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Une panique provoquée par les milieux officiels : la
campagne de peur terroriste britannique déclenche une vague de peurs successives
Par Kate Randall
21 août 2006
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Plus d’une semaine après les annonces américaine et
britannique selon lesquelles un présumé complot terroriste visant de faire
exploser des vols commerciaux entre la Grande-Bretagne et les États-Unis avait
été contrecarré, les affirmations officielles sont en train de s’éclaircir. Les
autorités ont été incapables de fournir des faits concrets pour appuyer le
scénario que les descentes et les nombreuses arrestations policières en
Grande-Bretagne avaient empêché une attaque imminente qui aurait tué des
milliers de voyageurs transatlantiques.
En fait, des détails importants indiquant le contraire sont
apparus. Non seulement a-t-on révélé qu’aucune bombe n’était en préparation,
mais aussi qu’aucun des suspects – des musulmans d’origine britannique, qui
demeurent jusqu’à maintenant emprisonnés sans avoir été accusés – n’avait
acheté de billets d’avion. Certains d’entre eux n’avaient même pas de
passeport.
Il est de plus en plus évident que l’hystérie du
gouvernement et des médias entourant le présumé complot n’a pas été provoquée
par des préoccupations de sécurité, mais par le désir politiquement motivé de
détourner l’attention de la crise croissante des gouvernements de Bush et de
Blair. Dans des conditions où s’aggrave un fiasco militaire et politique en
Irak, où se développe l’opposition interne à la guerre, où la situation
militaire en Afghanistan se détériore, et où le résultat du conflit au Liban a
été défavorable pour les États-Unis et la Grande-Bretagne, l’éruption du
dernier soi-disant complot terroriste a servi à « changer de sujet »,
tout en alimentant un climat de peur et de panique qui, espèrent les deux
gouvernements, désorientera la population et facilitera de nouvelles attaques
sur les droits démocratiques.
Il est maintenant clair qu’il n’y avait pas d’attaque
imminente à contrecarrer. Mais l’immense provocation de Washington et de
Londres a réussi à créer un climat de quasi-hystérie, au moins dans les milieux
officiels, les médias, l’industrie aérienne, et les agences policières, qui a
engendré une série d’incidents lors desquels des événements mineurs étaient
rapportés sensationnellement, avec plein de folles affirmations et
d’épouvantables rumeurs, comme de nouveaux « cas terroristes ».
Dans d’autres circonstances, la plupart sinon tous ces
événements auraient été gérés de façon routinière. Dans le climat actuel, ils
sont devenus des nouvelles à portée nationale et internationale, et ce jusqu’à
ce que, d’ici le prochain cycle médiatique, ces graves allégations se soient
avérées sans fondement.
Ces cas suivent un modèle commun : des allégations
sont émises par les autorités; les médias entrent en action et, sans faire
preuve d’esprit critique, présentent et embellissent la ligne officielle. En
peu de temps, les affirmations initiales sont abandonnées et les histoires sont
écartées des grands titres, sans aucune justification pour les faux reportages,
pendant que les médias attendent la prochaine « menace terroriste »
en retenant leur souffle.
Alertes à la
bombe et atterrissages d’urgence
Les reportages impliquant des nouveaux incidents sont si
fréquents qu’il est difficile de les suivre tous. Le plus récent a été celui
sur une alerte à la bombe vendredi, à bord d’un charter en provenance de l’aéroport
Gatwick de Londres et en direction de Hurghada en Égypte.
La police a rapporté qu’un passager avait trouvé une note
dans une poche de son siège qui disait qu’une bombe se trouvait sur l’avion. La
note a poussé le pilote à ordonner un atterrissage d’urgence, et le 767 fut
ainsi escorté par un chasseur italien jusqu’à l’aéroport Brindisi en Italie.
Des camions de pompiers ont entouré l’avion dès son atterrissage, et les
passagers ont été évacués. Après que la fouille de l’avion n’eut rien révélé,
les responsables de l’aéroport mirent fin à l’alerte.
Une journée plus tôt, un vol de l’aéroport Heathrow de
Londres en direction de Washington DC fut détourné vers Boston après que le
comportement étrange d’une femme et des altercations avec l’équipage de bord
forcèrent le pilote à ordonner un atterrissage d’urgence.
Les stations de télévision locales et les réseaux nationaux
ont interrompu la programmation régulière pour diffuser des reportages en
direct de l’incident, alors que des jets F-15 de l’Air Force escortaient
l’avion jusqu’à son atterrissage d’urgence à l’aéroport Logan. Les autorités
ont interrogé les passagers et des chiens policiers ont été utilisés pour
détecter des explosifs parmi les bagages. Rien ne fut trouvé.
Certains reportages initiaux sur la passagère, Catherine
Mayo, une femme de 59 ans du Vermont, ont affirmé qu’elle avait une note
suspecte en langue étrangère, et pouvait avoir un lien avec Al-Qaida. On a
rapporté aussi qu’elle avait un tournevis de 15 centimètres. Les références au
tournevis ont par la suite été retirées. Selon le FBI, il est apparu que le
lien potentiel avec Al-Qaida n’était qu’une vague référence faite par Mayo au
fait « de faire partie de gens reliés par ‘deux mots’ ».
Plus tard, jeudi, on rapportait que la femme n’avait pas
constitué une menace et avait souffert fort probablement de claustrophobie ou
d’une attaque de panique. L’avocat américain Michael J. Sullivan a
déclaré : « À ce point-ci, rien ne prouve que cet incident était
lié au terrorisme. »
Mayo fut arrêtée et accusée d’avoir nui à l’équipage et aux
agents de bord en les intimidant, et elle fut détenue durant la nuit. Si elle
est condamnée, elle pourrait être emprisonnée jusqu’à 20 ans et devoir payer
une amende de $250.000.
Dans un autre incident, un terminal de l’aéroport Tri-State
en Virginie de l’ouest a été fermé pendant 10 heures après que des tests
effectués à un contrôle de sécurité sur deux bouteilles contenant du liquide
dans un bagage à main d’une femme aient révélé des résidus d’explosifs. Les services
aériens ont été suspendus et près de 100 passagers et les employés de
l’aéroport ont reçu l’ordre de quitter le terminal.
Un appareil utilisé par la Sécurité des transports (AST)
pour tester les explosifs a enregistré un résultat positif pour les bouteilles
et une équipe canine a également enregistré un résultat positif. Mais les
tests chimiques effectués plus tard dans la journée n’a révélé aucun explosif
dans les bouteilles dont l’une contenait un nettoyeur facial sous forme de gel.
Le processus de triage de l’AST teste un large éventail de résidus d’explosifs,
dont certains sont communs dans les produits domestiques.
La femme de 28 ans, de descendance pakistanaise, a été
amenée de l’aéroport à 5 heures de l’après-midi par les autorités fédérales.
Aucune accusation n’a été portée.
Dans un autre incident de peur à la bombe, un périmètre d’environ
un kilomètre a été établi autour d’un terminal de conteneurs à Seattle,
Washington, mercredi après qu’il ait été rapporté que la réaction d’un chien
dépisteur indiquait qu’au moins un des conteneurs qui venait juste d’être
déchargé du bateau pouvait contenir des explosifs. Des douzaines d’employés
ont été évacués.
Le Service de protection douanière des États-Unis a dit
qu’une machine à rayons X a subséquemment « révélé » des
« anomalies » dans deux conteneurs en provenance du
Pakistan, bien que lors de l’examen des conteneurs avec un appareil de
détection de radiations, aucun matériel radioactif n’ait été détecté.
Le « complot de terreur » des téléphones cellulaires
Une supposée menace d’attaque terroriste d’individus ayant
acheté un lot de téléphones cellulaires prépayés a été à l’origine de plusieurs
arrestations et d’enquêtes au cours des dernières semaines. En février et mars,
le FBI et le Département de la sécurité nationale ont envoyé des communiqués
conjoints alertant les départements de police locale partout aux États-Unis que
les profits de la revente de ces téléphones impossibles à retracer pourraient
être utilisés pour financer des organisations terroristes – ou que les
appareils eux-mêmes pourraient être utilisés comme détonateurs pour des
attaques avec engins explosifs.
Deux incidents de téléphone cellulaire dans le Midwest ont
fait les manchettes nationales cette semaine. Le 11 août, 3 hommes du Texas de
descendance palestinienne ont été arrêtés après avoir tenté d’acheter 80
téléphones cellulaires dans des achats à des endroits différents par paquets de
trois. Adham Abdelhamid Othman, 21 ans, Maruan Awad Muhareb, 18 ans , et Louai
Abdelhamied Othman, 23 ans, ont été arrêtés à l’extérieur d’un Wal-Mart à Caro
dans le Michigan, à près de 130 km au nord de Détroit, après avoir éveillé les
soupçons d’employés du magasin qui ont ensuive avisé la police.
Une fouille a révélé qu’un des hommes avait des images du
pont Mackinac – qui relie les deux péninsules du Michigan – sur une caméra
digitale. Sur cette base, les autorités locales ont supposé qu’ils se
préparaient à faire exploser le pont. L’arrestation a entraîné une
augmentation des mesures de protection sur le pont long de 8 km, la garde
côtière intensifiant ses patrouilles.
Les avocats de la poursuite ont accusé l’homme d’avoir recueilli
ou fourni du matériel en vue d’un acte terroriste et d’avoir surveillé une
cible vulnérable à des fins terroristes – un crime passible d’une peine maximale
de 20 ans de prison. Les trois ont été détenus durant 5 jours à la prison du
compté de Tuscola sous le coup de ces accusations terroristes, leur caution
ayant été fixée à $750.000.
Les hommes ont dit à un juge fédéral le
jour suivant leur arrestation qu'ils avaient acheté les téléphones portables
pour la revente, et qu'ils avaient photographié le pont – ainsi que la faune et
les lacs de la région – en tant que touristes. Le lundi d'après, le bureau du
FBI à Detroit sortait un communiqué de presse disant que l'agence n'avait
aucune information laissant croire que les hommes avaient le moindre « lien
direct avec le terrorisme ».
Mercredi, le procureur du comté de Tuscola,
Mark Reene, demandait à l'État de retirer ses accusations de
terrorisme afin que les hommes soient transférés aux autorités fédérales. Les
trois ont comparu jeudi devant une cour fédérale américaine à Bay City, au
Michigan, et ont été accusés de fraude et blanchissage d'argent – accusations
sans lien avec le terrorisme.
Des accusations similaires de terreur par
téléphone portable se sont terminées en queue de poisson dans l'État voisin de
l'Ohio, lundi. Les résidents de Dearborn,
Michigan, Osama Sabhi Abulhassan et Ali Houssaiky, tous deux âgés de 20 ans,
ont été arrêtés le 8 août à Marietta, Ohio, quand la police a trouvé des
dizaines de téléphones portables prépayés dans leur voiture, ainsi que $11.000
en argent comptant. Un commis de magasin avait téléphoné à la police après que
les deux hommes aient acheté un grand nombre de téléphones portables.
Les premiers reportages sur les
arrestations avaient indiqué que des listes de passagers et un guide de
sécurité pour aéroport avaient également été trouvés. (Il s'est avéré
que la mère de Houssaiky travaille pour la ligne aérienne Royal Jordanian
Airlines et avait laissé traîné une vieille liste de passagers dans la voiture,
ainsi que le guide.) Les deux hommes ont été accusés d'avoir appelé ou permis
un acte de terrorisme, blanchi de l'argent et menti à la police sur ce
qu'ils faisaient avec les téléphones. La police a affirmé que les hommes
avaient donné deux versions de ce qui les avaient amené à acheter les
téléphones.
Comme pour la supposée menace de faire
sauter le pont de Mackinac, les émissions de nouvelles du Michigan ont mis en
garde contre le terrorisme local. La couverture médiatique a pris une
forme particulièrement abjecte dans un blog par Debbie Schlussel, un animateur
d'une ligne ouverte locale qui est invité à l'occasion à l'émission
« O'Reilly Factor » de Fox News.
Dans une entrée de blog intitulée
« Terrorisme à l'américaine : Comment des garçons de Dearbornistan sont
passés du terrain de football à la terreur islamique », Schlussel écrit
que les deux hommes arrêtés en Ohio, qui ont fréquenté le lycée de Fordson à
Dearborn, venaient « du lycée à plus forte concentration musulmane
des États-Unis » et suggéré que tout lycéen de Fordson devrait être
considéré comme « un terroriste en herbe ».
Mais les accusations contre Abulhassan et
Houssaiky ont été retirées lundi, les autorités de l'Ohio
disant qu'il n'y avait pas assez de preuves pour les poursuivre. Ils
ont été libérés mardi après avoir passé une semaine derrière les barreaux, à
l'écart des autres détenus. Déterminé à lancer une poursuite sur la
moindre base, le procureur du comté de Washington, James Schneider, a dit que
son bureau maintenait l'accusation de délit.
Dans un autre cas de téléphone portable, la
police de Tucson, Arizona, était à la recherche de deux hommes originaires du
Moyen-Orient qui auraient cherché à acheter une cinquantaine de téléphones
portables jetables à un détaillant Sam's Club. Les autorités ont affirmé que
les hommes étaient recherchés pour fins d’interrogatoire et qu'ils ne faisaient
pas face à des accusations criminelles.
Le Centre de renseignement anti-terroriste
de l'Arizona a informé la police locale d'une hausse possible
d'achats suspects de téléphones portables prépayés, tout en admettant qu'un
achat en si grandes quantités diminue de beaucoup la
probabilité qu'ils soient destinés à faire détoner une bombe étant donné
qu'il en faudrait une bien moindre quantité – facilement disponible sans
achats en gros.
Néanmoins, la station de télévision KVOA a
fait état d'une atmosphère de coups de filet après que la police ait
reçu une information que deux hommes du Moyen-Orient achetaient un grand nombre
de téléphones portables à des magasins à bas prix dans la ville de Huachuca, en
Arizona, au sud de Tucson.
« La police de la ville de Huachuca
s'est mise en branle. Elle a établi une surveillance aux magasins Dollar
General et aux magasins Family Dollar.
« Elle a vite fait de repérer la Ford
Explorer noire immatriculée en Californie, le véhicule mentionné à la
police par l'informateur.
« Trois personnes – une femme et deux
hommes avec des noms du Moyen-Orient – ont été détenues, questionnées, et
ensuite libérées par les agents fédéraux. »
Une fois de plus, rien pour prouver la
moindre activité terroriste liée à des achats de téléphones cellulaires.
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