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Défilé du Parti de l’égalité socialiste au Sri Lanka contre l’attaque israélo-américaine au Liban
Par nos correspondants
15 août 2006
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Le 8 août, le Parti de l’égalité socialiste (SEP)
au Sri Lanka a organisé un défilé et une réunion publique à Colombo en
opposition à l’offensive militaire israélo-américaine au Liban. Le défilé a eu
lieu dans la capitale dans une atmosphère tendue en raison de l’escalade des
combats entre l’armée sri lankaise et le mouvement des Tigres de libération de
l’Eelam tamoul (LTTE) dans l’est de Sri Lanka. Durant le défilé, une bombe a
explosé dans le sud de Colombo, tuant deux personnes et en blessant
sérieusement six.
Près d’une centaine de membres et de partisans
du SEP, des travailleurs, des étudiants et des jeunes ont participé au défilé
qui avait débuté, un jour ouvrable, à quinze heures. Les manifestants portaient
des bannières et des pancartes sur lesquelles on pouvait lire des slogans tels
« Retrait des troupes israéliennes du Liban », « Stop à
l’invasion israélo-américaine au Liban », « Pour la république
socialiste unie du Moyen-Orient » et « Stop aux préparatifs de guerre
contre l’Iran et la Syrie » ainsi que « Retrait des troupes sri
lankaises du Nord et de l’Est », « Pour la construction du SEP »
et « Pour la construction du Comité international de la Quatrième
Internationale ».
Les membres du SEP ont distribué des centaines
de copies, traduites en singhalais et en tamoul, de la déclaration publiée par
le comité de rédaction du WSWS sur la guerre au Liban. Une manifestation d’une
demi-heure devant le Lipton Circle près de l’Hôtel de Ville de Colombo attira
des milliers de travailleurs.
A la fin du défilé, plus de 150 personnes ont participé
à la réunion du SEP qui s’est tenue au Colombo Public Library Auditorium.
Présidant la réunion, K. Ratnayake, un membre du comité politique du SEP et du
comité de rédaction international (IEB), a expliqué que le défilé et la réunion
n’avaient pas seulement pour objectif de condamner l’invasion
israélo-américaine du Liban. « Notre but est de soumettre une perspective
politique à la classe ouvrière, » a-t-il dit. Il attira l’attention sur
l’analyse continue publiée par le WSWS sur les objectifs prédateurs de la
guerre d’Israël et des Etats-Unis.
Ratnayake a fait remarquer le fait que le
président sri lankais, Mahinda Rajapakse, un président de longue date de
l’Organisation de solidarité de la Palestine qui s’est toujours présenté comme
« un ami du peuple arabe » n’a pas publié de communiqué sur la guerre
au Liban ou sur l’offensive brutale lancée par Israël dans la Bande de Gaza et
en Cisjordanie. « Son souci primordial est de s’assurer l’aide des
Etats-Unis pour sa propre soi-disant “guerre contre le terrorisme”, ici, contre
le LTTE », a dit Ratnayake.
Vilani Peiris, un membre du comité politique
du SEP, a exposé l’attitude insensible des gouvernements d’Asie du Sud au sort
des dizaines de milliers de travailleurs immigrants sri lankais, indiens,
pakistanais et du Bangladesh qui sont piégés au Liban. Sur la chaîne de
télévision du gouvernement sri lankais, le ministre du Travail, Athavuda
Seneviratna, a admis que seuls 4.000 travailleurs sri lankais sur 93.000 ont
été évacués. « Insistant sur le fait que ces travailleurs représentent une
source importante de devises étrangères pour le Sri Lanka, il avait affirmé
sans vergogne qu’il ne souhaitait pas les rapatrier tous. Il avait précisé que
son projet était d’y envoyer 400.000 travailleurs sri lankais de plus. »
M. Thevarajah, un autre membre du comité
politique du SEP, a expliqué que la guerre d’Israël, menée avec le soutien
total des Etats-Unis, était une continuation de l’agression militaire conduite
par les Etats-Unis en Afghanistan et en Iraq. Il a également fait le rapport
entre le silence de Rajapakse sur la guerre et l’offensive militaire menée par
son propre gouvernement dans l’est du Sri Lanka. « Rajapakse ne peut pas
se prononcer contre cette guerre car son gouvernement se sert de l’avion de
combat israélien Kfir pour bombarder la population civile tamoule et musulmane
innocente dans les régions de Muttur et de Sampur, dans la province Est du pays,
exactement comme Israël le fait au Liban.
Le secrétaire général du SEP et membre du IEB,
Wije Dias, a souligné que la guerre au Liban a marqué une étape importante dans
la poussée des Etats-Unis vers la domination mondiale. « Ils se servent du
régime sioniste en Israël comme d’un outil dans leur entreprise impérialiste. En
encourageant et en soutenant Israël à poursuivre ses ambitions expansionnistes,
le gouvernement Bush est parti pour agrandir son réseau agressif au-delà de
l’Iraq et du Liban, pour opprimer la Syrie et l’Iran et prendre le contrôle
total de la région du Moyen-Orient riche en pétrole », a-t-dit.
Dias a exposé le prétexte avancé par Israël
pour justifier son agression militaire — la capture de deux soldats israéliens —
en expliquant que la guerre avait été de longue date un point à l’ordre du
jour. Il a également attiré l’attention sur l’existence d’une situation de
prise de conscience grandissante au sein de la population dans le monde entier,
y compris en Israël, en ce qui concerne la stratégie impérialiste sous-tendant
ces événements. Dans de nombreuses parties du monde, les travailleurs et les
jeunes se sont joints aux manifestations dénonçant les attaques contre les
Palestiniens à Gaza et contre l’invasion du Liban.
Dias a attiré l’attention sur le parallèle
existant entre l’attitude des Etats-Unis et d’Israël au Liban et l’escalade de
la guerre civile au Sri Lanka initiée par le gouvernement de Rajapakse.
« Ici également, le prétexte fourni pour
le redémarrage de la guerre avait été un mensonge. Le gouvernement sri lankais revêt
la bure de l’humanitaire, accusant le LTTE d’avoir fermé la vanne de Mavilaru
qui approvisionne en eau les paysans de la région. Des gouvernements
successifs, y compris le gouvernement actuel, ont négligé les besoins de base
de la population dans cette région. Subitement, ils s’éveillent pour satisfaire
les " besoins humanitaires " du peuple ».
Dias a fait remarqué que, quelque dix jours
avant la reprise du conflit armé, le gouvernement et son armée ont perturbé des
conditions pour un accord négocié. Même quatre jours après les combats
sanglants à Muttur où plus d’une centaine de personnes ont péri et plus de
40.000 personnes ont été déplacées, l’armée a refusé de réduire ses attaques
lorsque le LTTE a proposé de se retirer de Muttut et d’ouvrir la vanne de
Mavilaru.
Dias a expliqué que le souhait du régime de
Rajapakse de relancer la guerre civile était lié au sentiment d’hostilité
grandissant qu’éprouvent les travailleurs et les paysans à l’égard du
gouvernement ; le développement de la lutte des classes impliquant des secteurs
économiques cruciaux comme la société d’électricité, les ports et l’entreprise
du pétrole ; l’aggravation de la crise économique.
Pour conclure, il a dit : « Le SEP
insiste sur le fait que la classe ouvrière a besoin d’une perspective et d’un
programme pour arrêter la guerre au Sri Lanka et l’agression impérialiste de
par le monde. Ce programme doit être lié indissolublement à l’abolition des inégalités
sociales. Une telle perspective doit mener une lutte consciente pour
l’unification du mouvement de la population laborieuse contre l’impérialisme et
pour une solution socialiste internationale.
Après la réunion, plusieurs étudiants ont
discuté avec le WSWS. Un étudiant plus âgé du Workers Education Institute de
l’Université de Colombo a dit : « Il est important que des réunions de
ce genre soient organisées. J’ai appris beaucoup de choses sur la guerre au
Liban, surtout sur les intérêts géopolitiques américains qui se cachent
derrière. La réunion a certainement permis à se forger une opinion sur la
situation politique dans le monde. »
Deux étudiants de l’Aesthetic Université de
Sri Lanka ont dit : « C’est la première fois que nous avons assisté à
une réunion d’un tel haut niveau. C’était une nouvelle expérience. Nous avons
surtout été impressionnés par les parallèles tirés entre les prétextes et les
développements suite à l’invasion du Liban et les événements survenus à
l’écluse de Mavilaru au Sri Lanka. Nous avons été convaincus que pour
comprendre un développement local il est important de suivre les événements
internationaux et d’en faire la liaison. »
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