce qui s’appelait autrefois « l’assistance sociale ».
Berlin est devenu la capitale de la pauvreté
et du déclin social et son endettement de 60 milliards d’euros dépasse celui de
toutes les autres grandes villes d’Europe. La pauvreté a atteint un niveau qui
est comparable à celui des pires moments des années 1920. D’après les chiffes
les plus récents, 20 pour cent des enfants, soit un enfant sur cinq, vit sous
le seuil de pauvreté. Est pauvre, celui qui dispose à Berlin de moins de la
moitié du revenu mensuel net qui est de 1.213 euros.
Le PDS qui est encore le parti le plus fort à
l’Est de la ville, et qui contrôle depuis cinq ans des positions clés au Sénat
(Economie et Emploi, Sciences, Recherche et Culture, Santé et Affaires
sociales) est en grande partie responsable de la catastrophe sociale à Berlin.
Les efforts qu’il entreprend pour présenter son union avec le WASG comme étant
un nouveau « Parti de la Gauche » rappelle le conte d’Andersen
« Les habits neufs de l’empereur » : il suffit du regard
innocent d’un enfant pour voir que l’empereur est nu.
Quant au WASG, il s’agit d’un regroupement de
sociaux-démocrates usés et de bureaucrates syndicaux ainsi que d’une poignée
d’anciens membres de partis d’extrême gauche. Les dirigeants de cette organisation
ont durant de longues années été au service du SPD ou de l’appareil syndical et
ont de ce fait été responsables de l’ensemble des attaques perpétrées contre la
population laborieuse. Sa figure de proue, Oskar Lafontaine, a passé quarante
ans au SPD. Il a imposé la fermeture de l’industrie sidérurgique alors qu’il
était le président du Land de Sarre. En tant que président du SPD, il a organisé
en 1999 la victoire de Gerhard Schröder pour ensuite, peu de temps après,
quitter le gouvernement sans lutter, lorsqu’il a été confronté aux attaques de
la presse internationale.
Il serait absurde d’attendre de tous ces
personnages un quelconque changement de trajectoire politique. Ce qui les
motive ce n’est pas la misère des travailleurs, mais le besoin du capitalisme
allemand de maintenir la paix sociale en contenant la lutte de classe par des
illusions réformistes, ce qui, de par le passé, a conféré à l’ordre capitaliste
une base stable. Tant que la majorité de la population laborieuse pensait que
le capitalisme pourrait satisfaire ses besoins vitaux, l’on ne craignait pas un
retour aux violents conflits de classe qui avaient jadis ébranlé l’empire
allemand et la République de Weimar.
Le SPD s’est tellement déplacé vers la droite
qu’il n’est plus en mesure de garantir la stabilité sociale. C’est ce qui
explique la motivation de Lafontaine et de Gregor Gysi (PDS) de créer une
nouvelle mouture du SPD. Le Parti de la Gauche ne représente nullement une
rupture avec la politique du SPD mais est bien plus une tentative désespérée de
fomenter de nouvelles illusions dans la politique social-démocrate qui a si
lamentablement et si visiblement échoué.
C’est également dans ce contexte que doit être
vue la décision de la fédération du WASG de Berlin de présenter ses propres
candidats contre le PDS lors des prochaines élections au Sénat de Berlin. Sa
candidature n’est rien d’autre qu’une tentative d’apporter une caution à la
nudité de l’empereur.
La position adoptée par le WASG de Berlin est
absurde : sur le plan fédéral, il soutient la collaboration et
l’unification avec le PDS alors qu’à Berlin il lui oppose ses propres
candidats. Cette contradiction s’explique par le fait que la pratique du Sénat
de Berlin a complètement discrédité le Parti de la Gauche avant même que ce dernier
n’ait eu le temps de se lancer.
Le WASG de Berlin affirme que, dans la
capitale, le programme du Parti de la Gauche a été altéré au point de le rendre
méconnaissable. Or c’est tout le contraire: le programme du WASG à Berlin a été
rendu reconnaissable. Le Sénat de Berlin révèle au grand jour ce à quoi il faut
s’attendre si ce parti devait endosser une responsabilité gouvernementale.
A lui seul, le conflit survenu sur la question
de la candidature de la fédération de Berlin du WASG a déjà montré ce que le
Parti de la Gauche et le WASG pensent des principes démocratiques. Lorsque la
fédération berlinoise du WASG a décidé de passer outre le vœu du bureau
national, à savoir de renoncer à sa campagne électorale, le bureau national a destitué
de sa propre autorité la fédération berlinoise du WASG, jusqu’à ce qu’un
jugement de la cour renverse la décision. Il est facile de s’imaginer comment
un parti qui traite ainsi ses propres membres, se comporterait face à une
opposition de la classe ouvrière s’il devait un jour arriver au pouvoir.
Le Parti de l’Egalité socialiste traite les
manigances du Parti de la Gauche et du WASG avec mépris. Le déclin du
réformisme social a des causes objectives et qui ne peuvent être surmontées par
des manœuvres tactiques. Partout dans le monde, les partis sociaux-démocrates
suivent le même chemin. La transformation du Parti travailliste britannique en
une nouvelle version du Parti conservateur de Margaret Thatcher n’est que
l’expression la plus claire de ce processus. Il est nécessaire de faire face à
cet état de fait pour en tirer les conclusions politiques appropriées. Faute de
quoi, le déclin social trouvera son expression dans la montée des forces de
l’extrême-droite.
Les
raisons de la banqueroute du réformisme
Des changements fondamentaux dans l’économie
mondiale ont coupé l’herbe sous le pied du réformisme social. L’économie
d’aujourd’hui est contrôlée par des entreprises transnationales et par des
centres financiers internationaux qui, dans leur chasse à la main-d’œuvre bon marché,
aux taux d’imposition peu élevés et aux matières premières, montent les
travailleurs d’un pays contre ceux d’un autre en recourant aux bas salaires en
Chine et dans d’autres pays pour abaisser le niveau de vie dans le monde
entier.
Les efforts entrepris par les réformistes pour
répartir équitablement le Produit national brut (PNB) entre les
« partenaires sociaux » ne fonctionnent plus dans des conditions où
les flux financiers et les investissements peuvent être détournés vers des pays
où les impôts et les salaires sont bas.
Le SPD, le Parti de la Gauche et les syndicats
réagissent à cela en se rapprochant davantage du gouvernement. Ils endossent la
responsabilité pour la défense du « site industriel allemand » et
pour l’amélioration de la « compétitivité internationale » des
entreprises allemandes. Ce qui ne peut que signifier la destruction des acquis
sociaux, la division des travailleurs en les montant les uns contre les autres
au plan international. Au fur et à mesure que les conflits sociaux s’intensifient,
ces agences réformistes rejoignent les rangs du patronat et prêchent l’identité
des intérêts des travailleurs et des patrons.
La mondialisation a privé le réformisme de sa
base tout en créant cependant des conditions matérielles plus puissantes que
jamais et permettant de résoudre les problèmes sociaux fondamentaux de
l’humanité.
L’intégration mondiale de la production et les
innovations techniques révolutionnaires dans le domaine de l'informatique, des
télécommunications et de la technologie des transports renferment en soi un
énorme potentiel progressiste. Pour la première fois, il est possible de réunir
l’énergie productive de l’humanité de par le monde et de faire exécuter en plus
du travail d’usine une grande part du travail administratif par des machines.
Cet accroissement considérable de la force productive humaine a créé les moyens
de surmonter la pauvreté et l’arriération dans le monde entier et de rehausser
le niveau de vie général des hommes.
Ceci présuppose cependant la libération des forces productives
de toutes les entraves liées à la propriété privée, permettant ainsi un
développement planifié et contrôlé de la société. Le mythe qui consiste à
croire que le libre jeu du marché entraînerait le progrès social, est réfuté de
jour en jour. Les entreprises capitalistes sont incapables d’organiser la
production de façon rationnelle. Elles assujettissent les besoins humains à la
course au profit et à l’enrichissement personnel de quelques-uns. La
conséquence en est un déclin social rapide, une intensification des tensions
entre grandes puissances, le militarisme et la guerre.
Des régions entières du monde s’enfoncent dans une pauvreté
indescriptible, alors qu’une petite minorité se vautre dans un luxe indécent.
L’environnement est détruit à un rythme accéléré. Dans leur lutte pour les
matières premières, les marchés et les avantages stratégiques, les grandes
puissances recourent une fois de plus aux moyens militaires. C’est ce qui
constitue la toile de fond de la guerre en Iraq, des menaces militaires contre
l’Iran et de l’intensification des tensions entre les Etats-Unis, la Chine, la
Russie et l’Europe. Tout comme en 1914 et en 1939, la crise du capitalisme
risque de déboucher à nouveau sur une guerre mondiale.
Parallèlement, le nombre des travailleurs et travailleuses – c’est-à-dire
de tous ceux qui pour vivre doivent vendre leur force de travail – s’est
considérablement accru au niveau mondial. Des pays, tels la Chine et l’Inde
qui, il y a cinquante ans encore étaient primordialement des régions agricoles,
se sont transformées en ateliers du monde.
En dépit des différences sociales énormes, les conditions de
travail tendent à s’uniformiser. Partout dans le monde les travailleurs sont
confrontés aux mêmes multinationales, aux mêmes pressions sur les salaires et
les conditions de travail et, grâce aux moyens de communication modernes, ils
sont mieux informés de ce qui se passe dans le monde qu’ils ne l’ont jamais
été.
A ceci s’ajoute que les conditions de vie de l’ancienne couche
moyenne - employés de bureau, ceux qui ont fait des études universitaires, ceux
qui exercent une activité indépendante - ne se différencient plus guère aujourd'hui
de celles des ouvriers. Eux aussi doivent lutter contre des conditions de
travail précaires, des baisses de salaires et l’insécurité sociale.
La classe ouvrière internationale représente une énorme force
sociale. Le Parti de l’Egalité socialiste et la Quatrième Internationale ont
pour but de la transformer en une puissance politique consciente, capable de
s’unir contre l’oligarchie financière internationale.
La réponse du PSG
De plus en plus de personnes au lieu de rester passives et
désintéressées face à la politique officielle, manifestent ouvertement leur
hostilité. Nous saluons ce développement.
Sous la surface politique, une énorme explosion sociale se
prépare. Alors que des politiciens et des journalistes avertissent du danger
d’un conflit social, nous considérons de notre tâche de préparer un tel
développement et de le guider dans une voie progressiste. Une rébellion des
masses populaires est à la fois inévitable et nécessaire. Seule l’intervention
de millions de personnes dans le développement politique pourra mettre un terme
à l’assujettissement de la société par une oligarchie arrogante.
Nous nous basons sur cette mobilisation et nous proposons un
programme socialiste pour satisfaire les besoins humains et pour surmonter le
désastre social créé par l’anarchie capitaliste.
Pour l’égalité et la
justice sociale
L’emploi, la retraite, la santé et l’éducation sont des droits
sociaux fondamentaux. Ils doivent être placés au-dessus des profits des patrons
et des groupes économiques. Pour surmonter le chômage de masse il faut un vaste
programme public par lequel seront créés des millions d'emplois dans les
domaines socialement importants comme l’éducation, la santé et les soins aux
personnes âgées, la culture et le développement de l’infrastructure. Chaque
citoyen doit pouvoir bénéficier d’une retraite garantie par l’Etat assurant à tous
une vieillesse libre de tout souci financier, une protection et une prévention
médicale publique ainsi qu’une éducation gratuite et la possibilité de
poursuivre et d’achever des études universitaires à tous les niveaux.
Un tel programme social présuppose que l’économie soit
organisée de façon rationnelle dans l’intérêt de la société et non pas soumise
aux intérêts des groupes capitalistes et des banques. Les grandes entreprises
et les instituts financiers doivent être socialisés et contrôlés
démocratiquement. Les petites et moyennes entreprises qui luttent pour leur
survie doivent avoir accès à des crédits bon marché qui leur permettent de
payer régulièrement leurs salariés. Les hauts revenus, les revenus issus de la
possession d’un capital et d’une fortune, doivent être fortement imposés afin
de financer les dépenses sociales. Les propositions récentes faites en faveur
d’une hausse symbolique des taux d’imposition des millionnaires sont totalement
insuffisantes pour concrétiser de tels projets.
Pour la défense des
droits démocratiques et les droits des immigrés
La lutte pour les droits démocratiques et les droits sociaux
est étroitement liée. Tant que la richesse sociale est concentrée entre les
mains d’une infime minorité, tant que la vie active est assujettie à la
dictature des patrons et que les ouvriers sont privés du droit d’intervention,
que la presse et les média sont à la merci des grands groupes et que
l’éducation et la culture demeurent le privilège d’une infime élite, il ne peut
être question de démocratie. Ce sont précisément les coupes dans le domaine de
la culture et des arts qui portent un énorme préjudice au tissu social. Il
existe un lien incontestable entre la glorification du militarisme, la
brutalité et l’égoïsme et le dénigrement du patrimoine culturel.
Les ouvriers n’ont pas de patrie. Nous défendons sans
restriction les droits démocratiques et sociaux des réfugiés et des immigrés.
Nous préconisons le rejet immédiat des lois réactionnaires et discriminatoires
sur l’immigration et nous nous prononçons contre l’expulsion et la
criminalisation des réfugiés. Nous défendons inconditionnellement le droit à
venir dans un pays européen de son choix et à y rester. La persécution des
immigrés au même titre que le fait de diviser la classe ouvrière selon la
religion, la couleur de la peau et l’origine sert à contrôler la classe
ouvrière et à l’assujettir. Les réfugiés et les immigrés forment une importante
section de la classe ouvrière et qui jouera un rôle important dans les luttes à
venir.
Contre la guerre et
le militarisme
La lutte conte le chômage et la destruction des acquis sociaux
ne doit pas être séparée de la lutte contre la guerre et le néocolonialisme.
La population laborieuse doit fournir sa propre réponse indépendante
au danger de guerre émanant de l’impérialisme américain. Elle ne doit pas se
laisser prendre au jeu des tentatives conciliatoires entreprises par le
gouvernement allemand et les autres gouvernements européens à l’égard de
Washington. Le militarisme agressif de l’impérialisme américain menace d’entraîner
l’humanité entière dans une catastrophe. Dans le monde, il représente
actuellement la plus grave menace pour la paix.
Nous sommes pour la dissolution immédiate de l'OTAN et pour la
fermeture des bases américaines sur le sol européen.
Tout en s’efforçant de se réconcilier avec Washington, les
gouvernements allemand et européens poursuivent la réalisation de leurs propres
projets impérialistes. C’est à cela que sert la restructuration de l’armée allemande
ainsi que le développement d’une force armée européenne et d’une industrie d’armement
européenne indépendante. Nous rejetons de tels développements et nous exigeons
le retrait immédiat de l’armée allemande et de toutes les autres troupes
européennes des Balkans, d’Afghanistan, du Congo et de tous les autres pays
africains ainsi que de l’Irak et de tout le Moyen-Orient.
Pour l’unification
de l’Europe sur une base socialiste
Une perspective internationale se trouve au cœur d’une telle
réorganisation politique de la classe ouvrière. Aucun problème social ne peut se
résoudre dans un cadre régional ou national. Des travailleurs à Berlin ou dans
d’autres parties du pays doivent vigoureusement combattre la tactique
scissionniste des syndicats qui montent un site contre l’autre. Au lieu de se
laisser monter les uns contre les autres, les travailleurs allemands doivent
assumer la responsabilité pour leurs collègues en Europe de l’Est en
s’engageant dans une lutte commune contre les emplois à bas salaires.
Contre l’unification de l’Europe par le haut, dans l’intérêt
des grands groupes et des banques, nous luttons pour son unification par le bas
dans un combat pour établir les Etats socialistes unis d’Europe.
Dans le cadre d’une Europe unifiée sur des bases socialistes,
il sera possible de surmonter le fractionnement du continent en Etats nationaux
rivaux et d’utiliser ses richesses et ses forces productives immenses au profit
de la société entière. Une telle unification permettrait à la classe ouvrière
européenne de s’opposer à l’impérialisme américain en encourageant la classe
ouvrière américaine à défier les fauteurs de guerre de la Maison Blanche. Et
cela serait une immense incitation pour que les peuples opprimés du monde
entier s’opposent à l’impérialisme et en finissent avec les oppresseurs dans
leurs propres pays.
Le Parti de
l’Egalité socialiste
Le PSG ne dispose ni d’un vaste appareil ni de riches et
influents financiers. Ce dont nous disposons ce sont des idées, un programme et
une puissante tradition.
Nous représentons l’héritage de millions d’ouvriers et
d’intellectuels qui ont investi leur enthousiasme, leur énergie et, dans
certains cas, leur vie au cours des ces 150 dernières années pour
l’établissement d’une société meilleure et plus humaine. Les apologistes
staliniens et bourgeois ont parfait leurs efforts pour effacer les traces de
ces luttes de l’histoire. Mais, au vu de la profonde crise du capitalisme
mondial, les leçons tirées de ces grandes luttes du passé, tant les victoires
que les défaites, ont une importance primordiale.
En tant que Section allemande du Comité International de la
Quatrième Internationale, le PSG se fonde sur ces expériences historiques. La
Quatrième Internationale est la preuve vivante qu’il existe une alternative
marxiste à la social-démocratie et au stalinisme qui, tant à Moscou qu’à Berlin-Est,
affirmait à tort représenter la continuité du marxisme.
La Quatrième Internationale a été fondée en 1938 par Léon
Trotsky afin de défendre le programme de l’internationalisme socialiste contre
la dégénérescence de l’Internationale communiste. Elle a son origine dans l’Opposition
de Gauche qui, depuis 1923, luttait contre la dégénérescence stalinienne de l’Union
soviétique. Des centaines de milliers d’opposants au stalinisme ont payé de
leur vie cette défense durant les grandes purges des années 1930, presque tous
sans exception étant accusés de trotskysme.
Le Comité International de la Quatrième Internationale (CIQI) incarne
aujourd’hui la continuité historique du mouvement trotskyste mondial. Tant que
la social-démocratie et les partis staliniens dominaient le mouvement ouvrier,
il était possible d’isoler la tradition marxiste. Mais la banqueroute politique
de ces bureaucraties réformistes inaugure une époque historique nouvelle dans
laquelle la Quatrième Internationale trouve un écho grandissant. Avec le World
Socialist Web Site le CIQI dispose aujourd’hui d’un organe qui jouit dans
le monde entier de lecteurs en nombre croissant et qui est de plus en plus
reconnu comme la voix du marxisme authentique.
Le Parti de l’Egalité socialiste a besoin d’un large soutien
dans le but de rassembler les signatures nécessaires, de diffuser son matériel
politique et de tenir des meetings électoraux. Il a aussi besoin de dons
généreux pour financer sa campagne.
Nous faisons appel à tous ceux qui rejettent la politique
antisociale du gouvernement SPD-Parti de la Gauche.PDS de la ville de Berlin et
nous insistons sur le fait qu’il ne suffit pas de s’indigner de la politique de
ces partis. Il est nécessaire de reconnaître sa propre responsabilité politique
et de soutenir activement la construction du Parti de l’Egalité socialiste.
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