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  Sri Lanka: Alors que 200.000 travailleurs cessent le travail, les syndicats se préparent à battre en retraite sur les revendications salariales

Par W.A. Sunil
Le 7 avril 2006

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Malgré les efforts entrepris par les syndicats sri lankais en vue de limiter l’action syndicale, quelques 200.000 travailleurs du secteur public adressèrent à leurs employeurs des certificats médicaux de congé maladie et ne vinrent pas travailler lundi pour soutenir les revendications d’augmentation de salaire de 65 pour cent. Ce « satyagraha » ou protestation passive organisée par le Comité syndical de révision des salaires du secteur public (PSSRTUC), groupe de syndicats « indépendants », faisait suite à un mot d’ordre d’arrêt de travail de 24 heures le 16 mars auquel participèrent environ 300.000 travailleurs.

La participation restreinte apparut clairement dans les services du chemin de fer où la quasi totalité des travailleurs avaient pris part à la grève du 16 mars. Le lundi, seul le personnel des ateliers, des dépôts ainsi que le personnel administratif participa à la grève. Les conducteurs de trains, les chefs de gare, les gardes et les contrôleurs furent instruits par leurs syndicats de ne pas suivre le mot d’ordre de grève. Les postiers et le personnel hospitalier dans les zones de guerre, dans le nord et dans l’est du pays, s’associèrent à la campagne, mais le syndicat des enseignants tamouls n’exprima que son « soutien moral ». Moins de 1.000 travailleurs prirent part à un rassemblement syndical à Viharamahadevi Park au centre de Colombo.

Le caractère restreint de la campagne est un avertissement clair à l’adresse des travailleurs que le PSSRTUC n’est pas disposé à conduire une lutte politique contre le président Mahinda Rajapakse et son gouvernement de l’Alliance pour la liberté des peuples unis (UPFA), même si c’est précisément ce qui est nécessaire. Quelques-uns des syndicats qui avaient soutenu la grève du 16 mars, ne participèrent pas aux protestations de lundi, déclarant ouvertement leur loyauté au gouvernement. A présent, les dirigeants du PSSRTUC recherchent un moyen de mettre fin à la campagne.

De nombreux travailleurs, y compris ceux qui défièrent leurs syndicats pour rejoindre la grève du 16 mars, considèrent avec mépris les campagnes passives de « satyagraha » comme étant des exercices inutiles et une perte de temps. L’attitude molle des syndicats fut incarnée par une « prière » pathétique faite par l’un des dirigeants à Viharamahadevi Park. Il déclara que « la sagesse se fera jour dans l’esprit du président et de son gouvernement pour modifier la circulaire de révision des salaires 1-2 du 12 janvier 2006 » et qu’il proposera « une nouvelle politique salariale sur la base de la justice sociale ».

Le gouvernement a montré sa « sagesse » en lançant une campagne médiatique extrêmement virulente contre les salariés du secteur public et en mobilisant les forces armées, à la fois comme briseurs de grève et pour intimider et harceler les travailleurs. Sous la pression du FMI et de la Banque mondiale l’incitant à réduire les dépenses publiques, Rajapakse, qui est également ministre des Finances, n’a aucune intention de faire des concessions significatives. Mais il craint que la campagne du secteur public ne fasse boule de neige et ne se transforme en un mouvement impliquant des couches plus larges de travailleurs et des pauvres des régions rurales qui sont brutalement touchés par la hausse des prix.

Le gouvernement déploya des troupes lundi devant les principaux hôpitaux et gares ferroviaires. Selon le directeur de l’hôpital national de Colombo, 200 personnels de la marine furent « appelés en renfort dans les hôpitaux ». Des centaines de policiers, y compris des escadrons de la police anti-émeute, furent stationnés dans les environs de Viharamahadevi Park durant la manifestation.

Le même jour, le président Rajapakse profita de la réunion annuelle du Sri Lanka Nidahas Sevaka Sangamaya, syndicat affilié à son Parti de la liberté du Sri Lanka (SLFP) pour avertir les dirigeants syndicaux d’« agir avec responsabilité ». Il ajouta : « Les travailleurs ne doivent pas seulement réclamer leur droits, mais devraient également se soucier de leurs concitoyens et de leurs devoirs envers leur pays et son développement économique avant de recourir à une action syndicale pour exiger leurs droits. »

Le président déclara dans des termes sans équivoque que les salariés du secteur public n’obtiendraient pas satisfaction pour leur revendication salariale. Il affirma à tort que les travailleurs du secteur public recevaient déjà un salaire mensuel minimum de 11.600 roupies (116 dollars US) contre tout juste 3.800 roupies dans le secteur privé. Le salaire minimum actuel est de 9.000 roupies qui, après déduction de plusieurs milliers de roupies pour des prêts, ne suffisent pas à faire face aux augmentations du coût de la vie.

Dans un discours prononcé à Viharamaahadevi Park, le délégué syndical du PSSRTUC, Saman Ratnapriya, minimisa le rôle joué par le gouvernement, et blâma le précédent directeur de la Commission des salaires, Tissa Devendra, pour avoir créé la « présente situation ». Il ne fit pas grand cas de la mobilisation des soldats, en déclarant de façon démagogique : « Bien que le gouvernement ait mobilisé l’armée, cette dernière ne peut pas faire le travail des travailleurs. » Il conclut en lançant un appel à Rajapakse dans le but d’entamer des négociations – un signe de plus que le PSSRTUC est prêt à faire marche arrière. Les syndicats ont déjà fait savoir qu’ils étaient prêts à accepter une offre « intérimaire » minimale.

Des dirigeants syndicaux tentèrent d’empêcher le Parti de l’Egalité socialiste (Socialist Equality Party – SEP-Sri Lanka) de diffuser sa déclaration contenant un appel sans équivoque à une offensive politique contre le gouvernement Rajapakse basée sur une politique socialiste. Un groupe de partisans de Ratnapriya menaça de recourir à la force physique pour empêcher les membres du SEP de distribuer les tracts et pour les expulser de Viharamahadevi Park. Leur porte-parole annonça que le PSSRTUC avait interdit la diffusion de tout tract et déclara que « les travailleurs ne voulaient pas de politique ». Pris à parti sur de telles méthodes antidémocratiques, Ratnapriya répondit catégoriquement : « Une telle démocratie n’existe nulle part.»

Le SEP distribua néanmoins plusieurs milliers de copies de sa déclaration intitulée « Une voie pour aller de l'avant pour les travailleurs sri lankais du secteur public ». Les travailleurs témoignèrent d’une profonde inquiétude quant à la détérioration du niveau de vie, de la direction prise par la campagne syndicale et étaient très désireux de parler de politique.

Un groupe de chauffeurs du service d’irrigation de Colombo dit au WSWS : « La mobilisation est très faible. Nos dirigeants ne veulent pas organiser correctement la lutte. Des sections clé des chemins de fer travaillent et les trains circulent sans aucune perturbation. Il n’y a eu aucune réunion sur les lieux de travail pour convaincre les travailleurs de soutenir la campagne. »

Un postier de Nugegoda expliqua : « Nous participons à cette lutte parce que nous n’y arrivons plus avec le salaire actuel. Mon salaire total est d’environ 13.000 roupies, mais après les déductions pour prêts et autres dettes, je ne reçois que 9.700 roupies. Les dirigeants syndicaux nous ont demandé de voter pour ce gouvernement et c’est ce que nous avons fait. J’ai conscience que nous ne pouvons pas gagner notre lutte de cette manière. Nous devons organiser une lutte commune de tous les travailleurs. »

Après avoir lu la déclaration du SEP, un autre postier de Moratuwa dit : « Je comprends bien comment notre problème de salaire est lié à la politique économique de ce gouvernement et comment la classe ouvrière internationale est confrontée à des attaques identiques dans tous les pays. C’est bien que la classe ouvrière dans ce pays développe une unité internationale [avec d’autres travailleurs] pour notre lutte pour défendre nos droits. »

Une infirmière condamna Muruththetuwe Ananda, dirigeant du syndicat infirmier unitaire de la fonction publique, pour s’être opposé à la campagne. « Le gouvernement a évité toute solution au problème des salaires. Mais les dirigeants syndicaux n’ont pas mobilisé de larges couches de la population laborieuse. Le gouvernement fait de plus en plus de concessions aux capitalistes et aux patrons. »

Parlant du danger d’une nouvelle guerre civile, elle ajouta : « Nous avons fait l’amère expérience de la guerre. A cette époque des bombes explosaient partout. Des milliers de gens ont été tués de part et d’autre. Nous avons perdu les vies précieuses de jeunes gens dans cette guerre. Et donc, les gens doivent s’opposer à la guerre. Le JVP (Janatha Vimukthi Peramuna) et le (JHU) Jathika Hela Urumaya doivent cesser leur campagne communautaire. Nous devons exiger que l’argent gaspillé dans la guerre soit employé pour le bien-être des gens. »

Un employé du service de l’agriculture de Ratnapura expliqua qu’elle était l’une des 150.000 employés licenciés après que les syndicats mirent fin à la grève générale des travailleurs du secteur public de 1980. Elle se rappela avoir lu à l’époque le Kamkaru Mawatha, journal de la Revolutionary Communist League (le prédécesseur du SEP). « J’ai pu finalement retrouver mon emploi en 1996. Je n’ai aucune confiance dans les dirigeants syndicaux. Ils n’ont pas de programme défini pour la lutte à part faire pression sur le gouvernement.

« La classe ouvrière a besoin d’une perspective politique. D’autres sections de la classe ouvrière et les pauvres doivent être unis dans un seul mouvement. Et, comme vous le dites, la population laborieuse doit s’unir internationalement dans sa lutte pour défendre ses droits. Mais les dirigeants syndicaux sont contre une telle lutte. Ils ont tous dit aux travailleurs de voter pour Rajapakse. Ce n’est pas de la politique ça ? C’est leur politique à eux, et la classe ouvrière veut un mouvement politique indépendant. »

 

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