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WSWS : Nouvelles et analyses : Moyen-Orient

Alors que commence la quatrième semaine du massacre au Liban

Comment aller de l’avant dans la lutte contre la guerre?

Déclaration du Parti de l’égalité socialiste
3 août 2006

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Alors que la guerre brutale américano-israélienne contre le peuple libanais en est à sa quatrième semaine, aucun signe ne montre que le massacre de civils innocents s’arrêtera de sitôt. Au contraire, les Forces de défense israéliennes (FDI), soutenues par des frappes aériennes et des tirs d’artillerie, avancent plus profondément dans le Liban, avec l’objectif apparent de se rendre à 30 kilomètres plus loin, jusqu’au fleuve Litani, tuant ou chassant toute la population située entre le fleuve et la frontière israélienne.

Les forces terrestres israéliennes ont aussi pénétré dans la vallée de la Bekaa, près de la frontière du Liban et de la Syrie.

Il y a tout lieu de croire que les horreurs des trois dernières semaines (les bombardements qui ont réduit en miettes la plus grande partie du Liban sud et du sud de Beyrouth et qui ont paralysé une grande partie des infrastructures du pays, tuant environ 700 personnes, en blessant des milliers de plus et transformant en réfugiés plus de 750.000 personnes) ne sont que le prélude à un massacre plus grand encore. Le crime de guerre qui a coûté la vie à plus de 60 personnes, dont la majorité était des enfants, dans le village de Cana se répétera à travers la région dans les prochains jours et semaines.

Le gouvernement israélien a déjà mis un terme au moratoire de 48 heures sur les bombardements instauré à la suite du massacre de Cana (qui a été essentiellement ignoré alors qu’Israël continuait ses frappes à volonté) et recommencera mercredi matin sa guerre aérienne totale contre le Liban. Pour la première fois, des avions de guerre israéliens ont même laissé tomber des tracts au nord du fleuve Litani avertissant les villageois qu’ils pouvaient s’attendre eux aussi à être atteints par des bombes et des missiles s’ils ne fuyaient pas leurs maisons.

Des témoins dans la ville de Baalbek, située dans la vallée de la Bekaa, ont rapporté que des hélicoptères de combat israéliens avaient bombardé un hôpital rempli de gens blessés qui avaient été blessés par des attaques précédentes.

Le ministre de l’Industrie, du Commerce et du Travail israélien, Eli Yishai, un membre du cabinet de sécurité du gouvernement, a déclaré à la radio militaire qu’il y avait peu de risque que les Nations unies votent un cessez-le-feu cette semaine. Et même si elles le faisaient, Israël ignorerait cette décision.

 « Israël n’est pas obligé de se mettre au garde-à-vous et de cesser ses opérations si les Nations unies décident d’un cessez-le-feu », a-t-il déclaré. Il a affirmé que le gouvernement israélien n’avait pas l’intention d’accepter un cessez-le-feu « sauf sous nos conditions » et a ajouté que « nos amis américains useraient de leur veto dans une telle situation », faisant référence au pouvoir de Washington en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU d’opposer son veto à toute résolution. Lui et d’autres représentants israéliens ont indiqué que la guerre d’agression allait se poursuivre pour au moins plusieurs semaines encore.

Le régime israélien a toutes les raisons d’être persuadé que son patron à Washington continuera d’appuyer sa guerre contre le Liban. Tout indique que l’administration Bush ne fait pas qu’appuyer Israël, mais qu’elle l’incite en plus à intensifier son offensive jusqu’à ce qu’il atteigne son but avoué d’écraser le mouvement chiite libanais du Hezbollah.

Ce qui a choqué encore plus l’opinion mondiale que le caractère sauvage de l’offensive militaire d’Israël est l’appui éhonté et inconditionnel que Washington a donné à une guerre qui a fait 30 victimes civiles libanaises pour chaque victime israélienne, et qui a fait reculer le Liban des décennies dans le temps.

Même d’anciens représentants de l’administration Bush qui y ont joué un rôle important, tels que Richard Armitage, ancien secrétaire d’Etat adjoint, et Richard Haass, directeur de la politique et de la planification au département d’Etat durant le premier mandat de Bush, ont été consternés par l’échec de l’administration à conserver même un semblant d’impartialité diplomatique.

Encore et encore, Bush et d’autres importants représentants américains ont déclaré leur opposition à un cessez-le-feu immédiat au Liban, exigeant plutôt une « paix durable ». Cela signifie qu’un arrêt des hostilités ne sera acceptable que si les Etats-Unis et Israël remplissent complètement leurs objectifs de guerre. De tels « cessez-le-feu » ont été imposés par le Troisième Reich en Pologne, en France et ailleurs, dans les années 1930 et 1940.

Il est maintenant clair aux yeux de tous, sauf pour ceux qui s’obstinent à demeurer aveugle, que la capture de deux soldats israéliens le 12 juillet par le Hezbollah n’était pas la cause de la présente guerre, mais seulement un prétexte pour déclencher une agression planifiée depuis longtemps. Pas plus que cette guerre n’est que l’oeuvre du gouvernement d’Israël, recevant la bénédiction de Washington après le fait accompli. Au contraire, elle représente le prolongement et l’intensification de l’intervention impérialiste américaine au Moyen-Orient, lancée par l’invasion de l’Irak plus de trois ans plus tôt.

Les objectifs de cette guerre ne visent pas seulement à sécuriser Israël contre le Hezbollah, mais aussi à atteindre les objectifs stratégiques américains en Asie centrale et au Moyen-Orient, en utilisant la soi-disant « guerre au terrorisme » comme justification pour une politique prédatrice dont l’objectif est d’établir la domination de Washington sur les importantes réserves de pétrole de la région. Ces objectifs, à leurs tours, sont considérés comme cruciaux par l’impérialisme américain s’il veut atteindre l’hégémonie mondiale.

Avec l’appui inconditionnel de l’administration Bush pour la guerre contre le Liban, l’impérialisme américain a laissé tomber les prétentions démocratiques et pacifistes avec lesquelles il a historiquement camouflé ses véritables objectifs. La guerre et le massacre de civils innocents sont de nouveau légitimés en tant qu’outils de la politique étrangère.

Toutes les paroles de Bush et de Cheney au sujet de la « guerre préventive » et « des nouvelles guerres du vingt et unième siècle » peuvent maintenant être perçues sous leur vrai jour. L’invasion de l’Irak n’était que le début de l’emploi beaucoup plus grand de la violence militaire et du terrorisme pour sécuriser les intérêts mondiaux de l’élite corporative et financière des Etats-Unis. 

L’appui des Etats-Unis à la guerre israélienne contre le Liban n’est qu’une étape vers de futures campagnes militaires pour provoquer un « changement de régime » en Syrie et en Iran. Washington ne permettra à aucun régime, qui pourrait même ne constituer qu’une menace potentielle à ses ambitions mondiales, de demeurer au pouvoir.

A la suite de la 2e Guerre mondiale et des crimes horribles menés par le fascisme et l’impérialisme en Europe et en Asie, les puissances mondiales ont renoncé officiellement à l’agression militaire en tant que moyen de défendre les intérêts nationaux. Les Nations unies furent fondées, déclarant dans leur charte qu’elles « préserveraient les générations futures du fléau de la guerre qui deux fois en l’espace d’une vie humaine a infligé à l'humanité d'indicibles souffrances » et jurant « qu’il ne sera pas fait usage des armes, sauf dans l’intérêt commun ».

Ces nobles paroles sont maintenant chose du passé. La guerre est de nouveau légitimée par la plus grande puissance comme un moyen acceptable d’atteindre des objectifs politiques. Le massacre d’enfants innocents sera regretté dans les déclarations hypocrites à la presse, mais en pratique, il ne sera qu’un simple « dommage collatéral », le prix inévitable et acceptable à payer pour réaliser des objectifs stratégiques.

De façon très réelle, l’horloge de l’histoire s’est mise à tourner à l’envers. Les méthodes qui ont dominé les affaires mondiales durant les années 1930 au cours desquelles se préparait la Deuxième Guerre mondiale, le non-respect du droit international,  l’agression et le militarisme, sont revenues à la vie et avec vengeance.

Il ne s’agit pas seulement de Bush, de Cheney et de la cabale des « néoconservateurs » imposant une politique déviante et réactionnaire au gouvernement américain. Les démocrates, le soi-disant parti d’opposition, ont tenté de dépasser l’appui que l’administration Bush a donné à la guerre d’Israël, dans certains cas la critiquant de la droite. Des politiciens comme la sénatrice de New York, Hillary Clinton, ont donné leur appui inconditionnel au « droit à l’auto-défense » d’Israël, endossant explicitement toute action du régime sioniste, même le massacre de femmes et d’enfants.

Il n’y a pas d’opposition significative au sein de l’establishment politique américain. Dans les médias, l’appui pour la continuation de la guerre est presque unanime. Le Wall Street Journal, reflétant les vues du capital financier américain et de l’administration Bush, a déclaré mardi : « Nous espérons que, [la secrétaire d’Etat] Rice continuant à explorer ses options diplomatiques, M. Bush dise en privé [au premier ministre israélien] Olmert qu’Israël doit terminer le boulot qu’il a commencé contre le Hezbollah — y compris une invasion terrestre du Liban s’il le faut. » II ajoute seulement qu’Israël doit faire preuve de « la volonté de prévaloir militairement aussi vite que possible ».

Le Washington Post, quelques jours seulement après le massacre de Cana, s’est lamenté de « l’attention prévisible que les médias à travers le monde porte sur les erreurs et les excès d’Israël » et a insisté pour que la guerre continue jusqu’à la victoire. « La question est de déterminer combien de ce travail doit être laissé à la campagne militaire d’Israël actuellement en cours et combien doit aller à la force internationale qu’on demandera aux Nations unies d’autoriser au Liban », a déclaré le Post.

Il a continué en discutant des objectifs plus larges de la guerre au Liban : « Au cours des prochaines semaines, le gouvernement iranien et le gouvernement syrien ont besoin d’entendre constamment le message suivant : la décision de coopérer à la stabilisation du Moyen-Orient, de l’Irak jusqu’au Liban et à Gaza, va alléger leur isolement actuel. Mais les tentatives d’acquérir des armes de destruction massive et de mener une guerre en mandatant des groupes comme le Hezbollah seront répondues par la force, pas la paix. »

En d’autres mots, soumettez-vous aux dictats des Etats-Unis et d’Israël ou subissez le même sort que le Liban.

Les principales institutions internationales ont fait la démonstration qu’elles étaient entièrement impotentes à s’opposer à la campagne pour la guerre des Etats-Unis et d’Israël. Les Nations unies n’ont jamais autant ressemblé à la Ligue des nations qu’Haile Selassie de l’Ethiopie avait appelée en vain à la défense de son pays envahi par les forces fascistes italiennes dans les 1930.

L’Union européenne a confirmé la lâcheté de la bourgeoisie européenne en ne votant pas mardi pour une résolution demandant un cessez-le-feu au Liban, se pliant plutôt au principal allié de Bush, le premier ministre britannique Tony Blair, et choisissant d’appeler pour la « cessation des hostilités », une formulation ambiguë qui a pour but de donner les semaines dont a besoin Israël pour mener à terme sa politique de la terre brûlée.

Les événements au Liban ont les implications les plus lourdes de sens pour les travailleurs non seulement au Moyen-Orient, mais aussi aux Etats-Unis et internationalement.

Combien de temps faudra-t-il avant que la conscription soit instaurée de nouveau aux Etats-Unis et que la jeunesse soit forcée à joindre l’armée pour se battre dans un nombre toujours croissant de guerres d’agression à l’étranger menées par Washington ?

Et combien longtemps faudra-t-il avant que la militarisation de la société américaine entraîne la suspension totale des droits démocratiques, l’emprisonnement des opposants politiques et l’utilisation de la loi martiale contre le peuple américain ?

Tous les jours, il y a de nouvelles indications qu’un tel changement dans les méthodes de gouvernement par l’élite américaine financière et du monde des affaires approche. Le sentiment au sein du gouvernement américain a été exprimé d’une façon nocive lors d’une conférence de presse de la Maison-Blanche vendredi dernier. Devant répondre à une question plus agressive que ce à quoi il est habitué, un journaliste lui demandant pourquoi l’influence des Etats-Unis diminuait au Moyen-Orient, Bush a dit que c’était la faute des « terroristes », ajoutant « Ils tuent des innocents pour arriver à leurs objectifs… Ils passent à la télévision et ils obtiennent que des gens posent des questions, bien, sur ceci, sur cela et quoi encore. »

Cette déclaration implique clairement que tout journaliste qui remet en question les politiques de l’administration au Moyen-Orient est un complice du terrorisme. Sa conclusion logique est qu’ils doivent être emprisonnés et que leurs publications doivent être fermées.

Cela vient après la révélation que l’administration Bush fait la promotion d’une loi qui élargirait les méthodes de Guantanamo (la détention pour une durée indéterminée et les procès devant des commissions militaires) aux citoyens américains comme aux « combattants ennemis ».

Pour que les tragédies qui ont accablé l’humanité dans les 1930 (la guerre à travers le monde et le fascisme) ne se répètent pas à une échelle encore plus horrifiante, alors la classe ouvrière doit avancer sa propre alternative. Il n’est pas assez d’être révulsé devant les meurtres perpétrés chaque jour en Irak et au Liban et devant les mensonges donnés pour les justifier. Il n’est pas non plus suffisant de protester contre ces crimes. Une nouvelle force politique doit être créée qui pourra y mettre un terme.

Cela ne peut s’accomplir que par la construction d’un nouveau mouvement politique de la classe ouvrière, indépendant des partis actuels de la grande entreprise et basé sur la perspective de l’unification des travailleurs internationalement, y compris les travailleurs arabes et juifs du Moyen-Orient, dans une lutte commune pour la transformation socialiste de la société.

C’est l’objectif essentiel de la campagne que mène le Parti de l’égalité socialiste aux Etats-Unis dans les élections de mi-mandat de novembre. Nos candidats se présentent pour donner une voix à l’opposition profonde qui existe au sein de la classe ouvrière aux politiques de la guerre, de l’inégalité sociale et de la réaction politique qui caractérisent le Parti démocrate et le Parti républicain.

Nous demandons de façon pressante à tous ceux qui s’opposent aux bains de sang en Irak et au Liban et qui veulent agir pour les arrêter d’étudier le programme du Parti de l’égalité socialiste, de participer à la campagne pour inscrire nos candidats sur le bulletin de vote et de joindre à notre parti pour lutter pour construire une nouvelle direction révolutionnaire dans la classe ouvrière.

 





 

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